104) Un royaume sans roi

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De l'extérieur, les signes d'intrusions n'étaient pas remarquables. Tout avait l'air calme et normal.

La petite hutte des Scamander se tenait en haut d'une dune entourée de prés. Les animaux étaient rentrés dans les granges se mettre au chaud.

Les flocons de neige tombaient tout doucement pour se fondre dans les quelques centimètres qui recouvraient déjà la prairie.

Il y avait, en effet, quelques traces de pas. Flora enfonça sa bottine lacée par dessus la trace de chaussure : la pointure semblait immense, au moins trois fois la sienne. Ce n'était pas les traces de sa mère. Elles avaient la même pointure, sensiblement les mêmes mensurations.

Ce fut le seul détail potentiellement alarmant. Sinon, le silence régnait. Le décor hivernal était somptueux. Quelques petits Boursouffles courageux roulaient dans la neige en couinant.
Toujours rien d'anormal.

Son nez rougissait au contact du froid. Celui de Mattheo aussi. Ils échangèrent un regard compris et avencèrent à pas feutrés jusqu'à l'intérieur de la hutte.

Revenir ici n'était pas sans effet pour Flora. Sa maison lui manquait, sa mère également. Les larmes lui brûlaient les yeux. Elle plaqua son oreille contre la porte mais ne perçut aucune voix, aucun cri, rien. Juste du silence.

Mattheo fit signe aux fidèles qui les accompagnaient de faire le tour de la hutte, de vérifier les prés et les granges.

Un sort suffit pour déverrouiller la porte et Flora soupira d'agacement. Sa mère était une proie car sa fille était recherchée à l'international. Elle aurait dû lui dire de toujours rester vigilante et de veiller à sa sécurité.

"L'intérieur semble saccagé, Maître. Je ne décèle pas de présence humaine." Informa un Mangemort dont le nez était collé contre une vitre.

Mattheo et Flora n'hésitèrent pas à pénétrer la maison des Scamander ensemble, comme un seul homme.

Le salon avait été retourné. Papiers administratifs, dossiers, photos de famille, bouquins en tout genre... tout était éparpillé sur le sol, sans dessus dessous. Flora étouffa un cri de surprise.

L'amoire avait été renversée. La table basse aussi, et le rocking chair que son père affectionnait tant avait visiblement été propulsé contre le mur. Un des pieds était brisé.
Quelqu'un avait brisé le souvenir de son père. Flora peinait à respirer et à garder son calme.

Affollée, elle essayait de ramasser les photos balancées par terre tout en continuant d'avancer dans l'espace.

"Maman ?
- Daliah ?"

Pas de réponse.

Flora jeta un coup d'œil anxieux à Mattheo qui lui rendit.

Il l'aidait à réunir les photos. Il y en avait beaucoup d'eux, notamment plus jeunes, durant leurs études à Poudlard.
Mattheo les glissa dans sa cape. Il y avait certain souvenir qu'il chérissait plus que tout. Il souhaitait garder en mémoire, pour toujours, le beau visage de Flora à tout âge.

"Maman ?"

Sa voix tremblottait, gorgée de larmes. Mattheo posa sa main sur son épaule, comme pour lui offrir du soutien.

"Hmpf...
- MAMAN !"

Elle se prit les pieds dans les éléments qui avaient été jetés au sol, se rattrapa de justesse et courru jusqu'à la cuisine.

Daliah tentait de se révéler avec peine en s'agrippant aux meubles de la cuisine. Elle tremblait de la tête aux pieds, le visage recouvert de sang, les cheveux en pétard. Cette fois-ci, les signes d'agression étaient évidents et horribles.

Flora cria de détresse et de désolation. En aidant sa mère à se relever, les sanglots explosèrent malgré elle.
Le sang de sa mère avait été versé et elle en était l'unique responsable.

Par sa faute, tous ses proches avaient été blessés. Voir sa mère en souffrance, gravement blessée, ensanglantée, lui était insoutenable.

Flora la tenait contre elle et le serrait dans ses bras, pleurant et s'excusant.
Daliah n'était pas en mesure de comprendre, elle ne réagissait pas, stoïque et stone comme une pierre.

Sa fille se détacha d'elle, larmoyante, plongea ses yeux dans les siens.

"Maman ? Que s'est-il passé ?"

Daliah était différente. Changée. Pas tout à fait sa mère.
Flora essuyait avec la paume de sa main le sang qui croûtait sur le visage normalement délicat et raffiné de sa maman.

Ses iris étaient différentes. Son expression facile également, il y avait quelque chose d'éteind. Une lueur de perdue.

Les lèvres de Daliah tremblaient. Elle regardait sa fille, presque terrifiée, se tenait raide dans ses bras comme si elle avait affaire à une inconnue.

"C'est moi, murmura Flora, c'est Flora..."

Mattheo se tenait sur le seuil, incertain, cherchant à comprendre ce qu'il se passait.
Daliah n'était plus elle-même.

La colère bouillait en lui. Un sentiment d'impuissance l'écrasait. La scène lui était insoutenable : le chaleureux habitat des Scamander était retourné, madame Scamander traumatisée et Flora en pleurs.
Mattheo n'en pouvait plus.

