Chapitre 12
La soirée avançait lentement, le château baigné dans la lumière douce des lampes tamisées. Les élèves étaient fatigués par les répétitions, mais une certaine excitation flottait dans l'air, marquée par l'imminence du prime. Après le repas, une atmosphère de détente envahissait les lieux, et chacun semblait chercher un moment de calme pour évacuer la tension accumulée. Marguerite et Maïa s'étaient retrouvées seules, loin des discussions bruyantes et des rires qui se déversaient des autres pièces. Elles s'étaient installées près du piano, là où la lumière douce du salon créait une ambiance intime, propice à la conversation.
Marguerite observait Maïa, son regard se perdant parfois dans les touches du piano, cherchant à exprimer ce qu'elle ressentait sans trop brusquer les choses. Le silence qui régnait entre elles n'était ni gênant ni lourd ; c'était simplement un moment suspendu, à la fois fragile et précieux.
— Tu sais, Maïa, je ne veux pas te presser... commença Marguerite, d'une voix douce, presque timide. Je ne veux pas que tu te sentes obligée de faire quoi que ce soit que tu n'as pas envie de faire.
Maïa tourna la tête lentement vers elle, un sourire doux effleurant ses lèvres. Elle se pencha légèrement en avant, plus proche de Marguerite, cherchant à capter son regard avec une intensité nouvelle.
— Je sais... mais tu sais, ce baiser qu'on a échangé... Je n'arrive pas à l'oublier.
Marguerite se figea un instant, avant de détourner légèrement les yeux. Ses doigts se serrèrent nerveusement autour du tissu de sa robe. Cela faisait quelques jours maintenant, mais chaque fois qu'elle y repensait, le même frisson lui traversait le corps.
— C'est... c'est un peu ce que je ressens aussi, répondit-elle enfin, d'une voix plus basse. Je n'étais pas sûre de ce que je voulais, mais le moment était là, et j'ai suivi... ce qui me semblait naturel à ce moment-là. Mais je dois avouer que, même avant, ça me trottait dans la tête.
Maïa la regarda longuement, une lueur de compréhension dans les yeux. Elle n'avait jamais voulu précipiter les choses, mais la proximité qu'elles partageaient ces derniers temps la rendait plus confiante. Et en cet instant précis, son cœur battait un peu plus fort. Elle se rapprocha doucement de Marguerite, réduisant l'espace entre elles. La chaleur de sa présence fit palpiter le cœur de Marguerite.
— Moi aussi, j'y ai pensé, dit Maïa d'une voix plus intime, presque un murmure. J'ai même pensé à... recommencer.
Marguerite se tourna enfin vers elle, les yeux brillants d'une question non formulée. Leurs regards se croisèrent, et un moment de silence s'installa, lourd de sous-entendus.
— Et maintenant ? Où en sommes-nous ? demanda Marguerite, son ton légèrement incertain, cherchant une réponse sans savoir si elle était prête à l'entendre.
Maïa baissa légèrement la tête, l'air pensif. Elle n'avait pas prévu d'aborder le sujet ainsi, mais quelque chose dans l'air, dans la proximité de Marguerite, l'encourageait à être honnête. Elle avait cette étrange impression qu'un pas avait été franchi, un pas qu'elle n'aurait pas voulu reculer.
Mais avant qu'elle ne puisse ajouter quoi que ce soit, un bruit familier se fit entendre, un groupe d'élèves s'approchant du coin musique où elles se trouvaient. La soirée allait reprendre, et avec elle, l'ambiance plus légère et moins intime qu'elles avaient partagée jusqu'à ce moment-là.
Les voix des autres élèves se firent de plus en plus distinctes, et Maïa et Marguerite se détournèrent discrètement, comme si cette conversation intime ne devait pas être entendue par les autres.
— Bon, on dirait que notre moment tranquille est fini, dit Marguerite avec un sourire, cherchant à cacher la tension qui persistait en elle.
Maïa la regarda, un sourire complice se dessinant sur ses lèvres.
— Oui, mais ce n'est que partie remise, non ?
Marguerite hocha la tête, une pointe d'espoir dans le regard. Mais alors que les autres élèves commençaient à installer de la musique et à s'amuser autour du piano, l'ambiance légère et festive prit le dessus. Les questions, les émotions, et surtout, la tension non résolue restaient suspendues dans l'air, prêtes à éclater à tout moment, mais pour l'instant, elles s'étaient envolées, emportées par la mélodie de la soirée.
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