6. High as a pretty starDon't you break my faded heart
^ Viktor ^
KARL
7 ans plus tôt
Je sais qu'il n'a pas consommé que de l'alcool, ce soir. Je sais que ce n'est pas sérieux. Mais il est là, devant moi, et je sais que je ne peux pas me retenir. Ça fait des mois que la tentation est trop forte et que je fais semblant de ne rien ressentir pour lui. Mais ça fait autant de temps que j'ai arrêté de me mentir à moi-même, et que je me suis avoué que je ne lui étais pas indifférent. Loin de là.
D'une main incertaine, je viens défaire la braguette de son jean, alors qu'il m'encourage avec un rire, rejetant la tête en arrière et affichant un large sourire. Son assurance me rend dingue, de façon positive mais aussi négative. J'ai l'impression d'être un gamin en face de lui. Ce que je suis, quand on y pense.
De nos jours
Je passe une main sur mon visage, fixant l'homme en face de moi. Il a mûri, mais dans l'ensemble ses traits n'ont pas changé. Un peu l'inverse de moi, finalement. Le fait de le voir devrait me faire un électrochoc, mais j'ai juste l'impression d'être étonnement... Lourd ?
- Tu fais toujours ça ? Demande-t-il en désignant ma main, encore sur ma mâchoire.
Il rit un peu, mais il n'est pas compliqué de sentir l'inconfort qui règne entre nous. J'ai envie de savoir ce qu'il fait là, mais Tyler doit déjà être loin, et si je ne pars pas tout de suite, je ne la trouverais pas. Tant pis, il y a des priorités à avoir.
- Je suis désolé, mais j'ai une urgence là, je...
Haussant un sourcil, il penche la tête.
- Du style ta copine qui part en courant de chez toi ?
- De ce genre, ouais.
Évidemment, il l'a vue... Je pourrais rester là à discuter, mais je n'en ai ni le courage, ni le temps. Sans un mot de plus, je le laisse là, et court après elle. J'espère vraiment qu'elle n'a pas trouvé de taxi.
J'ai eu beau faire trois fois le tour du patté de maison, impossible de la trouver... Elle a finalement du en trouver un, de taxi. Revenant sur mes pas, je tente de contrôler ma respiration, essoufflé. Et alors que j'arrive devant mon immeuble, je le vois à nouveau, adossé contre la façade de celui-ci : Viktor.
^ Karl à 16 ans ^
7 ans plus tôt
- Papa, je suis désolé, je-
- Tu te rends compte que vous avez été vus ? Heureusement que j'ai payé grassement les photographes... Ce sera retenu sur ton argent de poche !
J'écarquille les yeux, craignant plus pour la paire de chaussures que j'avais prévu de m'acheter et à laquelle je vais peut-être devoir mes adieux que pour cette histoire de photos.
- Mais tu les as payé combien ?
- Assez pour ne plus rien te donner pendant plusieurs années !
Adieux, paire de Heschung. D'ici à ce que je retrouve un compte en banque correct, vous ne serez plus en vente...
Mon père passe une main sur son visage, et je retiens une grimace. Je sais très bien ce que cette manie qu'il a signifie : mauvais quart d'heure. Mais, contrairement à ce que j'aurais pu penser, il vient s'asseoir à mes côtés, plutôt calme.
- Karl, il faut que tu comprennes... Tu n'as rien à faire avec ce garçon. Je comprends que c'est une passade, alors je ne vais pas te punir. Mais tu aimes les filles, n'est-ce pas ? Je t'ai vu avec ta dernière copine, Lise c'est ça ?
Et, avec un sourire, il tape un peu dans mon épaule.
- T'es un mec, comme ton père. Alors laisse un peu ce type, il va juste t'apporter des ennuis, et trouve-toi une jolie fille !
Je hoche la tête. C'est vrai, après tout il est bien plus vieux que moi et c'est mon père, il me connaît.
