Chapitre 3
Musique: Meet you at the graveyard de Cleffy
Ce matin, je me suis levée groggy, fatiguée. Comme je m'y attendais, j'ai rêvé de nombreuses fois suivis de nombreux réveils. Je me rendors tout de même assez vite, heureusement, mais le problème est plus le fait que ça coupe chaque cycle de sommeil qui se lance. Je sais qu'il s'agit de la raison pour laquelle je suis fatiguée.
- LÉNA! Tu vas finir en retard!
Aie, ça c'est Mia.
Ai-je pris autant de temps? Il va falloir que mon corps reprenne un rythme correct ou je ne vais pas tenir bien longtemps. Tel un robot programmé, je m'apprête et dévale les escaliers à toute vitesse. Toujours au pas de course, je fourre dans ma bouche le croissant qu'elle me tend, l'embrasse et claque la porte derrière moi.
- J'en connais une qui a passé une sale nuit.
Je sursaute en me cognant presque le front à la fenêtre du bus tandis que la personne se marre. Je lève les yeux tout en me massant le front, heureuse de reconnaître Maëlys.
Me suis-je endormie ou ai-je été dans un monde parallèle?
- Désolée de t'avoir fait peur, elle souffle non sans réussir à s'arrêter de rire.
Je souris tout en retirant mon sac du siège auquel elle s'installe directement. Après quelques secondes de rires supplémentaires, la brune finit par se calmer et me souffler:
- Au fait, samedi, je viens te chercher avec Vicky ça te va?
- C'est parfait, merci.
Elle m'envoie un sourire éclatant et lance une tout autre conversation. Déviant de sa relation avec Killian, son petit copain, à nos passions respectives nous arrivons au lycée dans une ambiance agréable. Je suis cette fois bien réveillée et parée pour cette deuxième journée!
Lorsque nous descendons du bus scolaire, nous rejoignons Vicky quelques mètres plus loin qui nous salue de son grand et beau sourire. Toutes les trois nous discutons de manière spontanée, comme si nous nous connaissions depuis longtemps. Or, cela ne fait que deux jours que l'on se connaît. Cette pensée me fait sourire, je ne pensais pas rencontrer des personnes adorables comme elles dès le premier jour. Je suis totalement reconnaissante!
Nos commérages s'enchaînent jusqu'à ce que Vicky s'arrête. Les yeux ronds, elle semble se souvenir d'une information cruciale.
- Purée les filles, j'ai oublié de vous dire! Ils vont passer d'ici quelques minutes!
Ses yeux sont prêts à exploser tant ils sont emplis de joie et ne parlons pas de son corps qui trahit toute l'excitation qu'elle contient. Au même instant, alors que je tente de décrypter ce message, Maëlys se met elle aussi à faire de gros yeux tandis que la blonde acquiesce toujours aussi euphorique.
- Arrête.
- Si je te le dis, râle Vicky.
- Pourquoi ils viennent?
- Ils ne viennent pas Maëlys, ils ne font que passer pour se rendre à leur lycée.
- C'est la même chose, se met à ronchonner la brune.
Cette conversation m'est totalement lointaine. Je ne comprends pas un quart de ce qu'elles racontent. De qui ou de quoi parlent-elles au juste?
Elles parlent de garçons mais même si je m'imagine qu'elles parlent de leurs amis, cela semble absurde vu qu'ils sont au même lycée que nous.
- Vous parlez de qui? Je finis par souffler du bout des lèvres.
D'un mouvement commun, leurs têtes pivotent vers moi et me fixent de leurs regards à en faire trembler plus d'un. On dirait des psychopathes. Devrais-je courir?
- Ce sont d..
- Ils arrivent!
Sans parvenir à comprendre leur affolement, les élèves proches de nous s'empressent de se placer au plus près de la route tandis que les filles m'attrapent par le bras afin de me tirer à leur suite.
Des rugissements de moteurs se font entendre au loin et soudain, le puzzle se forme dans ma tête. Placée entre les filles, nous attendons certainement de voir passer des motocross mais pour le moment, ces pilotes se font un peu désirer.
