21.
Louis.
Décembre.
Un soupir sort de ma bouche, je lance un regard blasé à mon meilleur ami avant de fermer les yeux comme il me l'a demandé. Ce qui ne sert strictement à rien étant donné qu'il noue un bandana autour de ma tête. Je ne cherche pas à comprendre sa logique.
– Tu ne me vois pas ?
– Non ! Sérieusement Zayn qu'est-ce que tu prépares ? De un tu viens me chercher au travail, ce que tu ne fais jamais, ensuite tu m'as emmené faire des couses dont on avait pas besoin, tu t'es rendu compte que tu avais oublié les pâtes, on y est retourné, puis maintenant tu veux me mettre dans le noir. Je te jure t'as pas intérêt à me faire trébucher ou...
– Arrête un peu de râler, il m'interrompt en riant près de moi, dans deux minutes tu vas me sauter au cou tellement tu vas m'adorer.
– C'est ça qui me fait le plus peur maintenant.
Il me donne un petit coup de coude dans la hanche, j'essaie de lui rendre son dû mais mes mains n'attrapent que du vide. Son rire résonne pourtant juste à ma droite. Il saisit mes épaules afin de me guider, j'avance doucement, les bras tendus, parce que ma confiance en Zayn a tout de même ses limites, surtout lorsque ma vie est en jeu.
Je sais que nous sommes de retour à l'appartement, parce qu'il m'a demandé de fermer les yeux juste avant d'entrer dans l'immeuble. Le bruit de l'ascenseur m'indique que nous montons les deux étages qui nous amène à notre palier.
Au fond de moi, je savais que Zayn tramait quelque chose. Je lui avais proposé d'aller au restaurant pour mon anniversaire ce soir, un jour avant, parce que demain matin je repars chez moi, passer les fêtes aux côtés de ma famille, et lui aussi.
Mais il avait décliné en prétextant avoir un important rendez-vous au studio. J'en doute fortement à présent, parce qu'il semble bien trop excité pour quelqu'un qui n'avait rien prévu.
Je l'entends remuer les sacs de courses entre ses doigts pour sortir les clefs et ouvrir la porte, il me guide à l'intérieur, referme derrière lui. Il m'emmène vers le salon puis me demande :
– Tu es prêt ?
– Non ?
Mais il me retire enfin ce bandana.
Et j'ai à peine le temps d'ouvrir les yeux et de m'accommoder à la lumière que je sursaute en entendant crier :
– Surprise !!
C'est le cas de le dire, parce que je ne m'y attendais pas du tout. Je pensais que Zayn avait simplement décoré l'appartement pour l'occasion et qu'on allait passer la soirée à deux, à boire des bières et manger des sucreries, mais c'est bien plus que ça.
Toute ma famille est là.
Marc mon beau père, mes quatre sœurs, mon petit frère.
Et Harry.
Charlotte fait exploser un petit pétard qui projette des confettis un peu partout dans le salon et sur moi, je ris, tandis que Ernest et Doris se bouchent encore les oreilles.
Je croise le regard d'Harry, il me sourit puis s'exclame avec les autres :
– Joyeux anniversaire !
Et il ne pouvait pas être plus joyeux que ça, je souris jusqu'aux oreilles, je crois que je rougis aussi un peu, je sens la chaleur me monter au visage.
Une bulle de bonheur explose dans ma poitrine. Je me dépêche d'aller enlacer et dire merci à tout le monde. Même Harry, nos regards se rencontrent juste avant que je ne le serre dans mes bras, il pose ses mains dans mon dos, presque aussi maladroitement que moi et ça ne me fait sourire. C'est aussi tout mon corps qui est en fusion. Il sent bon la bougie d'hiver, et j'ai envie de rester contre lui pendant des heures.
Mais je me recule au bout d'un moment, bien trop court à mon goût et lui dit en le regardant dans les yeux :
– Merci d'être là.
Il acquiesce, un sourire aux lèvres, je me tourne enfin vers Zayn pour le serrer fort dans mes bras. Je le remercie sincèrement, il se recule et passe ses doigts dans mes cheveux afin d'en retirer les confettis.
– Alors j'avais raison, tu m'adores maintenant.
