▪ STAY by RIHANNA (slowed) ▪

❝ Je pourrais passer l'éternité dans tes bras. — Audace Ravenwood ❞
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NATHAN

Les cheveux dans le vent et une musique calme, je me laisse porter par le rire des filles à l'arrière de la décapotable rouge.

L'après-midi touche bientôt à sa fin et Mike reste toujours sérieux, les yeux rivés sur la longue route déserte. Nous avons quitté la civilisation il y a deux bonnes heures et d'ici vingt minutes, nous aurons rejoint les côtes ouest de Hoffenwald.

Le brun à mes côtés n'était pas vraiment emballé à l'idée de partir sur un coup de tête, mais je trouve cette idée géniale. Une pause s'impose, surtout avant la semaine intense qui nous attend.

Dans trois jours, nous décollerons direction Bartow et avant ce laps de temps, Audace doit faire son deuil. Ce n'est pas beaucoup, et j'en suis conscient cependant, elle n'a pas le choix. Il faut qu'elle assure au stage et qu'elle révèle enfin son potentiel. Une fois dans l'arène, je ne pourrais plus rien faire pour elle. Son destin reposera sur sa cohésion avec son partenaire.

Cette escapade doit donc nous recharger à bloc pour affronter ce qui arrive. Lizzie a toujours pleins de bons plans à l'esprit.

— Monte la musique, j'adore cette partie !, hurle cette dernière en levant les bras.

J'obtempère tandis que la voix d'Audace et la sienne se mettent à chanter encore plus fort.

L'ambiance me fait sourire : le vent qui chatouille mon visage alors que l'on fonce à toute vitesse, le soleil qui colore le ciel d'une couleur orangé et les filles qui sont heureuses.

L'océan se dessine tout doucement sous nos yeux et je souris un peu plus à cette simple vue. 

Bell est une petite ville côtière qui regroupe principalement les pêcheurs et les personnes qui font tourner l'économie dans le secteur alimentaire. Elle est séparée de plusieurs kilomètres des autres villes par un désert digne de ceux Californiens que Lizzie connaissait si bien.

A l'entrée, Mike s'arrête au panneau et nous sortons de la voiture.

— Aucune arme acceptée après, lit la brune en regardant le panneau rouge.

Je dépose mon pistolet au côté de tous les autres entassés et Mike exécute le même geste. Lizzie retire ses couteaux cachés un peu partout et Audace ne fait que nous observer.

— Tu n'as pas d'armes ?, demande Mike, un œil méfiant.

— Non, rigole-t-elle nerveusement, pourquoi j'en aurais alors qu'on va à la plage ?

Mike lève les yeux au ciel tandis que Lizzie sourit en la prenant par le bras. J'aime l'innocence dont elle fait preuve, elle n'a pas encore l'habitude de toujours sortir armer.

— Oublie, souffle Lizzie en l'attirant de nouveau vers la voiture.

Nous reprenons le chemin, traversant la route qui commence à se vider. Les gens rentrent paisiblement chez eux, si je pouvais, je viendrais m'installer ici. Tout est si calme et apaisant, un contraste violent avec la réalité du reste de pays.

La plupart des habitants sont pacifistes ou d'anciens soldats qui aspirent désormais à la paix. D'où le panneau à l'entrée, le pourcentage de criminalité à Bell est dans le négatif depuis bientôt cinquante ans.

Le conducteur fait un petit détour pour montrer un peu plus l'ambiance de la ville à Audace puis se gare au niveau de la boutique de Greg. Lizzie saute presque de la décapotable pour rejoindre l'intérieur de l'établissement.

Nous la retrouvons dans les bras de Grégoire un peu plus loin. J'ai toujours soupçonné la brune d'avoir une relation avec ce dernier mais Mike prétend le contraire. Comme s'il connaissait par cœur la vie amoureuse de Lizzie.

— Greg, je souris en lui faisant une accolade.

Mike le check alors Lizzie reste accrochée à son bras.

— Ça fait un bout de temps, soupire-t-il en souriant, ému de nous revoir.

Ma brune préférée se détache de lui et prend cette fois-ci le bras d'Audace.

— C'est elle, la raison de notre absence, avoue-t-elle sous le regard gêné de la nouvelle. Greg, je te présente Audace. Et Audace, voici Greg.