Bien que je comprenne ce qu'il se passe, je reste tout de même dubitative sur l'excitation de tous ces étudiants pour de simples engins. Sont-elles belles ou célèbres?
La vision des trois motocross au loin fait taire mes pensées, essayant de voir combien elles sont. Elles ont l'air d'être trois. Plus elles avancent et plus je distingue ce qu'elles font et le nombre qu'elles sont. En effet, il s'agit-là de trois pilotes dont l'un se lance sur sa roue arrière tel un showman en action.
Focalisée sur ces engins, je sursaute lorsqu'une main se pose sur mon épaule. Quelle n'est pas ma surprise de voir Nyce et son sourire tout sauf vrai. Mes sourcils froncés et la moue dubitative, je recule sa main de mon épaule sans comprendre à quoi elle joue.
- Au plaisir de ne plus te voir.
Je n'ai le temps d'assimiler ses mots que je suis soudainement poussée vers l'avant, m'écrasant tel un cachalot en plein milieu du bitume chaud de San Diego. Le ventre au sol, les mains de part et d'autre de mon corps et le menton frôlant le sol, je respire de manière saccadée, choquée de ce qu'il vient de se produire.
Vient-elle réellement de me pousser?
Les bruits de rugissements se font entendre me rappelant que des motocross sont en train de foncer droit sur mon corps encore au sol. M'aidant de mes mains, je tente de me relever mais une douleur lancinante au niveau de ma cheville me fait lâcher un cri et par la même occasion toute la force pour me redresser.
Crispée et complètement angoissée, je me place en position foetale attendant le choc de ces engins métalliques contre mon frêle corps. Ils vont beaucoup trop vite pour m'éviter ou pour s'arrêter à temps! Je vais finir tuée par des motocross et tout ça, à cause d'une rouquine.
Les yeux à moitié fermés, je regarde ces motocross s'approcher au ralenti. J'ai l'impression d'être dans un autre espace temps, de ne plus avoir accès à mon corps, d'être complètement à leur merci. J'entends les cris des gens, plus particulièrement des filles, je sens une main attraper l'un de mes pieds mais c'est déjà trop tard.
Ils sont là.
Les mains sur ma tête, je les fixe arriver, le cœur battant à tout rompre. Les mètres sont mangés et mon corps ne réagit toujours pas, je sais que je devrais bouger, utiliser l'adrénaline pour tenter quelque chose, esquisser le moindre orteil mais je ne fais rien de tout ça. Je laisse mon corps souffrir, ressentir la douleur de ma cheville, les écorchures sur ma peau et bientôt, le coup d'un pneu sur ma poitrine. Elle accélère alors que tout le monde lui hurle de s'arrêter. La première motocross s'élance encore plus vite et je suis défaillante. S'il vous plaît, assommez-moi avant!
La respiration lourde et saccadée, je n'ai pas le temps de fermer les yeux que le conducteur tire le volant vers sa poitrine d'une telle puissance que je sens mon cœur défaillir devant ce mouvement. Le corps paralysé par la peur, mon organe vital prêt à sortir de ma cage thoracique et les yeux ronds je l'observe sauter au-dessus de mon corps avec la grâce d'un danseur classique. Les deux motocross suivent le mouvement et soudain, les yeux braqués sur la route maintenant déserte, je prends conscience d'une chose: je suis vivante.
Un soupir aussi long que la méchanceté de Nyce sort de mes entrailles alors que le bruit autour de moi revient en masse. Bien que je ne risque plus de mourir écrasée par des motocross, il m'est impossible de bouger ne serait-ce qu'un seul orteil. Mon corps est paralysé.
Je les sens pourtant, leurs mains, à Vicky et à Maëlys. Elles me secouent, elles me parlent alors que certains crient un peu plus loin. Je n'entends pas les filles occupées de me rassurer, de me dire que tout va bien, mon cerveau est focalisé sur le bruit que vient de faire les pneus. Des crissements.
