Chapitre 12
Je patiente dans le hall de la maison depuis un moment lorsque Harmonie descend enfin les escaliers. Ses talons noirs claquent contre le sol, sa robe évasée de la même couleur se balance à chacun de ses pas et ses boucles blondes lui tombent devant les yeux.
Quand elle relève la tête pour me regarder, un sourire étire le coin de ses lèvres. Elle est épuisée, aussi bien moralement que physiquement. Je le sais, je le sens, mais cette fois, elle garde la tête haute et ne se laisse plus abattre.
- Tu es prêt ? demande-t-elle en attrapant son manteau.
- Pas vraiment mais avons-nous réellement le choix ?
- Mes parents ne te connaissent pas, je ne t'en voudrai pas si tu restais ici.
- J'ai dit que je viendrai et je n'ai pas pour habitude de ne pas tenir parole.
Elle hoche la tête et, après avoir embrassé Eliott et Mégane, elle ouvre la porte et nous quittons la maison pour rejoindre la voiture.
La discussion que nous avons eue ce matin semble avoir apaisé les tensions entre nous et, étrangement, je ne la sens pas aussi angoissée que ce que j'avais imaginé. Non, elle n'a pas bien pris la nouvelle et oui, je culpabilise toujours autant de l'avoir entraînée avec moi dans mes conneries mais je m'attendais à ce qu'elle parte une seconde fois en courant. Je ne lui ai pas seulement balancé au visage qu'elle était la cible d'une personne, je lui ai confié toute la vérité. Je n'ai pas encore décidé si j'étais soulagé de l'avoir fait ou si je me sentais encore plus mal de la savoir dans la confidence. Parce qu'elle ne s'est pas contentée de rester auprès de moi pour m'écouter, non, elle a fait bien mieux - ou bien pire - elle a décidé de se battre contre Tom avec moi. C'est complètement dingue. Elle veut m'aider, se confronter à un homme qu'elle ne connaît même pas. Et là non plus, je ne sais pas si j'admire son courage ou si je suis effrayé par sa décision.
- Tu es trop silencieux, souffle-t-elle en s'arrêtant à un stop. Tu appréhendes la soirée ?
- Est-ce que je devrais ?
- Tu n'as rien à craindre de ma mère, je crois qu'elle essaye de renouer le contact. Mon père en revanche... Il y a fort à parier qu'il va passer son temps à dénigrer mes choix de vie.
- On rentre quand, déjà ?
Les commissures de ses lèvres se relèvent doucement et je ne peux m'empêcher de soupirer. Nos vies sont sans dessus-dessous, tout part en vrille et pourtant, nous devons continuer à faire comme si tout allait bien. Jusqu'à présent, je parvenais à garder l'équilibre, à marcher le long de la frontière qui divise les deux parties qui composent ma vie : le chaos et la lumière, la folie et la normalité, la criminalité et l'innocence. Je connais un côté par cœur. L'étudiant que je suis n'aspirait qu'à une seule chose : rembourser sa dette pour que son quotidien ne soit plus qu'en une seule partie, loin des armes et des crimes. Tout se passait bien. J'aurais pu y parvenir si je n'avais pas commis une erreur. Depuis que le regard azur d'Harmonie s'est posé sur mes revolvers, tout a basculé. La seconde partie de ma vie, celle que je vivais caché, a traversé la frontière pour empiéter sur celui que je rêvais d'être et pire encore, elle s'est étendue si loin qu'elle a pris le pas sur la vie d'une autre personne.
J'étais seul à mener ce combat et désormais, nous sommes deux. Deux à marcher le long de cette ligne imaginaire. Deux à tenter de maintenir notre vie à la surface de l'eau. Deux à devoir enfiler un masque. Deux à mentir et à cacher la vérité pour protéger nos proches. Désormais, nous sommes deux à mesurer toute l'horreur de la nature humaine. Cela devrait être rassurant, non ? Je pourrais partager mes doutes avec Harmonie, lui demander si ce que je ressens est normal. Si elle aussi, elle a peur ? Peur de laisser les gens vivre et sortir alors que le danger rôde ? Alors que la mort les attend peut-être au coin d'une rue ? Est-ce qu'elle a peur qu'ils ne reviennent jamais ? Peur de ce qu'elle serait capable de faire pour les protéger ? Peur de franchir les limites, de tomber du mauvais côté de la frontière ? Est-ce qu'elle a peur, elle aussi, de la personne qu'elle pourrait devenir avec une arme entre les mains ?
