Le lendemain matin, les élèves se réunirent dans le salon, comme à leur habitude. Le soleil matinal inondait la pièce, mais l'atmosphère était lourde. Tous savaient que le moment de former les binômes approchait. Michaël Goldman leur avait donné jusqu'au déjeuner pour faire leurs choix, et le temps s'écoulait inexorablement.

Marine était déjà assise dans un coin, concentrée sur ses partitions. Marguerite et Maïa, elles, discutaient près du piano, un échange léger ponctué de rires discrets. Julie observait la scène à distance, ses bras croisés, un mélange d'agacement et de jalousie dans le regard.

— Alors, tu as réfléchi pour le binôme, ça y est ? demanda Marguerite à Maïa, jouant distraitement avec une mèche de ses cheveux bruns.

— Pas encore complètement... C'est difficile, avoua Maïa, un soupir dans la voix. J'ai envie de chanter avec vous toutes.

Marguerite sourit, son ton devenant plus doux.

— Peu importe ton choix, je serai là pour toi. Mais je pense qu'on ferait une équipe incroyable, tu ne crois pas ?

Maïa rougit légèrement, touchée par cette attention, mais avant qu'elle ne puisse répondre, Julie s'approcha.

— Vous en êtes encore à discuter binômes ? lança-t-elle d'un ton faussement léger.

Marguerite haussa un sourcil, mais resta souriante.

— Oui, et toi ? Tu as choisi quelqu'un ?

Julie s'installa près de Maïa, ignorant délibérément Marguerite.

— J'attends de voir. Mais je pense qu'il vaut mieux être avec quelqu'un qui nous complète, non ?

Elle tourna son regard vers Maïa, comme pour insister.

— Oui... c'est sûr, murmura Maïa, mal à l'aise sous le poids des attentes.

Marine, qui jusqu'ici observait de loin, décida d'intervenir. Elle se leva, ses pas mesurés résonnant sur le parquet, et vint se planter devant le petit groupe.

— Peut-être qu'on devrait arrêter de tourner autour du pot, dit-elle d'un ton direct. Maïa, si tu veux qu'on se mette ensemble, dis-le. Sinon, je me débrouillerai avec quelqu'un d'autre.

La pièce sembla se figer. Marguerite et Julie se raidirent, chacune comprenant que Marine venait de poser une limite.

— Je... hésita Maïa, incapable de répondre face à tant d'intensité.

Marine adoucit légèrement son regard, sentant qu'elle était allée trop loin.

— Réfléchis-y, ajouta-t-elle en se détournant. Mais ne te mets pas la pression.

Elle quitta le groupe pour retourner à son coin, laissant un silence tendu derrière elle.

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Le déjeuner arriva rapidement, et Michaël les rejoignit dans la salle à manger pour faire le point.

— Alors, tout le monde a trouvé son binôme ? demanda-t-il en balayant la pièce du regard.

Les élèves échangèrent des regards nerveux, mais les réponses commencèrent à fuser.

— Je serai avec Franck, déclara Charles avec enthousiasme.

— Ebony ne participe pas, alors je vais avec Emma, dit Noah.

— Moi avec Thomas, ajouta Maylis avec un sourire malicieux.

Le cercle se réduisait, et les tensions montaient. Marguerite prit la parole.

— Je serai avec Maureen, annonça-t-elle contre toute attente, jetant un regard discret à Maïa, comme pour lui laisser plus de liberté.

Maïa sentit un poids se lever de ses épaules, mais son choix restait compliqué. Julie et Marine restaient disponibles, et leurs regards pesaient sur elle.

Julie se lança la première :

— Si tu veux, on peut se mettre ensemble, Maïa.

Marine croisa les bras, ses yeux bruns fixant Maïa avec intensité.

— C'est à toi de voir.

Michaël fronça les sourcils, sentant la tension.

— Maïa, je vois que tu as du succès. Mais il faut que tu décides.

Le regard de Maïa passa de Julie à Marine, ses pensées tourbillonnant. Julie, avec sa chaleur affectueuse, la mettait toujours à l'aise. Mais Marine, avec sa franchise et son intensité, la fascinait d'une manière qu'elle ne comprenait pas encore. De plus, Julie était très proche de Masseo et ça ne serait donc pas un problème pour eux de se mettre ensemble.

Finalement, elle prit une inspiration profonde et déclara :

— Marine.

Un silence tomba dans la pièce. Marine resta impassible, mais ses yeux trahissaient une lueur de satisfaction. Julie, de son côté, se força à sourire, mais Maïa pouvait lire une pointe de déception dans son regard.

— Très bien, conclut Michaël. Le dernier binôme sera donc Julie et Masseo. Les binômes sont donc faits. Bonne chance à tous pour les évaluations.

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Ce soir-là, Julie s'installa seule sur le balcon, une couverture sur les épaules. Marguerite vint la rejoindre après un moment, silencieuse d'abord.

— Ça va ? demanda Marguerite doucement.

Julie haussa les épaules, les yeux fixant l'horizon.

— Elle a choisi Marine. Ce n'est pas grave...

— Si, ça t'atteint, dit Marguerite avec un petit sourire. Et tu sais quoi ? C'est normal.

Julie tourna la tête vers elle, surprise par cette honnêteté.

— Et toi, ça ne t'atteint pas ?

Marguerite haussa un sourcil, comme si la question était absurde.

— Bien sûr que si. J'ai choisi de me retirer et d'être avec Maureen en partie pour ça. Mais je crois que ce n'est que le début.

Julie fronça les sourcils, cherchant à comprendre.

— Le début de quoi ?

Marguerite sourit malicieusement.

— Du chaos, mon chat. Et crois-moi, ce sera beau à voir.