De bières et de temps qui passe.


Stuart était parti chercher des bouteilles de bières dans le mini bar de sa chambre. Il disait que les bières asiatiques n'étaient pas fortes, qu'elles formaient un délicieux mariage avec la cigarette, que même si Axel ne buvait jamais, il ne sentirait pas le goût de l'alcool tant elles paraissaient sucrées. Pourtant, il ramena deux autres bouteilles, peut-être du vin, Stuart ne savait pas.

- Il n'y avait que ça, lança le garçon, bredouille. Mais bon, ça fera l'affaire !

Les deux jeunes hommes s'installèrent sous la couverture, adossés à la paroi qui, quelques mètres plus haut, scellait l'antenne. Ils discutèrent de tout et de rien. Surtout de rien. La chaleur de l'alcool maintenait une impression de brasier dans tous les corps. Stuart prit des photos des minces étoiles qu'il arrivait encore à percevoir. Alex rit aux éclats quand il s'aperçut qu'il tenait l'appareil photo à l'envers. Le jeune candidat ronchonna, tandis qu'Alex ne pouvait plus s'empêcher de rire. Les heures passèrent sans que les deux jeunes hommes s'en aperçurent. Ils étaient bien, ensemble, là haut. Cela faisait bien longtemps qu'ils n'avaient pas rit ainsi.

- Bon, je suis claqué moi, éructa Stuart. Je redescends, tu restes ici ?

- Non non, j'arrive, demain faut remballer le matériel pour la soute, se souvint Axel.

La descente de l'échelle qui menait au couloir de l'hôtel fut sûrement l'épreuve la plus périlleuse. Les barreaux dansaient sous les yeux ébahi d'Axel qui, tant bien que mal, essayait de les compter pendant que Stuart descendait en une fraction de seconde, comme si de rien n'était. Un coup il trouvait sept barreaux, l'autre neuf, et le dernier treize. Cette échelle était vraiment bizarre. Stuart l'aida à descendre les cinq barres, et lui dit de ne pas faire de bruit. Mais plus Axel mettait le doigt devant sa bouche, plus il trouvait cela amusant. Ses "chut" ressemblaient plus à des fous rire retenus qu'à autre chose.

Devant la porte de sa chambre, Stuart s'inquiéta pour son acolyte :

- Ça va aller ? Tu vas pouvoir retrouver ta chambre ?

- Bien sûr ! C'est la 190...1683...1987... Je n'en ai aucune idée, je n'aurais qu'à faire toutes les serrures !

Nouveau fou rire. Stuart avait peur qu'on les surprenne, qu'on les trouve ivre mort dans le couloir des suites.

- Bon, tu vas passer la nuit ici. Mais tu ne ronfles pas ! imposa Stuart, autoritaire.

Il déverrouilla la porte de sa chambre, posa son appareil photo sur la table , sorti quelques affaires de sa valise presque intacte. Axel était concis, n'osant bouger, comme s'il avait peur de déranger.

- Vas-y, vas dormir. Tu as besoin de repos, tu es exténué. Je vais prendre une douche, l'informa Stuart.

Il claqua la porte de la salle de bain. Axel en profita pour faire le tour de la chambre. Il ouvrit en grand les rideaux qui cachaient les murs de verre de la suite, s'offrant à l'immensité de la ville. Il tomba amoureux des couleurs urbaines de la nuit : ce bleu profond, entre le bleu marine et le noir, ces reflets dorées sur ses pupilles, les faibles lueurs rouges des néons des publicités ... Tout ce décor imprégnait la suite. L'atmosphère de la pièce devant magique, presque atemporelle. Axel savait que tout ceci n'était qu'éphémère, mais c'était ce qui rendait le tout magnifique.

Il fit quelques pas, longeant le mur vitré. Il découvrit un couloir, entre les parois et l'hypothétique mur de la salle de bain. Il déboucha sur une autre pièce, baignée elle aussi de la clameur de la ville. Elle était constituée d'une table de repas, de buffets contemporains, de vases asymétriques et de chaînes minimalistes. Un décor qui collait parfaitement avec la magie du lieu.

La fatigue le guettant, il revint sur ses pas, se rendit compte qu'il n'y avait qu'un seul lit double dans cette grande suite, et qu'il n'avait pas de pyjama. Alors, il se déshabilla, resta en caleçon et se glissa sous la couette propre. Il somnolait, entre le monde des rêves et le pays des lumières.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top