Ɔʜᴀᴘɪᴛʀᴇ 🕰️ ×ᵒˢ :
15/01/18, Nancy, 8h30
Je marche sur le chemin qui me permet de nous retrouver depuis quelques années désormais, cela va bientôt faire quinze ans n'est-ce pas ?
Me voilà devant la grille après plusieurs minutes de marche, pénètrant dans le périmètre convoité en respirant un grand coup.
Je m'avance vers toi.
Toi, à demi mot,
Tu n'as jamais été réellement bavard, ça ne m'étonne même plus de recevoir comme réponse à mes appels en ta direction de simples bruitages végétaux ou éoliens, j'y suis habituée.
Mes paroles sans échos...
Le silence est complet, mes dires s'atténuent avant même que le son de ma voix puisse résonner fièrement, comme au bon vieux temps.
Pourquoi m'y faire ?
Je suis vieille mais j'ai toujours autant peur de vieillir, encore plus, de décrépir dans l'incertitude, dans l'amertume des regrets suivis de près par les remords.
Moi, noyée dans l'eau quand tu n'oses pas les mots
Il pleut et les gouttes résonnent sur les minéraux qui nous entourent.
Je m'allonge sur toi, fatiguée de ce que la vie à décider, mon petit sac en papier tout près de moi.
Vois, la rosée gèle...
Je m'étais endormie, tu n'as pas pu me réveiller, comment aurais-tu pu briser mon sommeil, celui de la petite vieille râleuse qui ne supporte pas de se faire interrompre lors du voyage qu'elle parcourt au beau milieu de ses rêves farfelus.
Il ne pleut plus, mais il fait assez frais, je jette un coup d'œil à ma montre, c'est déjà le soir, il est environ dix-sept heures.
À cause du froid hivernal, la rosée blanche prend position sur la majorité des fleurs non loin de notre vieux couple.
Nous n'avions plus qu'une heure avant que je doive m'en aller loin de toi, jusqu'à demain.
Quand les mots s'arrêtent sur tes lèvres...
Tu as cette stupide manie de ne jamais terminer tes phrases.
Il me semble que c'est l'un de tes seuls défauts, celui de ne jamais achever tes propos et c'est d'ailleurs celui qui m'a toujours le plus agacé.
Dis-moi, quand saura-tu dire que nos cœur ont vu trop grand ?
Tu es grand rêveur, mon grand rêveur à moi, celui pour qui j'offrirai mes biens les plus précieux car ce qui m'appartient est tien et ce qui t'appartient est mien.
On se voyait finir notre vie dans un grand château victorien, emmitouflés dans une couverture près d'une immense cheminée, l'un contre l'autre, corps contre corps, cœur contre cœur.
Les étoiles tombent une à une
C'est la nuit des étoiles filantes ce soir, tu l'as remarqué n'est-ce pas ? Il y a quelques jeunes astres qui sont en avance comparé à leurs compagnes mais tant pis, je fais le même vœu à plusieurs reprises devant ces astres qui filent à toute vitesse tout en sachant pertinemment qu'il ne sera jamais exaucé.
Celui de remonter le temps.
Les bougies sont de fortune et ses vagues de nausées,
Je suis allée à la petite boutique artisanale de Sophie hier et j'ai été absolument choquée de l'augmentation soudaine des prix. Mais elles apportent la chance avec elles après tout.
Mais les bougies parfumées à la nougatine que Sophie confectionne ont toujours étés tes préférées alors je peux bien me permettre cette dépense quelque peu coûteuse.
J'allume une bougie pour toi alors que la nuit tombe.
Nous sommes en Hiver, il n'est même pas dix-sept heures trentes que le ciel se revêt déjà de son manteau noirci.
Tu vois, j'ai l'âme enserrée.
Je suis prise d'un mal de tête nostalgique, plusieurs images de notre jeunesse d'antan me reviennent en mémoire et une sensation douce et chaude puis froide à cause du vent se répand sur ma joue.
Comment t'y prends-tu au moins le sais tu ? Pour mener ta vie...
Tu es un grand garnement, toujours à courir partout, faire l'imbécile mais tu n'as jamais réellement affronté la vie, tu préfères largement vivre au gré du vent et du destin, vois où ça nous a menés pauvre fou.
Je crois que le pire, c'était à notre mariage quand les jeux alcoolisés se sont enchaînés un à un, tu étais presque possédé par l'ivresse et la vérité est même sortie de la bouche des enfants, tu puait affreusement de la gueule.
Tu es arrivé vers moi pour m'embrasser et quand tu étais proche de moi, j'ai senti l'odeur de l'alcool me chatouiller les narines, j'ai fuit à l'autre bout de la salle, en talons! Tandis que monsieur ne lâchait pas l'affaire pour le baiser de la mariée.
Et c'était sensé être le plus beau jour de ma vie ?
En effet, ça l'a été.