Je souris et l'enlace encore une fois, alors que Charlotte s'approche de nous en se raclant la gorge exagérément. Derrière elle, je vois mon père et Harry servir à boire, puis Phoebe mettre de la musique depuis son téléphone. Les jumeaux s'amusent déjà avec les confettis.
– Bon j'avoue, souffle Zayn en croisant les bras sur sa poitrine, Charlotte a aussi contribué. Elle a tout organisé pour que ta famille soit là. Moi j'ai ramené les décorations et Harry.
– Le plus important.
Charlotte me fait un clin d'oeil, je lève les yeux au ciel et ils échangent tous les deux un rire complice. Mais je les aime quand même, malgré les taquineries. Je les remercie. J'ai la gorge nouée d'émotions, je crois que je suis au bord des larmes. Ma famille me manquait tellement, même si je savais que j'allais les revoir demain.
Zayn passe un bras autour de mes épaules, Charlotte m'embrasse la joue et nous allons nous joindre aux autres. Sur la table à manger, il y a plusieurs cadeaux poussés au fond, des verres, quelques bouteilles, des assiettes et couverts.
Harry me propose une coupe de champagne, j'acquiesce et le remercie lorsqu'il me la tend. Une fois que tout le monde est servi, nous trinquons. Zayn, Charlotte, mon beau père, Harry et moi avons le droit de consommer de l'alcool, les quatre plus jeunes boivent du jus de pomme ou du sirop fruité.
Tandis que les conversations commencent, je m'installe sur la chaise à gauche d'Harry, je pense qu'il sera plus à l'aise aux côtés d'une personne qu'il connaît. Et aussi, secrètement, parce que j'ai envie d'être proche de lui.
Ernest se décide à venir grimper sur mes genoux, je passe une main autour de sa taille afin de le tenir contre moi et embrasse son front. Il pose sa tête près de ma poitrine, tout en se mettant à jouer avec sa petite figurine. Doris, assise en face de nous, entre Charlotte et Marc, s'amuse sur la tablette éducative qu'on leur a offert à leur anniversaire en Mars dernier, à elle et son frère.
Je caresse le petit ventre d'Ernest, en discutant avec les jumelles et notre beau père, quand il tend la main vers celle d'Harry, sur le bord de la table et il demande sa petite voix en le regardant :
– Ah toi aussi tu as du vernis comme ma grand sœur Lottie ! C'est toi qui te le mets tout seul ?
Harry semble prit de court par sa question et son geste, mais il laisse Ernest toucher ses doigts et admirer la couleur lavande sur ses ongles. Je vois ses joues s'empourprer, tandis que tous les regards se posent sur lui. Il sourit à mon petit frère et acquiesce.
– Oui, c'est ma couleur préférée.
– C'est trop joli !
Ernest lève ses grands yeux ébahi vers moi, il manque de me cogner le menton avec l'arrière de sa tête et je la recule juste à temps pour éviter le coup.
– Dis Lou tu crois que moi aussi je peux en mettre ?
– Bien sûr, je passe mes doigts dans ses cheveux, Charlotte t'en a déjà mis non ?
– Oui ! Elle a plein de couleurs à la maison, il tourne la tête, toi aussi Harry ?
Le sourire toujours aux lèvres, Harry lui répond que lui aussi a plusieurs flacons chez lui. Ernest sautille presque d'enthousiasme sur mes genoux, quand il est passionné par quelque chose, ce n'est jamais à moitié. Maman a toujours dit qu'il était mon portrait craché, je commence à comprendre pourquoi.
Charlotte nous écoute, elle fronce les sourcils en suivant la conversation entre Harry et notre frère. Même si c'est plutôt Ernest qui monopolise entièrement la parole, il touche chaque ongle d'Harry du bout de son index, fasciné.
– Lottie j'ai envie de mettre du vernis !
– Moi aussi !
Je ris à l'intervention de Doris, elle lève sa main après avoir posé sa tablette sur la table.
– J'en ai quelques uns dans mon sac, mais on verra ça après le gâteau.
– Oui !