En fait, non, nous ne sommes pas deux. Je suis toujours seul parce qu'elle n'a sûrement pas encore réalisé la dangerosité du monde dans lequel je viens de l'entraîner. J'ai échoué à ma propre mission ; celle de tenir mes amis à l'écart. Avec un peu de chance, je pourrai au moins la préserver du pire, ne pas lui ancrer des horreurs dans le crâne. Des horreurs qu'elle reverra chaque nuit. J'ai encore la possibilité de la préserver, mais m'en laissera-t-elle l'occasion ? Et Tom ? L'épargnera-t-il ?
- Chase ? Tu m'écoutes ?
Je détourne le regard de la vitre et lui adresse un regard rempli d'excuses.
- Non, désolé. Tu disais ?
- Que nous sommes arrivés.
- Oh.
Je relève la tête et découvre que nous sommes garés. Je me suis déjà retrouvé devant cette bâtisse quelques jours plus tôt. J'avais attendu Harmonie qui avait décidé de rendre visite à ses parents. Je n'avais pas imaginé que je pourrais être convié à un repas. Je n'ai rien à faire ici mais maintenant, il est trop tard pour reculer et je crois qu'il est évident que j'ai beaucoup à me faire pardonner. Harmonie aura besoin de soutien, je ne peux pas m'enfuir alors qu'elle affronte une nouvelle épreuve. Parce que, oui, ce repas risque d'en être une.
- Moi aussi, je suis morte de trouille, dit-elle en attrapant ma main.
- De quoi tu parles ?
- De nous. J'ai appris la vérité il y a quelques heures à peine et elle est déjà en train de me bouffer.
- Je suis...
- Non, me coupe-t-elle, laisse-moi finir. Je sais que toi aussi, c'est en train de te détruire mais tu m'as dit qu'on avait encore trois jours alors, s'il te plaît, juste pour ce soir, n'y pense plus. On en reparlera demain, on trouvera des solutions, on se préparera à rentrer mais ce soir, on met toute cette histoire de côté, ok ?
- Comment fais-tu pour ne pas me détester ?
Elle secoue la tête en souriant, comme si ma question n'avait aucun sens. Comme s'il était impossible pour elle de me détester. Et j'admire sa loyauté qui ne la quitte jamais, même lorsqu'elle n'a plus aucune raison de l'être.
- Tu n'imagines pas tout le respect que j'ai pour toi, Chase. Je meurs déjà d'envie de me confier à quelqu'un, de dire à mes amis à quel point j'ai peur pour moi, pour eux. Et toi, tu as tout gardé pour toi pendant tout ce temps. Tu as enfoui tout ce que tu as vu, tout ce que tu as vécu et tout ce que tu fais au fond de toi. Tu as refoulé tes faiblesses et tes peurs et je comprends désormais d'où viennent tes insomnies. Oui, c'est paradoxal parce que je devrais probablement te haïr mais il faut croire que tout ne tourne pas rond chez moi. J'ai tellement voulu connaître la vérité et j'ai tellement voulu t'aider que j'en ai fait une obsession alors maintenant que j'ai une chance de le faire, crois-moi, je ne la laisserai pas passer.
- Harmonie... Rien n'a changé. Je ne veux pas de ton aide. Je veux que tu sois en sécurité.
- Je crois que c'est trop tard pour ça. Je l'ai accepté alors fais-en de même.
Ses paroles débordent de fatalité. C'est affreusement désolant. Mais si elle a réussi à se faire à l'idée qu'elle était en danger, pourquoi ne puis-je pas faire la même chose ? Elle a raison, je ne pourrais de toute manière pas revenir en arrière. Notre seule issue est de nous battre mais de quelle manière ? Seul Tom connaît les règles du jeu auquel nous sommes en train de jouer. Nos pions avancent à l'aveugle et je déteste cette inégalité.
- On en reparlera, je te le promets. Mais là, on a un autre problème à affronter, reprend-elle.
- Ouais, allons-y.
Je suis Harmonie dans l'allée puis dans la maison. Sa mère nous accueille chaleureusement mais je n'ai aucun mal à discerner son malaise. Elle est un peu hésitante et serre maladroitement sa fille contre elle. Son père se contente de lui adresser un sourire crispé. La soirée ne démarre pas très bien mais je ne m'attendais à rien alors je ne suis ni surpris, ni déçu.
