Treize ans plus tard...
Lorsque Bélial se réveilla, il vit tout d'abord le visage souriant de Lilith penché au dessus du sien. Les longs cheveux de la jeune femme de maintenant vingt-trois ans chatouillaient son torse nu et filtraient la lumière du jour.
- Tu n'as pas changé, murmura Lilith en embrassant Bélial sur le front. Même après toutes ces années, après toutes ces transformations, tu arrive à dormir comme un petit humain.
Le jeune homme grogna un peu. Il passa une mains dans les épais cheveux de Lilith.
- Des changements ? C'est un euphémisme, dit-il d'une voix faible. Il s'est passé tellement de choses durant toutes ces années.
Lilith approuva d'un hochement de tête et s'allongea, la tête sur le torse de Bélial.
Il s'était passé énormément de choses depuis la fête. Environ une semaine après, la mère de Lilith, Symphonie, commença à faire des avances à Nino et des fois (mais seulement depuis trois ans) à Bélial. Richard ne s'était rendu compte de rien quant à la liaison de sa femme et de son protégé le plus âgé. Et ni Nino ni le Grand-Duc ne s'étaient rendu compte de la petite liaison (d'une semaine) qu'avaient eu Bélial et Symphonie. Seule Lilith était au courent de toutes les histoires amoureuses sans pour autant vraiment y prendre part. Elle était restée fidèle à Bélial.
Elle lui avait fait beaucoup d'avances amoureuses depuis leur première fois. Mais il avait toujours refusé de se proclamer « en couple » avec elle. Et pour des fiançailles elle pouvait rêver : il tenait trop à sa liberté. En allant coucher avec Symphonie, il avait largement prouvé qu'il vivait et vivrait très bien sans Lilith. Mais il n'oubliait pas que c'était avec elle qu'il avait perdu sa virginité. Et quand bien même il pouvait aller chercher les plaisirs charnels autre part qu'avec Lilith, il restait fidèle à sa première fois.
« A quoi tu pense ? demanda Lilith.
- A toutes ces histoires qu'il y a eut un temps, » répondit Bélial. « A la période où j'ai couché avec ta mère pour te prouver que j'avais pas besoin de toi.
- Et ça t'as plus ?
- Ça aurait plus à n'importe quel homme ! » pouffa Bélial. « Il faudrait être stupide pour ne pas apprécier baiser ta mère !
- Ne parle pas comme ça de ma mère, » gronda Lilith en pinçant un téton à Bélial, ce qui fit redoubler les rires de l'homme.
- On ne va pas se mentir, poursuivit Bélial. Ta mère, c'était une sacrée chaudasse ! Impossible pour elle de garder les cuisses fermées plus de cinq minutes !
- T'es qu'un enculé, Bélial ! cria Lilith en sortant du lit. C'est à cause de toi qu'elle s'est suicidée, et mon père à sa suite ! Comment tu peux parler d'elle comme ça ?!
Elle se planta face à lui, les mains sur les hanches, le regard sévère. Il s'arrêta de rire quelque secondes en lui rendant son regard. Puis il retrouva son sourire.
- Je vais être puni ? demanda-t-il, taquin.
- Tu mérite même pas que je m'occupe de toi, cracha Lilith en se dirigeant vers la salle de bain.
Sa dernière réplique fit rire Bélial une nouvelle fois. Puis il se leva et alla rejoindre la jeune femme sous la douche. Il lui saisit les hanches par derrière et lui susurra à l'oreille :
- Je sais que tu en a envie.
Sans se faire plus prier, Lilith se retourna d'un bond et le gifla. Cela ne les empêcha pas de faire l'amour dans la douche juste après.
Il était onze heures trente du matin. A minuit, Bélial allait commettre son premier homicide d'une longue série. Il allait commencer par tuer Zeus et sa femme.
00h00
Minuit. L'heure du crime.
Un homme vêtu d'une longue cape rouge marchait paisiblement dans les rues du quartier abritant les résidences des Grands-Ducs. Il ne regardait pas autour de lui. Il était déjà trop passé par ce chemin. Il avait arpenté cet itinéraire des milliers de fois en treize ans.
Son but ? La résidence la plus proche de la muraille, la plus éloignée de tout.
Ce qu'il allait y faire ? Tuer. Se venger. Tout simplement. Comme il l'avait planifié depuis tant d'années, comme il en avait toujours rêvé.