"Je suis ta fille, pleura Flora, tu ne me reconnais pas ? Tu m'as écris une lettre, maman. Où est-il ?"

De toute évidence, Gareth avait déjà quitté les lieux.

Flora aida sa mère a prendre appui sur le plan de travail, elle lui tendit un verre d'eau.

"Bois un peu, ça te fera du bien..."

Machinalement, la main écarlate de Daliah attrapa le verre pour le joindre à sa bouche. Son regard était vide.

Mattheo perçut un changement infime. Lui qui restait en retrait et interdit fit un pas assuré dans la cuisine, baguette tendue.
Les prunelles de madame Scamander devenaient verte, un vert éclatant et magique.

"Flora, averti Mattheo en haussant le ton, recule ! Elle est sous l'Impero."

Sans hésitation, Flora recula d'un bond en arrière.

"Pourquoi ? Pourquoi toujours mes proches ?
- Il s'amuse."

Daliah tourna lentement la tête vers sa fille, inexpressive, activant son corps telle une marionnette.
Celle de Gareth Greengrass.

Le cœur de Flora eu un loupé. Jamais elle n'avait croisé de regard aussi boulversant et terrifiant. Toute la vie, la tendresse et la sympathie qui animait habituellement le visage de sa mère avait laissé place à la froideur, au néant, à la soumission.

La lueur verte dans ses yeux donnait le vertige. Cette magie semblait si puissante que Daliah n'était pas en mesure de se débattre une seconde.

Le verre valsa à travers la pièce et Flora l'esquiva de peu. L'objet se brisa au sol, aux pieds de Flora qui manqua de se prendre les éclats dans les genoux.

Daliah attrapa un couteau de cuisine, un qui tranchait les épais morceaux de viande. Les narines dilatées, son intention était claire : la lame finirait dans le cœur de sa fille avant de trancher le garçon en deux.

Flora dégaina sa baguette mais fut incapable d'attaquer.
Pas sa mère. Elle ne pouvait pas risquer de lui faire du mal.

Les pulsations de son pouls résonnait dans tout son corps. Elle s'entendait hurler, supplier mais se savait incapable d'agir.

"Expelliarmus !"

Mattheo attrapa Flora par la manche de son pull pour la tirer hors de la cuisine et courir plus loin, cherchant à échapper à Daliah d'une façon ou d'une autre.

"On ne peut pas lui faire du mal ! S'époumonna Flora durant sa course.
- Je n'y compte pas ! On doit se défendre, Flora, sinon..."

La puissance du sort que Daliah leur lancèrent les propulsa contre le mur. Les os du dos de Flora craquèrent, ne manquant pas de réveiller sa blessure de la guerre, celle qui lui avait value une fin de carrière de sportive professionnelle.

La jeune femme retomba au sol telle une masse morte, recroquevillée en deux, tétanisée par la douleur jaillissante.

Par chance, Mattheo était retombé sur les genoux, s'était relevé agilement et se protégeait en balançant ce qu'il restait de meubles. Ainsi, Daliah n'arrivait pas à les atteindre et une distance de sécurité était maintenue.

"Il nous torture, il s'amuse avec nous, pesta Mattheo, il cherche à nous rendre dingue, à nous affaiblir !"

Le grognement dans sa poitrine ne demandait qu'à s'échapper. La haine qui parcourait ses veines lui faisait l'effet d'une fourmillement tiède.

Ce fut un sifflement strident qui s'échappa d'entre ses lèvres. Instantanément, les fidèles qui les avaient accompagnés débarquèrent tels des militaires entraînés au temps.

"Pas de magie. Ne la blessez pas. Arrêtez là.
- Oui, Maître."

Ces ordres étaient frustrants pour des criminels de guerre. La méthode douce n'avait rien de cathartique, pour eux.

Ils obéirent quand même. Deux Mangemorts se matéralisèrent à côté de Daliah, qui attaquait avec acharnement Mattheo et Flora. Dans des mouvements synchronisés, ils plaquèrent Daliah au sol, ne manquant pas de la désarmer.

Sa baguette roula jusqu'aux pieds de Mattheo, haletant, de la sueur qui perlait le long de son visage.

Il ne la ramassa pas et s'agenouilla auprès de Daliah, qui cherchait par tous les moyens de se débattre de la prise de maintien au sol de deux colosses capuchés.

"Parle, ordonna froidement Mattheo qui avait l'habitude d'être obéit.
- Idiots ! Idiots ! Criait Daliah en se débattant. Vous êtes tellement naïfs et prévisibles !"

Flora n'arrivait pas à détourner les yeux de la scène. Sa mère n'était plus sa mère. Sa voix était rauque, dédoublée, différente. Ce n'était plus que son corps, utilisé à son insu.
Exactement comme pour Fred.

Gareth volait l'intégrité des uns et des autres, comme si tout lui était permis.

La douleur de son dos la lançait tellement qu'elle ne pouvait pas bouger, ni parler. Le feu qui brûlait l'arrière de son corps faisait qu'elle serrait si fort la mâchoire que ravaler sa salive était difficile.