Ernest lève ses poings en l'air et, encore une fois, je manque de me prendre un coup. Harry me lance un sourire amusé, je lui donne un petit coup de genou sous la table, mais je souris moi aussi. Parce que j'ai toutes les raisons d'être heureux aujourd'hui.
– Harry pourra me mettre le mien !
– Non moi !
– Hey hey, j'interviens face à leur début de dispute, déjà on baisse d'un ton et ensuite, peut-être qu'Harry n'a pas envie de le faire. Il faudrait peut-être lui demander avant, non ?
Ernest tourne la tête vers Harry, il fait une petite moue coupable en serrant sa figurine contre lui. Il est difficile de lui refuser quelque chose quand il prend cet air.
– Harry, tu veux bien nous mettre du vernis à Doris et moi s'il te plaît ?
Harry échange un regard avec moi, comme pour me demander mon accord avant de donner sa réponse, j'acquiesce doucement.
– D'accord, mais seulement si votre grand frère m'aide aussi. Parce que vingt petits doigts, c'est beaucoup.
– Ah oui ! Louis tu peux le faire aussi s'il te plaît ?
Cette fois c'est Doris qui me supplie en se redressant sur sa chaise, Marc pose une main sur son épaule en souriant. Tout le monde autour de la table est amusé par la tournure de cette conversation.
Je lance un regard accusateur à Harry qui se contente de me sourire, je lève les yeux au ciel et soupire dramatiquement.
– Si vous êtes sages jusque là et que vous m'avez offert de beaux cadeaux.
– Mais oui c'est nous qu'on a tout choisi pour toi ! Dit Ernest en agrippant mon pull. Même que Lottie elle nous a emmené au magasin et on les a emballé avec elle.
Un rire s'échappe de ma bouche, je hoche la tête et lui embrasse le dessus de la tête. Les jumeaux retournent à leur jeux et se calment un petit peu le temps qu'on discute tous ensemble.
La timidité d'Harry reste toujours présente, mais moins que d'habitude, et je crois qu'il se sent à l'aise parce que ma famille l'intègre déjà, comme s'ils le connaissaient depuis des années. Il n'est jamais laissé de côté, il est inclus dans les conversations et ça me fait plaisir qu'ils s'entendent tous aussi bien.
Entre deux, au milieu des discussions, Harry tourne la tête vers moi et me fait remarquer :
– Tu ne m'avais pas dit que ton anniversaire tombait la veille de Noël.
– Tu ne m'as pas demandé.
Je lui souris, amusé, car j'aime le taquiner. Et, ce qui est assez rare, il me laisse entendre son rire qui me gonfle le coeur d'un sentiment agréable. Il détourne les yeux, mais moi je le regarde encore. Je regarde la fossette au coin de ses lèvres, et les mèches bouclées qui viennent caresser sa pommette et la peau délicate de sa nuque.
Même si je ne devrais pas, j'ai l'envie soudaine de nicher ma tête là, dans son cou, de respirer son odeur, d'embrasser chaque parcelle de son visage, de lui dire, de lui montrer à quel point sa beauté me fait trembler le corps entier.
Et ça me frustre, parce que malgré toutes les barrières que je m'impose, je ne peux pas nier l'attirance que je ressens envers lui. Il les brise toutes. Mais je n'ai pas envie qu'il en soit de même avec mon coeur.
Au bout d'un moment, après une ou deux coupes de champagne, Harry et Zayn se lèvent en même temps de leurs chaises. Je leur jette un regard suspect, mon meilleur ami me fait un clin d'oeil tandis qu'ils entrent tous les deux en cuisine.
Je suppose que je n'ai pas le droit de les suivre, parce que Charlotte commence à me parler du repas du réveillon demain soir, sa technique afin de me garder en place. Mais les garçons reviennent seulement deux minutes après, Harry tient une assiette avec un gâteau à la main, des bougies sont allumées dessus et ils commencent à tous me chanter un joyeux anniversaire en choeur.
Harry pose le gâteau devant moi, puis se rassoit à mes côtés. Le dessus est décoré de quelques ballons et de l'inscription délicate de mon prénom, réalisés à la crème, puis des framboises sont disposées tout autour de la forme ronde. J'attends qu'ils terminent de chanter pour souffler les trois grandes bougies. Ils applaudissent et je souris, le coeur gonflé de bonheur.
