https://youtu.be/dv6pJ2D_Sek

Enfermé dans l'obscurité, Henry avait comme tout le monde sur le Queen Anne's Revenge, totalement perdu son sens de l'orientation et la notion du temps. Il avait pu se dérouler quelques heures depuis leur entrée dans le volcan, comme il avait très bien pu s'écouler des jours entiers.

Il avait laissé son esprit vagabonder d'idée en idée. Carina était une sirène, cependant, il ne ressentait rien face à elle. Face à qui que se fût d'ailleurs. Il n'avait aucune idée de ce qu'était l'amour et pour cause, il n'était qu'un être sans cœur.

Scrum descendit ouvrir sa cellule pour lui passer les fers.

- Désolé, mon grand, s'excusa-t-il. Mais les ordres sont les ordres.

Turner le regarda faire calmement.

- Je sais, ne t'inquiète pas. C'est comment dehors ?

- Sombre... et glauque aussi. J'aimerais pas y rester seul trop longtemps. On continue la route à pied apparemment.

Ils rejoignirent l'équipage, prêt à partir à la lueur des torches. Carina toisa le jeune homme, avec une petite moue de mépris, s'intalla dans sa chaloupe et ordonna qu'on l'amène à terre. Elle n'avait pas du tout apprécié qu'il lui résistât. Cependant, à en juger le comportement de certains marins, il devait être le seul.

Un unique tunnel, un simple boyau était présent. Tout le monde s'y engouffra. Le regard mi-négligent, mi-hargneux que le corsaire posa sur Henry le fit frissonner. Barbossa n'en avait, de toute évidence, pas fini avec lui.

Au même moment, le colosse marin s'éveilla, secoué par Calypso.

- Il est l'heure père...

Lentement, il se mit à bouger, déplaçant des quantités phénoménales d'eau. Le dieu de la mer eut un bref regard pour sa fille agenouillée devant lui, dans son palais sous marin. Elle était si minuscule comparée à lui... Il pourrait l'écraser d'une pichenette mais il avait besoin d'elle pour briser le sceau. Cette petite idiote l'avait empêché de récupérer son précieux trident en bloquant l'accès à l'autel par du sang de moineau, avait-elle expliqué pendant qu'il la torturait pour la faire parler.

Le dit moineau semblait sur place, prêt à être sacrifié.

Une fois qu'il aura récupéré son trident, il se vengerait sur sa fille, d'abord, puis sur tous ceux qui avaient osé tenté de contrôler l'océan, récupérant ainsi, peu à peu, toutes ses armes et tous ses artefacts que la nymphe avait disséminé pour protéger Ulysse de sa colère. Il ne s'arrêterait que lorsque sa rage aura été assouvie.

Le dieu de la mer se mit en marche un rictus malsain sur le visage, vers le Triangle des Bermudes. Sa vengeance ne faisait que commencer.

Enfin.... Enfin, il était arrivé. Le minuscule tunnel que Jack et son équipage avaient emprunté s'achevait, après une éternité de marche dans le chemin sombre, glissant et escarpé. Les marins se déversèrent dans la caverne noire, leurs bottes claquant contre la roche froide.

Dans la pénombre, Jack put détailler le puit de lumière bleutée de la nuit, un cercle parfait qui ceignait l'autel colossal. Il avait l'impression de rêver, il avait finalement vaincu les labyrinthes infernaux de ce Triangle du Diable, pour arriver dans cette salle sauvage où aucun homme n'avait certainement jamais mis les pieds.

En contre-bas sur l'autel, se trouvait le fameux Trident de Poséidon : un long manche se séparant en trois griffes aiguisées, entièrement couvert de minuscules sédiments et crustacés, installés là, Dieu seul sait comment. L'artefact semblait planté dans la cavité nasale, une minuscule statuette, une sorte de disque semblable au médaillons aztèques de l'Isla de la Muerta, en pierre blanche. Le crâne au milieu du disque semblait presque vivant sous la lumière lunaire.

Sorti de cette incroyable lueur bleue, les yeux du groupe de mortels étaient aveugles. Le roulis délicat de quelques frêles vaguelettes parvenait à leurs oreilles, indiquant la présence d'un tunnel sous marin qui reliait la caverne à la mer.

Jack se mit devant, avançant lentement et précautionneusement malgré la quantité de rhum qu'il avait ingurgité depuis le début du voyage à pied, en en donnant de temps à autre à Hector, qui avait l'air de drôlement apprécier... Même si maintenant, le singe avait du mal à rester accrocher au Capitaine.

A chacun de ses pas résonnaient des craquements sinistres faisant frissonner de nombreux marins. Soudain, son pied dérapa sur un objet cylindrique et le pirate manqua de dévaler la pente beaucoup plus vite que prévu.

- Tout va bien, Camarades ! Je contrôle la situation, fit-il à son équipage en esquissant une petite révérence.

Le Moineau s'accroupit comme il put et piocha au hasard un des objets qui avaient failli le faire chuter. Immédiatement il comprit. De l'os. Il lâcha le tibia qu'il avait, instinctivement, comme s'il s'était brûlé, une grimace de dégoût gravée sur le visage.

- Quelques pauvres fous qui ont échoué trop près du but, murmura-t-il pour lui-même.

Le Capitaine reprit son parcours lentement, en tentant d'éviter les nombreux ossements qui traînaient ça et là. Des craquements résonnèrent derrière lui, ses hommes commençaient à se mettre en marche.

Il avait presque atteint l'autel. Celui-ci devait faire environ trois mètres de haut et était beaucoup plus impressionnant vu d'où il était. Jack Sparrow avança encore d'un pas. Son pied buta contre quelque chose de mou et faible.

Le Seigneur des Caraïbes failli reculer prudemment, son sabre dégainé.

A cet instant, la Lune se posa sur le puits, illuminant toute la caverne. Jack observa la forme humaine roulée en boule à ses pieds. Les vêtements de l'être étaient déchirés et laissaient entrevoir les parcelles blanches et craquelées de la peau déshydratée. Le moineau s'agenouilla, prudent et armé. La créature avait les mains et les avant-bras recouvertes de plaies, de croûtes et de sang séché.

La lourde tignasse brune, devenue terriblement longue ne faisait aucun doute sur la personne. Il retourna la femme vers lui, la prenant délicatement dans ses bras, ignorant la douleur qui lui broyait la poitrine. Elle avait la bouche rougie de sang et les yeux clos. Malgré cela l'hispanique était toujours aussi belle, n'avait pas pris une ride et sa poitrine, noyée dans une chemise en coton d'homme, se soulevait et s'abaissait régulièrement.

Cela faisait presque vingt ans qu'il l'avait abandonnée sur son île déserte et là, il la retrouvait enfin.

Angelica...