Nous nous installons autour de la table et un silence embarrassant retombe dans la pièce. Harmonie fuit tout le monde du regard et moi, je ne sais plus où me mettre. C'est bien la première fois que je rencontre les parents de quelqu'un et en toute honnêteté, je ne m'attendais pas à ce que ce jour arrive aussi tôt dans ma vie.
- Je vais chercher l'entrée, annonce notre hôte dans un anglais presque aussi irréprochable que celui d'Harmonie.
Sa mère passe ses mains sur ses vêtements parfaitement repassés et s'éclipse dans ce que je suppose être la cuisine. Lorsqu'elle revient, je prends un instant pour l'observer plus en détail. Harmonie est la copie conforme de cette femme et pourtant, elles n'ont rien en commun. Ma jolie blonde arbore souvent une tresse dont les mèches s'échappent de sa coiffure et ces derniers temps, je l'ai souvent vu avec de belles ondulations qui retombent dans son dos. Tout le contraire du chignon de sa mère dont aucun cheveu ne dépasse. Le maquillage de mon amie est soit inexistant, soit charbonneux à l'opposé de celui de sa génitrice : simple, sophistiqué et strict à la fois. Impossible de passer à côté de leurs tenues si différentes. D'un côté, sa mère porte des vêtements sobres et discrets, mais classes. De l'autre, Harmonie jongle entre robe sexy et jogging. Jamais je ne l'ai vu porter une jupe ou un chemisier.
Si j'ai d'abord été frappé par leur ressemblance, il ne m'a pas fallu longtemps pour comprendre qu'elles n'ont en réalité rien en commun. C'est le yin et le yang. L'ange et le démon. La sagesse et la rébellion. Et c'est sûrement pour cette raison que la tension règne autour de la table. Aucun doute sur le fait qu'elles doivent être en désaccord sur des dizaines de sujets et que cela n'a pas arrangé leur relation.
Je laisse échapper un discret soupir et croise les doigts pour que l'ambiance s'allège un peu parce qu'à ce rythme-là, ni Harmonie, ni moi n'allons tenir le coup. Vivement qu'on rentre.
Je savais qu'il n'y aurait pas une bonne ambiance pendant ce repas mais je n'avais pas imaginé à quel point elle serait pesante. Ma mère semble mortifiée à l'idée que la soirée ne vire au drame et mon père, lui, me fixe depuis que je suis arrivée avec un regard qui ne me dit rien de bon.
Je pensais que s'ils m'avaient invitée, c'était pour enterrer la hache de guerre et pour que nous rattrapions le temps perdu. Il semblerait que je me sois trompée.
Nous commençons le dîner dans un silence presque oppressant. Ma mère le brise quelques minutes plus tard, tout aussi gênée que nous.
- Comment va Mégane ?
Je lui adresse un petit sourire avant de lui confier la vérité : elle va mal mais elle remonte déjà la pente. Je m'étends longuement sur le sujet, ravie d'échapper à ceux qui pourraient nous entraîner sur un terrain glissant. Ma famille de cœur n'a jamais été source de conflits, bien au contraire.
- Je passerai la voir régulièrement quand tu retourneras en Amérique. Elle aura sûrement besoin d'un peu d'aide.
- Ce serait super, acquiescé-je.
Elle n'imagine pas à quel point ces quelques mots me soulagent d'un poids énorme. Savoir que quelqu'un veillera sur Mégane et Eliott en mon absence me rassure. Les quitter aussi rapidement après mon retour ne m'enchante pas et pire encore, ce n'est pas vraiment mon choix. Je n'ai pas encore trouvé le courage d'annoncer mon départ précipité. Je le ferai sûrement demain.
Le repas se poursuit au fil des questions de ma mère qui se montre très peu intrusive. Elle se contente de discuter de sujets futiles et a même la gentillesse d'inclure Chase dans la conversation. Je jette un coup d'œil dans la direction de mon père. Il n'a toujours pas décroché le moindre mot et je commence à me demander s'il a l'intention de parler ou si ma mère l'a simplement forcé à assister au dîner. J'hésite à lui tendre une perche, à lancer la discussion. S'il n'accepte pas celle que je suis, dois-je tout de même essayer de sauver notre relation ? J'aimerais réparer mes erreurs, nous offrir une seconde chance mais s'il n'y met pas du sien, s'il n'en a pas l'envie, que puis-je faire ?