– Tu peux remercier Harry, c'est lui qui s'est chargé du gâteau.
Suite à la remarque de Zayn, je tourne le regard vers Harry. Il me sourit timidement, je lui demande quand même :
– C'est toi qui l'a fait ?
– Oui, ce n'est pas grand-chose.
Il hausse les épaules, mais je vois la légère couleur rosée que prennent ses pommettes. Je secoue la tête, parce que ce n'est pas rien. Harry a pris du temps pour le préparer, il a pris du temps pour moi. Et c'est la moindre des choses de reconnaître son travail.
– Si, c'est vraiment gentil, merci. Merci beaucoup.
Son sourire se creuse davantage, je détourne le regard avant que ce moment ne devienne trop gênant pour tout le monde. Charlotte, en face nous, sourit jusqu'aux oreilles, et sauve la situation en prenant le grand couteau afin de couper les parts.
Je sens mon visage entier qui chauffe et je vole des regards furtifs vers Harry, en pleine conversation avec Daisy et Phoebe. Il se détend au fil des minutes. Charlotte me sert en premier, j'ai le droit au morceau avec mon prénom dessus.
Une fois que tout le monde a une assiette, je porte un petit bout à ma bouche et le mélange chocolat framboise fond sur ma langue. Harry n'a pas encore touché le sien, il m'observe avec un sourire, une cuillère à la main, il attend mon avis.
– C'est délicieux, la framboise est mon fruit préféré.
– Merci Louis, et oui je sais.
Mes sourcils se froncent. Ernest est toujours sur mes genoux, il balance ses petits pieds, qui cognent parfois contre mes jambes, tout en dégustant sa part de gâteau.
Voyant ma confusion, parce que je ne me souviens pas lui avoir donné cette information, Harry précise :
– Zayn me l'a dit. Il m'a fait une liste de tout ce que tu aimais. Le chocolat et la framboise est ce qui se marie le mieux.
Je jette un coup d'oeil à mon meilleur ami, il porte son champagne à ses lèvres et lève un pouce en l'air dans ma direction. Un rire sort de ma bouche, je lève les yeux au ciel, Harry sourit, tout aussi amusé.
Nous terminons de manger le gâteau dans la bonne humeur, j'en ressers une petite part que je coupe en deux pour les jumeaux. Doris lèche sa cuillère, et Ernest en a partout autour de la bouche. J'essuie son visage avec une serviette en souriant, il passe ses bras autour de mon cou et me dit :
– Ouvre tes cadeaux maintenant !
– D'accord bonhomme, c'est lequel le tien ?
Il me montre un paquet vert sur la table, Charlotte le pousse vers moi et je le déballe devant ses yeux, il trépigne d'impatience. Je ne sais pas lequel de nous deux est le plus impatient, mais je lui couvre le visage de baisers bruyants après avoir découvert le dernier jeu vidéo dont j'avais envie. Je sais qu'il va me regarder jouer à la maison, parce qu'il est encore trop petit pour avoir la manette tout seul.
– Merci petit diable, c'est génial.
– C'est moi qui l'ai choisi tout seul !
J'embrasse le haut de son crâne en souriant, il me tend ensuite le prochain paquet et je suppose que je n'ai pas le choix. Je les ouvre au fur et à mesure, un chèque cadeau dans une librairie, une bouilloire parce que je n'en avais pas encore, une veste Addidas offerte par Zayn, un kit de rasage, une bouteille de parfum et une paire de baskets.
C'est avec le cadeau d'Harry que je termine. Il y a deux paquets, parfaitement emballés. Il en pousse un vers moi.
– Il y en a un pour ton anniversaire et un pour Noël. Tu pourrais ouvrir celui là le vingt cinq ?
J'acquiesce, Ernest garde le deuxième cadeau près de lui, prêt à aller le mettre au salon, sous notre petit sapin bancale à Zayn et moi. Je défais le papier doucement, c'est fait avec tellement de soin et de précision que j'ai peur de tout déchirer.
Ce sont deux livres. D'un auteur japonais. La balade de l'impossible et Les amants du Spoutnik. Je relève les yeux vers Harry.