"Ils sont chez vous ! Vous avez été localisés ! La fille et le bébé vont retourner d'où ils viennent.
- Quoi ? S'étrangla Mattheo.
- Maître ! Maître !"

Un troisième Mangemort lui tendit son bras. Son tatouage se mouvait.
Mattheo souleva sa manche : le sien aussi. Malgré les cicatrices qui le lacérait, l'encre bougeait toujours et le mouvement du serpent sur leurs peaux était effroyablement douloureux.

"Les fidèles vous appellent à rentrer et vite !"

Mattheo blêmit.
Tout cela avait été bien plus qu'une distraction jouissive pour Gareth, bien plus qu'une première offensive ou un avant-goût.

Il avait intelligemment guidé hors du manoir le roi et la reine pour décimer tranquillement leur peuple, leur armée.

Gareth allait récupérer ce qui lui avait été volé et attendrait de pied ferme le retour de Mattheo et Flora, affaiblis, pour leur asséner le coup de grâce.

Draco avait raison depuis le début : ce n'était qu'un piège.
À l'heure actuelle, son cousin devait probablement être mort ou sérieusement blessé. Gareth n'accepterait jamais sa trahison.

Abasourdi, incapable de réfléchir, prit au dépourvu, Mattheo se tourna vers Flora, déboussolé.

Il l'aida à fouiller ses poches à la recherche d'une potion de guérison. Il n'en restait plus qu'un fond mais elle s'en contenterait.

"Tu devrais rester ici, suggéra Mattheo.
- C'est hors de question ! Je viens avec toi ! Et Edan ?"

Un halot insondable émanait des jais de Mattheo.

"Je ne sais pas quoi faire, Flora, dit-il à deux doigts du désespoir.
- On y va. On se relève, on retrouve nos esprits et on le tue."

Le roi des Ténèbres hocha la tête.
Le grand jour était donc arrivé. La bataille finale. Celle qu'ils attendaient depuis des mois. Ils avaient été prêts mais en cet instant, prit par surprise, ils ne l'étaient plus du tout.

Mattheo peinait à concilier son esprit avec la réalité.

Daliah se débattait encore, en venait à frapper son visage contre le sol.

"On doit la calmer, souffla douloureusement Flora. Elle retrouvera ses esprits ?
- Seulement si Gareth meurt ou arrête l'Impero de lui-même."

Le feu qui brûlait en Flora se réveilla à nouveau, perceptible à l'œil nu.

"On doit le tuer.
- Je sais.
- Je vais chercher une potion d'endormissement à l'étage, ça devrait la calmer. Je me dépêche."

Ses intestins se tordaient dans tous les sens. La sueur qui perlait de son front coulait le long de ses tempes.
Jamais il n'avait été aussi nerveux.

Il était le cœur même de cette bataille naissante, la raison du combat.
À chaque guerre, des morts étaient à déplorés et les vivants se retrouvaient marqués à jamais par les horreurs qu'ils avaient du commettre ou subir.

Flora et lui n'étaient pas immortels. Loin de là. Souvent blessés, parfois à un souffle de la mort, changés pour toujours.

Etait-ce leur dernière bataille ?

L'appréhension lui donnait envie de vomir. Mattheo se devait de garder la face, de raisonner logiquement et stratégiquement, il le savait.
Aujourd'hui était le jour de sa vengeance contre Gareth Greengrass, cet homme qui l'avait dépouillé de son humanité et de sa liberté.

Il n'avait pas le droit à l'erreur.

Flora médicamentait sa mère et Mattheo la regardait faire, une insoutenable douleur au ventre.
Pour eux, pour elle, pour leur vie rêvée ; ils n'avaient pas le choix que de gagner.

Si seulement il croyait en une puissance omnisciente, Mattheo aurait prié.

Rien n'était plus angoissant et mortifiant que de se rendre sur un champ de bataille.

"Comment Gareth a-t-il pu nous localiser ? La maison était protégée, invisibilisée... même les fidèles ne la connaissaient pas ! S'étonna Flora en trottant jusqu'au Portoloin. Quelqu'un nous a trahi, quelqu'un a parlé et ce n'est pas ma mère. Elle n'avait aucune idée de l'endroit où je me trouvais."

Mattheo ne répondit rien, songeur. Lequels de ses hommes auraient pu découvrir leur secret et vendre l'information à l'ennemi ?

Gareth aurait pu remonter leur trace. Les Mangemorts avaient été difficiles à gérer, ces derniers mois, et prenaient plaisir à terrasser l'Angleterre. Un incident du genre lui avait certainement échappé et grâce à cela, Gareth avait retrouvé leur trace.

La main de Flora dans la sienne, son regard déterminé et enragé fut la dernière chose que Mattheo perçut avant d'être englouti par la distortion immatérielle du transplannage.

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Alors. À votre avis, qui est le/la/les traite-s ? Comment on explique le fait que Gareth et ses fidèles aient réussi à localiser les Mangemorts, Mattheo et Flora ? 😋
À suivre...

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