7. You helped me too muchNow I got snakes jumping on me

KARL

- 再见 ! (Au revoir!)

- 再见 !

Je souris à l'hôtesse qui vient de me saluer, et quitte l'avion, m'engageant dans le couloir menant à l'aéroport.

New York. Depuis combien de temps ai-je quitté cette ville ? Des mois. Et pourtant, me revoilà, arrivé directement de Shanghai après un passage à Honk Kong. On cherche encore le meilleur endroit pour installer nos locaux chinois. C'est vrai que, Honk Kong étant une ville isolée de l'état chinois, il serait plus logique de choisir Shanghai pour avoir une meilleur ouverture sur le pays... Mais Hong Kong reste un grand centre financier, et j'adore cette ville et son dynamisme. Il faudra en délibérer avec le conseil d'administration de la boite.

Je jette un coup d'œil à mon portable : les notifications s'y sont accumulées depuis que l'avion a atterri. Et comme toujours, j'y cherche un nom. Mais elle ne m'a pas appelé. Elle ne m'a rien envoyé. Et ce depuis un mois. Comment peut-elle me faire ça ? Un mois sans lui parler, sans la voir, c'est une torture, après les quelques semaines qu'on a pu passer ensemble.

Quoiqu'il en soit, l'attente s'arrête aujourd'hui. Ce soir. J'ai laissé mon entourage me dicter mon comportement trop longtemps : mon père, Olivia, Tyler... Ce soir, je la rejoins, et je lui dis que je ne peux pas me passer d'elle plus longtemps. Et que si elle veut toujours être avec moi, comme elle me l'a dit, elle doit arrêter son jeu.

Mais d'abord, je dois passer voir à l'agence de New York, officiellement pour bosser, bien sûr, mais officieusement pour voir Nora. Ma meilleure amie me manque, surtout depuis qu'elle m'accompagne moins dans mes voyages, parce qu'elle a pris un chien. Je ne vois même pas en quoi c'est un problème, mais apparemment Macaroni déteste être jet laggé. On fait avec.

Je descends de la voiture qui me dépose devant les bureaux New Yorkais, et prends une longue inspiration, m'étirant. Puis, avec un large sourire, j'entre et monte directement à mon bureau. Mais quand j'y arrive, je tente de retenir une exclamation de surprise.

- Oh putain !

D'accord, je n'ai rien retenu du tout, finalement. Mon bureau est bien moins vide qu'il le devrait : le fauteuil y est occupé. Malgré le fait qu'il soit de dos, je reconnais immédiatement Viktor. Celui-ci, après une petite seconde de latence, fait lentement tourner le fauteuil face à moi.

- Je vous attendais, Mr Bond...

Mais il est interrompu par le chiot qu'il tient entre ses bras, un adorable shiba, qui lui lèche le visage.

- Non, arrête, Macaroni ! Tu casses mon effet dramatique, là !

Il continue à rire, alors que je fixe la scène avec effarement. Mais un claquement de mains retentit derrière moi, et le chien quitte les bras du mannequin, pour courir vers moi et finalement me dépasser. Je me tourne, et aperçoit Nora, qui m'adresse un grand sourire.

- Karl, tu m'avais tellement manqué ! dit-elle en venant me prendre dans ses bras, alors que Macaroni tourne autour de ses pieds. Et toi, ne t'avise plus de prendre mon chien comme ça sans me demander l'autorisation ! s'exclame-t-elle à l'intention de Viktor, pointant son doigt à l'ongle manucuré vers celui-ci, qui hausse les épaules en faisant à nouveau tourner le fauteuil.

Mais qu'est-ce qu'il se passe ?! J'ai l'impression d'être de retour à l'époque où je traînais avec ces deux enfants terribles de la mode, il y a sept ans. La blonde doit remarquer le désarroi avec lequel j'observe la scène, car elle m'adresse un sourire rassurant, se baissant un instant pour caresser son nouvel animal de compagnie.

- Il voulait te voir, j'ai appris que vous vous étiez revus il n'y a pas longtemps, alors je l'ai laissé monter te faire une surprise... explique-t-elle. C'était une mauvaise idée ?

Elle semble soudain inquiète, après tout c'est bien la seule à qui j'ai jamais parlé de ce qui s'était passé il y a sept ans, mais je secoue la tête, lui faisant signe que tout va bien.

- Ok, je vais vous laisser un peu alors...

Et, prenant son chien dans ses bras après avoir jeté un dernier regard noir à Viktor, elle quitte les lieux, se dirigeant vers son bureau.

- Ce clebs est vraiment adorable, tu trouves pas ?