– Je n'ai encore jamais lu de Haruki Murakami, merci beaucoup.
– C'est mon auteur préféré.
Harry et moi échangeons un regard, je lui souris et le remercie encore, il hausse les épaules. Mais il sourit aussi, je ne l'ai jamais vu sourire autant, et j'aime ça. Je voudrais passer mes doigts contre sa joue, poser mon pouce puis ma bouche au creux de sa fossette. L'envie est si forte qu'elle me tord le ventre.
Zayn interrompt ce moment, il se lève de sa chaise et tape sa cuillère contre le bord de son verre. Je sais ce qui m'attend et ça me fait déjà lever les yeux au ciel.
– J'aimerais dire quelques mots...
– Mon dieu non...
– Eh ne te plains pas, il me répond en haussant un sourcil, j'ai encore le ticket de caisse de ta veste je te préviens !
Sa remarque déclenche les rires autour de la table, je lève les yeux au ciel et laisse Ernest descendre de mes genoux. Il va poser le cadeau de Noël d'Harry sous le sapin, Doris le rejoint et ils se mettent à jouer ensemble sur le tapis.
Je tourne la tête vers Zayn, il me regarde droit dans les yeux en parlant.
– Louis, avant d'être mon colocataire, t'es surtout mon meilleur ami depuis des années et tu peux pas savoir comme je suis heureux de partager cet appartement avec toi. Tu te souviens de tous les soirs qu'on passait à s'imaginer ce moment où on prendrait notre liberté ? C'est notre chez nous et j'espère que tu t'y sens aussi bien que moi. Je sais que c'est ton anniversaire, mais je voudrais te remercier d'être la personne formidable que tu es depuis des années, t'es un ami, un frère en or et je sais que je peux toujours compter sur toi, dans les meilleurs comme dans les pires jours. On le sait tous. Tu mérites toutes les belles choses qui vont t'arriver cette année et je veux que tu profites à fond. Parce que bon t'as quand même vingt six ans et je sais pas si t'as remarqué mais t'as quelques cheveux blancs qui commencent à pousser.
Je ris, comme tout le monde autour de la table, malgré les larmes qui s'accumulent à l'aube de mes paupières. Zayn sait que je suis émotif, mais il sait aussi trouver les mots que j'ai besoin d'entendre.
– Plus sérieusement, t'es un gars génial, ne l'oublie jamais d'accord ? Aussi, j'ai mangé le reste de tes biscuits à la noisette ne m'en veux pas joyeux anniversaire je t'aime.
A la fin de son discours, il lève son verre pour trinquer et avale le fond de son champagne. Je ris de plus belle, un rire qui vient du coeur, parce que je l'aime aussi mon meilleur ami, je pourrai mourir pour lui. Je me lève de ma chaise afin aller le rejoindre et l'étouffer dans un câlin. Il frotte sa main affectueusement dans mon dos, je lui chuchote plusieurs merci à l'oreille, il pose un baiser sur ma tempe.
Ensuite, Zayn débarrasse la table avec Marc et Charlotte va chercher ses flacons de vernis à ongles dans sa valise. Les jumeaux sautent sur place, Harry et moi nous levons en même temps pour aller nous asseoir avec eux, sur le tapis du salon, devant la table basse et la télévision allumée sur une chaîne de musique que sont en train de regarder Phoebe et Daisy.
– Bon, vous choisissez votre couleur déjà.
– Moi je veux que ce soit Harry qui me le fasse !
Ernest prend le flacon de rose pâle et s'avance vers Harry, qui le regarde faire avec un sourire attendri sur les lèvres. Doris ne proteste pas, elle choisit le vernis rouge tandis que je m'approche d'elle.
Je suis très concentré pour ne pas dépasser, mais le pinceau est plus gros que les ongles de ma sœur, elle me regarde faire attentivement. Par curiosité, je tourne la tête vers Harry et Ernest, il a presque terminé sa première main et moi je ne suis qu'au deuxième doigt.
Ses yeux croisent les miens, il me sourit, je rougis un peu et me concentre à nouveau sur ma tâche. Doris est très calme et patiente, contrairement à Ernest qui pose mille questions à Harry et s'émerveille de ses moindres gestes.
