Retrouver (OS La Passe-Miroir)
Hi tout le monde !
Bienvenue dans un nouvel OS !
Celui-ci porte sur la Passe-Miroir et il est IMPERATIF d'avoir lu le dernier tome jusqu'à la dernière page. La dernière ligne. Sous peine de radicalement rien comprendre à ce qu'il se passe.
Ceci étant dit, bonne lecture à ceux qui connaissent, j'attends vos commentaires !
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« Thorn ! »
Ophélie trébuche.
Le brouillard oppressant de l'Envers est toujours là.
Elle ne voit rien, elle avance.
« Thorn ! »
Elle appelle.
Elle le cherche, malgré le froid.
Ses genoux tremblent. L'écharpe s'agite.
« Thorn ! »
Elle a besoin de lui.
Au début, elle détestait cette idée. Avoir besoin de quelqu'un. Ne pas pouvoir avancer seule.
Mais elle l'a accepté.
Elle est venue le chercher.
Le retrouver.
« Thorn, s'il vous plaît ! »
Elle avance lentement.
Combien de mètres a-t-elle parcouru ? Depuis combien de temps est-elle là ? Combien d'heures faudra-t-il encore ?
Elle ne le sait pas. Mais elle sait que ce sera long. Le monde de l'Envers est grand, très grand. Et le brouillard est si lourd, si oppressant. Elle ne peut pas avancer rapidement.
Elle marche, elle appelle.
Elle espère qu'il n'y a personne d'autre, bloqué ici. Elle espère qu'il est vivant.
« Thorn ! »
Il doit s'être écoulé déjà plusieurs heures depuis qu'elle a passé le miroir de sa chambre. Mais le temps ne passe pas, ici. Rien ne change dans l'atmosphère.
Seulement, son désarroi grandit au fur et à mesure de sa marche. Elle ne peut pas rentrer, elle le sait, et ne pas trouver Thorn serait infernal.
Cet endroit est infernal. Seule, il est plus qu'odieux, mais avec lui, ça serait un peu plus supportable.
« Thorn ! »
Alors elle avance.
Elle crie à s'en déchirer les cordes vocales.
Elle essaie de voir, de deviner sa longue silhouette derrière le brouillard, mais il n'y a rien.
Seul le silence répond à ses appels, seul le froid l'enveloppe, elle marche, elle avance, mais elle sent son courage diminuer un peu.
« Thorn ! »
Des heures et des heures qu'elle marche et avance.
La fatigue monte lentement, le découragement l'accompagnant subrepticement.
Ophélie continue, malgré tout, mais le froid, le brouillard, l'obscurité, la longueur du temps, l'impossibilité du projet dont elle se rend à peine compte, tout cela la freine, la ralentit.
Elle marche, elle appelle.
« Thorn...? »
Cette fois, sa voix est brisée. Elle n'en peut plus, elle n'en peut plus.
Cela fait trop longtemps, c'est trop long, trop compliqué.
Elle a faim, aussi. Cela doit faire une journée entière qu'elle n'a pas mangé. Peut-être plus.
Elle a sommeil, mais elle continue. Avancer ne changera rien, mais elle ne veut pas rester sur place.
Si elle s'arrête, elle ne continuera plus, elle le sent.
Les minutes s'écoulent, interminables, éternelles.
« Thorn... »
Ce n'est plus un appel, c'est une supplication. Elle doit le retrouver, elle doit y arriver, elle en a besoin.
Alors elle marche, elle continue. Malgré tout.
Le brouillard semble encore plus dense autour d'elle, elle veut l'ignorer mais c'est comme un poids sur ses épaules, de plus en plus lourd et oppressant.
Cette fois, c'est trop.
Sa voix n'est plus qu'un murmure dans son dernier souffle. Elle trébuche, elle ne peut plus avancer. Ses lunettes sont aussi sombres que l'air environnant, elles virent au bleu soudainement, oscillant entre les deux couleurs tandis que les larmes d'épuisement dévalent les joues d'Ophélie, silencieusement.