- Et tu es là pour... ? je demande, sans prendre la peine de répondre à sa question précédente.

Me dirigeant vers la fenêtre, je m'appuie contre le bord de celle-ci, étant donné qu'il a volé mon fauteuil et qu'il est hors de question que je m'asseye en face de lui, à la place des visiteurs.

- T'es parti plutôt rapidement, la dernière fois, commence-t-il, avant de vite lever les mains en l'air en voyant que je suis sur le point de rétorquer. Et j'ai bien compris que c'était pour retrouver ta copine, mais j'étais venu avec un but précis, alors... Me revoilà.

Voyant que je ne réponds pas, attendant qu'il explique son dit but, il fait un nouveau tour de chaise, ce qui a le don de m'énerver. Comme à peu près tout ce qui concerne ce type, au final.

- On était ami, finit-il par déclarer. Et tout c'est arrêté du jour au lendemain, quand t'as pris la direction de ABSOLUTE. Eh puis t'as emmené No' avec toi, je me suis retrouvé seul... Tu devais avoir de très bonne raison, mais... Enfin bref, je pense qu'on devrait recommencer à se voir.

Ok, celle-là je ne m'y attendais pas. A vrai dire, je ne pensais pas lui reparler un jour, depuis l'époque où l'on s'est perdu de vue.

- Pourquoi ? Ça fait sept ans.

- Ouais, mais ces derniers temps je te vois tout le temps dans la presse, et je sais pas, j'ai...

Il prend une inspiration, avec de secouer la tête avec un sourire.

- C'est con ce que je vais dire, mais bon... J'ai l'impression qu'à part Nora, t'as pas beaucoup d'amis. Et je sais pas si c'est à cause de moi, mais-

- C'est pas à cause de toi !

Fermant immédiatement la bouche après que ces mots en soient sortis, je me flagelle intérieurement ; j'ai parlé trop vite, sans réfléchir. Pendant quelques secondes, le gamin énamouré que j'étais à refait surface, et j'ai vraiment envie de l'étouffer avec un coussin, en ce moment-même.

- Oh.

Je sens qu'il me regarde, mais je préfère fixer la fenêtre, gêné. Les nettoyeurs de vitre n'ont pas vraiment bien fait leur boulot...

Heureusement pour moi et mon ego, on toque à la porte. Je me tourne vers celle-ci, et y voit l'assistante de Nora, qui a simplement passé sa tête dans entrebâillure.

- Je ne veux vraiment pas vous déranger, mais... Quelqu'un demande à vous voir. Apparemment, c'est plutôt urgent.

Elle jette un coup d'œil à Viktor, se demandant sans doute s'il compte encore rester longtemps, mais celui-ci se lève, et me fait un signe, avec son large sourire habituel.

- Je te laisse, appelle-moi si tu veux qu'on se fasse un truc un de ses jours !

Il ouvre plus largement la porte derrière laquelle se tient Éloïse, et après lui avoir offert à elle aussi son fameux sourire, quitte le bureau. Je ne sais pas quoi penser... Un discret raclement de gorge retentit, mais je n'y prête pas vraiment attention.

- Monsieur ? Je la fais entrer ?

- Allez-y... je réponds presque automatiquement, avant de finalement tourner les yeux vers la porte, pour voir qui demande à me voir.

TYLER

Les larmes roulent sur mes joues, et j'en vois une s'écraser sur l'écran du portable d'Allison. Une pensée que je ne peux retenir traverse mon esprit : en cet instant, j'aurais préféré avoir mon propre portable, et pas ce clip clap pourri, pour éviter de me retrouver à pleurer comme une conne devant mon amie. Cette dernière, à mes côtés, caresse lentement mon dos, tentant tant bien que mal de me réconforter. Mais cette nuit s'annonce longue et difficile à supporter.

- C'est de ma faute... Je n'aurais pas du le laisser attendre aussi longtemps, il a du croire que je voulais vraiment le quitter.

- Tyler, quelques soient les circonstances, on ne devrait jamais être trompée par son copain ! Ne rejette pas la faute sur toi ! s'exclame-t-elle de sa petite voix, secouant la tête avec un air assuré.

Mais je préférerais cent fois me dire que c'est à cause de moi. Je préférerais me dire qu'il a fait ça parce qu'il était triste, amer, et que cette fille était là au « bon moment ». Pas parce qu'il en avait vraiment envie. Pas parce qu'il ne voulait plus de moi.

La sonnerie de mon téléphone sonne à nouveau. Karl, encore. Ça doit être le vingtième appel manqué de sa part. Mais Allison prend le portable, et l'éteint d'un geste ferme.

