Chapitre 14

Musique: Eyes don't lie d'Isabel LaRosa

- Non

Cela doit faire au moins la centième fois que je répète ce simple mot. N'est-ce pas assez clair? Dois-je déblatérer une phrase à rallonge ou crier pour qu'on comprenne que non, c'est non? Depuis ce matin, on ne cesse de venir me voir pour parler du célèbre et beau Edan Kold. Je ne plaisante pas, il semble être un putain de dieu vivant et je commence à saturer. Est-ce que vous êtes en couple? Non. Est-ce que vous seriez tenté pour un trouple? Non. Est-ce que tu peux me donner son numéro? Non. Est-ce.. vous ne pouvez pas fermer vos clapets? Ils m'agacent et l'avant-midi n'est même pas encore terminée. Le temps passe beaucoup trop lentement à mon goût et si les Kold vivent ce genre de chose chaque jour, je les plains du plus profond de mon être. Quelle horreur!

Des groupies Léna, ce ne sont que des groupies. De gentilles et belles groupies qui te tueraient volontiers pour être à ta place. Bordel.

Je claque la porte de mon casier fort, trop fort, attirant encore plus l'attention de tous ces étudiants mais pire encore, me ramenant à la réalité. Je crois que je préfèrerais avoir les vices de l'autre rouquine plutôt que toutes ces groupies. Mince, comment est-ce possible?

- Léna?

J'arque un sourcil au même moment où un jeune homme se poste à mes côtés, son regard glacial s'ancrant directement au mien. Mes bouquins dans les bras, j'attends qu'il parle, ouvrant et refermant la bouche il semble confus. Stressé?

- C'est bien toi Léna Jenkins? Il articule enfin d'une voix timide.

- Oui ?

- J'aimerais te demander quelque chose.

Ses doigts s'entortillent entre eux autant que l'incompréhension coule dans mes veines.

- Tu es?

Ses grands yeux bleus s'ouvrent à la volée à peine les mots sortis de mes lèvres. Frottant sa nuque puis ses cheveux, je comprends qu'il est nerveux et je m'apaise légèrement. Il veut probablement me demander quelque chose sur Edan Kold. Je lui répondrais la même chose qu'aux autres et, il s'en ira.

- Désolé. Je suis Ryan, on est ensemble en math. Troisième banc derrière toi, il ricane, gêné. Enfin bref, je voulais te demander s'il était possible d'avoir une place pour la course?

La course? Quelle course?

- Désolée Ryan, mais je ne sais pas de quoi tu parles, je souffle en serrant les lèvres, déjà prête à m'écarter.

- Mais si, la course entre les Kold, il lâche, son ton devient plus assuré. Tu les connais, non? On ne parle que de toi dans le lycée alors s'il te plait, est-ce que tu pourrais leur demander une place?

Je soupire intérieurement afin de ne pas lui montrer à quel point j'arrive à un point de non retour. Ça m'agace. On ne vient me voir que pour demander divers renseignements sur Edan Kold ou sur sa famille. Certes, on se connait un peu mais cela ne leur permet pas de m'utiliser comme bon leur semble pour tout connaître de leurs.. idoles ou je ne sais quoi.

- Je ne sais pas t'aider.

Je décroche mon regard du sien pour m'écarter et partir à mon prochain cours mais sa main m'attrape l'avant bras avant que je ne puisse faire un pas. Je replonge alors mes yeux dans ceux de ce type perdant de plus en plus la patience qu'il me restait.

- Je te demande juste une place.

Sa timidité et sa nervosité semblent avoir soudainement disparu, c'en est presque flippant. Il est contradictoire, maintenant plus confiant et montrant des signes d'impatience, il me fixe droit dans les yeux. Mon silence semble l'agacer davantage car il serre ses sales doigts plus fermement autour de mon poignet.

- Tu vas me lâcher, et tout de suite.