- C'est bien, je suis content qu'on en ait parlé !
Son air complice me fait sourire. Je pensais vraiment qu'il s'énerverait si il l'apprenait, mais il semble me comprendre, et ça me fait chaud au cœur. Ça m'aide à relativiser, aussi.
- Je sais que c'est la mode, chez les mannequins, tout ce comportement homosexuel, mais tu n'es pas obligé de faire comme eux, pas vrai ? Et tu sais que si tu veux partir en droit comme on l'avait prévu, tu peux toujours demander à Henrik, il adorerait te prendre dans son cabinet !
Je faux hausser un sourcil, mais je me retiens au dernier moment. Le droit, ma passion comme chacun le sait... Mais il ne s'en rend pas compte, et m'adresse un sourire satisfait.
- Enfin, fais-moi plaisir, arrête de fréquenter ce garçon, tu vas t'attirer des problèmes ! Fais comme ton frère, sois discret et brillant !
Il suffit de quelques mots pour me faire réaliser : il n'y a rien de bienveillant dans ce qu'il me raconte depuis tout à l'heure. Il ne me connaît pas, sinon il ne me demanderait jamais d'être comme Henrik. Bien que parfois, la seule chose que je souhaiterais serait d'être comme lui.
De nos jours
Pinçant un peu les lèvres, je prends une longue inspiration, tentant de me calmer. Cette fois, maintenant que la peur de perdre Tyler dans la rue est passée puisque réalisée, sa vue me frappe comme un poing au ventre. Il a autant blessé mes sentiments que mon ego...
- Je suppose que t'as pas réussi à la rattraper... ?
Avec un sourire qui doit puer le sarcasme à dix mètres, je hoche la tête.
- Quel observateur.
- T'as changé, dit-il simplement, ignorant ma réponse et se redressant pour m'approcher.
Heureusement... Mais sur ce point, il n'a pas totalement raison. J'aimerais avoir vraiment changé, sur tous les points. Mais quand je le vois, le sale gosse que j'ai pu être ressurgit de lui-même, sans vraiment me demander mon avis, et mon amertume est plus qu'apparente. Pourquoi je ne peux pas l'accueillir comme un vieil ami ? Parce que j'ai l'impression que tout ça date d'un siècle, mais ma fierté a toujours pas cicatrisé. Merde, quand est-ce que j'arrêterai d'être aussi peu sûr de moi ?
7 ans plus tôt
Un peu stressé, ou plutôt carrément angoissé, je sonne à la porte de la maison de Viktor. Après quelques secondes d'attente quasi-insoutenable, elle s'ouvre sur Kaia, la mère du métisse. Celle-ci m'adresse un sourire chaleureux, et je me détends un peu.
- Salut, mon grand, tu vas bien ?
- Très bien, et vous ?
- Ça va, le boulot est crevant, mais tu sais ce que c'est ! Seize ans et déjà mannequin, tu m'impressionnes !
Je la remercie, souriant timidement, et elle s'efface pour me laisser entrer.
- Vik' est au salon, je vous laisse, je dois retourner bosser !
Et, sur ces mots, elle ferme la porte et part à l'étage, là où se situe son bureau. Entrant dans le salon, j'y trouve Viktor, assis sur le canapé, une manette entre les mains. Mon coeur s'emballe un instant, et je sens l'embarras monter en moi. Mais en me voyant, il m'adresse un large sourire, digne de celui de sa mère plus tôt.
- Mec, tu m'avais pas dit que tu passerais ! Ça va ?
Enfonçant mes ongles dans mes paumes, je tente de me calmer, et surtout de prendre mon courage à deux mains. Son attitude amicale ne suffit pas à me détendre, et je dois rassembler tout mon cran pour lui parler. Car il faut qu'on en parle, je n'arriverai pas à le fréquenter autrement.
- Vik, je-
- Oh, j'ai besoin qu'on parle d'un truc !
- ... Oui ?