A la résidence, il sauta sur une fenêtre. Mais pas n'importe quelle fenêtre, non. Celle de la chambre des maîtres.
Elle se situait assez haut, à entre cinq et dix mètres au dessus du sol. Impossible d'y parvenir sans matériel d'escalade pour un humain lambda. Mais il n'avait plus rien d'humain, lui, Bélial. Il n'avait plus les émotions, plus les capacités physiques limitées, plus la mort et la vieillesse aux trousses, non. Il était un démon. Un diable. Un diable vengeur et assoiffé de sang. Et ce soir, sa pulsion longtemps contenue allait être assouvie.
Il frappa au verre de la fenêtre. Trois fois. Les corps enlacés des époux se mouvèrent, et la femme sortit du lit pour aller ouvrir la fenêtre.
Les yeux de Bélial avaient troqués leur couleur initiale pour une forme plus démoniaque, les iris rouges flamboyants dans la pénombre de la nuit et la pupille allongée sur toute la hauteur de l'œil.
Une fois la fenêtre ouverte, Bélial se jeta dans la pièce. Il saisit violemment la femme par les cheveux qui n'eut pas le temps de hurler qu'elle était déjà morte. Il venait de lui piquer le cou avec une seringue vide et avait projeté de l'air dans ses veines. La femme s'effondra lourdement au sol. Le mari remua et s'assit sur le lit pour voir ce qu'il se tramait dans la pièce. Il aperçut à peine le corps inerte de sa femme qu'il fut décapité.
Le sang gicla et la tête alla se cogner contre le mur avant de tomber sur le sol dans un bruit sourd. Le corps ne tarda pas à tomber lui aussi, répandant du sang sur la moquette de la chambre.
Bélial avait effectué un magnifique lancé de faux. L'arme avait décri un grand arc-de-cercle dans la pièce en décapitant au passage l'homme. Il réceptionna son arme la lame pleine de sang. Il passa un coup de langue dessus avant de quitter les lieux aussi soudainement qu'il était arrivé.
Deux jours après
Cette fois, Bélial s'en prenait à Poséidon.
Le meurtre de Zeus et de sa femme avait fait grand bruit dans la Capitale. Pour parer aux désagréments, les Grands-Ducs avaient renforcé leur sécurité.
Et c'était tant mieux pour Bélial. Il avait hâte de tuer des gardes.
Lorsqu'il arriva à la résidence de sa victime, un garde l'apostropha en lui demandant son identité. Il se fit décapiter et son collègue subit le même sort.
En fait, il ne mourrait pas d'envie de tuer des gardes. Pas ce soir en tout cas.
En plus, ces escapades nocturnes lui faisaient perdre un temps précieux aux côtés de Lilith. Alors il allait les tuer. Tous. Tous ses oncles. Ce soir.
Il se fit discret jusqu'à la fenêtre de la chambre. Il ne prit pas le temps de frapper alors il la brisa. Des morceaux de verre gisaient un peu partout dans la pièce. Bélial en prit un qui lui paraissait avoir une bonne taille. Il égorgea la femme et fit avaler son arme improvisée au mari. Puis il sortit à toute vitesse et se dirigea vers la résidence d'Arès.
Là aussi, il brisa la fenêtre. Les deux époux s'éveillèrent en sursaut. Il les passa tous les deux par la fenêtre et il moururent sur le coup.
Enfin, pour terminer cette nuit de folie, il décida de se montrer plus diplomate. Il ne passa pas par la fenêtre, mais par la porte d'entrée. Il fit une escale aux cuisines où il prépara du thé pour les deux époux. Il empoisonna les deux tasses et monta voir Hadès et sa femme. Le couple, un peu surpris de voir leur neveu à une heure si tardive et avec du thé, fut d'abord suspicieux à laisser entrer Bélial. Mais le jeune homme les convaincut et ils prirent le thé. Le temps de tourner le dos, Bélial avait disparu. Hadès et Perséphone prirent quand même le thé et furent retrouvés mort le lendemain matin.
Six jours plus tard, 12h00
Bélial avait invité Maximilien, Samaël et Lucifer à manger chez les De Succubus.