- Alors, Chase, tu vis à New Paltz aussi ?
Chase relève la tête, surpris par cette question soudaine. C'est la première fois que ma mère s'intéresse réellement à mon ami et pour être honnête, je commençais à me demander pour quelles raisons elle lui avait proposé de se joindre à nous.
Un sourire poli se dessine sur les lèvres de Chase et je l'écoute parler de lui tout en jouant avec les feuilles de salade dans mon assiette. D'une oreille, je l'entends évoquer sa famille en Australie et ses colocs puis je perds le fil de la discussion et croise le regard de mon paternel. Rancœurs, déception et animosité inondent ses yeux aussi bleus que les miens. Finalement, je crois que c'est peine perdue. Rien ne pourra apaiser les tensions entre nous ce soir.
- Et ton père est dans le coin ?
- Il est décédé il y a quelques années.
Je me fige et reporte brusquement mon attention sur la conversation. Le visage de ma mère se décompose, l'ambiance redevient pesante et un froid s'installe autour de la table. Comme toujours, ma génitrice a mis le doigt sur le sujet à ne pas aborder. Décidément, certaines choses ne changeront jamais.
Je me tourne vers Chase au moment où il baisse la tête pour fixer son assiette. Posée sur sa cuisse, sa main droite se remet à trembler et, sans réfléchir, je la couvre de la mienne. Je savais qu'il avait perdu un être cher, mais je ne savais pas que c'était son père et pour être honnête, j'aurais aimé apprendre la nouvelle à un autre moment. J'aurais préféré pouvoir le prendre dans mes bras, le réconforter mais la seule chose que je puisse faire pour l'instant, c'est détourner l'attention.
- Comment se passe votre vie depuis... mon départ ?
- Bien. Rien n'a vraiment changé, avoue ma mère.
- Et toi ? Comment se passe ta vie ? intervient mon père.
Je sursaute, surprise de l'entendre parler pour la première fois de la soirée. Le ton accusateur de sa question n'est pas de bon augure. Mais je n'ai pas le temps de répondre qu'il reprend déjà la parole.
- Tu as enfin arrêté tes conneries ? Tu as cessé de boire tous les vendredis ? De coucher avec des inconnus ? De faire tous ces trucs dangereux ? De désobéir ? Ou alors tu es partie parce que tu avais déjà fait le tour de Paris et tu voulais trouver de nouvelles personnes avec qui t'amuser ?
Son mépris me frappe de plein fouet et je reste bouche-bée, incapable de croire qu'il ait vraiment prononcé ces mots. Leur violence me sidère et je ne parviens pas à comprendre pour quelles raisons il s'en prend à moi de cette façon.
- Tu es injuste, répondis-je dans ma langue natale.
- C'est la vérité. Tu as passé toute ta vie à nous défier, à nous désobéir et à nous provoquer ! Et cerise sur le gâteau, tu as décidé de déménager sur un autre continent sans même nous consulter. Ta mère a été dévastée, tu ne nous as jamais appelés ! Tu t'es comportée comme une égoïste et tu reviens du jour au lendemain après avoir disparu sans donner de nouvelles pendant des mois.
Chase emmêle ses doigts aux miens et caresse ma peau de son pouce. Il n'a certainement rien compris mais le regard de mon père en dit suffisamment long. Si je ne calme pas le jeu, la conversation va dégénérer et ce n'est pas ce que je veux. Ce n'est pas pour cela que je suis venue ici.
- Je suis désolée, ok ? Oui, j'ai commis des erreurs et je suis navrée de vous avoir blessés mais on ne peut pas revenir en arrière alors à quoi bon me balancer tout ça au visage ? On ne peut pas juste passer à autre chose ?
- Tu ne me feras pas croire que tu as changé. Tu es partie, Harmonie.
- Je sais, papa. Et je suis loin de le regretter.
- C'est bien ce qu'il me semblait. Ta mère a essayé de me persuader que tu avais grandi et mûri, que ce garçon était sûrement ton petit ami et que tu t'étais assagie. Je ne l'ai pas crue et j'avais raison. Ce n'est qu'un garçon de plus, n'est-ce pas ? Tu te comportes toujours comme une gamine. Vous devriez partir.
