Jour 7.

Vendredi.

Une nouvelle fois, Zayn me bat à plat de couture. Je râle et lui vole une poignée de chips dans son assiette pour la peine. Il me donne un léger coup sur la main mais ne m'empêche pas de les manger pour autant.

Je ris tandis qu'il lance une autre partie. Les volets sont baissés dans sa chambre, mais légèrement entrouverts pour laisser un minimum d'air passer. Il met le jeu en pause, se redresse et prends l'assiette vide.

– Je vais chercher une bière, tu en veux ?

– Oui, attends je viens t'aider.

Nous descendons tous les deux dans son salon. Sa mère est en cuisine, elle vient certainement de rentrer du travail car elle porte encore ses talons et une chemise blanche. Je me demande comment elle fait pour ne pas mourir de chaud.

– Bonjour Louis, comment tu vas ?

– Bonjour Safiya, je vais bien et toi ?

Elle me fait la bise et me répond qu'elle est épuisée, elle vient embrasser le front de son fils qui, la tête dans le réfrigérateur, râle. Je connais la mère de Zayn depuis aussi longtemps que je le connais lui, elle m'a vu grandir en même temps que ses trois enfants.

– Tes sœurs sont là ?

– Ouais, dit mon meilleur ami en prenant deux bières, Sana est dans le jardin et Inès dans sa chambre je crois.

– Vous sortez ?

– Non, il fait trop chaud, on joue aux jeux-vidéo en haut.

– D'accord, elle se tourne vers moi, tu peux rester dîner si tu veux Louis.

Je la remercie, elle me sourit et me presse gentiment l'épaule avant de partir dans le jardin avec un grand verre d'eau. Zayn lève les yeux au ciel et nous retournons dans sa chambre avec de nouvelles bouteilles fraîches.

Nous jouons pendant presque une heure. J'envoie un message à ma mère pour la prévenir que je ne mange pas à la maison ce soir, Zayn me dit que je peux rester dormir aussi, qu'il me passera des vêtements. Ça fait un moment que je n'ai pas passé la nuit ici, je hoche la tête et nous descendons pour manger.

Ses sœurs sont déjà à table quand nous arrivons, Sana a le regard rivé sur son portable et Inès par avec sa mère qui revient de la cuisine, un plat dans les mains. Nous mangeons sur la terrasse, et je me dis que ça doit être quand même bien d'avoir des frères et sœurs. Zayn ne doit jamais se sentir trop seul.

– Au fait Louis, je ne t'ai pas demandé, comment va ton copain ? Ça fait un moment que tu n'en en a pas parlé.

– C'est parce qu'il ne sont plus ensemble, intervient mon meilleur ami en soupirant, je te l'ai déjà dit maman. Ça fait un moment déjà.

Safiya a l'air sincèrement désolée et elle s'excuse plusieurs fois en posant sa main sur mon bras, je la rassure que ce n'est pas grave. C'est plutôt son fils qui se charge de lui faire la morale d'ailleurs.

– Ça date d'il y a cinq mois maman...

– Ah, mais c'est pour ça, j'ai totalement oublié, pardonne moi Louis... Donc, tu n'as personne dans ta vie ?

– Maman... !

– Non, je réponds en souriant, mais ça me va comme ça.

– Tu as raison, tu auras bien le temps de trouver l'amour.

Zayn râle et change de sujet, pour mon plus grand soulagement, mais je remercie quand même sa mère d'un sourire. Je sais qu'elle ne pensait pas à mal, elle voulait simplement prendre de mes nouvelles, bien que Zayn doit déjà lui raconter toute ma vie.

Après le repas, nous jouons à un jeu de société avec ses sœurs. Elles vont devant la télévision vers vingt deux heures trente et nous restons sur la terrasse avec Zayn pour fumer. Il fait un tour sur son portable et je regarde les étoiles dans le ciel en tirant sur ma cigarette.

Comme je reste là ce soir, je ne pourrais pas aller au lac. Je me demande si Harry s'y rendra quand même, s'il m'attendra. Je me sens un peu coupable, mais je n'ai aucun moyen de le contacter pour lui faire savoir que je ne viendrais pas.

Mon meilleur ami me tend son portable, je tourne le regard et tombe sur une photo. C'est Norah, le cadre s'arrête au niveau de ses épaules. Elle porte un chapeau de soleil en paille, des lunettes, et ce qui ressemble à la mer derrière elle. La description de la photo laisse sous-entendre qu'elle m'en veut clairement pour ce qui s'est passé Samedi soir.

– Heureusement que vous n'avez pas couché ensemble, dit mon ami en reprenant son téléphone, elle t'aurait affiché partout. Tu serais devenu le martyr de notre bande.

Je lève les yeux au ciel et pousse un soupir, je déteste faire du mal à mes amis ou les perdre. Je sens qu'après ça, Norah ne souhaitera plus me parler ou même m'approcher.

Zayn passe un bras autour de mes épaules et m'assure de ne pas m'inquiéter pour ça, qu'elle reviendra vers moi quand elle aura oubliée, ou bien que je peux de toute façon avancer sans elle.

