2. We used to be togetherEveryday together always
TYLER
Je regarde Karl, qui a du me laisser un peu pour aller parler avec certains de ses collègues, eux aussi présents à la fête. Mais mon attention se porte vite sur Juan qui, à mes côtés, semble lui aussi fixer l'objet de son désir : Allison est assise un peu plus loin, seule, et semblant assez désemparée quant à ce qu'elle devrait faire à l'instant-même. C'est vrai que la brune n'aime pas vraiment les événements de ce genre... Elle n'en a pas l'air, mais elle n'est jamais très à l'aise en société, surtout quand elle est livrée à elle-même. Je pense d'abord à aller la rejoindre pour l'égayer un peu, mais une meilleure idée me vient à l'esprit : ce soir, je joue les cupidons.
- Vas la voir, je murmure alors à l'oreille de Juan, avec un petit sourire complice.
Il baisse les yeux sur moi, affichant un air surpris que je devine emprunté.
- Pardon ? Qu'est-ce qui te fait dire que j'ai envie de-
Mais le volume de sa voix baisse de plus en plus à la vue du regard désabusé que je lui jette, et il finit par arrêter de parler, comprenant que je ne suis ni stupide ni aveugle.
- Tu penses que je devrais y aller ? Je ne veux pas l'ennuyer...
- T'inquiète pas, vue la situation, elle accepterait de parler avec n'importe qui d'un minimum familier !
- Je sais pas si c'est ultra positif pour moi, ça...
Levant les yeux au ciel, je tape dans son dos, le poussant vers elle. Il finit par y aller, après m'avoir lancé un dernier regard, et s'approche d'elle, une main sur la nuque. Depuis ma place, je regrette vraiment de ne pas avoir de pop-corn pour assister à la scène : j'adore les comédies romantiques. La brune relève les yeux vers lui, son visage affichant une surprise évidente. Elle lui offre un sourire qui, bien qu'un peu forcé, semble sincèrement soulagé, et il s'assit à ses côtés. Je constate qu'il retrouve un peu de son assurance, et décide de les laisser un peu, ne voulant pas faire ma voyeuse plus longtemps. Enfin, le regard assassin qu'il vient de me lancer m'aide sans doute un peu à prendre ce choix.
Mon attention se repose sur Karl. Il est là, avec son air sérieux et son costume de soirée, parfaitement apprêté comme toujours... Mais j'avoue que je l'emmènerais bien à l'étage, histoire de décoiffer ses cheveux plaqués et arrière et de froisser un peu le tissus de sa chemise...
Son regard capte alors le mien, et il m'adresse un sourire, me faisant signe de le rejoindre.
Je m'exécute et viens à ses côtés, hésitant un peu à trop me rapprocher de lui... Je ne sais pas s'il a envie que tout le monde soit officiellement au courant, y compris les gens de son métier.
Mais il efface directement cette crainte en m'attirant vers lui, posant une main sur ma hanche, et je ne peux m'empêcher de sourire à ce geste : il se fout complètement de ce que les gens vont penser ce soir.
- Je vous présente Tyler Ollen, mannequin far de notre entreprise et, par chance pour moi, ma magnifique petite amie.
Je ris un peu, et tend la main à ces personnes, qui la saisissent sans hésiter, me félicitant au passage pour ma prestation au défilé de Céleste. Je remarque qu'une des femmes présentes m'adresse un sourire plus que faux, celui-ci ne montant pas jusqu'à ses yeux, qui semblent plutôt me fusiller. Et la façon dont elle sert ma main, comme si elle souhaitait la broyer à l'instant-même, m'amenant à penser qu'elle avait certaines vues sur mon copain. Trop tard, vade retro vieille botoxée, il s'en est déjà fait une, ça suffira. Lui offrant le plus large sourire dont je sois capable, je broie sa main en retour, la fixant droit dans les yeux alors qu'elle retient une grimace de douleur. Enfin, je la lâche, avant de me surélever sur la pointe des pieds pour venir chuchoter quelque chose à l'oreille de Karl. Je pense que son temps serait mis à meilleur profit avec moi qu'à discuter avec la face de poisson qui le dévore du regard. Eh puis je m'ennuie un peu, maintenant que Juan est parti parler à Allison.
- Je vais trouver une pièce libre à l'étage, rejoins-moi dès que tu peux...
Il tente de retenir un sourire, baissant le regard sur ses chaussures pour retrouver son sérieux. Puis, relevant la tête vers moi, il hoche la tête, les lèvres légèrement pincées pour garder son calme, alors que je ne me retiens pas pour sourire de toutes mes dents, un peu provocatrice.
- Tu me donnes cinq minutes ? Demande-t-il alors.
- Bien sûr, prends ton temps... Enfin, pas trop quand même.
