Chapitre 20 : L'écharde ✔️

Après ce bref échange avec Maxim, Anya eut beaucoup de difficultés à s'endormir. Elle ressassait sans cesse les événements de la journée, de la baignade à la discussion avec Arkadi. Elle pensa aussi à ces derniers jours en compagnie de Maxim, analysant chacune de leurs conversations, chacun des regards qu'ils avaient échangés. Il avait de l'intérêt pour elle. Pourquoi n'avait-elle rien remarqué avant ? Arkadi s'en était aperçu avant elle alors qu'il l'avait à peine croisé ! Avait-elle, elle aussi, des sentiments pour le Terrien ? Une chose était certaine, hier dans la rivière, elle l'aurait volontiers laissé s'approcher. Elle aurait voulu le toucher, le caresser, sentir ses lèvres sur les siennes.

De l'autre côté de la pièce, elle l'entendait respirer. Il était si près d'elle. Elle n'avait qu'à se lever et faire quelques pas pour le rejoindre sur sa couche, se blottir dans ses bras, sentir sa peau contre la sienne. Un délicieux frisson parcourut son corps à cette idée.

Elle se retourna sur son lit et chassa ces images qui l'empêchaient de dormir. Mais elle n'était pas la seule à chercher le sommeil : quelqu'un remuait sans cesse. Peut-être Élizabeth ou Maxim, elle ne pouvait en être certaine. Elle finit tout de même par sombrer après plusieurs heures à jongler avec ses pensées.

À son éveil, Maxim n'était plus sur sa couche, mais Tom et Élizabeth commençaient à s'agiter. Elle ramassa ses vêtements et sortit pour aller nager. Le froid de l'eau l'aiderait peut-être à la réveiller et lui remettre les idées en place.

Une fois à l'extérieur, elle aperçut Maxim près de la réserve de bois. De coups de hache bien placés, il fendait des bûches qui s'amoncelaient à ses pieds. À en voir la quantité, il devait le faire depuis un bon moment. Il était dos à elle et ne l'avait pas encore remarquée, ce qui permit à Anya de l'observer avec attention. Il avait retiré sa chemise ainsi que sa tunique qui reposaient à quelques mètres de lui. La sueur ruisselait dans son dos sous l'effort et la température ambiante.

Son physique avait beaucoup changé depuis leur première rencontre. Plus costaud, en raison d'une meilleure alimentation, il était maintenant très séduisant. Ses épaules s'étaient développées à force de manier la hache et travailler les peaux. Elle pouvait même distinguer les muscles délicats sur les côtés de son abdomen qui se contractaient à chaque coup qu'il portait. Elle s'imagina les caresser et en suivre le chemin qui menait un peu plus bas.

Elle rougit à ses propres pensées. Jamais elle n'avait eu ce genre de désir. Elle avait connu quelques hommes, mais pas un seul ne l'avait autant attirée.

Toutefois, celui-ci venait de loin, de très loin. Dans quelques lunes il partirait. En revanche, rien ne l'empêchait d'admirer son anatomie, ce qu'elle fit sans scrupule encore un bon moment.

Mais puisque toute bonne chose avait une fin, elle se résigna à détourner les yeux, laissant ses iris reprendre une couleur plus descente puis s'approcha pour lui révéler sa présence.

— Bonjour, tu es matinal.

Maxim se retourna vers elle, un sourire gêné plaqué sur les lèvres.

— Oui. Je n'arrivais plus à dormir. J'en ai profité pour avancer un peu les choses.

— Je pensais aller à la rivière, mais si tu veux, je peux t'aider à corder ce que tu as déjà coupé, proposa Anya qui ressentait l'envie de rester à ses côtés.

Maxim hocha la tête.

— Oui si tu veux. Il me reste quelques bûches à fendre, ensuite je vais les empiler avec toi.

Anya se mit aussitôt au travail, ramassant les morceaux à ses pieds. Elle les entassa avec les autres sur la pile près de la cabane avant de revenir vers Maxim pour faire un autre voyage. Ses va-et-vient répétés derrière lui ne manquèrent pas de la déconcentrer chaque fois. Son cœur s'emballait stupidement au moindre de ses mouvements. Mais peut-être était-il lui aussi conscient de son agitation, car il diminuait sa cadence de coupe à chacun de ses passages.

