9. I know that you may love meBut I just can't be with you like this anymore

TYLER 

Mon réveil sonne, et j'ouvre les yeux, déjà de mauvaise humeur. Il faut dire que ce que m'a dit Karl hier ne m'a pas aidée à trouver un sommeil profond et réparateur. Je repense à ses mots, à ses lèvres tout près des miennes, à ses yeux... Me mordant la lèvre inférieure, je glisse une main sous ma couette. J'ai envie de lui depuis qu'on s'est quitté il y a plus d'un mois maintenant, mais ce n'est pas comme si il pouvait me satisfaire, alors autant prendre les choses en main. 

Mais au moment où je m'apprête à justement le faire, la porte s'ouvre. Je sursaute et me redresse brusquement, posant mes deux mains sur la couette dans un geste suspect.

- Tyler ? Je dérange ?

Henrik rentre dans la chambre, ses lunettes de vue sur le nez et un plateau entre les mains. Je secoue vivement la tête malgré ma frustration, qui passe rapidement quand mon attention se porte sur ce qu'il vient de m'amener : un petit déjeuner au lit.

- C'est pour moi ?

- Qui d'autre ?

- Oh mais t'es un amour toi !

Je lui fais signe de venir s'asseoir à côté de moi, enthousiaste, et il s'exécute. Après ma discussion avec Karl et ma séance de sport, j'ai décidé d'aller passer la soirée chez lui. Et de finalement y rester pour dormir : mais en tout bien, tout honneur ! J'ai dormi dans une des chambre d'ami !

J'adore être avec lui. Je ne sais pas encore bien ce qu'on est l'un pour l'autre, mais il ne me brusque pas pour le découvrir. Il semble tellement absorbé par son boulot que je ne l'imagine pas vraiment s'impliquer dans une relation romantique... Et c'est parfait. On se contente de profiter du temps passé ensemble.

Me penchant vers la table de nuit, j'y saisis mon sac à main, et en sors un bonbon.

- C'est quoi, ça ?

- Des suppresseurs de faim. Comme ça j'évite de manger trop pendant les repas !

- Mais si t'as faim, c'est bien que tu dois manger, non ?

Je ne réponds pas, déballant le bonbon. Mais il me le retire des mains et le jette dans la poubelle à l'autre bout de la pièce. Il marque un 3 points, mais reste nonchalant, comme si de rien n'était. 

- Dis tout de suite que ma nourriture n'est pas bonne et que tu ne veux pas en manger !

- Ça n'a rien à voir !

Haussant un sourcil, il vient prendre une fraise enrobée de chocolat sur le plateau, et me la présente.

- Croque.

- Non.

- Tyler.

Je lève les yeux au ciel, et finit par croquer la fraise, en prenant la moitié. Un délice.

- Tu vas vraiment me dire que tu veux te priver de ça ?

- ... Non, t'as raison.

- Ah ! De toute façon, suppresseurs ou non, ces trucs se mangent sans faim !

Je souris, et croque la seconde moitié, en le fixant. Et le regard qu'il pose sur mes lèvres est tout sauf anodin. Juste amis, hein ?

KARL

Vêtu d'un simple jogging, j'arrive dans la salle de sport. A cette heure-ci, presque personne, comme d'habitude, si ce n'est celle que je cherche : Tyler. Elle s'entraîne contre un sac de frappe, sous les conseils de Jane. Même si désormais la mannequin connaît bien son travail, sa coach fait tout de même le déplacement de Berkley à New York de temps en temps, pour l'aider à se perfectionner. Je voulais lui en trouver un nouveau, sur place, mais elles ont toutes deux refusé.

M'approchant, je salue Jane, qui m'adresse un grand sourire quand elle me voit arriver, avant de me faire une accolade.

- Dis-moi Karl, tu pousses combien de kilos par jour pour arriver à ça ? Demande-t-elle en désignant mon corps.

Est-ce que je peux vraiment lui dire que ces derniers temps, j'évacue tout par le sport ? Je crois sincèrement que c'est la dernière chose qui me garde sain, sur laquelle je garde vraiment le contrôle. Parce qu'autour de moi, tout s'effondre. Derrière l'épaule de Jane, je vois Tyler qui me jette un regard et lui fais un signe, non sans lui offrir un petit sourire en coin. Elle détourne le regard et recommence à taper dans son sac, de façon visiblement plus violente qu'avant. Elle aussi cherche à évacuer quelque chose ?