Harry termine avant moi, il dit à Ernest de bien écarter les doigts afin de les laisser sécher et de ne rien toucher pendant quelques minutes. Il se contente alors de me regarder, sagement assit dans le canapé, appliquer le vernis sur les deux derniers doigts de sa sœur.
C'est un peu brouillon et j'ai débordé à certains endroits, mais elle semble contente. Elle me remercie et je lui embrasse le front.
– Maintenant c'est ton tour Lou !
– Quoi ?
– Bah oui, renchérit mon petit frère, faut qu'on soit tous assorti pour ton anniversaire ! S'il te plaît !
Je ris doucement et lance un regard à Harry, il rebouche les capuchons des flacons et hausse les épaules. Son sourire me réchauffe le corps entier. Je choisis la couleur bleu, un bleu nuit, presque noir.
– Alors, lequel de vous va m'en mettre partout ?
– C'est Harry, il le fait trop bien regarde les miens !
Ernest me montre ses doigts, tout fier et heureux, je ne pourrais jamais assez remercier Harry de satisfaire son bonheur ainsi. Je souris à mon frère même si mon coeur se met à s'emballer à l'idée même qu'Harry puisse toucher mes doigts.
Quand je tourne la tête vers lui, il me regarde, un fin sourire sur les lèvres. Il attend mon approbation, je pousse le flacon vers lui et je peux jurer sentir les papillons s'envoler dans mon ventre lorsque son sourire s'agrandit.
Mes joues chauffent, mon visage entier je dirais même, tandis qu'il dévisse le bouchon. Je pose soigneusement une première main sur le bord de la table basse, les jumeaux nous observent avec attention. Et je ne sais pas pourquoi, mais je retiens mon souffle jusqu'à ce qu'Harry pose la première couche sur mon pouce. Il ne me touche pas encore, pourtant je perds déjà mes moyens.
Ernest se tient debout, appuyé contre mon épaule, il regarde comment Harry s'y prend, Doris reste dans le canapé, avec son doudou contre elle, mais elle est toute aussi attentive que lui sur ce qui se passe.
– Je peux... ?
Je n'ai pas compris ce qui me demande, il me montre mes doigts, mais j'acquiesce quand même sans réfléchir. Parce que, de toute façon, je lui fais confiance.
C'est seulement quand il prend délicatement ma main dans la sienne que je comprends, et que mon coeur décide de me jouer des tours. Il ne s'est pas affolé ainsi depuis bien longtemps. J'en avais perdu l'habitude.
Harry est concentré, son regard rivé sur mes doigts, qu'il tient délicatement sur la paume de sa main et il applique le verni de l'autre. Je suis tellement absorbé par le moindre de ses gestes que j'oublie tout ce qui se trouve autour de moi. Et je n'entends pas Zayn arriver à mes côtés, je sursaute quand il prend la parole :
– Ça va Louis ? T'es bien silencieux d'un coup.
Je tourne la tête dans sa direction et lui lance un regard noir. Non seulement parce qu'Harry en a mis un peu à côté tellement j'ai bougé, mais aussi parce qu'il prend un malin plaisir à me taquiner.
– Je vais très bien, oui.
Il me sourit, je lui donne un petit coup de coude de mon bras libre, car là j'ai clairement envie de l'étrangler. Après avoir pris Ernest dans ses bras, il se redresse en me faisant un clin d'oeil.
– Allez les petits monstres venez je vais vous montrer ma chambre !
– Est-ce que t'as encore ta petite guitare ?
– Mon ukulélé ? Bien sûr !
– Tu pourras nous en jouer s'il te plaît ?
Doris lui pose la question puis descend du canapé, elle prend la main libre de Zayn dans la sienne tandis qu'ils s'éloignent dans le couloir tous les trois.
Je regarde autour de moi et nous ne sommes plus que deux, Harry et moi, au salon. Les jumelles sont à table en train de regarder des vidéos sur leurs téléphones et notre père avec Charlotte en cuisine. Il y a un petit fond sonore agréable.
