18. She said, hey babe, take a walk on the wild side

TYLER

Le chauffeur ouvre la porte de la voiture et j'en sors, poussant un soupir et rangeant mon téléphone dans mon Birkin. Bon, il est temps de mettre les choses au clair. La pluie tombe violemment sur New York City aujourd'hui et, à peine ai-je posé un pied à terre que celui qui m'a conduite jusqu'ici place un parapluie au-dessus de ma tête.

- Je n'aurais pas besoin de vous pour le reste de la journée, vous pouvez prendre votre après-midi, je lui indique avec un sourire, avant de me saisir du parapluie et de me diriger vers l'entrée du Peninsula.

Retirant mes lunettes de soleil, je passe les portes de l'hôtel, m'approchant ensuite de la consigne.

- Bonjour, j'ai un rendez-vous avec Mme Adams.

Devant moi, je vois la jeune femme de l'accueil écarquiller un peu les yeux mais, restant très professionnelle, elle se saisit de son téléphone et, avec un petit « oui, je vais voir si elle peut vous recevoir », appelle la résidente de la chambre 79. Je retiens un sourire, jetant un coup d'œil au plafond du hall alors que mes ongles tapote la surface du marbre dans l'attente d'une réponse positive. Évidemment, pour peu qu'elle suive un peu « l'activité people », comme disent les gens de plus de 30 ans, elle doit être au courant de mes relations avec la styliste. Je ne serais pas étonnée qu'elle appelle la police une fois que je serai montée dans l'ascenseur...

- Mme Adams va vous recevoir, finit-elle par m'indiquer, me sortant de mes rêveries. Elle vous attend dans le Salon Ivoire, 27ème étage.

Je la remercie, pour ensuite me diriger vers l'ascenseur, y appuyant sur le numéro 24. Les portes se referment sur moi.

Quand elles s'ouvrent, c'est sur une jolie pièce toute décorée de blanc, dont les baies vitrées offrent une vue plongeante sur la ville qui ne dort jamais. On pourrait presque penser que, malgré l'heure matinale, le soleil s'est déjà couché, tant les nuages épais et noirs cachent celui-ci.

Assise devant ce spectacle, Olivia, une tasse de café à la main. En entendant le « ding » de l'ascenseur, elle se tourne, réalisant ma présence.

Contrairement à son attitude lors de notre dernière rencontre, elle reste tout à fait calme, m'adressant simplement un petit sourire qui, si je ne la connaissais pas assez, me semblerait presque gêné. Je m'avance, et vient m'asseoir en face d'elle.

- Olivia, la salue-je, un peu plus froidement que je ne le voudrais.

- Tyler, comment vas-tu ?

Je m'apprête à répondre, mais elle m'interrompt. Un vrai moulin à parole, comme toujours.

- Est-ce que Karl va bien ? Je ne voulais vraiment pas le mettre dans cet état, je te le promets, simplement...

- Tu voulais t'excuser. Oui, j'avais cru comprendre.

Malgré ma réserve, je ne peux m'empêcher de m'adoucir un peu.

- Exact. Mais j'aurais du penser à un meilleur moyen de le faire... Si j'avais su que tu n'étais pas au courant pour tout, jamais je n'aurais... Enfin, tu comprends, n'est-ce pas ?

Hochant doucement la tête, je ne réponds pas. Et pour cause : je ne sais pas quoi dire. Mais un serveur vient à ma rescousse, me sauvant de mon embarras.

- Mademoiselle, que puis-je vous servir ?

- Hm...

Je n'ai pas vraiment réfléchi à ça, j'avais un peu l'esprit ailleurs.

- Je vais vous prendre un thé vert à la bergamote et...

J'hésite un instant, jetant un coup d'œil à la rousse en face de moi.

- Et votre pâtisserie du jour.

Après tout, c'est à ses frais. Je ne vais pas me priver !

- Ravie de voir que tu as recommencé à manger normalement !

Je fronce un peu les sourcils, le regard interrogateur. Comment est-ce que... ? Oh, bien sûr. Elle a suivi la campagne de Karl. Et elle a du voir mon interview parisienne.

Joignant ses mains autour de sa tasse de thé, elle prend une inspiration, semblant chercher ses mots. Mais cette fois, c'est moi qui la coupe.