- T'as pas besoin de ce genre de tentation. Lui laisse pas l'occasion de revenir et de t'embobiner, je t'en prie... J'ai vu trop de filles se faire avoir comme ça.

- T'en fais pas. C'est pas la première fois que je vois une photo de mon copain en train d'en embrasser une autre.

Je me redresse et me laisse tomber dans la banquette du bar dans lequel nous nous trouvons, venant poser une main sur mes yeux. A croire que l'histoire se répète. Allison vient alors contre moi, m'enlaçant, alors que je la serre contre moi avec reconnaissance. Heureusement qu'elle m'a appelée pour m'annoncer ça. Je savais que Karl reviendrait à New York aujourd'hui. J'étais prête à le retrouver. Non, j'étais même plus que prête : j'étais impatiente, comme une gamine la veille de Noël. Mais faut croire que cette année, j'ai été gâtée par le père fouettard.

- Ty'... Je sais qu'on ne fait pas ça d'habitude, mais je peux peut-être te trouver quelque chose à prendre, pour te changer les idées, ce soir.

La lumière tamisée qu'émet la bougie posée sur la table danse sur son visage, visage sur lequel je baisse les yeux. J'hésite un instant. Après tout, c'est tentant : tout oublié l'espace d'une soirée, tout voir en rose, en plus beau, en plus agréable. Mais je secoue la tête.

- Non. La dernière fois que j'ai touché à ce genre de choses, ça s'est pas très bien terminé...

En fait si. Ça s'était très bien terminé, même. Ça s'était terminé le lendemain matin, dans le lit de Karl. Mais peut-être que les choses auraient été beaucoup moins douloureuses si on avait évité de faire cette connerie.

- C'est comme tu veux, me dit-elle avec un sourire compréhensif, tentant d'arborer un ton réconfortant.

Les photos sont toujours sur son portable, et j'y jette un dernier coup d'œil. On y voit Karl, enlaçant une brune. Avant d'embrasser celle-ci, à la terrasse d'un café. Puis, lorsqu'il semble apercevoir les paparazzis, afficher un air furieux, avant de retirer celle-ci et de couvrir la tête de la jeune femme, pour se lever et partir avec elle, levant un majeur vers l'objectif. Je tends son portable à Allison, qui le saisit rapidement pour le remettre dans son sac.

- Je suis désolée de t'avoir montré ça, mais...

- T'as bien fait. Je devais savoir.

Mais maintenant je ne veux plus y penser. Alors, attrapant la bouteille qui trône sur notre table, je nous serre deux verres, et lui en tends un. Ça, ce n'est pas prohibé. Raison pour laquelle je m'enfile le verre, avant de m'en servir un nouveau.

KARL

- Vous pouvez rouler plus vite, s'il vous plaît ?

- Il y a des embouteillages, Monsieur, je ne peux pas vraiment faire autrement.

Tapant du pied contre le plancher de la voiture, je pousse un long soupir, tout en relevant mes lunettes de soleil dans mes cheveux. Il fait nuit, maintenant, qu'est-ce que je fous avec ça sur le nez ? Ah oui, je les ai mises en sortant du café, pour éviter les flashs.

Me penchant en avant, je viens cacher mon visage dans mes mains. J'aimerais que tout ça soit une vaste blague, mais elle m'a bien embrassé, et les photos ont bien été prises. J'aurais du voir qu'elle était fragile, que je n'aurais pas du la réconforter comme ça. Mais j'ai été con. Je n'aurais jamais imaginé qu'elle ferait ce genre de chose, même bouleversée comme elle semblait l'être...

Je serre la mâchoire, tentant de calmer le rythme de mon cœur qui s'accélère et les sales pensées qui traversent mon esprit. Quand je pense qu'elle était dans cet état à cause du soit disant meilleur ami de Tyler... Quel putain de connard.

Je regarde la vidéo qu'affiche mon écran pour la énième fois. On y voit Tyler crier sur une fille à la sortie d'un bar, avant de sauter sur celle-ci et de lui en décrocher une. Tous ces entraînements de boxe n'ont pas été inutiles, apparemment, et vu le « combat » qui s'en suit, elle a clairement l'avantage sur l'autre. Je ne sais pas ce que celle-ci lui a fait, mais ce devait vraiment être terrible pour qu'elle se mette dans un état pareil. Si je n'étais pas aussi inquiet, je serais presque fière d'elle : le coup de genoux qu'elle lui a mis dans le ventre était magistral.