Je le fusille des yeux autant qu'il le fait. Ses iris sont aussi froids que l'antarctique et sa poigne se fait plus forte, plus menaçante alors que je tente de me dégager de sa prise. Plus je tire et plus il serre. La colère fait pleinement surface alors que la peur grimpe petit à petit au sein de mon être. Je cherche désespérément quelqu'un du regard, n'importe qui qui pourrait me sortir de cette situation. Seulement, mis à part ce détraqué et moi, il n'y a personne, tout le monde étant maintenant dans leurs classes respectives.

- Lâche-moi, je grogne.

Il secoue la tête tout en se rapprochant davantage de mon cœur apeuré et colérique.

- Trouve-moi une place.

Un rire amer me gagne alors que je rétorque fermement:

- Va la trouver toi-même! Jamais de la vie je ferais quelque chose pour toi. Espèce de détraqué!

Lui comme moi nous sommes arrêtés, s'observant en chiens de faïence. Le gars timide pour lequel j'éprouvais de la peine s'est complètement envolé pour ne laisser place qu'à un énergumène étrange et irrespectueux. C'est qu'il sait bien jouer la comédie ce fou.

La haine et la peur qui m'habitent sont si grandes que je suis à deux doigts de lui envoyer mon pied dans ses couilles lorsque mon portable se met à vibrer dans ma poche. Nos regards s'accrochent à l'instant où il comprend que je vais tenter quelque chose. Cependant, je suis plus rapide et lâche mes bouquins qui lui tombent sur le pied. Je profite de son mouvement de recul pour attraper mon portable et répondre au numéro inconnu. Je n'hésite aucunement et décroche, cela sous le regard noir du type face à moi.

- Raccroche.

Sa voix est ferme mais l'adrénaline qui coule dans mes veines est bien trop forte pour que je l'écoute. Se rapprochant à toute allure, il tente de m'arracher mon bien mais à nouveau, j'agis sans réfléchir. Mon pied fend l'air aussi vite que son cri étouffé tremble dans le couloir désert. Le mec tombe à genoux, les mains posées sur son sexe probablement violet et je l'abandonne là, en courant de l'autre côté afin de mettre le plus de distance possible entre nous. J'en oublie même la personne au combiné qui doit se poser des questions.

- REVIENS!

Tel un bon film d'horreur, je cours à en perdre haleine, jetant quelques regards derrière moi où le fou me poursuit bien trop vite à mon goût. Il me suit à la trace et j'ai bien peur de ce qu'il pourrait faire pour avoir cette maudite place ou pour se venger de ses attributs perdus.

Le cœur en feu, je tente le tout pour le tout et colle mon portable à mon oreille dans l'espoir que la personne n'ait pas raccrochée. Je ne m'arrête en aucun cas de courir, longeant tous les couloirs et faisant le maximum de bruits pour que quelqu'un arrête ce détraqué. Qu'il s'agisse d'un parfait inconnu, d'une dame me vendant son aspirateur ou autre, je prends toute l'aide que l'on me donne.

- Je ne sais pas.. qui tu es mais si on..se connait, je serais ravie de recevoir ton.. aide. Je crache, la respiration saccadée. Un fou furieux me court après et.. je ne pense.. pas tenir encore longtemps.

Aucun son ne parvient à travers le combiné et alors que je fixe mon téléphone, mon coeur prend un coup supplémentaire face à l'écran noir. Personne ne m'a entendu et personne ne viendra m'aider.

Merde, merde, merde.

- Putain, mais reviens!

J'ai le cœur qui va lâcher, des larmes me montent aux yeux et mes jambes semblent en feu face à cette course dès plus inattendue. Mon corps est prêt à rendre l'âme mais je puise dans mes dernières ressources et pousse la porte menant à l'extérieur. Je bifurque sans attendre sur le trottoir où j'espère qu'une voiture s'arrêtera. Je ne fais clairement pas le poids face à ce gars! S'il m'attrape, il me tue.

