« Hey little train, we are all jumping on
The train that goes to the Kingdom
We're happy, Ma, we're having fun
And the train ain't even left the station
Hey little train, wait for me
I once was blind but now I see
Have you left a seat for me? »
O Children - Nick Cave & The Bad Seeds

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Des mois étaient passés. Plus calmes pour Mattheo et Flora. Plus angoissants que jamais pour Harry Potter et ses amis.

Cet été, Flora avait rejoint sa famille dans la campagne. Elle avait passé du temps avec son grand père, Newt, et sa grand-mère Tina. Un été doux et chaleureux qu'elle n'oubliera jamais. Elle aimait tant son grand-père. Tout le monde lui disait sans cesse « mais tu es la petite fille de Newt ! Son portrait craché ». Elle n'en était pas peu fière. Flora admirait son grand père pour ses exploits. Elle se régalait de ses histoires sur sa jeunesse, de sa rencontre avec Tina. À vrai dire, Flora lui insufflait un souffle de jeunesse. Tous les deux avaient eu une relation aussi fusionnelle que tourmentée avec un Lestrange.

Cet été, Mattheo s'était rendu au manoir. Ambiance lugubre, pour changer. Il avait revu sa mère, après deux bonnes années sans grandes nouvelles. Toujours aussi perturbée. Elle lui racontait des histoires sur le Seigneur des ténèbres qu'il n'écoutait que d'une oreille. Il pensait à Flora, lui avait écrit des lettres toutes les semaines. Chaque fois, il attendait sa réponse avec impatience. Bellatrix préparait le terrain. Il n'était pas son fils, il était le descendant suprême de Voldemort. Du Seigneur des Ténèbres. La relève. Un petit sorcier qu'elle devait encore façonner et l'heure était venue.

Cet été, Voldemort avait fait son grand retour. Harry le clamait haut et fort, partout, à toutes les oreilles qui traînaient. L'attention était sur lui à présent : l'école était divisée. Certains le croyaient, d'autres le traitaient de fou. Ainsi, Mattheo avait un peu la paix. Comme si les élèves avaient occulté son lien avec celui qui terrorisait le monde des sorciers.

Dans le Poudlard express, Flora arpentait les wagons à la recherche de Mattheo. Ce n'est qu'au bout d'un moment qu'ils se rentrèrent dedans avant d'exploser de rire et de se jeter dans les bras l'un de l'autre.

« Je te cherchais ! S'exclama Mattheo en se détachant d'elle.
- Moi aussi. »

Salem la suivait à la trace. Le chat noir avait tellement grandit. Il se frotta aux pieds du garçon vêtu de vert et noir.

Chaque fois, Flora était encore plus belle. Si lumineuse, chaleureuse, rayonnante. Le miel de ses yeux reflétait le moindre éclat. Ses cheveux, entre le roux et le châtain, brillaient de milles éclats. Elle portait une jupe d'écolière noire, l'éternel pull de sa maison. Elle sentait le soleil et les fleurs. L'astre de feu avait laissé sur ses joues des petites taches de rousseurs, comme lors de leur rencontre en première année.

De toutes évidences, Mattheo n'était pas aussi avenant. Il avait encore grandit, prit en masse musculaire. Sa mâchoire se traçait, son air arrogant et désinvolte s'intensifiait - personne n'avait jamais vu aussi provocateur que son regard ténébreux.

« Vous deux, les coupa Harry suivit de ses deux amis, avec moi. »

Son ton sérieux les alerta. Ils s'entassèrent dans une wagonnette, le Gryffindor referma la porte tandis qu'Hermione vérifiait la salle. Personne à l'horizon. Oh, Mattheo se doutait déjà de la terrible nouvelle que semblait vouloir leur partager Potter. Bellatrix l'avait bassiné pendant deux mois. Tu Sais Qui était de retour, il faut se préparer, et bla-bla-bla. Il s'en foutait pas mal. Il ne savait même pas à quoi il ressemblait. Son paternel était bien plus intéressé par Harry que par son propre gamin. Souvent, Mattheo le voyait dans ses cauchemars. Il l'imaginait blanc cadavre, fantomatique, squelettique. Effrayant.

Le Serpentard se laissa retomber sur une banquette avec négligence, les jambes écartées, les lacets défaits. Flora s'adossa au mur, secouée par les roues contre les rails.

« Il est de retour, affirma gravement Harry. Tu es le prochain sur sa liste, Mattheo.
- Non, crois-moi, il s'en tape.
- Détrompe toi. J'ai appris que Voldemort est à la recherche d'une arme...
- Et..? »

Hermione roula des yeux. Pas très perspicace pour quelqu'un sensé être rusé.

« Tu crois qu'il t'a oublié ? Demanda Granger d'un ton sentencieux. Détrompe toi.
- On a pas encore beaucoup d'infos, renchérît Potter, mais attend toi à ce qu'il te rallie à sa cause.
- J'en ai rien à foutre, souffla Mattheo.
- Cesse de jouer à l'indifférent, s'outrageait Hermione. Tu dois faire un choix. De quel côté es-tu ? Du sien ou du notre ? »

Mattheo lança un regard confus à Flora. Elle aussi avait l'air grave, le visage décomposé d'inquiétudes. Son teint semblait subitement livide, tout éclat s'était envolé. Mattheo déglutit.

