Chapitre 10 : Voleuse
Je me suis levée à l'aube pour récupérer un journal jeté dans la rue , au pied d'une des maisons .
Après l'avoir pris , je me dirige près du boulanger . Mais malgré que le trajet soit court , mon corps s'affaiblit à chaque mètre que je parcours .
Je me sens tellement mal ...
Tout m'épuise ; les disputes perpétuelles avec Mathias , le fait de voler puis de courir le plus vite possible , l'agitation habituelle du village et pleins d'autres situations désagréables .
En plus de cela , je n'arrive pas à dormir , trop préoccupée à réfléchir à la réponse à cette question :
Pourquoi cette foutue base à été détruite ?
Sans m'en rendre compte , des réponses fusent dans ma tête mais il est impossible de trouver la bonne .
Je suis enfin arrivée vers la boulangerie . Cette marche m'a coûter un effort plus qu'immense .
Comme d'habitude la porte à l'arrière de la boulangerie n'est jamais fermée .
J'en profite donc pour la pousser lentement et m'infiltrer doucement dans la pièce , à l'abri des regards .
J'aperçois une baguette à trois mètres de moi et le boulanger dépose les pains prêts à être mis en vente dans des paniers à environ dix mètres devant moi . Il est heureusement de dos .
Sans bruit , je me baisse en fixant mon objectif : voler cette baguette .
J'avance pas à pas , je tend le bras et l'attrape .
- EH ! TOI !
Je me redresse d'un coup et cours avec le pain à la main et le journal dans l'autre .
Le boulanger est bien trop vieux pour courir , il crie donc :
- Attrapez-la !
Je fonce vers la colline mais je percute quelqu'un et c'est le trou noir total .
***
- Alicia ! Alicia ! Réveille toi je t'en supplie !
Mes yeux ont du mal à s'ouvrir et ma respiration est saccadée .
Une vive douleur se fait ressentir tout le long de mon corps et plus principalement vers la tête .
- Alicia je t'ai sauver juste avant que la gendarmerie t'emprisonne .
- Où suis je ?
Je vois flou , mais distingue une ombre au dessus de moi : Mathias .
- Tu es dans la ferme , sur la paille .
Si mes souvenirs sont bons j'ai réussi à voler un journal et du pain .
- Quel jour est-on ?
- Aujourd'hui . Dimanche , la fin de la deuxième semaine .
- Je suis là que depuis deux semaines ?
- Oui , malheureusement .
Ma vision s'éclaircit enfin . Je découvre le visage plus qu'inquiet de Mathias .
Je suis allongée , et mon dos est surélevé grâce à une botte de foin . Mathias est accroupi à ma droite , tenant ma main .
Je veux me lever mais il m'en empêche :
- Que veux tu ?
- Sait tu où est le pain ?
- Tiens , Dit il en m'offrant un bout .
- Merci .
Le silence est pesant durant de longues minutes pendant que je finis de manger mon morceau de pain . Il s'allonge à son tour et je sens qu'il m'observe .
- Alicia , je sais que tu a voulu bien faire en aillant voler le pain seule , mais c'est dangereux .
- Tu dormais .
- J'ai eu peur pour toi .
- Tu es gentil .
- Pas de quoi . Au fait ... je m'excuse pour la dispute d'hier soir .
- C'est oublié , dis je en souriant .
C'est vrai que nos disputes sont dues à la fatigue mais elle ne nuisent pas à notre complicité , étrangement .
- Bon eh bien ... Repose toi alors .
- Oui mais peu de temps .
- Pourquoi ?
- Parce que ça va faire trois semaines que je suis coincée ici et toi , trois mois . Ma mère me manque et toi ce sont tes deux parents . Et enfin nous sommes tous les deux déshydratés car l'eau d'une rivière ne suffit pas . Du côté nourriture n'en parlons même pas , tout comme l'hygiène . J'en ai marre de me doucher dans une rivière et de porter les mêmes habits . Il faut donc que l'on trouve une solution .
- Je te comprends .
Étonnée de sa réponse un peu trop passive à mon goût , je décide d'ajouter :
- Tu n'en n'a pas marre toi ?
- Si , mais je ne le montre pas .
Je soupire .
Sans que Mathias ne s'en aperçoive , notre état de santé s'aggrave de jour en jour et nous pouvons à tout moment tomber malade et peut-être mourir .
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