J'arrive finalement devant le bar. Je repère une voiture de police, et demande à Louis, mon chauffeur fraîchement engagé, de s'arrêter quelques instants. Sortant de la voiture en lui intimant d'y rester, je m'approche des agents. Ils sont avec la fille de la vidéo. Quand elle me voit, elle écarquille les yeux, avant de vite baisser la tête. C'est ça, miss « je me bats avec la plus belle créature que l'univers ait jamais créée », fais semblant que je ne suis pas là, ça vaut mieux.

Après une rapide discussion avec un des agents qui est avec elle, j'apprends que Tyler était incontrôlable et qu'ils ont du l'emmener au poste le plus proche. Merde, combien de visite est-ce qu'elle a déjà fait au commissariat, déjà ? Ça commence à devenir une habitude.

Louis démarre dès que je m'engouffre dans la voiture.

- Monsieur ?

- Le poste de police le plus proche, s'il vous plaît.

Il acquiesce, et prend la direction de celui-ci.

Poussant les portes battantes, j'entre dans le bâtiment d'un pas alerte, contrôlant mon stress avec difficulté. Je vais la voir. Et je sais qu'elle est bourrée. Or, la dernière fois, j'étais celui dans cette situation. Et les choses se sont très mal passées. Je m'approche de la réception, et demande à payer la caution de Tyler.

- Mais on a déjà payé sa caution... Elle ne devrait pas tarder à sortir, vous devriez l'attendre avec les deux hommes qui sont venus la chercher.

Me tournant vers la direction que le réceptionniste indique d'un geste du menton, je me retrouve face aux deux personnes que j'avais sans doute le moins envie de voir ce soir. Je ne sais pas lequel je dois massacrer en premier ; le dilemme est Cornélien.

Je n'ai pas l'occasion de me poser plus longuement la question : une agente vient d'arriver, accompagnant une Tyler visiblement trop joyeuse pour être sobre.

- Juan ! Henrik ! Vous êtes venus me chercher, les gars !

Les lèvres pincées, je ne cherche pas à savoir lequel de mon ego ou de mon cœur vient de prendre le coup le plus dur. Henrik lève un sourcil, et m'adresse un sourire amusé, avant de se lever pour venir prendre ma fiancée dans ses bras, alors qu'elle se serre déjà contre lui. Je crois que je vais devoir faire un peu de yoga pour me détendre.

Décidé, je m'approche, mais Juan me barre immédiatement le chemin.

- C'est à cause de toi qu'elle est dans cet état, tu penses pas que t'en as déjà assez fait ?

- Juan... Après ce que t'as fait, je pense vraiment pas que tu sois en position de parler.

Je garde miraculeusement mon calme, mais c'est loin d'être son cas. D'abord surpris, il affiche ensuite pleinement son agacement.

- Mais de quoi tu parles ?!

- Messieurs, je vais devoir vous demander de vous calmer tout de suite ou de sortir, intervient l'agente, glaciale.

Juan baisse les yeux sur elle, et prend une inspiration, hochant la tête.

- On allait partir, de toute façon.

Et il me fait dos, pour s'approcher de la petite brune qui est toujours dans les bras de Henrik, mais qui me fixe désormais avec un regard indéchiffrable. Ses lèvres rouges forment une moue, alors que ses yeux me parcourent de haut en bas. Toute la joie de vivre qui l'habitait précédemment a visiblement disparu.

- Attendez, faut vraiment que je lui parle ! Tyler, s'il te plaît, je-

Mais à peine ai-je eu le temps de prononcer son nom que son crétin de meilleur ami se tourne à nouveau vers moi, pour répliquer. Il croit quoi, qu'elle est trop fragile pour répondre d'elle-même ? Même saoule, elle sait sans doute mieux se défendre que n'importe quel abruti ici.

- Non mais vraiment, tu vas la fermer maintenant, ou-

- C'est bon, Juan, je veux parler à Karl.

La voix de ma fiancée retentit, et Juan se fige, serrant les poings.

- Ok, on t'attend dehors, petit cœur.

Elle rit un peu à l'entente de ce surnom, avant de s'approcher de moi, laissant les deux autres s'en aller. Enfin seuls... Si tant est que le fait d'être dans la salle d'accueil d'un commissariat puisse être considéré comme « être seuls ».

- Je te promets que c'est pas ce que tu crois, je commence précipitamment, en me disant que si je lui explique assez rapidement, elle comprendra et me pardonnera. Après tout, je n'ai vraiment rien fait de mal...

- Je sais.

Ces mots me coupent directement dans mon élan. Alors pourquoi ? J'attends qu'elle précise, mais elle se contente de me fixer, alors je continue, un peu désorienté.