– Ce sera sûrement pas le premier cœur que tu vas briser.

– Mais je n'ai pas envie de faire ça, moi.. !

– Tu préfères que ce soit le tien qu'on brise, peut-être ?

– Non, je souffle, je ne sais pas. Tu m'embrouilles...

A vrai dire, toutes ces histoires sur les relations me font plus peur qu'autre chose. Se lancer dans le vide avec une autre personne, un homme ou une femme, ça m'effraie, parce que je me dis qu'elle devra tout connaître de moi, que je devrais lui accorder ma confiance et partager des moments intimes de ma vie avec.

Peut-être que je n'en ai pas envie. Peut-être que je ne suis pas prêt. Peut-être que je n'ai pas encore rencontré la bonne personne.

– Ne t'inquiètes pas, peu importe ce qui arrive, moi je serai toujours là pour toi Louis, tu le sais.

– Oui, oui je le sais, merci, je hoche la tête. Et moi aussi, je suis là.

– Nous ne sommes pas meilleurs amis pour rien. Et la première personne qui te fait du mal ou qui te manque de respect, moi je vais veiller à la remettre à sa place.

Je lui souris brièvement, il tapote amicalement mon épaule.

Je n'ai pas envie de parler de ça, depuis hier je suis plutôt de bonne humeur et je ne souhaite pas que ça disparaisse. Quand je termine ma cigarette et propose à Zayn d'aller regarder un film dans sa chambre. Il éteint la sienne, se lève et me laisse choisir parmi sa collection dans son étagère. Mon choix s'arrête sur un film Marvel, je m'allonge à côté de lui et me concentre sur l'écran.

Zayn s'endort avant la fin, j'éteins tout après le générique et me lève du lit. Il y a suffisamment de place pour nous deux, mais je n'ai pas envie de me coucher maintenant. Je n'ai pas sommeil. Et il fait bien trop chaud.

Je sors de la chambre, descends au salon. Sana et Inès sont encore dans le canapé, elles me proposent du pop-corn mais je refuse. Safiya est certainement partie dormir. Je sors dans le jardin, m'assois dans l'herbe et regarde le ciel.

Mon téléphone vibre dans ma poche de jogging, je le sors et fronce les sourcils lorsqu'un numéro inconnu s'affiche. J'appuie sur le message pour le lire et ce n'est plus qu'un sourire qui apparaît sur mon visage.

C'est Harry.

Bonsoir Louis, je viens de terminer de lire Le Ravissement comme tu me l'avais conseillé. J'ai envie de me plonger directement dans l'Amour, est-ce que c'est raisonnable à cette heure-ci ?

Bonne nuit, si tu dors déjà.

Harry.

Je regarde l'heure indiquée sur mon écran. Minuit trente deux. Je ne m'étais pas rendu compte qu'il déjà était aussi tard.

J'enregistre d'abord son numéro dans mon répertoire et lui tape ensuite une réponse.

Bonsoir Harry, même si je suis fier de toi et que j'ai envie qu'on parle de ce livre pendant des heures, je pense que tu ferais mieux d'aller dormir. Nous avons une après-midi chargée demain.

Enfin, si tu viens toujours ?

Je me mords la lèvre et fixe mon écran. S'il ne peut pas venir, je serais un peu déçu, mais c'est une sortie que l'on peut toujours reporter au lendemain. Mais je peux comprendre, il est venu pour passer ses vacances ici, pas pour me voir tous les jours.

Sa réponse ne tarde pas, elle arrive à peine une minute plus tard et je ne patiente pas une seconde pour la lire.

Oui, je serai là.

Où est-ce que tu m'emmènes ?

Mon sourire se creuse davantage, je souffle et ne tiens déjà plus d'être à demain. Mes doigts tapent les quelques mots sur l'écran que je me presse de lui envoyer.

Surprise, je t'ai dis. Mais, avant que j'oublie, prévois de quoi te baigner et une serviette !

Je pense que mon indice ne peut pas être plus clair, et j'aurais aimé ne pas lui en faire part, mais si je l'emmène à la plage demain et qu'il ne prends pas de maillot, il ne pourra pas y entrer. De plus, je me sentirais idiot de ne pas y avoir pensé avant. Il ne peut pas repartir sans avoir touché et nagé dans l'eau de la mer.

Tout de même, j'aurais préféré garder la surprise jusqu'au bout. Elle n'est qu'à quelques petits kilomètres d'ici, nous prendrons le train à la gare du village et je lui montrerai à quel point l'océan est magnifique.

J'ai envie de le voir, de le lire dans ses yeux. J'ai envie qu'il sache que, moi aussi, je l'ai écouté et entendu.

Ce sera fait.

A demain, Louis. Bonne nuit.

A mon tour, je lui souhaite une bonne nuit. Je l'imagine dans son lit, à quelques pas seulement de moi, dans une maison du village, l'air encore chaud de la nuit qui passe sur sa peau, allongé au-dessus des draps en train de lire mon message.

Et ça me réchauffe le cœur.

C'est étrange et rassurant à la fois.

Je ne suis pas tout seul.

Pour encore huit jours, je ne suis pas tout seul.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top