Je suis complètement tétanisée, je n'arrive pas à croire ce qu'il vient de m'arriver. On m'a poussé alors que des motocross roulaient à je ne sais combien de kilomètres heures, on m'a poussé violemment alors qu'elles allaient passer d'une minute à l'autre. Nyce m'a poussée. Je n'ai même pas les mots concernant la situation tant je suis abasourdie. Comment peut-on faire ça?
Les yeux toujours rivés sur cette route déserte, je reprends petit à petit mes esprits et me redresse avec l'aide des filles. Maintenant en position assise, je quitte le bitume des yeux pour les poser sur mes amies.
- Qu'est-ce qu'il y a? Je demande, les voyant fixer quelque chose dans mon dos.
- T'es suicidaire ma parole?
Cette voix. Elle m'est totalement inconnue.
Encore perturbée par ce qu'il vient de se passer, je tourne légèrement la tête et tombe face à des jambes. Suivant ce corps du regard, je finis par tomber sur un casque. L'un des pilotes.
De nombreuses secondes passent semblant durer des heures tant je le fixe, incrédule, avant que l'adrénaline et la douleur ne reprennent le relais sur mon corps paralysé et meurtri.
- La blague! C'est vrai que j'ai toujours rêvé de voir des motocross sauter au-dessus de moi alors que je suis paralysée sur la route. Merci! Je grogne, la haine prenant vie au sein de mes tripes.
J'ai les nerfs qui lâchent, le stress redescend et la colère prend place.
- Et qu'est-ce que tu faisais à terre dans ce cas?
Son ton est tout autant sec mais il semble à la fois perplexe. Ça tombe bien, nous sommes deux à ne pas comprendre ce que je faisais au sol.
- C'est cette connasse, je serre les poings, toujours assise sur ce bitume. Elle est où d'ailleurs que je lui refasse son portrait?
- Tu peux être plus claire?
Je serre encore les poings tout en tentant une nouvelle fois de me relever sur mes pieds, en vain. Ce pilote ne me facilite pas les choses et ça ne m'aide pas à décolérer.
-On m'a poussé. C'est plus clair? Je peste.
-Quelqu'un t'a poussé?
C'est qu'il n'est pas sourd, alléluia.
Je lève les bras en l'air et dévie le regard de son casque pour chercher la personne que j'aimerais étriper à cet instant précis.
- OUI! Je hurle. D'ailleurs, il faut que j'aille lui dire deux mots à cette petite orange! Elle est où?
Dans un mouvement de colère, je tente à nouveau de me relever mais je retombe sans attendre les fesses au sol. Stupide cheville! Stupide Nyce.
Un rire me fait tourner la tête et fusiller la personne dont il provient. J'étais déjà en rogne mais le voir se moquer de ma tête ne m'aide pas à me calmer.
- Ce n'est pas drôle! Je grogne. Si cette carotte ne m'avait pas poussée je n'aurais pas la cheville foulée. Je jure que quand je serai rétablie elle prendra cher, je souffle pour moi-même.
Maëlys et Vicky qui semblent toujours sous le choc ne prononçant aucun mot, restent focalisées sur le pilote dans mon dos. Fesses au sol, je les fixe quelques secondes et décide de les ramener sur terre. Bien que le sol soit chaud, je n'ai pas envie de rester indéfiniment sur ce bitume.
- Les filles, vous pouvez m'aider s'il vous plaît?
Leurs regards quittent le pilote pour s'ancrer au mien. Les têtes ahuries qu'elles tirent me font légèrement rire mais je suis très vite rattrapée par la situation et la douleur de ma cheville.
Simultanément, les filles me tendent leurs mains que j'attrape et d'une force commune, me tirent afin que je puisse me redresser sur ma jambe encore valide.
Je plisse le nez tant ma cheville me fait mal et tressaute lorsque deux mains chaudes viennent attraper mes hanches afin de me relever plus facilement.
Je sais qu'il ne peut s'agir que de ce motard mais mon subconscient veut qu'il s'agisse de quelqu'un d'autre. Pourquoi? Je n'en sais rien. Pourtant, alors que je suis quasiment en équilibre sur mon pied valide, la main de Vicky glisse de la mienne me faisant pivoter et tomber à la ramasse contre ce gars qui m'est totalement inconnu. Heureusement pour lui, comme pour moi, qu'il était bien sur ses appuis. Dix point pour l'équilibre!