Les mètres défilent et la fin de l'histoire semble proche. Un regard en arrière et je le comprends instantanément. Quelques secondes, voilà le temps qu'il me reste avant qu'il ne m'attrape et ne finisse avec moi. Pourquoi avons-nous cette optique de fuir et de courir dès qu'il se passe quelque chose? Pourquoi ne me suis-je pas arrêtée dans une classe? Pourquoi ne me suis-je pas cachée? Autant de questions auxquelles je ne saurais répondre. Karma de ce matin.

- LÉNA!

Les larmes dévalent mes joues à l'instant où je l'aperçois. Lui et sa motocross faite de rouge et de bleue. L'espoir renaît au sein de mon ventre alors que j'hyperventile en courant les derniers mètres qui nous séparent. Il court vers moi et à l'instant où nos corps se touchent, Edan me pousse derrière lui, me cachant de l'autre dérangé. Je pleure à en perdre haleine, peinant à reprendre une respiration normale alors que je m'agrippe au t-shirt du pilote.

- Recule.

La fureur émane de son corps tout entier. Sa voix est différente, il est froid, méchant. Telle une petite fille apeurée, je passe la tête sur le côté afin d'observer la scène derrière mon bouclier humain. Sa chaleur m'apaise autant que sa présence. Au contraire, l'homme face à nous semble se décomposer au fil des secondes.

- Je ne voulais pas lui faire de mal, il soupire en plongeant son regard dans celui d'Edan.

Je ne vois pas ce dernier mais j'aimerais tant voir ses yeux, ils doivent être si noir. Je ne connais que l'Edan gentil, le pilote extraordinaire qui sauve des filles perdues. Je n'avais encore jamais vu un Edan dangereux, prêt à sauter sur celui qui se trouve sur son sillage.

- Un homme qui court derrière une femme en hurlant, bizarrement, ça me fait penser l'inverse, il crache, amer.

Ses muscles roulent sous mes doigts encore tremblants, il est tendu. J'en viens à avoir peur qu'il fasse une connerie, par ma faute.

- Je devais lui demander quelque chose d'important, ajoute l'homme face à nous, semblant devenir aussi doux qu'un agneau.

Mon pilote peste avant de me tourner vers lui, ancrant son regard noisette au mien. Séchant mes larmes d'une main, il m'observe, attendant que je lui parle. Pourtant, rien ne traverse mes lèvres, captivée par son visage empli d'animosité. Ses traits semblent si durs, j'ai une fâcheuse envie de les toucher afin de les adoucir.

- Il.. Je me lance finalement, il voulait une place pour votre course. J'ai dit que je ne savais pas lui en procurer et il a forcé. Je m'arrête, baissant le regard sur mes mains encore accrochées à son t-shirt. J'ai pris peur.

Je ne dévie aucunement le regard de mes doigts, par peur qu'il devine que je mens. Je ne donne pas les vraies explications pour qu'il ne fasse pas quelque chose qu'il regretterait, et non pour aider l'autre fou. Edan est quelqu'un de bien, je le sais, je le sens. Je ne veux pas l'impliquer dans mes problèmes.

Les secondes passent, voire peut-être s'agit-il même de minutes, mais Edan ne dit rien, nous plongeant tous les trois dans un silence de plomb.

- Ok. Dégage.

A ces mots, je relève le regard et plonge instantanément dans deux billes glacées. Son regard est peiné, désolé. Je ne dis rien et recule de la chaleur rassurante du pilote alors que l'homme s'en va. Lorsque ce dernier est assez loin pour ne pas nous entendre, Edan grogne en se passant une main dans ses cheveux bruns, l'air grave.

- Pourquoi tu l'as protégé?

Lèvres pincées, je soupire en haussant les épaules.

- Qu'est-ce que ça aurait changé?

- Je lui aurais cassé la gueule putain!

La rage que je lis dans ses prunelles me fait frissonner. Son corps n'est que haine et rancœur.

- Edan..

-C'était moi la personne au téléphone, il me coupe. J'ai tout entendu Léna. Ce n'est pas rien merde!

