Chapitre 4

Maïa s'était réveillée tôt ce matin-là, habitée par une idée qu'elle n'arrivait pas à chasser. Depuis qu'elle avait choisi Marine comme binôme, quelque chose en elle avait changé, ou plutôt s'était révélé. Elle sentait une proximité naissante, une complicité qui l'attirait irrésistiblement. Mais elle savait aussi qu'elle devait trouver un moyen de l'exprimer, et quoi de mieux qu'une chanson pour le faire ?

Dans la salle de répétition, elle fouilla parmi les partitions demandées par les élèves jusqu'à tomber sur la chanson qu'elle avait demandé : "Le Géant de Papier". Les paroles résonnaient en elle avec une telle intensité qu'elle ne put s'empêcher de sourire.

Marine entra peu après, les cheveux légèrement en bataille, une tasse de café à la main.

— Déjà debout ? demanda-t-elle en la regardant avec une certaine tendresse.

— Oui, répondit Maïa, son ton presque chantant. J'ai trouvé la chanson qu'on pourrait interpréter pour les évaluations.

Marine s'approcha et jeta un œil à la partition que Maïa tenait entre les mains.

— "Le Géant de Papier" ? Hmm ça me parle vaguement. C'est beau, un peu vieillot, mais... c'est une chanson d'amour d'un homme pour une femme, non ?

Maïa hocha la tête, les joues légèrement rosies.

— Justement. J'aimerais qu'on réécrive certaines phrases. Pour que ça devienne une déclaration d'amour... d'une femme à une autre femme.

Marine haussa un sourcil, intriguée.

— Tu es sûre que c'est une bonne idée ?

Maïa posa doucement la partition sur le piano et tourna son regard bleu vers Marine.

— Oui. Je veux que ça raconte quelque chose de vrai. Quelque chose qui vienne du cœur.

Marine sentit une chaleur étrange l'envahir. Il y avait dans la voix de Maïa une sincérité désarmante.

— Très bien, dit-elle en s'asseyant à côté d'elle. On commence par quoi ?

Les deux jeunes femmes se plongèrent dans les paroles, ajustant chaque phrase avec soin. Maïa tenait à ce que l'essence du texte reste fidèle à l'original tout en apportant une touche plus personnelle, surtout dans le refrain.

— Ici, dit Maïa en pointant un passage, on pourrait remplacer "Quand je la regarde, moi l'homme loup au cœur d'acier" par quelque chose comme... "Quand je la regarde, moi la femme forte au cœur d'acier".

Marine réfléchit un instant avant d'acquiescer.

— Ça fonctionne. Et pour "Devant son corps de femme", on garde ?

Maïa hésita.

— Oui... Mais peut-être qu'on pourrait changer "corps" en "cœur". Ce serait plus... intime, non ?

Marine lui lança un sourire approbateur.

— Bonne idée. Et pour la fin, on pourrait dire : "Quand je la caresse, et que je crains de l'effrayer" au lieu de "que j'ai peur de l'éveiller". C'est plus intense, tu ne trouves pas ?

Maïa sentit son cœur battre plus vite.

— Oui... C'est parfait.

Quand elles eurent terminé, elles relurent les nouvelles paroles en silence. Les mots résonnaient différemment maintenant, empreints de leur complicité naissante.

— Tu veux qu'on essaye ? demanda Marine en posant ses mains sur le piano.

Maïa acquiesça, sa voix un peu tremblante d'excitation.

Marine joua les premières notes du refrain qu'elles venaient de réécrire, et Maïa se lança, ses yeux ancrés dans ceux de Marine.

Quand je la regarde, moi la femme forte au cœur d'acier

Devant son cœur de femme, je suis un géant de papier

Quand je la caresse et que je crains de l'effrayer

De toute ma tendresse, je suis un géant de papier...

La voix de Maïa était douce, presque fragile, mais elle portait une intensité qui fit frissonner Marine. Quand la dernière note s'éteignit, un silence s'installa entre elles.

Marine, les mains toujours posées sur les touches, leva les yeux vers Maïa.

— C'est magnifique, murmura-t-elle.

Maïa rougit, mais un sourire timide éclaira son visage.

— Merci. C'est grâce à toi.

Marine se leva, s'approcha d'elle et posa une main légère sur son épaule.

— Je crois que ça va marquer les esprits.

Maïa hocha la tête, mais au fond d'elle, elle espérait surtout que cette chanson marquerait Marine.

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