Et sur ces mots je file, traçant mon chemin vers les escaliers qui mènent au premier étage tout en souriant aux photographes qui désirent tirer mon portrait et en saluant toutes les personnes que je connais. Un instant, je dois même m'arrêter quelques secondes pour Michelle, une mannequin un peu plus vieille que moi présente au show, avec qui je prends un selfie. Je la vois poster celui-ci sur sa story, avec pour légende « with my gurl », bien que je sois à peu près certaine de ne jamais lui avoir parler plus de cinq secondes. Les joies du métier.
Enfin, j'atteins l'étage, où la densité de population est déjà bien réduite. N'ayant pas à chercher longtemps, j'entre dans la première pièce que je trouve, munie d'un bureau... Ça fera très bien l'affaire.
M'asseyant sur celui-ci, je remarque que la fenêtre derrière moi donne sur un petit balcon. Je pourrais y aller, mais je préfère rester ici, attendant l'arrivée de Karl, laissant tomber une de mes bretelles, qui dévoile la peau de ma poitrine. L'idée d'être découverte ici est à la fois angoissante -que dirait la presse, n'est-ce pas?- et excitante. Les secondes que je ressens comme autant de minutes passent, mon impatience grandit. Enfin, le bruit d'une poignée qu'on abaisse se fait entendre dans la pièce, retentissant à mes oreilles. Un sourire se peint sur mes lèvres, alors qu'une silhouette se glisse dans la pièce.
- Oh mon dieu, quelle horreur ! s'exclame une voix que je ne connais que trop bien et que je n'ai pas pu entendre depuis un an, alors que la silhouette se cache précipitamment les yeux, se retournant.
- Oh mon dieu ! je crie à mon tour, remontant ma bretelle d'un geste brusque.
Ian vient d'entrer dans la pièce. Je ne peux pas croire que ce soit lui, pas maintenant. Ce moment ne peut pas être notre premier échange en un an, pas après tous ces jours que j'ai passés à tenter de le joindre, à répéter en boucle ce que je lui dirais si j'avais la chance de m'excuser un jour.
Il est sur le point de partir, pestant sans chercher à réduire le flot d'insultes qui sort de sa bouche, mais je suis plus rapide, saisissant l'occasion malgré son côté improbable. Je peux pas supporter cette situation plus longtemps. Je ne peux pas continuer de le croiser régulièrement et supporter le sale regard qu'il me lance à chaque fois comme une petite chose sans défense. Ce soir, soit les choses s'arrangent, soit je me défends une bonne fois pour toutes, afin de ne plus jamais me sentir inférieure à lui, coupable à chaque fois que je le vois.
- Ian, je t'en prie, reste, dis-je alors, sautant du bureau pour venir saisir son bras, l'empêchant de repartir.
- Pitié, t'es vraiment pas mon genre, tu devrais le savoir non ?
Il baisse les yeux sur moi, tandis que j'écarquille les miens. Est-ce une blague ? Vraiment ? Je n'ai pas rêvé ? Mais il garde son sérieux et je n'ai aucun moyen de savoir si sa répartie était intentionnellement amusante ou non. Ce qui ne m'empêche pas de difficilement lutter contre le rire qui tente de s'emparer de moi, sans doute également du au stress que cette situation me provoque.
- Tu plaisantes ? je demande, sans pouvoir effacer le sourire que commencent à former mes lèvres.
Il se contente de me fixer. Je pourrais prendre son silence pour du mépris, mais quelque chose au fond de son regard me persuade qu'il n'en est rien : je connais ce regard, je le connais par cœur. Il a autant envie de rire que moi.
Finalement, il lève une main à son visage, venant la poser sur ses lèvres, fermant les yeux.
- Merde, tu fais chier, Tyler.
- Est-ce que c'est une façon de me dire que tu veux me détester mais que tu n'y arrives plus ?
Il hoche la tête, et profitant du fait que ses yeux soient fermés, je laisse exploser ma joie en un large sourire, qui me fait presque mal aux joues tant je suis heureuse. Mais dès qu'il les rouvre, je retrouve un air aussi sérieux que possible.
- Tu sais, je comprends que tu m'en veuilles, mais ça fait un an, on savait qu'on allait finir par devoir se parler un jour, non ?
- Tu crois que c'est aussi simple ? Que je peux laisser passer les choses du jour au lendemain ?
- Écoute Ian, je sais pas si t'es au courant, mais il y a une grosse différence entre « du jour au lendemain » et « un an plus tard ». Ça ne peut plus durer, faut qu'on se parle, au moins une fois, pour que les choses soient enfin réglées...
Il semble indécis, tiraillé. Mais il sait également très bien qu'à moins de me frapper assez fort pour m'assommer, je ne lâcherai pas son bras. Et Ian n'est vraiment pas du genre violent. Finalement, il hausse les épaules, soupirant.