— Enchantée, poursuit-elle en tendant sa main.

Greg rigole, ignorant sa paume et l'attire plutôt dans un câlin. Elle semble surprise, digérant bizarrement cette marque d'attention propre au blond, puis se détend.

— Bienvenue à Bell !

Chacun reprend sa place et le local frappe dans ses mains :

— Vous voulez manger un morceau ?

— Volontiers, je dis en l'accompagnant à l'arrière de sa boutique.

Greg était un ancien quand j'ai commencé ma formation au Complex. Il s'en est toujours sorti en limitant les dégâts, il n'a jamais apprécié tuer et dès qu'il a pu finir son entraînement et il est directement venu s'installer à Bell. C'est lui qui nous a fait découvrir ce bout de paradis. Il s'est reconverti en restaurateur et il sert les meilleures frites de tout Hoffenwald.

— Alors quoi de neuf, reprend-t-il en sortant les aliments nécessaires pour le plat qu'il va nous préparer.

Je m'assois sur un rebord de table et l'observe se mettre à la tâche.

— Pas grand-chose, je hausse les épaules, j'essaye de m'assurer qu'Audace survive.

Il pouffe en épluchant ses patates. Cette image de lui me fait toujours autant bizarre. Je n'y reconnais pas l'homme qui m'a protégé, il y a plusieurs années maintenant. Son visage est plus doux et détendu depuis qu'il vit ici, ça change des cernes et rides qu'il avait à Venturia.

— Je ne pense pas qu'elle ait besoin de toi.

Je soupire, plus le temps passe, plus j'ai peur qu'il lui arrive quelque chose. Elle est en danger et je sais que même ma protection ne pourra rien changer au fait que si Hoffman la veut morte : il l'aura morte.

— Ou peut-être que c'est toi qui as besoin d'elle, murmure-t-il en m'observant.

Après tout, c'est une possibilité que je n'ai jamais envisagée mais ça expliquerait pourquoi tout au fond de moi, elle m'intrigue depuis son arrivée. Son visage monopolise mes journées et ses yeux hantent mes nuits.

La brune rentre à ce moment, légèrement timide :

— Lizzie m'envoie chercher les boissons.

Greg hoche de la tête.

— Dans le frigo juste ici, lui montre-t-il avec le couteau présent dans sa main.

— Merci.

Elle récupère quelques cannettes puis referme le réfrigérateur.

— Jolie montre, avoue le blond en la fixant. Tu l'as acheté où ?

Audace se met subitement à la cacher par sa main libre, comme s'il venait de rentrer dans son espace personnel. C'est bizarre, maintenant qu'il en parle, je ne l'ai jamais vu avec avant.

— Merci, marmonne-t-elle quelque peu froide, elle appartenait à mon père.

Elle tente un sourire qui ressemble à une grimace et sort de la pièce.

— Mystérieuse et inexpressive s'exclame Greg en rigolant, je comprends pourquoi c'est ton style.

Je secoue la tête en souriant et lui donne un coup de poing amical dans le bras.

— Ta gueule.

***

— Audace, viens, hurle Lizzie en courant sur le sable humide.

Les deux brunes se mettent à faire une course et mes yeux fixent la silhouette de la nouvelle, dont les cheveux se secouent sous ses pas rapides.

Mike marche à côté de moi, pieds nus dans le sable, un air paisible sur le visage. Le bruit de fond se constitue uniquement des vagues qui s'échouent. La nuit tombe pour de bon, mais la chaleur de la journée persiste.

Lizzie retire son débardeur et déboutonne son short tandis qu'Audace fait de même. Mike me lance un coup d'œil taquin :

— Le premier qui en met une à l'eau ?

Je lève un sourcil et m'élance à toute vitesse vers Audace. En cours de chemin, je me débarrasse de mon t-shirt. La brune réalise un chignon quand je l'attrape par la taille. Elle crie à la mort, surprise, sous mon rire et du coin de l'œil, je remarque Lizzie se démenait pour échapper aux bras de Mike :

— Lâches-moi Miki !