- Ecoute, Olivia... Je ne suis pas venue ici pour t'aider à te racheter une bonne conscience, ni pour faire ami-ami. Je suis venue parce que, même si Ian, toute l'équipe et moi avons travaillé dur sur la collection, il est encore temps d'arrêter la production... Et que je n'ai aucune intention de travailler avec une femme à laquelle je ne peux pas faire confiance, aussi important ce projet soit-il pour moi. Ian m'a dit que tu comptais reprendre les rennes de l'entreprise : il est hors de question que je supporte un nouveau coup de pute de ta part, que ce soit clair.

Son visage ne change pas d'un poil -quoiqu'elle n'ai pas la moindre trace de duvet-, mais je vois à ses doigts serrés autour de sa tasse que je l'ai déstabilisée. Doucement, elle prend une gorgée de thé.

- Je vois... T'es vraiment plus la gamine limite paumée que j'ai engagée, hein ? Enfin, ça, j'aurais du m'en rendre compte le jour où t'as décidé de coucher avec mon fiancé...

Je m'apprête à protester, mais elle lève une main pour m'arrêter.

- Non, je sais qu'en réalité vous vous aimiez et que c'est toujours le cas, ok ? Mais sur le moment, comment aurais-tu voulu que je vois ça autrement que comme une histoire de cul ? Quant à la collection... J'adore ce que Ian et toi avez mis en place, donc si tu voulais bien faire l'effort de travailler avec moi, j'apprécierais énormément.

Cachant à mon tour mon étonnement, je m'enfonce un peu dans le fauteuil dans lequel je suis assises, croisant les bras. Oh.

Le serveur revient, une tartelette aux fraises et une théière en métal à la main. Il les installe devant moi avec un sourire poli, avant de vite repartir.

Je prends une inspiration. Avant que l'on ne soit interrompue, j'ai vraiment hésité à l'envoyer se faire voir quelque part où elle ne risquait pas de me planter un truc pointu dans le dos. Genre le couteau que le serveur vient de m'apporter avec la pâtisserie.

Mais ces quelques secondes de flottements m'ont suffi à comprendre que ce ne serait pas à mon avantage. Elle veut travailler avec moi. De toute évidence, je suis réticente à l'idée. Mais surtout, on sait toutes les deux quel genre de coup de pub cette collaboration serait pour l'entreprise. Non seulement, je suis une des mannequins « en vogue » du moment, et même si je n'ai aucune idée de comment j'en suis arrivée là, ni de combien de temps ça va bien pouvoir durer, mon image reste un énorme avantage pour les marques, mais en plus : elle est Olivia, je suis Tyler. Une collection ensemble, c'est une des choses les plus inattendues possibles. Les gens vont avoir les yeux rivés sur nos apparitions ensemble, sur la soirée de lancement, sur l'after, le défilé, bref : tous les événements en rapport avec la collaboration. En gros, c'est une occasion en or.

Et je suis celle qui veut en sortir. Du moins en apparence. Tout ça, c'est un énorme coup de bluff : on a trop travaillé là-dessus pour que je me désiste. Mais Olivia ne le sait pas. Et maintenant, je peux négocier mes termes.

- Alors, Tyler... Est-ce que tu veux bien qu'on travaille ensemble ?

Je penche la tête sur le côté, tout en saisissant nonchalamment mon assiette, plantant ma fourchette dans une fraise et la portant à mes lèvres, avec l'air de réfléchir intensément.

- Ça pourrait se faire, mais à... Certaines conditions. Je veux m'assurer que ce sera la meilleure expérience possible pour toutes les personnes impliquées dans le projet.

Croisant les bras, elle s'enfonce à son tour dans son fauteuil, hochant la tête : elle a compris.

- Qu'est-ce que tu veux, exactement ?

- Tout d'abord, mon chèque : tu y ajoutes 20 % du montant original.

Je n'avais pas demandé beaucoup à Ian : c'est mon meilleur ami, jamais je ne ferais ça. Mais pour elle, je n'ai aucun scrupule.

- Accordé. Autre chose ?

- Je veux être consultée pour le choix de l'endroit où se dérouleront le défilé et l'after.

- Accordé.

- Et je veux pouvoir engager les mannequins qui me plaisent.

- Accordé.

Je souris, contente de moi. J'aurais sans doute pu faire ma diva, mais c'est tout ce que je voulais. Quant aux mannequins, j'ai déjà quelques idées...

- Finalement, il semblerait qu'on soit capable de travailler ensemble, je finis par déclarer, avec un sourire à moitié faux, moitié satisfait.

Sourire qu'elle me rend, alors que je croque à nouveau dans ma tarte.

Un quart d'heure plus tard

Remettant mes lunettes de soleil sur mon nez, je sors de l'hôtel, me sentant plus fière que jamais : j'ai obtenu tout ce que je voulais.