Dans son empressement à lui donner un coup de main, elle omit d'enfiler ses gants de cuir qu'elle portait lorsqu'elle cordait le bois. Une vive douleur à son index gauche lui fit regretter aussitôt. L'écharde qui s'y était enfoncée provoqua une légère exclamation de sa part.

Alerté par le bruit, Maxim lâcha la hache et s'empressa de la rejoindre.

— Ça va ?

— Oui, seulement une stupide écharde ! Ce n'est rien. Je vais aller chercher les pinces à l'intérieur.

Elle s'apprêtait à entrer dans la cabane quand Maxim la retint par le bras.

— Attends. Ma mère m'a appris un truc infaillible pour enlever les échardes.

Lui souriant d'un air malicieux, il prit sa main endolorie dans les siennes. Elle eut le réflexe de la retirer, mais Maxim l'en empêcha. Il ancra son regard dans le sien.

— Tu me fais confiance ?

Bien qu'incertaine, Anya hocha tout de même la tête.

Maxim affermit sa prise sur sa main et porta doucement l'index d'Anya à ses lèvres sans la quitter des yeux. Lorsqu'il passa lentement sa langue sur son doigt, recherchant l'écharde de son touché, Anya retint sa respiration. Il l'enfonça un peu plus dans sa bouche et avec ses dents retira le corps étranger au premier essai.

Les iris d'Anya se mirent à fourmiller et le rouge lui monta aux joues. Elle abaissa aussitôt son regard pour en dissimuler la couleur.

— Arrête, chuchota-t-il.

Il lâcha sa main et mit ses doigts sous son menton, l'obligeant à relever la tête.

— Ne cache pas tes yeux ainsi. Je les trouve magnifiques lorsqu'ils sont verts.

Anya riva ses yeux aux siens. Elle y découvrit un regard ardent qui réchauffa le sang dans ses veines. Un soupir involontaire franchit ses lèvres et, d'un instinct purement primitif, son corps se rapprocha de Maxim. La main de celui-ci quitta son menton pour remonter jusqu'à sa joue, la caressant.

Ce simple contact la fit frissonner. Il effleura de son pouce sa lèvre inférieure avant de saisir sa taille de son autre main et la rapprocher encore plus. Elle sentit sa chaleur brûler sa peau malgré son épaisse tunique. Bientôt, leurs bassins se joignirent et un feu s'alluma au contact du désir de Maxim contre le sien.

Il approcha encore plus son visage, caressant son nez avec le sien, son souffle chaud sur ses lèvres. Elle ferma les yeux, prête à recevoir ce baiser qui tardait à venir.

Au même moment, la porte de la cabane s'ouvrit.

Anya et Maxim sursautèrent de concert et reculèrent d'un pas comme des enfants pris en flagrant délit. Maxim se retourna vers la corde de bois, dos à la porte, sans doute pour dissimuler son pantalon soudain trop étroit.

Élizabeth jeta un regard dans leur direction.

— Ah ! Vous êtes là ! Tom aimerait retourner au vaisseau aujourd'hui pour finaliser la mise au point. Il aurait besoin de ton aide, Maxim.

Ce dernier, qui simulait la mise en place de quelques bûches, lui répondit sans se retourner.

— Aucun problème, marmonna-t-il d'une voix rauque avant de s'éclaircir la gorge.

Élizabeth regarda Maxim, toujours de dos, et ensuite Anya. Elle plissa des yeux et pencha la tête.

— Je vais me laver à la rivière, déclara-t-elle après un moment. Tu m'accompagnes, Anya ?

Anya haussa les sourcils. C'était bien la première fois que la Terrienne désirait passer du temps en sa compagnie. Elle jeta un coup d'oeil à Maxim qui continuait son manège sans fin avec les bûches.

— Euh... oui d'accord. J'arrive.

Elle prit les vêtements propres qu'elle avait déposés près de la souche à fendre et suivit Élizabeth. Le désir ardent qu'elle venait de ressentir pulsait encore dans ses veines et c'est d'un regard plus vert que jamais qu'elle quitta le campement. 

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