- Bon, t'as gagné, mais d'abord faut que tu répondes à une question.
- Tout ce que tu veux.
- Tu l'aimes vraiment ?
Il fait référence à Karl, bien sûr. Peut-être qu'il m'en veut d'être venue ici avec lui, aujourd'hui...
- Plus que tout.
- C'est sérieux, entre vous ?
Je hoche la tête, bien que la réponse me paraisse évidente : on a attendu un an pour se mettre ensemble et pourtant on est toujours là aujourd'hui, tu veux bien me donner ta définition de « sérieux » ?
- Bon. On va prendre un peu l'air ?
Sans attendre ma réponse, il se dirige vers le balcon. A travers la porte encore ouverte, j'aperçois Karl, tout sourire, qui atteint le haut des escaliers. Il me voit et son regard s'illumine, alors que je fonds comme neige au soleil devant son visage d'ange. Mais, à regret, je lui fais des gestes aussi discrets que possible, lui intimant de rebrousser chemin, tout en désignant Ian derrière moi. Il s'arrête net, fronçant les sourcils et perdant son sourire, avant de soudain comprendre et de lever un pouce en l'air, comme un signe d'encouragement, avant de repartir d'où il vient.
Prenant mon courage à deux mains, je sens que l'angoisse qui ne m'avait pas encore vraiment saisie commence à me prendre, ma gorge se serrant. Avec un inspiration, je me retourne et rejoins celui qui a été mon meilleur ami, sur le balcon.
Il regarde droit devant lui, appuyé à la rambarde, avant de sortir une clope, qu'il allume.
- Tu fumes, maintenant, je demande, haussant un sourcils.
Il se contente de hausser les épaules. Bon, on est pas encore dans un dialogue très communicatif... Mais j'ai bon espoir : ce soir, c'est la première fois qu'il m'adresse autre chose qu'un regard haineux en un an. J'y crois à peine.
- Elle a trouvé quelqu'un d'autre, tu sais ?
- Pardon ?
Je ne comprends pas tout de suite. Puis l'évidence me frappe : Olivia. Depuis son retrait d'O.R.A, elle s'est faite très discrète d'un point de vue médiatique, alors je n'ai pas vraiment d'informations sur ce qu'il s'est passé dans sa vie sur cette période -et je n'ai pas vraiment cherché à le savoir.
- Oh. Tant mieux...
En réalité, elle pourrait être en train de crever toute seule dans un trou, ça ne me ferrait ni chaud ni froid. Mais c'est sa mère...
- Elle s'en est remise, continue-t-il, sans prendre ma réponse en compte. Après avoir fait tout ça, sa... Sa tentative de suicide-
- Ses mensonges, je complète.
L'air contrarié, mais surtout surpris, il tourne la tête vers moi, me fixant d'un air penseur.
- Elle a menti ?
Je hoche la tête.
- Bien sûr qu'elle a menti, soupire-t-elle. Ce ne serait pas la première fois... Bref, après avoir fait tout ça pour le garder, elle s'est juste remise d'elle-même, s'en trouvant un autre, du même âge... Il s'appelle Baptiste. Un français.
Ne voyant pas vraiment où il veut en venir, j'attends qu'il continue, silencieuse.
- Alors je commence à me dire qu'entre vous deux, si il y en a une qui aime vraiment Karl, ça doit être toi. Peut-être que c'est mieux, que vous soyez ensemble... Même si je déteste le fait que t'aies fait ça à ma mère, je commence à me dire que, par rapport à ce qu'elle ressentait vraiment pour lui, c'est à dire pas grand-chose, elle a été... Relativement dramatique.
Je retiens un sourire satisfait, voulant éviter de le froisser. Puis, après un instant de réflexion, je réponds :
- Et tu comptais me dire ça quand, exactement ?
- Jamais ?
Évidemment. Il a du retourner ces pensées encore et encore dans son cerveau pendant des mois, mais possède un ego bien trop surdimensionné pour accepter de faire son mea culpa. Classique.
- Alors... Tu m'en veux toujours ? je finis par demander, inquiète mais pleine d'espoir.
- Je ne sais pas vraiment, Ty'... Quand Andrew m'a tout dit, j'ai fait un gros effort pour ne pas venir vous arracher la tête, à Karl et toi. Mais si vous vous aimez vraiment, je crois que je peux passer l'éponge. Peut-être.
- D'ailleurs, je ne te vois jamais avec Andrew, les choses vont bien entre vous... ?
Sa bouche se crispe, et il soupire longuement. Ce n'était la bonne question à poser.
- Il m'a quitté. Pour Frédéric, de l'équipe de foot de l'université.
- Oh, je suis désolée, Ian...
- De l'équipe de foot féminin.