Je m'apprête à me diriger vers elle, mais sa coach m'arrête, l'air un peu anxieux.

- Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée...

- Malgré tout ce qui s'est passé, je reste son patron, Jane. Je vais juste voir comment elle s'en sort, ne t'inquiète pas pour nous.

Elle marque une pause, mais finit par hocher la tête, avant de tapoter sur mon épaule et de partir un peu plus loin, nous laissant un minimum d'intimité.

- Je bosse, Karl, déclare Tyler entre ses dents quand je m'approche d'elle, avant de donner un nouveau coup.

- Moi aussi. On pourrait bosser ensemble, non ?

Levant les yeux au ciel d'un air profondément excédé, elle se tourne vers moi, croisant les bras.

- On bosse déjà ens-

Mais elle s'arrête une seconde, son regard se posant sur mon torse découvert.

- On bosse déjà ensemble, termine-t-elle, sa gorge semblant serrée.

-  Je parlais de s'entraîner, à vrai dire. On fait de la boxe tous les deux, non ?

- J'ai pas envie.

- T'es sûre ? T'es pas plutôt trop crevée par ta nuit avec Henrik ? Ça doit être compliqué de venir bosser le matin, après...

- Ma nuit avec-... de quoi tu parles ?

- J'ai vu les photos de vous, ce matin.

J'essaie de masquer l'amertume qu'on peut sentir dans ma voix, mais c'est difficile. Très difficile. L'imaginer avec cet abruti de première me répugne...

- Oh. Il ne s'est rien passé. J'ai juste dormi chez lui.

- Tu fais ce que tu veux, ça te regarde. Du moins, tant que ça n'entache pas tes capacités physiques au boulot...

- Mais puisque je te dis que je n'ai juste pas envie !

- Donc tu te défiles ?

Plissant les yeux, elle secoue la tête, et je sais que j'ai gagné. Qu'est-ce qu'elle peut être susceptible parfois... S'éloignant du sac, elle prend une paire de pattes d'ours au sol et me la lance, avant de revenir vers moi.

- Prête ?

- Prête.

Elle commence à taper dans les pattes que je lui tends, se baissant de temps en temps pour les esquiver. J'accélère petit à petit la cadence mais elle ne perd pas le fil, concentrée sur mes mouvements et les siens, reculant de temps en temps mais ne baissant jamais sa garde. Ah, si, elle la baisse finalement. L'espace de quelques secondes, elle laisse ses bras retomber, essoufflée, et j'en profite. Faisant un pas sur la droite, je me tourne et passe derrière elle, avant de l'enlacer de mes bras, l'immobilisant avec un rire.

- Qu'est-ce que tu fais, s'écrit-elle, sous le regard las de Jane. C'est pas de la boxe ça !

Elle se débat mais il est trop tard, elle ne peut pas se défaire de mon emprise.

- Ah non ? Ça pose un problème ?

- Oui, lâche-moi, tu triches !

- Mais si je le fais, c'est que tu as baissé ta garde, voyons !

Je ne vois pas le coup venir. Elle libère un de ses bras et vient enfoncer son coude dans mon ventre, sans aucune retenu. Je la lâche avec un grognement étouffé et recule.

- Ça non plus, c'était pas de la boxe !

- Ah non ? Ça pose un problème ?

Son regard malicieux se pose sur moi, et je vois que malgré tout ce qui nous est arrivé, elle s'amuse. Si seulement les choses pouvaient être aussi légères... Ça pourrait être le cas. Mais malheureusement, quand je pose mon regard sur elle, je ne peux m'empêcher de voir les photos d'elle avec Henrik. 

Secouant la tête pour me changer les idées, je la fixe, et tente de ne penser qu'à elle. Et Dieu c'est que c'est beaucoup plus facile qu'on pourrait le penser : elle occupe déjà constamment mon esprit. 

Blonde. Elle me rappelle la première fois qu'on s'est rencontré. A cela près qu'elle n'était pas en sueur, et qu'à cette époque, je n'aurais jamais imaginé qu'elle serait l'amour de ma vie. Ah ! c'est tellement facile à dire... « Amour de ma vie » ? Comment je pourrais le savoir ? Je n'ai aimé que trois personnes jusqu'ici, le premier ne se souvient même pas de ce qu'on a fait ensemble et a toujours préférée ma meilleure amie de toute façon, la deuxième était une vieille manipulatrice et complètement psychotique et la troisième... La troisième a décidé que je ne valais plus la peine qu'elle se batte.