Claudia et sa mère ne figuraient pas sur la liste des invités car elles étaient toutes les deux mortes. Nora s'était suicidée en découvrant que son mari était pédophile. Claudia avait succombé à la maladie, laissant derrière elle Samaël qu'elle avait tenté de protéger corps et âme. Comme sa mère. Lorsque Samaël avait raconté à Nora ce que Maximilien lui faisait, elle se suicida le soir même. Claudia prit la relève. Elle affronta son père et la mort de sa mère.
Elle était sensée vivre jusqu'à ses vingt-cinq ans d'après les médecins, à cause de sa leucémie. Elle mourut à quinze ans, épuisée par les efforts vains qu'elle faisait pour protéger Samaël de Maximilien.
Elle disparu en ayant connu l'amour. Elle avait passé les deux dernières années de sa vie amoureuse de Samaël qui le lui rendait très bien.
Ce dernier avait faillit suivre sa bien-aimée dans la tombe. Il avait fait une grave dépression et avait perdu une dizaine de kilos. C'était à ce moment là que Maximilien avait arrêté de le violer. Ça l'avait un peu aider. Mais ce qui le tira de cette spirale infernale fut la découverte de ses nouveaux pouvoirs de démon. Il pouvait maintenant avoir des ailes et voler. Ses yeux, comme ceux de Bélial, pouvaient changer de couleur. Les sien (ceux de Samaël) étaient rouge-rosés et les pupilles étaient celles d'un chat lorsqu'il y a beaucoup de lumière.
Il s'était alors considérablement rapproché de Lucifer qui comme lui s'était découvert de nouveaux pouvoirs. Elle pouvait faire bouger les objets à distance et, ses « nouveaux yeux », signature des démons, étaient verts foncés avec des pupilles ovales qui s'étalaient dans la largeur de l'œil. Des pupilles comme celles de Bélial mais horizontales.
D'ailleurs, ce dernier avait prévenu ses deux amis de son plan pour tuer Maximilien. Il avait prévu d'empoisonner son dessert, un tiramisu aux fruits rouges.
Le repas se déroula tranquillement. Les plaisanteries et les éclats de rires qui allaient avec fusaient tout comme les anecdotes : ils ne s'étaient pas vus depuis un long moment.
Puis vint le dessert. Bélial l'avait fait lui-même pour éviter de mettre un cuisinier dans la confidence. Il avait parfaitement dosé le poison. Quand il rentra chez lui, Maximilien mourut d'une crise cardiaque. Une mort parfaitement naturelle aux yeux des médecins.
Lucifer appela Bélial pour le prévenir et pour être mise au courent de la suite du plan.
En effet, après avoir tué Chronos, Bélial projetait de s'enfuir avec Lucifer, Samaël et Lilith par un trou créé dans la muraille de la Capitale par un groupe de rebelles.
Deux jours plus tard, 19h00
Chronos se morfondait sur son sort. Les journaux ne parlaient que de ces meurtres. Ceux de ses frères. Il avait également été mis au courant de la mort de Maximilien grâce à la rubrique nécrologique. Pour Chronos, il était clair qu'on cherchait à avoir sa peau. Ou au moins à lui faire peur. Heureusement qu'il n'était plus personne depuis la chute de l'empire économique qu'il avait créé, sinon il serait probablement mort depuis longtemps.
Soudain, on frappa trois fois à la porte. Comme il était dans la cuisine, Chronos se dirigea vers la porte et alla ouvrir. Un homme vêtu d'une grande cape rouge se tenait sur le pas de la porte. Il mesurait dans les un mètre quatre-vingt-dix et son visage était dissimulé par la capuche de la cape. L'inconnu entra dans la maison silencieusement et monta les escaliers. Chronos, abasourdit, resta quelques secondes muet de stupéfaction en regardant les escaliers que l'individu à la cape rouge avait emprunté.
Il ferma enfin la porte et se décida à poursuivre cet inconnu.
Il le chercha au premier étage. Il n'y avait personne.
Il monta au deuxième. La porte de sa chambre était ouverte. Il s'y engouffra. L'homme était assis sur le lit et regardait la fenêtre. Il émanait de lui quelque chose de dangereux, de bestial. L'homme n'avait pas ôté sa capuche.
Chronos s'approcha alors doucement de l'inconnu. Ce dernier ne bougeait pas. Il s'assit à côté de l'individu et constata qu'il avait ses mains posées sur ses cuisses et que, dans l'une d'elles, il tenait un petit bâton d'argent très travaillé avec un sceau qui semblait pouvoir être pressé.