Harry enchaîne sur mon autre main, il la tient toujours dans la sienne. Sa peau est chaude et douce, ma main semble toute petite en comparaison de ses grands doigts fins.
Au bout d'un moment, je passe ma langue entre mes lèvres sèches et me décide à briser ce silence. Il n'est pas gênant ou pesant, je n'ai juste pas l'habitude d'y rester.
– C'est vrai que tu te débrouilles bien, tu as plus l'habitude que moi.
– J'en mets tout le temps, oui.
– C'est joli sur toi. Cette couleur là et... toutes les autres aussi.
Enfin, après ce qui m'a semblé être une éternité, son regard croise le mien. Il arrête de me vernir les ongles pendant quelques précieuses secondes pour me regarder et, surtout, me sourire.
Nous sommes si proches que je pourrais pencher ma tête et l'embrasser, là, maintenant, si je le voulais. Je le veux. Je le désire plus que tout même. Mais je sais aussi que ça va tout gâcher entre nous. Cette amitié qui commence à se forger.
Je dois apprendre à contrôler mes sentiments, et tant pis si au final je ne peux pas avoir ce baiser dont je rêve tant avec Harry. Je préfère que nous restions de simples amis plutôt que de prendre le risque de le perdre. C'est le premier ami que je me fais ici, et je tiens à lui, peut-être un peu trop pour mon propre bien, mais ça c'est encore un autre problème.
– Merci beaucoup. A toi aussi, ça te va bien.
Et comment je suis sensé ne pas tomber sous son charme quand il me dit des mots comme ça en me regardant droit dans les yeux ? Je ne sais pas ce qui me rend le plus faible entre son sourire, sa voix, son rire ou ses yeux. Certainement un mélange des quatre.
Moins de cinq minutes plus tard, il a terminé. Il range les flacons dans la trousse de maquillage de ma sœur pendant que je laisse sécher mes doigts. Sauf que je ne sais pas rester longtemps en place, et je deviens vite nerveux quand je n'ai rien pour me distraire ou m'occuper l'esprit.
Puis avec Harry à mes côtés, mon niveau de nervosité double forcément. J'ai les mains posées à plat sur mes genoux, il regarde autour de lui, quand finalement ses yeux se posent sur moi, puis se baissent vers mes doigts que je me retiens de tirer dans tous les sens.
Je me redresse légèrement afin que mon dos soit droit, et je lui dis, de bout en blanc :
– Au fait, j'ai un cadeau pour toi.
– Ce n'est pas mon anniversaire.
– Non, je ris doucement, pour Noël.
Un sourire aux lèvres, je me lève sous son regard. Je résiste à l'envie de lui tendre la main quand je lui demande
– Viens.
Ses sourcils se froncent légèrement, mais il se met debout à son tour et me suit au bout du couloir jusqu'à ma chambre. En passant devant celle de Zayn, on entend les voix des jumeaux et un fond de musique au ukulélé.
Je pousse ma porte que Charlotte avait refermé derrière elle et me dirige vers l'armoire qui me sert de penderie. La pièce est à peu près en ordre, je soupçonne ma sœur d'avoir rangé quelques unes de mes affaires quand elle est arrivée dans la journée.
Harry se tient toujours dans l'entrée quand je me tourne vers lui, son cadeau emballé à la main. Je ne suis clairement pas un professionnel en matière de travaux manuels, alors il devra se contenter d'un emballage d'un niveau d'école primaire.
Le sourire amusé qui naît sur ses lèvres ne m'échappe pas, je reviens à ses côtés lui tends le paquet en levant les yeux au ciel.
– Ne te moque pas, c'est assez réussi pour moi.
– Merci, tu n'étais pas obligé Louis.
– C'est la moindre des choses, tu m'en as offert un pour mon anniversaire et Noël. Je déteste ne rien donner en retour.
Il me remercie encore, timidement, puis saisit le cadeau qu'il garde contre lui. C'est trop fois rien, mais je crois que j'aurais pu lui offrir la lune s'il me l'avait demandé.
Je suis comme ça, moi non plus je ne fais pas les choses à moitié.