« C'est vrai, dit Flora en se raclant la gorge, mon grand père m'en a parlé, tu sais. Il travaillait au ministère, il a toujours des contacts. C'est évident, Mattheo, que Tu Sais Qui ne te laissera pas le choix.
- Tu es de notre côté, Riddle ? Demanda Ron, comme une menace. Il est sans pitié. Harry s'est fait attaqué par des Detraqueurs cet été, ils aspirent tout le bonheur de ton âme.
- Qu'ils viennent, ricana Mattheo, je vais les affamer ! »

La blague ne fit rire que lui.

« C'est sérieux, insista Potter. Toi et moi, Mattheo, on doit faire équipe. Dumbledore te protège, je sais, mais bientôt Voldemort nous dépassera en puissance. Peut-être es-tu son arme...
- Ça ferait sens, marmonna Flora.
- Une arme ?
- J'en sais rien... j'ai des visions de lui. Nous sommes liés. Je ne sais pas pourquoi ou comment, pas encore. Peut-être que c'est également ton cas. »

Il eu envie de le contredire mais ravala ses paroles. Évidemment, Potter l'enquêteur avait raison. Mattheo n'était pas apparu par hasard. Il n'était le fruit d'aucun amour. Il fonctionnait à l'envers de tout le monde. Il se sentait tellement différent, incompris. Bouillonnait en lui un feu acide, étouffant, douloureux. Depuis des années, rien ne stoppait l'incendie qui se propageait dans son corps, dans son cerveau, dans son âme. Mattheo le savait mieux que personne, au fond de lui. Quelque chose se passait. Peut-être avait-il hérité de la folie meurtrière de ses géniteurs.

« En quoi Mattheo serait une arme ? Questionna enfin Flora qui retournait la question dans tous les sens.
- Je ne sais pas, avoua Harry. Ce que je sais, c'est que tu es son héritier, sa descendance. Tu n'es pas là pour rien.
- Tu crois ? Pouffa cyniquement l'intéressé. J'ai ce sentiment là depuis toujours. Être là pour rien. Je ne suis peut-être qu'une erreur de passage.
- Impossible. Tom Riddle ne t'aurait jamais laissé la vie sauve s'il n'avait pas un projet pour toi. »

Bon argument. Il avait laissé, sans le vouloir, la vie sauve à Harry et depuis ses onze ans il voulait sa peau. Quant à Mattheo, il avait toujours été plutôt épargné, en fin de compte.

« On te protégera, affirma Flora en s'agenouillant afin de le regarder dans les yeux.
- Seulement si tu es avec nous, Mattheo, répéta le sorcier à lunettes.
- Évidemment, qu'il est avec nous ! Mattheo n'est pas comme eux !
- Flora, raisonna Hermione, il doit le jurer. Corps et âmes.
- Je le jure, corps et âmes. On peux même faire un serment inviolable, si tu veux. »

Harry considéra vraiment la proposition. Avoir Mattheo de leur côté le soulagerait vraiment d'un problème à gérer en moins. Flora se releva, piquée au vif. Elle attrapa le bras que Mattheo tendait à Harry.

« Pas besoin d'en arriver là ! Je te fais confiance. Je sais que tu ne veux de mal ni aux moldus, ni aux nés moldus, ni à personne.
- Facile à dire ! S'écria Hermione. Tu es une sang pure ! Tu n'as rien à craindre, toi ! Il a grandit chez les Malfoy, je te rappelle. Toute sa vie on lui a bassiné avec la pureté de leur sang. Désolée, Mattheo, mais c'est vrai. »

Il ne trouva rien à redire cette fois encore. C'était vrai. Parfois, malgré lui, il venait à mépriser ceux qui ne venaient pas de son monde. Pas aussi purs, pas aussi magiques. Très vite, il redescendait sur terre. Lui non plus n'était rien ni personne. Il avait ingurgité les malheureux discours de Lucius Malfoy depuis sa naissance. Le fait de ne s'être jamais senti accepté d'eux avait permis cette mise à distance. Ce qui n'était pas le cas de Draco.

« Je serai là, Hermione. Pour lui et pour vous. Faites moi confiance. »

Flora regardait son amie droit dans les yeux, plus sûre d'elle et déterminé que jamais. Déstabilisée, Hermione hocha la tête de haut en bas. Elle avait pleine confiance en la Poufsouffle et osait espérer que cette dernière avait les ressources nécessaires de sauver la destinée de sa moitié.

« Je n'ai pas confiance en lui. » avoua Weasley alors qu'ils avaient quittés le duo. Harry lui lança un regard par dessus ses lunettes, l'air de dire « moi non plus ».

Pour Harry Potter, Mattheo avait autant de raison de se joindre à son géniteur que de se rebeller. Et si, comme il le craignait, l'un d'eux s'avérait être l'arme ? Et si Mattheo, peu importe ses volontés, était programmé pour le servir ?

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