Chronos reconnaissait ce genre d'objet. C'était une arme rétractable. Le principe avait fait fureur il y a plus de dix ans maintenant et pourtant les ventes ne décroissaient pas.
Chronos prit sur lui pour ne pas partir en courant. Il avait vu juste. On essayait bel et bien de le tuer.
Les deux hommes restèrent comme ça de longues minutes dans le silence le plus total jusqu'à que l'individu vêtu de rouge rompe le silence :
- Il fait beau, n'est-ce pas ?
- Ou-oui, répondit Chronos. Cela faisait plusieurs années que ça n'était pas arrivé.
- Ça fait treize ans qu'il n'a pas fait aussi beau et chaud.
- Ou-oui. Peut-être. Probablement. Je ne sa...
- Treize ans que tu l'as tué, coupa l'homme en rouge.
- Pardon ?
- Treize ans que je rumine un plan pour te faire regretter d'être venu au monde, pour te faire regretter de nous avoir fait subir ça, à moi et à maman.
- B-Bélial ? appela le père, incertain.
- Lui-même.
L'homme à la cape rouge releva la tête et planta ses yeux de sang dans ceux azur de son géniteur tétanisé.
- Qu-qu'est-ce que tu veux ? demanda Chronos en se levant pour s'éloigner de son fils si longtemps perdu de vue.
- Je pense que tu le sais, répondit Bélial en se levant à son tour.
Il tenait sa faux contractée dans sa main gauche, le pouce contre le seau. Il était prêt à dégainer.
- Je-je t'en supplie, chouina le père en s'effondrant à genoux. Je sais que j'ai pas été un bon père, ni même un bon mari. Mais je t'en supplie, laisse moi vivre. Fais une croix sur tout ça, c'est du passé!Ça ne fera pas revenir ta mère. Je t'en supplie, pars. Je ne te dénoncerais pas.
Il releva la tête et vit un pantalon de smoking noir derrière ses larmes de peur. Il n'eut pas le temps de comprendre ce qu'il lui arrivait qu'il se prit un violent coup de pied dans la mâchoire. Il vira un mètre en arrière. Bélial s'approcha encore.
- Et toi tu l'as laissé vivre, elle ? cracha Bélial. Tu m'as laissé vivre, moi ? Tu m'as bousillé dix ans de ma vie ! A cause de toi, j'ai perdu ma mère ! A cause de toi, je serai marqué à vie ! Je porterai pour toujours ces putains de cicatrices de fouet ! T'entends ?! Pour toujours, l'éternité ! Ça te parle ?!
Puis Bélial déplia sa faux, fou de douleur et rongé par la haine. Il lui trancha le bras gauche. Chronos hurla.
- Et ça c'est rien comparé à tout ce que j'ai souffert à cause de toi ! hurla le fils par dessus les cris de son père.
Puis il lui trancha le deuxième bras, puis les deux jambes. La pièce, Chronos et lui étaient couverts de sang. Mais le père hurlait toujours. A peu près autant que le sang coulait – ou plutôt giclait – des endroits où ses membres manquaient.
Bélial toisa un court moment son père et, jugeant qu'il n'avait pas encore assez souffert, lui enleva son (reste de) pantalon. Puis il saisit le pénis et les testicules de son père et tira dessus avec tant de force qu'il les arracha. Les cris qui s'étaient arrêtés reprirent. Bélial balança les parties génitales de son père au milieu de la pièce et lui explosa le crâne avec le pied. Les cris s'arrêtèrent enfin. Et il eut l'impression de s'être libéré d'un poids. Puis il partit.
Il devait rejoindre Lilith, Lucifer et Samaël devant l'école primaire pour s'en aller par le trou créé par les rebelles. Il se situait tout au bout du quartier des commerces. Ils y furent en quelques secondes, grâce à leur corps améliorés. Les rebelles les firent passer sans rechigner.
Les murailles étaient épaisses. Tant et si bien que le petit groupe traversa un véritable petit tunnel. Lorsqu'ils sortirent, ils sentirent un air nouveau et qu'une nouvelle ère se profilait à l'horizon. L'ère des démons. L'ère des anges. L'ère du Purgatoire. L'ère de la Guilde.
Mais surtout, un air et une ère de liberté.
FIN
Merci d'avoir suivit cette histoire jusqu'au bout, n'hésitez pas à me donner votre avis et à voter.
En vous remerciant encore, UpsilonDrei.
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