Dans un bruit assourdissant, il repousse sa chaise et quitte la table. Ma mère tente de le retenir mais il s'éloigne et monte à l'étage. Je retire ma main de celle de Chase pour la passer dans mes boucles et je soupire de déception, de fatalité. Comment ai-je pu espérer que la soirée se déroulerait dans la bonne humeur ? J'ai sincèrement cru que la situation avec mes parents pourrait s'arranger et, même si j'avais confié à Chase ne pas attendre grand-chose de ces retrouvailles, la vérité, c'est que j'en attendais beaucoup. Beaucoup trop. J'ai secrètement souhaité que nous nous excusions tous les trois, que nous nous pardonnions avant de nous donner une seconde chance. Mais c'était trop demander.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? me demande discrètement Chase.
- Mon père me déteste et il nous a gentiment conseillé de partir, résumé-je, déçue.
- Harmonie...
- Ce n'est pas grave, le coupé-je.
Je lui adresse un sourire que j'espère sincère et me lève de table. Ma mère revient dans le salon, encore plus mal à l'aise qu'au début du repas. Sans un mot, je débarrasse la table pour me laisser le temps de prendre une décision : partir ou rester.
Il semble évident que ma relation avec mon paternel est foutue. J'essaye de me convaincre que ce n'est pas de ma faute. J'ai fait un pas vers lui, je me suis même excusée ! D'accord, j'ai passé mon adolescence à défier son autorité et oui, j'ai quitté la maison beaucoup trop tôt sans jamais leur donner de nouvelles mais pourquoi n'ai-je pas le droit à une seconde chance ? Qu'ai-je fait d'aussi mal pour ne pas la mériter ?
- Harmonie, chérie... Je suis vraiment désolée, soupire ma mère lorsque je retourne dans la pièce principale.
- Moi aussi, maman.
- Il ne pensait pas tout ce qu'il a dit.
- N'essaye pas de le défendre. Tu sais aussi bien que moi qu'il le pensait et tu sais quoi ? Je ne lui en veux pas. J'ai l'impression que ça fait des années qu'il rêve de me dire que je ne suis pas la fille qu'il aurait aimé avoir.
- Ne dis pas ça...
- C'est la vérité. Peut-être qu'il finira par me pardonner et si ce jour arrive, mon téléphone sera allumé cette fois. Je suis vraiment désolée pour tout le mal que j'ai pu te faire. Je ne peux pas dire que je regrette d'avoir choisi de vivre ma vie mais je regrette de l'avoir fait de cette façon.
- Je n'ai pas été assez tolérante avec toi, je ne t'ai jamais laissé la chance d'être qui tu voulais être mais on peut encore rattraper le temps perdu.
Elle m'attire contre elle et, pour la première fois depuis de longues années, je me laisse aller dans ses bras et des larmes de soulagement dévalent silencieusement mes joues.
- Je rentre mardi mais je promets de t'appeler, soufflé-je.
- Et moi, je promets de te laisser vivre ta vie, ma belle. Sois heureuse, ok ? Ton père finira par comprendre.
J'acquiesce d'un hochement de tête et m'écarte doucement. Elle sèche mes joues de ses pouces et la délicatesse de son geste me fait frissonner. Son affection, c'est tout ce dont j'ai toujours rêvé et ce moment, aussi court soit-il, apaise un peu la douleur lancinante de mon cœur.
Je ne sais pas ce qui m'attend à New Paltz mais s'il devait m'arriver quelque chose, je sais que je n'aurai aucun regret. J'ai tout fait pour réparer mes erreurs et pour me faire pardonner auprès de mes proches. Je suis telle que je suis et plus jamais je ne culpabiliserai, plus jamais je ne m'excuserai d'avoir choisi d'être heureuse et d'avoir pris le chemin que j'estimais être le meilleur pour moi.
Finalement, peut-être que tout n'est pas perdu.
Moi, en tout cas, je ne le suis plus.
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Hello ! 👋🏻
J'espère que vous allez bien ?
Harmonie n'a pas échappé au repas de famille et... autant dire qu'elle ne s'attendait pas à ce qu'il déroule de cette manière.
Le séjour en France touche à sa fin... Plus que quelques chapitres avant le retour à New Paltz. Comment l'imaginez-vous ? 👀
Rendez-vous le week-end prochain pour la suite ! ❤💙
Bonne semaine. 😘
Instagram : mllejustine28_
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