Je m'apprête à sortir mon parapluie pour m'abriter de l'averse qui n'en cesse plus, mais les gouttes semblent soudain s'arrêter de tomber ; du moins au-dessus de moi.

Levant les yeux vers celui qui devait venir me chercher et qui est, comme d'habitude, à l'heure, j'adresse un large sourire à celui-ci, venant embrasser sa joue, abritée par le parapluie qu'il a ouvert au-dessus de ma tête.

- C'est pour quoi, les lunettes, exactement ? Me demande Henrik, jetant un regard au ciel couvert par les nuages.

Je lève les yeux au ciel, secouant la tête.

- Quand je les porte je vois moins tes défauts, je réponds simplement, haussant les épaules.

Il ne répond rien, fronçant un peu les sourcils, et je m'inquiète alors : peut-être que le sarcasme n'est pas approprié, avec lui ? Juan et Ian s'en foutent, mais...

Je n'ai pas le temps de me poser plus de questions qu'il sort un étui à lunettes de sa poche, et pose à son tour les verres protecteurs sur son nez. Baissant le regard sur moi, il prend alors un air surpris.

- Mais t'as raison, ça marche !

Je donne une petite tape dans son épaule en riant. Il m'a fait peur.

- Bon, tu m'emmènes ou... ?

- Bien sûr, pour vous servir, Mademoiselle ! J'ai un meeting important après, mais c'est sur mon chemin, donc ça devrait aller !

Et on part vers sa voiture. Je suis contente de pouvoir passer un peu de temps avec lui malgré tout. En général, il se contente de me déposer à un shooting ou de prendre un café avec moi entre deux rendez-vous, mais au moins, ça laisse du temps libre à mon chauffeur !

KARL

J'entre dans la salle de réunion, tirant un coup sur ma veste de costume. Les actionnaires se sont réunis pour le conseil, et je ne peux m'empêcher de redouter ce qui risque de ressortir de cette assemblée.

Nora est déjà assise dans la salle, à côté de mon fauteuil. On ne s'est pas parlé depuis « l'incident » avec Viktor. Enfin, « pas parlé »... Si, pour le boulot. Et c'est encore pire. Pendant la campagne pour notre nouvelle association, je ne pouvais m'empêcher d'avoir envie de rire avec elle, à ses quelques tentatives de blagues. Quand Tyler m'a demandé en mariage - c'est la deuxième fois qu'on le fait, j'espère que le fameux « jamais deux sans trois » ne va pas nous porter malheur -, j'ai voulu l'appeler directement... Elle me manque.

A la fin de la réunion

Je fixe les actionnaires. Mon visage ne laisse rien paraître... Parce qu'il n'y a rien à laisser paraître. Ce qu'ils m'ont annoncé me laisse de marbre. Mais ce n'est pas le cas de tout le monde dans cette salle.

Avec un bruit de chaise trop fort dans le silence qui vient de s'installer dans la salle, Nora se lève brusquement, posant ses paumes sur la table.

- C'est hors de question ! Vous ne pouvez pas destituer Ka- Monsieur Benati de ses fonctions simplement à cause de stupides articles de presse !

- En fait, c'est exactement pour ça que ce genre de conseil existe, Mademoiselle. Monsieur Benati, bien qu'il fasse un travail remarquable, est la tête d'affiche de cette compagnie. Si sa réputation est mise à défaut, c'est aussi le cas de la notre, et on ne peut pas se le permettre.

- « Réputation » ? Vous mettez sa réputation à défaut parce qu'il a couché avec un garçon quand il avait 17 ans ? C'est lui qui a permis à cette entreprise d'en être là où elle en est aujourd'hui ! Est-ce que vous-

Me levant à mon tour, je pose une main sur son épaule, doucement. Elle se tait immédiatement : mais la rage qui bout en elle est toujours aussi visible.

- Je comprends, on ne voudrait pas faire baisser nos actions en bourse...

Les différentes personnes réunies autour de la table acquiescent, semblant soulagées que je réagisse moins violemment que la blonde.

- Et... Qui allez-vous choisir, pour me remplacer ?

Soudain, ils semblent tous très embarrassés. Je fronce les sourcils, attendant que l'un d'entre eux se décide finalement à prendre la parole.

- Oh, ce ne sera que temporaire, le temps que toute cette affaire se tasse, et-

Les portes s'ouvrent alors, le coupant dans son élan.

- Mesdames, messieurs, petit frère... Bonjour ! Désolé du retard, je suis ponctuel d'habitude.