La manière dont tu m'as porté comme si j'étais une princesse et que personne, même mon père ne pourrait me décrocher de ton emprise, c'était hilarant et si féerique, t'en souviens-tu ?
Dans le vent j'entends tes renoncements
Tu t'en rappelles, j'en suis certaine.
Alors pourquoi ne pas m'en faire part, tu n'as jamais été du genre timide, n'aurais-je donc pas le droit à une simple réponse brève, un simple ‹‹oui›› ?
La mélodie dure se répand...
Le tic-tac assourdissant de ma montre qui indique dix-sept heures quarante cinq l'emporte sur le vide du mutisme que nous avons tous deux causés au préalable.
Quand, les mots s'arrêtent sur tes lèvres...
Ce jour là tu n'as jamais fini ta phrase, une nouvelle fois d'ailleurs, mais celle-ci, elle m'intéressait particulièrement.
J'ai eue beau te demander et te redemander de clôre cette fichue phrase, tu n'as jamais réalisé ma demande.
Dis-moi, quand sauras-tu dire que nos cœur ont vu trop grand ?
Nos idylles sont irréalisables, cela coule de source à présent, nous ne pourrions jamais plus vivre comme autrefois.
Tout a changé brutalement, bien trop brutalement.
Les étoiles tombent une à une,
Une, deux, trois, quatre, cinq, deux de ses étoiles chutent côte à côte, si proches qu'elle pourraient s'écraser.
Les bougies sont de fortune et ses vagues de nausées,
La bougie brûle mais menace de s'éteindre, je la couvre donc de mes frêles mains pour les dix minutes qu'il nous reste ensemble, ces dix petites minutes.
Tu vois, j'ai l'âme enserrée.
Cette sensation recommence, je recommence à pleurer, de nouveau comme chaque jour et nuit, je vais devoir boire de l'eau à me gaver le ventre de nouveau, les larmes sont aussi fatiguants que le sport pourtant, là, à l'instant présent, mes hurlements étouffés sont là seule chose audible dans cette zone-ci.
Quand, les mots s'arrêtent sur tes lèvres,
Continue, continue ta phrase, continue de rallonger les mots qui sortent de ta voix, celle qui me fait tressaillir à son souvenir
Continue, continue de parler, continue de t'adresser à moi, je t'en supplie, parle-moi!
Dis-moi, quand sauras-tu dire que nos cœur ont vu trop grand ?
Tu as un grand cœur, mais tu ne t'en ai pas servi pour faire les bonnes promesses, tu n'as pu tenir celle qui m'importait le plus.
Les étoiles tombent une à une,
Les étoiles amantes s'attiraient bien trop, elles sont entrées en collision mais seule l'une d'elle à continué sa route, l'autre n'est désormais plus qu'un amas de poussière stellaire.
Les bougies sont de fortune et ses vagues de nausées
La flamme de la bougie faiblit face à la fraîcheur de la soirée, je m'engage donc à sortir un petit pot de verre que je dépose par-dessus le socle de la bougie, j'aurai dû le sortir bien avant.
Tu vois j'ai l'âme enserrée.
Je l'ai toujours, ce petit sac en papier.
Il m'est bien utile dans la vie quotidienne, pratique, simple à utiliser et la petite poche que tu m'as cousu à l'intérieur me permets d'y déposer mon portefeuille et ta photo.
Quand les mots s'arrêtent sur tes lèvres,
J'aimerai tant que tu continues ce que tu avais si bien commencé au cours de ta vie, que rien de tout ça ne fut réel, que la vie soit plus simple, que la mort soit plus délicate, mais est-ce seulement possible ?
Dis moi quand pourras tu dire que l'amour est suffisant ?
Car ce sont j'ai besoin, c'est de toi, pas de la piètre gravure qui orne une pierre.
Les étoiles tombent une à une,
Mais tu n'en fais pas parti, ce ne sont que de vulgaires bouts de comètes.
Mes émois sont de Saturne et ses vagues de nausées,
Tu étais passionné d'astrologie et tu ne peux même pas voir le spectacle qui défile actuellement sous mes yeux desquels s'écoule une rafale de larmes venant s'échouer dans mon cou.
Tu vois j'ai l'âme enserrée.
Le gardien arrive, il est dix-huit heures et je dois m'échapper d'ici, les larmes ornant mon visage, le vent faisant danser ma chevelure et me procurant des frissons particulièrement insistant à travers mon long manteau, ou peut-être avais-je simplement froid au cœur.
Je salue respectueusement l'homme de garde en lui adressant un simple ‹‹À demain›› avant de m'éloigner du cimetière.
-mylène farmer, quand
14/02/18
ᴺᴰᴬ c'est mon tout premier oneshot et il risque forcément d'être supprimé plus tard ou je le reposterai autre part mais c'est pas vraiment mon style même si j'suis plutôt satisfaite donc voilà, ça c'est dit, il ne ressemblera en rien au reste de mes écrits.
◈ealhye
06/06/2018
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