Elle se recroqueville contre le sol, l'écharpe essayant tant bien que mal de la rassurer, de la réchauffer.
La Passe-Miroir est à bout de forces, à bout d'espoir, à bout de détermination. S'il le faut, elle reprendra ses recherches, mais après... Plus tard... Si la force revient...
Ses sanglots la bercent, doucement, lentement, et ses paupières se ferment enfin.
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« Ophélie ? »
Les sourcils de Thorn se froncent, presque comme un automatisme. Il l'a entendue. N'est-ce pas ?
Pourtant... C'est impossible. Elle a besoin de n'avoir besoin de personne. Libérée de sa présence, elle n'aurait aucune raison de venir s'enterrer dans ce désert sans fin.
Mais... Malgré tous les arguments, il sait que c'est elle. Que c'était sa voix qui criait, qui appelait. Qui l'appelait, lui. Le suppliait de se montrer.
Si elle est à portée de voix, dans ce brouillard étouffant et silencieux, elle ne doit pas être loin.
Un dernier cri perce le calme impossible du lieu, lui donne le dernier indice, il peut avancer, il peut la trouver, il sait dans quelle direction aller.
Il avance, à grandes enjambées, les yeux baissés pour ne pas la manquer. Elle est si petite face à lui qu'elle pourrait être sous ses yeux et qu'il ne la voie pas.
Là !
Il y a une forme, roulée en boule sur le sol, effondrée.
Il s'approche, il reconnaît les couleurs de l'écharpe, il sourit. Elle est là. Elle est venue quand même.
« Ophélie, murmure-t-il en lui posant la main sur l'épaule doucement, pourquoi êtes-vous là ?
— J'ai besoin de Thorn, marmonne-t-elle, les yeux encore brouillés de larmes.
» J'ai besoin de vous, corrige-t-elle en souriant, les yeux ouverts grands face à lui.
— Je suis là. Je ne partirai pas, ne vous inquiétez pas.
— Tant mieux... Je ne peux plus courir, chercher, tâtonner, avancer seule... Mais nous sommes ensemble, maintenant, chuchote-t-elle en se blottissant contre lui.
— Oui, répond-il d'un murmure, surpris par sa réaction, mais heureux, oui, nous sommes ensemble. Bloqués ici, mais ensemble. Reposez-vous. C'est le mieux dans cet endroit.
— Et après ?
— Vous êtes perdue. Nous trouverons un chemin. Nous trouverons un miroir. Nous trouverons.
— Les contreparties, marmotta Ophélie, on ne peut pas ressortir...
— Nous trouverons. »
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À Anima.
Plantées devant le miroir de la chambre d'Ophélie, ses trois jeunes sœurs réfléchissaient. La Passe-Miroir avait disparu depuis trois jours, sans aucune trace. Bien sûr, elle avait été cherchée partout sur l'Arche, devenue une île dans le monde reconstitué. Mais elle restait introuvable et les filles avaient rapidement compris où elle était allée.
Le seul moyen de voyager à disposition d'Ophélie, c'était les miroirs.
Et Berenilde leur avait tout raconté des aventures d'Ophélie et Thorn, de leurs voyages, enfin tout ce qu'elle savait.
Maintenant, c'était sûr et certain que la jeune femme était partie rejoindre son mari dans l'Envers, entre les miroirs.
Sauf qu'elle pouvait pas en sortir seule en étant indemne, les petites se rappelaient très bien de sa main manquante quand elle était ressortie alors que tous se trouvaient à Babel.
Si elles voulaient revoir leur sœur aînée en un seul morceau, Bérénice, Domitille et Léonor allaient devoir ruser. Elles complotaient des plans, debout devant la grande glace de la chambre de leur grande sœur. Et, après de très longues minutes de discussions, d'argumentation et de prises de becs, elles parvinrent à créer un plan.
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Deux semaines plus tard.
Les trois filles contemplaient leur œuvre. En engageant toute la famille proche et en convainquant Berenilde de les aider, la confection des « contre-parties » avait été rapide.