- C'est elle qui m'a embrassé. Elle se sentait mal, et j'ai voulu la réconforter, je n'ai pas vu le baiser arriver... Je te jure que je l'ai repoussé un millième de seconde après que la photo ait été prise.

Elle ouvre la bouche pour répondre, mais semble totalement perdue, incapable de s'exprimer. Alors, après quelques secondes, elle vient passer ses deux mains sur son visage, et secoue celui-ci, sans doute pour remettre ses idées en place.

- Mais ça m'a fait mal, finit-elle par dire. Ça me fait mal de voir notre couple exposé aux médias à chaque fois. On est toujours jugés pour ce qu'on fait, toi t'es devenu l'infidèle de service, et moi la briseuse de ménage... Les gens doivent déjà se dire que je l'ai cherché, en piquant le fiancé d'une autre. Tu vois le problème ?

Qu'est-ce que je pourrais répondre à ça ?

- Et toi, tu me fais une scène parce que j'ai pris ton frère dans mes bras. T'as pas l'impression qu'il y a un problème ? On vous voit explicitement vous embrasser, là.

- Je te promets que je ne recommencerai jamais, pour Henrik.

- T'aurais jamais du le faire en premier lieu. J'ai le droit d'enlacer qui je veux, sans ton autorisation... Je suis pas une poupée gonflable, je t'appartiens pas !

Elle a prononcé ces derniers mots un peu trop fort, et les gens se tournent vers nous, interloqués. Je vois deux filles qui ont sorti leurs portables pour nous filmer. Tyler ne semble pas s'en préoccuper, mais moi si. Je ne veux pas que cette scène se retrouve elle aussi si internet, ça en fait déjà assez pour une journée. Je ne veux pas qu'elle tombe dessus demain, une fois sobre.

- Viens, on va autre part...

Je tente doucement de poser une main sur son épaule, mais elle donne un coup dans celle-ci, comme on chasserait une mouche importune.

- Ce sera pas la peine. J'ai dit tout ce que j'avais à dire.

Et elle se tourne. Non, je ne peux pas la laisser partir. Cette fois, je ne me permets pas d'attraper son bras, mais me précipite devant elle pour lui bloquer le passage.

- Je t'en prie, Tyler... Tu m'as fait attendre pendant des semaines, je sais même pas pourquoi, on peut pas tout arrêter comme ça...

- Tu veux savoir pourquoi ? Parce que c'était reposant. Reposant de ne pas voir des commentaires horribles sous les photos de nous deux. D'être beaucoup moins insultée depuis que la rumeur qu'on est plus ensemble s'est répandue. Reposant de ne pas avoir ce genre de connasses pour nous filmer tous les deux !

Les deux paparazzis en herbe sursautent alors qu'elle se tourne brusquement vers elles. Mais je ne leur prête aucune attention. Ses mots résonnent dans mon crâne. J'essaie dans saisir le sens, mais c'est comme si il m'échappait. Je ne veux pas les comprendre. Parce qu'ils signifient qu'il n'y aura jamais rien de possible entre nous. A cause de toutes ces personnes ayant développé un goût si fort pour le voyeurisme et la jalousie qu'elles font de nos vies un véritable enfer.

- Tyler... Si cette fille ne m'avait pas embrassé, on n'en serait pas là, malgré le fait que tout ce que tu dis sois juste. C'est toujours à cause de ce genre de quiproquo que les couples qui sont faits pour être ensemble se séparent, dans les séries qu'on regarde ensemble...

Et j'en sais quelque chose, après six saisons de Gossip Girl et l'intégral de One Tree Hill. Ou comment Netflix a plus ou moins réduit notre vie sociale au stricte minimum. Mais même ça, si c'était avec elle, j'aimais le faire. Je ne veux pas la perdre, parce que ça veut aussi dire perdre tous ces moments qui ont illuminé ma vie depuis qu'elle est arrivée dedans.

- Tu continues de dire que c'est un quiproquo, mais... Tu m'as même pas dit qui était cette fille.

- Je...

Ma gorge se serre. Et je sais que c'est la fin. Parce que je ne peux pas lui dire. Je ne peux pas faire ça, alors qu'elle est venue me voir en pleurs. Elle m'a fait promettre de ne pas le dire. A qui que ce soit. Ce n'était pas plus de sa faute que de la mienne, et je ne veux pas lui faire encore plus de mal en la dénonçant.

- Je ne peux pas.

En face de moi, Tyler baisse les yeux, pinçant les lèvres. Je vois qu'elle tente de ne pas pleurer. Elle me contourne, et cette fois, je la laisse passer sans plus me battre.

J'entends les portes du poste s'ouvrir derrière moi. Puis se refermer. Elle est partie.

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