Je rigole en courant vers le rivage. Je sens la brune dans mes bras se débattre. Mes pieds rentrent en contact avec l'eau froide de l'océan mais je continue à m'y enfoncer. Les jambes d'Audace touchent également l'eau et elle reprend ses protestations :

— Nathan, fais-moi descendre, c'est ultra froid !

J'accélère le pas, l'eau m'arrive maintenant au début des cuisses. Mike me talonne de près avec une Lizzie enragée dans les bras.

— Nathan ! Je ne sais pas nager, fais-moi descendre !!

Je tends mes bras, la soulevant juste au-dessus. Elle secoue la tête, un faux air énervé.

— Menteuse.

Je la lâche et elle tombe en criant dans l'eau fraîche. Mike réitère la même action avec Lizzie, une fois à ma hauteur et une fois remontée à la surface, cette dernière entreprend de le noyer.

Mes yeux restent fixés sur l'eau qui avec le ciel de plus en plus noir devient sombre. Audace n'est toujours pas remontée et je commence à m'inquiéter tout d'un coup. Peut-être qu'après tout elle ne savait vraiment pas nager. Mes mains se mettent à remuer autour de moi, comme pour chercher un corps. La peur me percute le ventre alors que je m'active.

Une masse s'abat sur moi et je plonge la tête la première dans l'eau salée. Quand je rejoins la surface en crachant l'eau avalée, Audace sourit, visiblement fière de la frayeur qu'elle vient de me faire.

— Tu n'aurais quand même pas peur de me perdre ?, rigole-t-elle en nageant jusqu'à moi.

Elle accroche ses bras autour de moi et je déglutis : si elle savait.

— J'avais peur d'avoir un cadavre à cacher, soupiré-je pour la provoquer.

Elle rejette la tête en arrière entourant ma taille de ses jambes, un sourire éblouissant sur les lèvres. Il me donne envie de l'embrasser.

— Bien joué, ronchonne-t-elle alors que l'on se fait éclabousser.

Je me tourne la brune contre moi tandis que Lizzie continue de nous envoyer de l'eau. Elle est sur les épaules de Mike qui la tient par les cuisses.

Audace se met donc à grimper également sur les miennes et nous commençons une bataille acharnée. J'aime ces moments. Quand je peux voir Mike sourire de cette façon, Lizzie sereine et loin de ses démons intérieurs et Audace baissant autant sa garde.

J'ai l'impression d'être un jeune normal, un homme libre. Je retourne en enfance et je crée des souvenirs simples et heureux. C'est le genre de moments qui reste gravé tout au fond de mon âme. Ceux qui me permettront de traverser les pires périodes.

Une simple bataille d'eau pour repousser toutes les autres vraies batailles qui se jouent dans ma tête.

***

— Nathan, je t'en supplie, murmure-t-il, ne fais pas ça.

Je plisse les yeux, les mains recouvertes de sang. Je n'y peux rien, c'est dans ma nature. C'est ma nature. Je suis comme ça. Ma lame s'enfonce dans sa poitrine dans un geste précis et lent alors qu'il inspire de douleur. Sa main ensanglantée s'abat sur mon visage comme pour s'accrocher à une dernière chose alors qu'il rend son dernier souffle, son regard droit dans le mien. C'est déjà fini. Il est mort. Mon symbolique centième cadavre.

Je me réveille en sursaut, essoufflé par ce cauchemar qui s'apparente plus à un souvenir. Je passe ma main sur mon front puis sur ma joue où ses doigts ont effleuré mon visage. Les alentours sont calmes, le feu de camps que nous avons allumé se consume tout doucement.

Je souffle en me remettant des soubresauts qui font encore tremblés mes membres. Lizzie et Mike dorment dans les bras de l'un l'autre, à même le sable. Nous nous sommes endormis il n'y a pas très longtemps, puisque Lizzie n'a pas arrêté de raconter nos moments les plus ridicules de Mike et moi à Audace autour de la flamme rouge et rassurante.

En parlant de cette dernière, je ne la vois nulle part. Je me relève, et dépoussière mon short rempli de sable sec.

Il ne me faut pas longtemps pour la repérer un peu plus loin, les yeux fixés sur l'océan. Je m'approche alors silencieusement d'elle et m'assois à sa gauche. Elle tient la montre de son père entre ses doigts fins.