Avec son sourire charmeur de politicien, Henrik traverse la pièce, saluant les différents actionnaires jusqu'à arriver à moi. Il me serre la main, et j'en profite pour lui glisser un mot.

- C'est toi qui me remplace ?

- Tu aurais préféré quelqu'un d'autre ?

Je le regarde droit dans les yeux, plissant les miens.

- N'importe qui d'autre, à vrai dire.

Une demi-heure plus tard

Tous les deux assis sur le tapis de mon bureau, une bouteille de vodka entre nous, Nora et moi regardons les lumières de la ville s'allumer progressivement, à mesure que la nuit se couche sur New York.

- Karl, finit par murmurer la blonde. Je suis tellement, tellement désolée, pour tout ça, tu-

Me rapprochant d'elle, je la serre contre moi, la faisant ainsi taire. J'ai entendu assez d'excuses, ces derniers temps. Elle n'a pas à m'en donner ; j'ai aussi fait le con. Hésitant à peine, elle me rend mon étreinte, et je peux sentir son soulagement dans la façon dont elle m'enlace.

- On s'en fout, ok ?

- Mais ils n'avaient pas le droit, tu ne mérites pas de-

- Eh, Nora... Vois-ça comme une opportunité, ok ?

Elle se redresse un peu pour m'avoir en face, me lançant alors un regard interrogateur. Je lui souris.

- Ils me font prendre un petit congé forcé alors... Je vais reprendre le mannequinat. Et tu viens avec moi.

Cette fois, elle me repousse brusquement, les yeux écarquillés.

- Tu déconnes ?!

- Absolument pas !

Se relevant, elle commence à sauter dans la pièce, comme une gamine surexcitée : j'éclate de rire. Putain, ça m'avait manquer...

- Enfin ! Qu'est-ce que je me faisais chier, dans ce bureau !

- Euh, t'étais bien payer pour ça, il me semble...

- Tais-toi et viens sauter avec moi.

- Pour ça, il va me falloir plus de vodka !

Mais malgré ça, je me lève à mon tour. Et je saute comme un con avec elle. Parce que cette décision est sans doute l'une des meilleures que j'aie prises depuis un bon bout de temps.

TYLER

Prête à monter à bord du jet de ABSOLUTE, j'allume la caméra que m'a confiée l'équipe de pub d'O.R.A. L'écran me renvoie alors mon image et celle d'Orlando, qui porte les bagages derrière moi, l'air blasé.

- Salut tout le monde... dis-je alors en m'adressant à l'objectif.

Je grimace un peu, ne sachant pas comment commencer cette vidéo.

- Orlando, je dis alors, me tournant vers le rouquin, qui semble prêt à me tuer du regard.

- Oui ?

- Tu crois que je devrais plutôt faire comme les youtubeuses, genre « salut mes tytyz ! » ? Ewh, c'était pire...

- Tu fais ce que tu veux, j'm'en fous, c'est toi qui est payée pour ça... Moi je me contente de récolter les sous après, souviens-toi.

- Et de porter les bagages !

Je ris un peu, lui tirant la langue, avant de me concentrer à nouveau sur ma tâche.

- Salut du coup, qui que vous soyez, et bien venu sur cette vidéo ! Aujourd'hui, devinez où on va ? A Paris ! Et devinez qui on va chercher... Roulement de tambour... Sarah !!

Refermant la caméra, je me tourne à nouveau vers Orlando.

- Voilà, et là le monteur va mettre des images de nous deux, genre nos postes intagram je pense...

- Oui, c'est super, tu veux bien rentrer dans l'avion maintenant ?!

Je hausse les épaules, mais m'exécute tout de même... J'ai tellement hâte de la voir à nouveau !

.  .  .  .  .

voilàààà! j'espère que ce chapitre vous a plu, j'y ai mis tout mon cœur ehe

vous la sentez bien, la collab avec Olivia?

un avis sur le changement de carrière de Karl?

et ouiiiiiiiiiiiiii, un nouveau chapitre avec baby SOBERPRINCESA est on the way, j'espère que vous allez aimer!

d'ailleurs, des news à propos de cette histoire vont bientôt être publiées sur mon rantbook, donc stay tuned, parce que je pense que ça va vous plaire!

j'en profite pour faire de la pub pour mon nouvel insta, parce qu'il est tout neuf et que j'ai pas encore beaucoup de followers, et je voudrais pas que mon crush tombe dessus sans plus de gens qui suivent mdr

bref, c'est: callmechloey

à part ça, je vous aime d'amour!

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