Je sens la boule qui s'est formée dans mon ventre grossir. Alors je ne suis pas le seul à vouloir avoir cette conversation. Tant mieux.
- Hier soir, j'étais complètement pété... Tu te souviens de la fille avec qui je suis partie ? Parce que vraiment, je me suis tapé une de ces planches... Tu me connais, j'aime pas les filles plates, mais là je sais pas ce que j'ai foutu !
Ça explique l'attitude amicale...
TYLER
Une dizaine de jours après la dispute
- Tu ne veux vraiment pas qu'on en parle ?
Je relève la tête de ma feuille pour fixer Ian, plissant les yeux.
- J'ai une gueule à vouloir en parler ?
- Pas vraiment, mais je tente quand même, plus parce que je suis curieux que parce que je pense à tes sentiments, si tu veux tout savoir.
Levant les yeux au ciel, je ne prends pas la peine de répondre, me replongeant dans mon dessin.
- Tu sais que je t'ai pardonné le fait d'avoir couché avec lui parce que tu m'as affirmé que c'était ton grand amour, et-
- C'est mon grand amour ! je le coupe. C'est pour ça que j'ai toujours ça au doigt !
D'un doigt, je désigne la bague de fiançailles, que je n'ai pas arrêté de porter malgré les circonstances.
- Et du coup, tu refuses de lui parler parce que... ?
- Parce que je peux pas lui laisser passer ce qu'il a fait comme si de rien n'était, je dois marquer le coup.
Posant mon crayon, incapable de me concentrer plus longtemps, je pose mes coudes sur sa table et vient loger mon visage dans mes mains fraîches, fermant les yeux.
- J'arrive même pas à lui en vouloir... Mais si je reviens trop tôt, qu'est-ce qui me dit qu'il ne recommencera pas ?
Plus j'en parle, plus mon cœur se sert dans ma poitrine. J'ai envie d'être avec lui, et je me demande si cette distance que je m'impose n'est pas plus douloureuse pour moi que pour lui, au final.
- Tu vas me dire qu'il t'a juste laissée partir comme ça, sans chercher à se rattraper ? Je t'avais bien dit, qu'il était pas digne de confiance, ce type, depuis le début, il-
- Non, il m'a appelé un bon paquet de fois, et j'ai fini par lui envoyer un message pour lui dire de me laisser tranquille, avant de le bloquer.
- Et ça a suffi ?
- Non plus. Il a retrouvé mon hôtel grâce à Orlando et est venu me voir directement dans ma chambre.
- Tu rougis.
- Comment tu pourrais le savoir ? Je demande, alors que ma tête repose toujours dans mes mains.
- Ça s'entend dans ta voix.
Une dizaine de jours plus tôt
- Ouvre, je vais pas partir ! Allez, si je continue à taper la sécurité va venir me chopper et je vais devoir me battre en plus !
Il frappe à la porte de toutes ses forces, provoquant un boucan monstre dans le couloir, alors que, dans l'entrée de la chambre, je fixe la planche de bois qui nous sépare. Je ne suis pas hésitante, je ne sais absolument pas quoi faire, tout simplement. Ce qui vient de se produire dans son appartement m'a complètement bouleversée, je ne sais pas comment me comporter avec lui. C'était tellement plus simple, au début...
Mais à qui j'essaie de faire croire ça ? « Plus simple » ? Notre relation n'a jamais été simple, et même si ces derniers jours passés ensemble pouvaient en donner l'impression, le retour sur terre n'en est que plus brutal.
- Tyler, je vais vraiment-
J'ouvre brusquement la porte, me retrouvant face à un Karl désarçonné, un poing en l'air prêt à taper sur la porte à nouveau.
- Tu veux que quelqu'un appelle les flics ou quoi ?
Saisissant sa chemise, je l'attire à l'intérieur, avant de fermer derrière moi.