J'écarquille les yeux. Mais je ne me permets pas de poser plus de questions à ce propos : l'équilibre du moment est déjà assez fragile, je ne veux pas envenimer les choses. Et il a l'air sincèrement atteint par cette rupture. L'idée de ne pas avoir été là pour lui, alors qu'on a toujours été meilleurs amis, et tout ça pour un homme, me fait vraiment mal... C'est horrible.
- Ian... Tu veux bien me donner une autre chance ?
Après tout, ce ne serait pas la première fois qu'on se pardonne l'un l'autre. Bien qu'on ait jamais eu à passer au-dessus de quelque chose d'aussi important. Il ne répond pas tout de suite, et je lui laisse tout le temps nécessaire pour réfléchir.
Et finalement, il hoche la tête. J'ai l'impression qu'une vague de joie s'empare de moi, se propageant dans ma poitrine, et j'ai envie de pousser un cri d'allégresse. Pourtant, je me contente d'un léger sourire, discret. Mais une voix interrompt notre échange, quelqu'un d'autre entrant dans la pièce. Je reconnais alors Orlando, qui m'avait promis d'essayer de passer ce soir. De toute évidence, il y est parvenu.
- Ty', c'est pas pour vous déranger, mais les choses deviennent de plus en plus festives en bas, ce serait bien que tu fasses une apparition, pour les photos.
- Bien sûr, j'arrive, tu me donnes une minute ?
Il acquiesce et referme la porte derrière lui.
- Tu veux bien qu'on se voit pour le déjeuner, demain ? je demande à Ian.
J'aurais pu attendre pour le contacter à nouveau, ou lui donner un rendez-vous plus tard, mais je suis vraiment trop impatiente de le retrouver pour attendre un jour de plus.
- Ouais, on s'organise ça.
Mon sourire s'élargit, et par réflexe, je m'approche pour embrasser sa joue. Mais je me stoppe, un peu gênée ; c'est trop tôt. Finalement, embarrassée, je tapote son épaule, avant de le saluer et de quitter la pièce, pour rejoindre la fête, le cœur léger.
KARL
Le lendemain
- Tyler, réveille-toi Blanche-Neige...
Je caresse sa joue d'une main, mais elle n'arrive pas à sortir du doux sommeil dans lesquels les draps de l'hôtel l'ont plongée. Il faut avouer qu'ils ont vraiment une bonne literie, ici -tellement bonne que ma brune a refusé de venir dormir chez moi... Je secoue alors son épaule et finalement, après un grognement inintelligible, elle ouvre les yeux, avec une difficulté visible.
- Qu'est-ce que tu veux, Karl ? Demande-t-elle, la voix enrouée.
- Toujours aussi aimable au réveil, je réponds dans un rire, avant d'embrasser son front -je ne préfère pas me risquer à embrasser ses lèvres. J'ai un petit déjeuner tout frais pour toi, ça te dit ?
L'évocation d'une quelconque nourriture, qui plus est du continental breakfast de l'hôtel, finit apparemment de la sortir de ma léthargie. Se redressant, elle passe ses mains sur mon visage, tentant de vraiment se réveiller par ce geste adorable, avant de plaquer ses cheveux en arrière.
Je quitte le lit sur lequel j'étais appuyé et pars chercher le plateau qu'un groom a déposé ici il y a quelques secondes, sans que le bruit soit pour autant parvenu à déranger Tyler dans ses rêveries. Je n'arrive pas à savoir si cette fille a la capacité d'hibernation d'un ours où si elle est simplement épuisée par l'enchaînement de ses défilés...
Lui apportant le plateau, j'y dépose également m'ont téléphone, qu'elle observe, dubitative. J'aurais préféré ne pas accompagner les croissants d'une mauvaise nouvelle, mais étant donnée la situation, elle m'en voudrait sans doute plus de ne rien lui dire... Surtout que j'ai ma petite idée quant à l'identité du responsable.
- Tu veux me montrer quelque chose, finit-elle par dire, désignant du menton le téléphone, tout en saisissant le bol de yaourt grec pour y ajouter des fruits rouges.
- Oui, mais tu ne vas sans doute pas aimer...
Avec un froncement de sourcils, elle prend le portable, et le déverrouille : elle connaît mon code, bien que je sois à peu près certain de ne jamais lui avoir donné... Tant pis, je connais aussi le sien, après tout.
- Merde... murmure-t-elle, après avoir parcouru l'article des yeux, avant de laisser tomber le téléphone dans les draps.
Le titre ? « Tyler Ollen et Karl Bennati, a lasting couple ? ». Le rédacteur de l'article y annonce fièrement avoir découvert que notre relation dure depuis plus d'un an, mais surtout, qu'elle était déjà d'actualité alors que j'étais encore avec Olivia. Et, à l'air qu'affiche Tyler, je sais qu'elle a compris ce que ça veut dire : le retour de flammes va être terrible.
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