Mon regard ne l'a pas quittée, et si au début elle semblait déterminée à le soutenir, elle finit par détourner le sien, pour aller me chercher des gants de boxe.

- Tiens, enfile ça.

Je m'exécute et à peine ai-je le temps de lever ma garde qu'elle m'attaque, m'obligeant à me baisser pour l'éviter. Sachant que je suis beaucoup plus grand qu'elle, l'exercice n'est pas simple.

- Allez, donne tout ce que t'as ! s'exclame-t-elle dans un souffle.

- Tu veux que je te mette par terre, t'es sûre ?

Elle hausse un sourcil, et me sourit. Ce sourire suffit à me désarmer complètement. Depuis quand ne l'avais-je pas vu ? Évidemment, il me suit partout, sur les photos de campagnes de pubs dans lesquelles elle apparaît, sur internet, mais le voir en vrai... C'est comme donner de l'eau à un assoiffé. Ou plutôt de la coke à un drogué.

Tyler remarque cet instant de faiblesse et n'hésite pas à en profiter. Voyant son coup arriver au dernier moment, je n'ai pas le temps de l'esquiver et cherche donc à le parer de mon bras. Mais elle saisit celui-ci et se tourne à une vitesse phénoménale, ma faisant basculer en avant. Je me retrouve dos à terre et elle vient s'asseoir sur mon ventre, l'air satisfait. 

- Tu disais ? « Me mettre par terre » ?

- C'était vraiment pas de la boxe, pour le coup.

- Oh, je croyais que tu voulais être joueur.

Un petit rire lui échappe, et elle vient jouer avec des mèches de mes cheveux, qui me tombent sur le front.

- Je sais ce que t'essaies de faire, tu sais ? Finit-elle par déclarer, sans quitter mes cheveux des yeux.

- Ah bon ?

- Oui. Mais c'est pas en instaurant une pseudo-tension sexuelle entre nous en arrivant torse nu à mon entraînement que tu vas me récupérer.

- Tu penses ? Ça avait plutôt marché pour toi, la première fois.

- Parce que c'était moi qui instaurait la tension. Tu pouvais pas me résister.

- Alors pourquoi t'es assise sur moi comme ça ? J'ai l'impression que c'est un bon début, personnellement.

A ces mots, ses yeux s'écarquillent et elle tente de se relever. Mais je la retiens, saisissant ses cuisses et la gardant au sol.

- Dis-moi, Tyler. Dis-moi ce que je dois faire pour te récupérer, et je le ferai. 

L'espièglerie que je pouvais lire sur son visage disparaît alors, et elle me fixe, sans répondre.

- On pourrait être ensemble. On pourrait éviter les photographes. Ne rien dire à personne.

- Tu comptes me dire qui était la fille du restaurant ?

- Non.

- Alors c'est hors de question. Quel intérêt d'être ensemble, si c'est pour qu'il y ait des mensonges et des non-dits ? Au moins, si tu veux tuer quelqu'un, tu sais à qui t'adresser, toi.

Et sur ces mots elle me laisse seul, à nouveau, arrivant cette fois à se libérer et partant vers les douches. J'aurais mieux fait de me taire... 

TYLER

- T'es prête ?

- J'ai jamais été aussi prête.

- Roulements de tambour...

- Ian !

Il arrête de taper sur la table avec un rire, et hoche la tête, m'adressant un large sourire. Je connais déjà la réponse, mais je veux l'entendre la prononcer. 

- Ta collection a été acceptée !

Poussant un cri de joie, je me lève et lui saute dessus pour le prendre dans mes bras. J'avais besoin de cette nouvelle aujourd'hui, parce que mon entraînement de ce matin a mis mes nerfs à rude épreuve. Je rêve de lui pardonner, de décider qu'il est sincère et que tout ça n'était rien. Mais j'ai tellement mal, quand je suis avec lui. Enfin, on me fout la paix, et c'est... Reposant. Alors pourquoi est-ce que j'ai l'impression d'avoir laissé une partie de moi avec lui ? 

Me balançant de gauche à droite me serrant dans ses bras, Ian continue :

- Mais certains modèles ne sont pas assez simples pour du prêt-à-porter, alors il faudra que notre directrice artistique les adapte un peu, ça ne te dérange pas ?

