Chapitre 6
Le soleil s'était couché sur le château, laissant place à une soirée teintée de fatigue et de nervosité. Après une journée d'évaluations stressantes et un cours de danse particulièrement épuisant, les élèves se retrouvaient dans le salon, chacun avec un regard fatigué mais encore vif. La tension qui avait régné tout au long de la journée se dissipait peu à peu, et l'idée de se détendre, de se divertir, semblait être une bouffée d'air frais.
Autour de la grande table basse, quelques jeux de société traînaient déjà, mais c'est un jeu plus simple qui fut proposé, un jeu d'adolescents où l'on rigole plus qu'on ne réfléchit : Action ou Vérité.
Le silence se fit pendant quelques instants, certains élèves se lançant des regards gênés, hésitant à s'y prêter. Mais rapidement, c'est Charles qui prit la parole, un sourire un peu moqueur sur les lèvres.
— Allez, soyons fous, proposa-t-il, un petit Action ou Vérité pour décompresser après tout ça.
Il y eut quelques rires nerveux et quelques réticences, mais, à l'unanimité, tous se laissèrent convaincre. Le jeu commença.
Les premières actions furent attribuées aux plus énergiques du groupe : faire une danse improvisée, chanter une chanson au hasard, ou encore imiter un professeur, et les rires fusèrent dans la pièce. L'ambiance, qui avait été tendue quelques heures plus tôt, devenait peu à peu plus détendue, plus légère.
Mais bientôt, le jeu prit une tournure plus intrigante. Lorsqu'on en arriva à Ebony, un sourire malin sur les lèvres, elle ne put s'empêcher de se tourner vers Marine, son regard perçant l'invitant à répondre.
— Alors, Marine, action ou vérité ?
Marine, un peu fatiguée mais décidée à participer, répondit d'un ton détendu :
— Vérité.
Un silence s'installa brièvement dans la pièce, comme si tout le monde se préparait à entendre une question plus sérieuse. Ebony ne laissa pas passer l'occasion de sonder sa camarade. Son sourire se fit plus subtil, plus intense, et elle lança la question avec une pointe d'intrigue :
— Marine, dis-moi, tu sembles très proche de Maïa. Mais... est-ce que tu la vois comme plus qu'une amie, ou est-ce juste de la complicité ?
La pièce se figea un instant. Certains des élèves, pris dans l'ambiance du jeu, échangèrent des regards furtifs. Marine, quant à elle, se figea également. Elle resta un moment silencieuse, cherchant ses mots, avant de répondre avec une franchise qui, à première vue, sembla innocente.
— C'est une amie proche, et... je crois qu'il est important de garder des liens forts dans ce genre d'aventure. Mais non, ce n'est pas plus que ça.
Les mots résonnèrent dans l'esprit de Maïa comme une cloche frappée avec une violence silencieuse. Elle ne s'était pas attendue à cette réponse. Bien sûr, elle avait vu Marine proche d'elle, leur complicité semblait évidente à ses yeux. Mais cette déclaration, aussi honnête et calme fût-elle, fit naître un malaise en elle. Un malaise qu'elle ne comprenait pas tout à fait, mais qu'elle ressentait profondément.
Maïa sentit son estomac se tordre. Elle se leva précipitamment, cherchant une échappatoire. Elle se rendit au coin du salon, le regard perdu dans le vide, tandis que les rires et les discussions continuaient autour d'elle. Mais tout à coup, l'atmosphère semblait étouffante. Un frisson froid la parcourut. Se trompait-elle sur ce qu'elle ressentait pour Marine ? Était-ce vraiment de la simple complicité, ou y avait-il quelque chose de plus ?
Marguerite, qui observait la scène depuis quelques instants, se leva doucement. Elle s'approcha de Maïa, qui semblait perdue dans ses pensées. Sans un mot, Marguerite attrapa doucement sa main, la serrant avec une chaleur réconfortante, un geste qui sembla instantanément calmer Maïa.
— Viens, lui dit-elle d'une voix douce. Je crois que tu as besoin d'un peu d'air.
Maïa tourna son regard vers Marguerite, surprise mais reconnaissante. Marguerite l'entraîna doucement à l'écart, loin des regards curieux et des bruits du salon. Elles se retrouvèrent dans un petit coin tranquille, dans une alcôve du château, où l'atmosphère était plus calme.
Marguerite s'assit à côté de Maïa, posant son bras autour de ses épaules dans un geste protecteur.
— Ça va aller, murmura-t-elle.
Maïa, les yeux perdus dans le vide, essaya de maîtriser l'émotion qui montait en elle. La réponse de Marine, bien que calme et posée, avait été un coup de poignard inattendu. Elle se sentait vulnérable, déstabilisée.
— Je ne sais pas... Je pensais que... je pensais qu'on était plus proches, confia Maïa, la voix tremblante.
Marguerite, dont les yeux bruns brillaient d'une lueur tendre, se rapprocha encore davantage, pressant doucement Maïa contre elle. Elle n'avait jamais été aussi proche de Maïa, et il y avait quelque chose dans ce moment qui semblait plus intime, plus fort.
— Tu sais, Maïa, je suis là. Peu importe ce qui se passe avec Marine ou n'importe qui d'autre... je serai toujours là pour toi.
Les mots de Marguerite étaient pleins de douceur et de chaleur. Maïa se sentit réconfortée par cette proximité. Et pourtant, quelque chose d'autre flottait entre elles, un lien inexplicable mais indéniable, un mélange d'émotion et d'attirance, qu'elles n'avaient jamais vraiment exploré.
Maïa se tourna vers Marguerite, la regardant dans les yeux. La pièce était vide autour d'elles, le bruit du jeu étouffé par les murs épais du château. Marguerite était là, si proche. Maïa sentit son cœur s'emballer, une étrange chaleur envahissant ses joues.
Marguerite, à son tour, sembla comprendre. Elle prit une grande inspiration, comme si elle attendait ce moment depuis longtemps. Elle n'hésita plus. D'un geste presque imperceptible, elle se pencha légèrement, frôlant le visage de Maïa, effleurant ses lèvres d'un baiser léger, presque timide.
Maïa, d'abord figée, se laissa emporter par la tendresse du geste. Le baiser, doux et sincère, laissait entrevoir un avenir incertain, mais d'une beauté rare. Les deux jeunes femmes, face à face, se retrouvèrent dans un silence lourd de significations.
Maïa, un peu confuse mais touchée, se permit de se blottir contre Marguerite, à la recherche de réconfort et de compréhension. Et pour la première fois de la soirée, elle se sentit en paix, loin des questions qui tournaient dans sa tête, loin des doutes qui l'avaient envahie.
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