- Vous voulez tous mes tuer, je soupire complètement vidée de toutes émotions.
Le pilote, dont les mains parsèment encore mon corps, me redresse lentement ne me quittant pas une seule seconde, même lorsque je tiens en équilibre sur mon pied gauche.
- Merci
Bien qu'il aurait pu me tuer s'il ne savait pas faire.. ce dont il a fait avec sa motocross, c'est grâce à lui que je tiens ma vie en ce-jour.
- Comment est-ce que tu t'appelles?
De rien. Non vraiment, je te remercie monsieur le pilote.
La politesse on l'a ou on ne l'a pas..
- Léna, je souffle oubliant mes pensées.
- Je suis Edan.
- Merci Edan de m'avoir rattrapé à cause de leurs petits muscles, je rigole en jetant un regard à mes amies toujours aussi stoïques.
Son bras encore posé dans mon dos, il laisse sa place à mes amies afin de se détacher de moi et par la même occasion, recule de quelques pas.
- Y'a pas de quoi, fais gaffe à ta cheville. Salut Léna!
Je le salue du mieux que je peux avant qu'il ne tourne les talons pour de bon. Les filles et moi nous retournons afin de nous diriger vers le lycée qui à par ailleurs déjà sonné depuis plusieurs minutes. Sautillant sur une jambe, les filles me tiennent de part et d'autre de mon corps afin que je n'empire pas l'état de mon entorse.
- Putain c'était.. Commence Vicky, les yeux ronds.
- FLIPPANT! Hum.. j'ai vraiment stressée, la coupe Maëlys.
- Oui mais c'était..
- Vicky..
Une scène dès plus bizarre, encore une fois, se passe sous mes yeux. Maëlys fait de gros yeux à la blonde qui se calme en deux secondes top chrono. Je ne sais pas de quoi voulait parler Vicky mais ce qui est sûr c'est que la brune ne voulait pas qu'elle le dise. Cela ne me regarde pas de toute manière.
- Tu ne t'imagines même pas quand j'ai vu Edan et les autres passer au-dessus de moi, j'ai vraiment cru que j'allais y passer, je ricane, encore un peu amère.
- Ça va, tu es bien avec nous. Bon, avec une petite blessure mais rien de grave, me rassure Vicky armé de son éternel sourire.
Sur le trajet jusqu'à l'infirmerie, nous discutions de ce qu'il s'est passé et du comportement de Nyce. Si je la croise, je jure sur la vie de quiconque que je l'étripe. Si elle voulait tant se venger pour ma remarque elle n'avait qu'à me renverser son déjeuner dessus, me faire un croche patte ou quelque chose dans le genre. Non me pousser pour que je me fasse écraser par des motocross!
- Je ne comprends pas pourquoi elle a fait ça, soupire Maëlys d'un air triste.
- Peut-être parce que c'est une connasse? Je lâche, mauvaise.
- Léna..
- Je te rappelle qu'elle m'a poussée alors que des motos arrivaient à toute vitesse. Elle est complètement malade Maëlys!
- Sur ce coup là, je suis d'accord avec Léna, ajoute Vicky en grimaçant, désolée.
- C'est vrai qu'elle n'aurait jamais dû faire ça, j'irais lui parler plus tard en attendant, nous sommes arrivées à destination.
Debout face à la porte de l'infirmerie, Vicky frappe trois coups et une femme nous ouvre, un petit sourire sur les lèvres.
- Aie, cheville foulée?
J'acquiesce tandis que la dame prend la place des filles afin de m'aider à entrer dans la salle et à m'installer.
*******************
Oh-oh..
Nyce, toujours un plaisir de la voir. N'est-ce pas?
Comment avez-vous trouvé ce chapitre? :)
(Vous pouvez le dire si vous avez eu de nombreux noms d'oiseaux sur une certaine rouquine 🤫)
Á bientôt,
K
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