- Bien sûr que non ! J'en reviens pas, je vais enfin sortir ma propre collection, c'est un rêve !

- Je sais, je sais ! Tu es prête pour les photoshoots, je suppose ?

- Tu plaisantes ? J'ai déjà préparé ma valise, j'attends que ça !

- On part dans trois jours hein...

- Et alors ? C'est ma collection, j'ai jamais été aussi impatiente, qu'est-ce que tu crois ?

- Tsss... Tu penses que Karl va pouvoir se libérer pour t'accompagner ?

Je relève les yeux vers lui, pour les plonger dans les siens, pensive. Je ne lui ai pas dit qu'on avait définitivement rompu. Qu'est-ce qu'il penserait, si il le savait ? Après tout le mal que j'ai fait à sa mère pour pouvoir être avec Karl, le soi-disant « amour de ma vie », est-ce que j'ai vraiment le droit de le quitter ? J'ai tout détruit sur mon passage, et pour quoi ? Pour le quitter au bout de quelques mois ensemble ?

- Je ne pense pas, non.

Une semaine plus tard

Mes lunettes de soleil au nez, je jette un coup d'œil à mes différents croquis, étalés sur la table devant moi, sur lesquels la lumière douce de ce début de matinée se dépose, passant par le hublot du jet. J'attends qu'il décolle, ce qui devrait bientôt arriver, pour rejoindre la Louisiane. L'agence le met à la disposition de ses mannequins les plus lucratifs et Orlando a réussi à le négocier pour moi, pour me féliciter de lancer ma première collection. 

- Attendez, n'enlevez pas les escaliers !

Une voix en dehors de l'appareil me sort de ma concentration et je n'ai pas besoin de l'entendre deux fois pour la reconnaître. Il n'abandonnera donc jamais ?!

Serrant les poings, je me lève et me précipite vers la sortie, pour le voir en train de monter les marches. Il arrive finalement à ma hauteur, avec un large sourire narquois et je ris jaune, secouant la tête.

- Non, n'y pense même pas.

- C'est le jet de ma compagnie, je te rappelle.

- Si ce n'est que ça, j'en prendrai un autre !

- Tu peux pas te permettre d'être en retard et j'ai vérifié, aucun autre vol pour la Louisiane avant ce soir.

- Alors je vais demander à la sécurité de gentiment t'escorter dehors.

- Ils ne le feront pas, c'est moi qui les paie. C'est con de sortir avec son patron, hein ?

- Tu veux dire « d'être son ex » ?

- Si c'est ce que tu préfères.

Il hausse les épaules, et je croise les bras, bloquant toujours l'entrée.

- Tu me laisses passer ?

- Dans tes rêves.

- Tu sais bien que j'adorerais rester là toute la journée à observer ta jolie petite bouille boudeuse, mais encore une fois, on va être en retard ! T'auras toute la durée du vol, pour me faire la gueule !

Poussant un cri de rage, je lui tourne le dos et repars vers mon siège, résignée. Alors que je m'assois, j'entends son rire derrière moi.

- Eh bien 'faut croire que c'est juste toi et moi, chérie.

. . . . .

(oui, j'ai décidé de m'exprimer en fin de chapitre, ça pose un problème?)

❗️J'en profite pour faire un petit sondage: est-ce que vous avez un physique précis en tête pour Henrik (et aussi pour Juan, au passage)? Une célébrité, mannequin, acteur ou autre qui pourrait lui correspondre? Je l'ai toujours vu comme Jon Kortajarena, mais comme c'est l'avatar de Karl pour le trailer, ça ne fonctionne pas (trailer que j'aime toujours autant d'ailleurs, merci SOBERPRINCESA ehe)

Encore un chapitre, j'essaie de vous gâter un peu, après ces longs jours d'absence! J'ai fini les cours, donc je devrais arriver à publier très régulièrement dans les temps à venir et croyez-moi, j'ai la motivation!

Vous m'avez fait tellement plaisir, avec vos réactions sur ma partie "pause" et sur le dernier chapitre, je ne sais pas ce que je ferais sans vous!

Alors, est-ce que vous pensez que l'attitude de Karl va lui permettre de récupérer Tyler? A votre avis, ça va prendre du temps?

En tout cas, pleins de bisous 💖 et gardez l'œil ouvert, un nouveau chapitre pourrait arriver demain, qui sait...?

(^un autre des croquis de Tyler, aka moi aha)

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