Deux poupées taille réelle, reproduisant fidèlement Ophélie et Thorn, animées et se comportant comme les deux prisonniers des miroirs.
Maintenant, il fallait simplement attendre. Attendre qu'ils trouvent un passage, qu'ils puissent revenir, qu'ils viennent. Puis il faudrait qu'ils plongent les contre-parties. La petite Victoire avait trouvé cruel de créer des gens seulement pour les enfermer dans l'enfer de l'Envers, mais les autres l'avaient rassuré en lui expliquant que l'animation, réalisée par les plus jeunes, ne durerait pas si longtemps que ça, juste le temps pour les disparus de revenir.
Il y avait des rondes dans la chambre d'Ophélie, pour attendre leur retour, espérant qu'il retrouverait.
Pour l'instant, c'était Hector qui veillait. Plus encore que les autres, il voulait retrouver sa grande sœur. Il était incapable de s'entendre avec les plus jeunes, et Agathe lui avait toujours semblé une autre planète.
Alors quand il vît un gant surgir du miroir, il sauta sur pieds d'un coup, laissant échapper le nom d'Ophélie dans une exclamation, prenant les deux poupées et les approchant de la glace, serrant la main de son aînée comme pour l'aider à sortir, appelant les autres à grand cris.
Au bout de ce qui lui sembla une heure mais qui n'était probablement qu'une poignée de secondes, la Passe-Miroir apparût dans la pièce qui commençait à s'emplir. Un instant plus tard, Thorn était là aussi. L'adolescent leur expliqua le plus rapidement possible l'idée des plus jeunes sœurs et pointa les poupées, Ophélie approuva et se chargea de jeter les imitations, se demandant si c'était parfaitement utile puisque, contrairement à l'autre fois, elle ne ressentait pas de manque. Mais mieux valait ne pas prendre de risque.
Elle se retourna ensuite vers la porte, où toute la famille commençait à s'entasser. Elle sourît, serra la main de Thorn et proposa à tout le monde de descendre au salon où il y aurait déjà plus de place.
La transparence dorée de ses lunettes indiquait à quelle point elle était heureuse de rentrer chez elle, de retrouver ses proches, et d'avoir ramené son époux.
Elle pouvait enfin être heureuse.
Elle pouvait enfin refermer le livre de ses aventures et retrouver une vie calme.
Elle souriait en racontant à nouveau l'histoire. Cette fois, c'était la dernière péripétie qui s'achevait.
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1439 Mots + Note de début.
Ouh, enfin terminé. J'ai le début de cet OS, l'envie de raconter, d'écrire la suite depuis approximativement janvier 2020.
J'ai lu le tome 4 à sa sortie, en novembre 2019. Puis ma prof de grec de première l'a lu, pendant les vacances de Noël. Et on en est ressorties avec un certain désaccord sur la capacité de fonctionnement du couple Ophélie-Thorn. Je suis nulle en argumentation, mais j'avais besoin de prouver que oui, ça peut marcher. Sauf qu'à l'époque, imaginer ça allait mais je ne savais pas écrire.
Et depuis que j'écris, l'idée est restée collée à l'arrière de mon esprit, engluée. Je devais le faire, l'écrire. Deux ans après mes débuts en tant qu'auteure de fanfiction, c'est enfin fait. Et ça m'a pris un bon mois et demi à partir du moment où j'ai cédé.
S'il y a des incohérences avec le canon, c'est logique, vu le temps depuis lequel j'ai lu le dernier tome. N'hésitez pas à me les signaler, j'essaierai de corriger un maximum.
La fin est nulle, je sais, mais elle est là. C'est enfin terminé, et j'espère que je pourrai refermer le livre moi aussi, maintenant que la résolution est terminée.
Avouez qu'on a tous ragé de ça...
Vous avez aimé l'OS ? J'ai pas trop détruit les choses ? Est-ce que l'écriture au présent ça passe ? Dites-moi tout,
Bises,
Jeanne.
(14/09/2022, 00h32)
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