Je souris tristement en me rendant compte que je l'ai inquiétée. Edan me fixe toujours, tendu mais peu à peu ses traits se détendent et il soupire.

- Sérieux, ça aurait pu aller loin.

J'acquiesce simplement et avance d'un pas afin de me rapprocher de lui. D'une main tremblante, je viens attraper la sienne et souris.

- Mais ça ne s'est pas produit. Tout va bien, grâce à toi.

Un énième soupir passe ses lèvres charnues avant qu'il ne sourit enfin.

- Je vais finir par croire que tu manigances des choses, il ricane, ses doigts toujours accrochés aux miens.

- Quels genre de choses? Je sourcille.

- A toi de me le dire, mais depuis ce jour au lycée, on ne cesse de se croiser partout.

- C'est une coïncidence, rien de plus, je ricane, troublée par notre contact physique. Mais, je reprends, pourquoi est-ce que tu m'as appelé, tu sais, tantôt?

Le pilote sourit en coin, l'air ravi.

- La famille Kold t'invite personnellement à sa course samedi.

- Quel privilège! La célèbre famille Kold m'invite à l'une de leur course? Je pouffe devant sa mine heureuse.

- Cela veut dire que tu viendras? Il ajoute cette fois plus sérieusement.

J'acquiesce frénétiquement sous son regard brillant. Alors que je pensais notre discussion terminée, Edan attrape son casque posé sur sa motocross, et me le tend.

- L'autre est resté à mon lycée, il commente face à mon interrogation.

- Je sais marcher jusqu'à mon lycée, tu sais, je ricane devant son froncement de sourcils.

- On s'en va, et si quelqu'un doit le porter, c'est bien toi. Allez, dépêche-toi.

Mon estomac est assailli de sensations divines face à ses mots mais j'y fais abstraction.

- J'ai cours, je suis déjà partie à la volée sans prévenir personne. Je dois y retourner.

- Autant tout rater, il rétorque sans attendre, l'air malicieux.

- Edan..

- Léna..

Je secoue la tête et lui rends son casque. Non, je ne peux pas. Le sourire rayonnant qu'il avait est rapidement remplacé par un visage neutre, déçu. On se fixe de nombreux instants et sous le coup de l'adrénaline, je lâche:

- Passe me prendre à la fin des cours.

Lui comme moi sommes étonnés. Je ne me pensais pas capable de dire de telles choses. Par peur qu'il se rétracte ou plutôt, que je bafouille et lui demande d'oublier, je tourne les talons après un bref salut.

- Tu ne veux même pas que je te ramène? Il hausse la voix dans mon dos.

- Le lycée est à quelques mètres, ça ira, je ris sans pour autant lui jeter un quelconque regard.

J'entends derrière moi sa motocross ronronner avant qu'il ne me passe à côté. Pensant qu'il démarrerait en trombe, je suis surprise lorsqu'il se cale à mon allure et me suis jusqu'au lycée. Je souris tout du long, espérant qu'il ne le remarque pas. Le pilote reste à disposition, non loin de moi jusqu'à ce que je disparaisse dans le bâtiment. A ce moment précis, deux choses se passent: sa motocross démarre en trombe me faisant sourire de plus belle, et la secrétaire débarque dans mon champ de vision, le regard accusateur.

- Mademoiselle Jenkins, j'espère que vous avez une bonne raison.



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Eyes don't lie, n'est-ce pas?

Cette relation entre Edan et Léna, je l'adore. Ils sont trop kiki mes chouchous 🥺

Vos chouchous à vous aussi? 

Si je devais faire une liste de mes chouchous masculins ce serait: 1. Edan, 2. Jules, 3. Carter et 4. Noah Riley 😫😍 Les trois premiers ce sont les miens, logique ahahah, et le quatrième arh (Say Your Swear à jamais dans mon coeur).

Enfin, nous nous écartons du sujet là! Qu'avez-vous pensé de ce chapitre? 

Votez et commentez en masse, comme toujours <3

Portez vous bien et à la semaine prochaine! 

K

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