Sentiments
Plus je réfléchis à la manière dont on identifie la force, plus je me dis que c'est n'importe quoi. Pour dire de quelqu'un qu'il est « fort », il faut qu'il enfouisse tout ce qu'il ressent. Il doit être solide comme un roc, rien ne doit l'ébranler.
Il faut ravaler ses larmes pour faire place à un sourire. Il faut abandonner avant d'être abandonné. Il faut taper plus fort que l'autre. Il ne faut pas s'attacher. Il ne faut pas être sensible. Il ne faut rien montrer. On veut renier ce qui fait de nous des êtres-humains.
Pourtant, je pense que ce qui demande le plus de force reste de montrer nos sentiments. Et en plus de les montrer, il faut les assumer c'est-à-dire parvenir à comprendre la source de notre colère, de notre joie, de notre tristesse... Pourquoi à ce moment précis je ressens ça ? La réponse, contrairement à ce qu'on peut croire, n'est pas toujours évidente.
Le paradoxe dans cette histoire, c'est que l'on ne veut rien montrer par peur des représailles.
Mais le courage (et donc montrer sa force) signifie qu'il faut affronter sa peur. De ce fait, ne rien montrer n'est pas du courage mais de la peur. Alors pourquoi une personne qui ne semble rien ressentir, du genre grande gueule qui semble indifférente de la moindre remarque, sans attache pour la moindre personne, est considérée comme forte ?
Il ne faut pas oublier que nous sommes tous sensibles, il y a seulement une aptitude différente à le cacher en fonction de chacun.
Mais parlons de cette peur, celle d'être blessé parce qu'on montre une certaine sensibilité.
Il y a des êtres qui sont définitivement mauvais mais la plupart agissent par maladresse ou par peur du pouvoir émotionnel de l'autre. En général, on se blesse mutuellement parce qu'on a mal perçu ce que l'autre voulait nous signifier.
Se construire une carapace, je ne suis pas sûre non plus que ce soit une solution pour se protéger. La plupart sont inconscientes, j'ai lu que la plupart des gens ayant peur du rejet étaient les principaux rejetés. Et ce, uniquement parce qu'ils se construisaient un mur dont chaque brique représente une peur : la peur de ne pas plaire, la peur d'être ridicule, la peur des critiques, en conclusion la peur de dévoiler qui l'on est. Ce qui se rejoint finalement avec l'intériorisation de ses sentiments puisqu'en les dissimulant, on est une coquille vide, il manque ce qui fait de nous, « nous ». Je pense qu'il ne faut pas avoir honte d'extérioriser ses sentiments, premièrement parce qu'on se rapproche de notre véritable identité, deuxièmement parce que ça fait du bien d'arrêter de tout enfouir et enfin parce que communiquer ne se fait pas seulement avec des mots. Je m'explique : pleurer, par exemple, libère deux types d'hormones qui fonctionnent comme des anesthésiants naturels et qui ont le pouvoir de soulager la douleur (pour en savoir plus : https://amelioretasante.com/saviez-vous-que-pleurer-est-bon-pour-la-sante/ ) mais le fait d'être au mauvais endroit, c'est-à-dire en société, nous empêche de le faire. Nous voilà pris au piège dans un état très désagréable qui ne nous quitte pas de la journée puisqu'il est refoulé. Je connais une fille qui pleure beaucoup, pour un oui, pour un non, et bien elle n'est pas considérée comme "faible" par les autres mais plutôt comme "naturelle".
Et puis, à choisir, qui ne préfère pas les gens expressifs ?
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