- Je vais même pas te dire à quel point je suis désolé, dit-il alors, précipitamment. Mais ça ne se reproduira plus jamais, je te le promets.
- Je sais, je réponds simplement.
Il semble surpris, dans l'incompréhension la plus totale.
- Parce que si tu veux qu'on continue, tu dois me promettre de ne plus boire. Je sais très bien que tu te serais pas emporté comme ça si tu n'avais pas touché à cette putain de bouteille avant. T'as jamais su contrôler tes émotions, quand tu bois.
Semblant prendre conscience de ce que je lui dis, il hoche lentement la tête.
- J'ai même pas besoin de te le promettre : je ne le ferai plus. Même pour moi...
Je sens qu'il veut se rapprocher de moi, mais il reste à bonne distance. Et j'ai envie de réduire cette distance. Cette situation me stresse, et j'ai besoin d'être contre lui. Je voudrais pouvoir lui dire de partir, lui montrer la porte. Lui montrer que je ne suis pas si faible, et que si il veut que les choses s'arrangent, il lui faudra me mériter. Mais entre ce que je veux et ce dont j'ai besoin, il y a un large faussé : celui du désir. Finalement, je me reprends, et m'écarte un peu, pour lui laisser l'accès à la porte.
- Je pense que tu devrais y aller, on parlera une autre fois, j'ai besoin de réfléchir un peu...
- Oh. Ouais, bien sûr, je vais te laisser alors.
Un peu embarrassé, il vient vers la porte, et vers moi par la même occasion. Il ouvre celle-ci, et pour se faire, se rapproche un peu de moi. Je lève les yeux sur son visage, et le fixe, m'humectant les lèvres en sentant les battements de mon cœur s'intensifier dans ma cage thoracique.
- Bonne nuit, dit-il.
- Bonne nuit.
Ma voix est serrée dans ma gorge, et je cligne des yeux, sans pour autant détourner mon regard du sien. Et malgré nos derniers mots, il reste planté là, à me fixer. Je décèle un sourire au coin de ses lèvres, et plisse les yeux.
- Karl, dis-je, sur un ton de mise en garde.
- Tyler, répond-il sur un ton cachant difficilement son amusement. T'es adorable quand tu clignes des yeux comme ça.
Je ne sais pas où est passée ma détermination, mais je suis à peu près sûre qu'elle m'a abandonnée face au grand méchant loup qui se tient devant moi.
Posant ma main sur sa nuque, je l'attire à moi. Il n'hésite pas, ses lèvres fondent sur les miennes, alors que sa main vient directement relever ma robe le long de ma cuisse. Il me plaque contre le mur, et cette fois l'idée de le repousser ne me traverse même pas l'esprit. Son corps tout contre le mien me bloque, je ne peux plus lui échapper, et je sens qu'il ne compte pas m'en laisser l'occasion. Je suis même à peu près certaine qu'on ne va pas prendre la peine de rejoindre le lit. Et c'est le cadet de mes soucis. Ma tête me fait mal, et je sens le goût de mes larmes sur mes lèvres alors que je l'embrasse.
- J'ai besoin que tu sois avec moi, je murmure entre deux baisers, mes lèvres quittant à peine les siennes. Envers et contre tous.
- Je te laisserai plus tomber. C'était la seule fois.
Nos mouvements, jusqu'ici presque abrupts, se font plus doux. Je me blottis contre lui, venant cacher mon visage dans son cou, alors qu'une de ses mains vient caresser mes cheveux. Je pousse un petit cri de surprise quand je sens l'autre se glisser entre mes cuisses.
- Karl... je grogne, prononçant à nouveau son nom.
Le râle que je viens de pousser n'est pas vraiment le bruit le plus séduisant dont je sois capable, mais la façon dont ses doigts viennent me tourmenter me fait perdre mes moyens. Je sers le dos de sa chemise entre mes poings, tentant de contrôler les gémissements que je retiens à grande peine.