Je n'aurais peut-être pas dû venir la déranger mais ma curiosité me pousse à rester.

— Un cauchemar ?, elle murmure en passant son pouce sur le cadrant en verre.

J'acquiesce. Mes insomnies ne me quittent plus depuis mes quatorze ans. Malgré toutes ces années, je ne m'y habitue pas.

— Et toi ?

Elle passe une mèche de ses cheveux derrière son oreille, dégageant son visage cerné.

— Je n'arrive pas à dormir.

Je hoche de nouveau de la tête. Ça arrive souvent les premières nuits mais Audace semble déjà le savoir.

— Tu sais, reprend-t-elle alors que je pensais que le silence allait continuer à nous encercler. Quand je suis partie chez les deadhead, je voulais tuer Max. Je voulais à tout prix le tuer, et ce même si je devais abattre tous les autres du groupe, même après le discours de Lizzie. Je voulais le voir lentement agoniser comme mon frère.

— Qu'est-ce qui t'as fait changer d'avis ?

Elle inspire comme si prononcer ses mots lui coûter beaucoup. Comme pour faire durer le suspense, elle trifouille ses pointes brunes, abîmées par l'eau salée de la mer.

— Je voulais le tuer, mais pas par revanche pour William. Je voulais le tuer par plaisir, par envie.

Toutes mes pensées se stoppent pour me focaliser sur la fille à côté de moi qui joue avec le sable. Et encore une fois, quelque chose me traverse. Comme un coup de jus.

Je l'observe. Non, je l'admire à nouveau.

Elle m'inspire tellement. Greg a surement raison, c'est moi qui a besoin d'elle. Elle me donne envie d'être meilleur, de faire les choses différemment.

— Est-ce que ça fait de moi une mauvaise personne ?, chuchote-t-elle en rencontrant enfin mon regard.

— Non, je réponds plus sérieux que jamais, non au contraire, ça fait de toi une bonne personne. Une très bonne personne.

Elle fronce les sourcils et je vois bien à travers ses iris qu'elle ne comprend pas où je veux en venir.

— J'avais envie de tuer un homme et tu penses que je suis bonne personne ?

— Oui, je me répète en portant ma paume de main à sa joue.

Elle ferme les yeux à mon contact en appuyant un peu plus sa peau contre la mienne. J'aime la connexion que nous avons. Le besoin de toucher l'autre pour ressentir ses émotions.

— Parce que malgré ton désir, tu ne l'as pas fait. Tu ne l'as pas tué alors que tu avais toutes les raisons de le faire. Tu as choisi d'être clémente, de faire passer ton souhait en second pour prendre la décision la plus juste. Tu n'as pas été égoïste, comme beaucoup aurait pu l'être.

Elle rouvre les yeux, et laisse à travers ses perles émeraudes traversées des émotions que je lui pensais hermétiques. Elle est reconnaissante, mais je sais qu'elle se sent comprise aussi.

— Moi compris, j'ajoute alors qu'elle entrouvre les lèvres.

J'ai encore cette envie de l'embrasser alors pour ne pas être égoïste à mon tour dans mon désir, je baisse les yeux et laisse retomber ma main dans le sable. Elle soupire en se replaçant face à l'océan, le son des vagues reprenant sa mélodie harmonieuse.

Lizzie finit par nous appeler tandis que Mike éteint d'un saut d'eau le feu. Le soleil monte dans le ciel et il faut qu'on se remette en route pour ne pas être en retard à l'entraînement.

— Je comprends et ça me touche le respect que tu me portes, déclare-t-elle en se redressant sur ses pieds alors que j'évite toujours son regard. Mais j'espère qu'un jour, tu auras le courage de le faire.

La brune retourne auprès de mes deux amis en trottinant et je lève les yeux vers le ciel rose. Audace est beaucoup trop intrigante.

— Ne t'inquiète pas, je murmure sans qu'elle ne puisse m'entendre, je n'y manquerai pas la prochaine fois.

Je pouffe en les rejoignant également.

Oh Audace, tu seras la raison de perte.

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Un petit chapitre tranquille hihi clôturant la deuxième sous-partie. Le prochain sera beaucoup moins calme.

On se retrouve vite, si la météorite de demain nous tombe pas sur la tête mdrrrrr

love ❤️