En toute honnêteté, je n'ai pas envie d'aller rejoindre tout de suite les autres au salon, je veux passer un peu plus de temps seul avec lui. Et en profiter le temps que les jumeaux sont occupés avec Zayn. Surtout que je ne vais pas le voir pendant plusieurs jours avec les fêtes.
Je m'assois sur le bord de mon lit et tapote du plat de la main la place à côté de moi. Harry a l'air d'un grand enfant timide, il m'observe un instant, puis vient s'installer à ma droite.
Nous regardons tous les deux le mur en face de nous, celui que j'ai décoré d'un affiche du film Orgueil et Préjugés de 2005, au-dessus de mon petit bureau où j'écris la plupart du temps. Ce n'est pas la meilleure vue, mais j'ai la fenêtre juste à côté et j'aime l'ouvrir et écouter le bruit du dehors, de la nuit, de la pluie quand j'ai besoin d'inspiration.
Puis je tourne la tête vers Harry, il observe autour de lui, dans le plus calme des silences. Le cadeau est posé sur ses genoux, il le tient entre ses doigts. Je me perds un instant à contempler son visage, les muscles prononcés de sa mâchoire, les grains de beauté qui forment une nouvelle constellation sur le bas sa joue, ses cils noirs épais, les boucles timides qui caressent le tour de ses oreilles, le bas de sa nuque.
Je détourne le regard juste à temps, car il pose ses yeux sur moi, il a dû sentir la chaleur des miennes qui lui brûlait la peau. Après avoir repris mon souffle, j'adopte l'attitude la plus détendue possible et appuie mes mains contre le matelas de chaque côté de mes jambes.
– Tu me promets d'attendre le vingt cinq au matin pour l'ouvrir ?
– Promis.
Sa voix est légère, j'entends son sourire. Et je le vois aussi, quand je trouve le courage de le regarder à nouveau en face. J'espère qu'il n'entend avec quelle force, avec quelle vigueur mon coeur bat contre ma cage thoracique.
Pour cacher ma gêne, parce que c'est bien connu je combats mon insécurité avec l'humour, je tends mon petit doigt levé vers lui. Il fronce les sourcils, et je ne devrais vraiment, vraiment pas trouver cette expression aussi craquante.
– Avec mes sœurs et mon frère, on atteste d'une promesse en se serrant le petit doigt.
Harry laisse échapper un petit oh puis approche son auriculaire du mien, je me charge de les lier ensemble afin de sceller notre petit pacte. Je souris à m'en faire mal aux joues, nos regards s'accrochent et j'oublie où je suis pendant un instant.
Parce que je me perds dans ses yeux et son sourire, c'est lui qui brise le contact en retirant sa main. La température de mon corps baisse d'un coup, je me mords la lèvre et lui demande :
– Mais du coup, c'est quand ton anniversaire ?
Un léger rire s'échappe de sa bouche, je savoure chacun de ces moments. J'ai envie de lui dire que c'est ce son qui réveille l'orage dans mon ventre, mais je m'abstiens.
– Le premier février.
– D'accord, je souris malicieusement, c'est noté.
– Je peux pas te convaincre de ne rien m'acheter, n'est-ce pas ?
Je tourne la tête vers lui et évite de trop fixer sa fossette apparente.
– Alors là, ce serait perdu d'avance je suis désolé, je suis quelqu'un de très borné tu vois. A moins que tu saches me convaincre avec une délicieuse pâtisserie ?
Il rit et je me joins à lui.
J'ai une poussée d'adrénaline dans le sang qui me donne le courage de lui dire plus bas :
– Je suis vraiment content que tu sois là, tu sais.
Son sourire reste sur ses lèvres et ses yeux brillent toujours, je voudrais y déposer toutes les étoiles du ciel pour qu'ils ne cessent jamais d'illuminer mon monde entier.
Il me regarde plusieurs secondes, silencieusement, puis il me répond :
– Moi aussi Louis, vraiment content.
Nos sourires auraient la force de faire trembler l'univers, j'en suis certain.
On parle encore un peu dans ma chambre, rien que tous les deux, on se taquine et je ris à en avoir mal au ventre. Mais mon plus grand plaisir c'est de le faire rire en retour.
C'est le meilleur anniversaire de ma vie.
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