- Vas-y, il n'y a personne pour t'entendre, ici... me murmura-t-il, avant de déposer un baiser dans mes cheveux.
- Non, je réponds, avec un petit sourire joueur qu'il ne peut cependant pas voir, non sans embrasser la peau de son cou.
Je libère une de mes mains pour venir déboutonner sa chemise et dénuder une de ses épaules, venant embrasser celle-ci.
- Pour moi, il réplique.
Et sur ses mots, il intensifie ses gestes, jouant directement avec mon point faible. Cette fois, je ne peux retenir mes soupirs de plaisir, et il rit un peu, continuant son manège, m'arrachant même parfois des cris. Je me redresse, les lèvres entrouvertes, les joues brûlantes, pour le regarder. Plissant les yeux face au sourire satisfait qu'il m'offre, je hausse un sourcil.
- Après ça, faudra que tu partes, que tu me laisses un peu de temps...
Il n'arrête pas ses mouvements, mais fronce les sourcils.
- C'est vraiment ce que tu veux ? Une pause ?
- Non... Juste un moment pour reprendre nos esprit, pour-
Ma voix part dans les aiguës, et il me faut quelques secondes pour me calmer, le souffle court.
- Pour respirer...
- On a eu un an, pour respirer.
Je ne réponds pas. Tout simplement parce que je n'ai pas de réponse : c'est vrai, mais ces derniers temps ont été tellement intenses pour nous... J'ai l'impression qu'on a besoin de retrouver une relation plus simple. Le désir, la séduction, et tout ce qui accompagne le début des amours. Pas la jalousie, l'alcool et les disputes. Je n'accepte pas ce genre de choses. Il semble le comprendre puisque, après une pause, il reprend :
- D'accord, je vais te laisser du temps... Mais alors je vais profiter un peu avant.
Et ses lèvres prennent à nouveau possession des miennes, dans un large sourire, alors que je ris. C'est ça, que je veux pour nous.
De nos jours
Je lève le carnet que j'ai entre les mains, et le montre à Ian, avec un large sourire.
- Alors ? Qu'est-ce que tu penses ?
- Tu vas vraiment pas me raconter ce qui s'est passé ensuite ?
- Non. Alors, t'en penses quoi ? Je répète.
- Je comprends mieux pourquoi tu voulais bosser dans la mode... Mais tu dessinais pas comme ça, avant, si ?
- Non, mais je me suis entraînée toute la semaine depuis que je t'en ai parlé.
Il hoche la tête, examinant mon dessin. Après ma nuit avec Karl, j'ai décidé qu'il me fallait un projet pour m'occuper, sinon je n'aurais jamais été capable de ne pas craquer et l'appeler à la moindre tentation... Alors j'ai appelé Ian, et je l'ai supplié de me laisser faire une collection pour sa marque. Et j'ai passé ma semaine à bosser sur mon style -dont je suis plutôt satisfaite.
- Et encore une fois, tu voudrais l'appeler comment cette collection ?
- The Lilys by O.R.A, parce que le lys est la fleur préférée de ma mère et que c'est facilement dérivable !
- Ça pourrait le faire... L'équipe marketing m'a dit qu'en théorie, le projet était viable, surtout que ça effacerait la mauvaise presse que ma mère nous a fait en parlant de toi dans son interview... Je vais leur filer tes croquis, et on verra bien si c'est réalisable !
Il lève sa main en l'air, sans quitter mon dessin des yeux, et je tape dans celle-ci avec une exclamation de victoire.
- ... Tu m'as manqué, Tyler.
- Merci... Toi aussi, tu m'as manqué.
- On est niais, non ?
Je tape dans son épaule, avec un rire.
- Crétin.
. . . . .
^ Ci-dessus le croquis de Tyler, Dragon Lily. Les designs sont de moi, si vous voulez en voir plus, ce sera sur @chloeanifrani sur instagram. J'espère que ce look vous plaît! ^
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