Chapitre 19
PDV Samuel.
Une fois en dehors du taxi, j'essaye de rester debout et prend la main de la fille qui sort après moi. Ce serait un mensonge de dire que je me rappelle de son nom, mais de toute façon je ne pense pas en avoir besoin. On avance lentement vers l'entrée du chalet, trébuchant légèrement à chaque pas. Je n'arrive pas à penser clairement, je ne vois même pas clairement, donc je ne peux pas dire si je fais quelque chose de bien ou pas. Je n'arrive pas à raisonner, à remettre en question mes actes, mais je sais que je veux cette fille, tout de suite.
Une fois à l'intérieur, je ne prend pas la peine d'allumer les lumières et nous guide à l'étage, dans ma chambre. Monter les escaliers est encore plus difficile que de marcher dehors, mais on arrive finalement à bout. La lumière de ma chambre est allumée. Je m'arrête un instant, l'image de Jade me venant à l'esprit. Comment va-t-elle réagir?
" What's going on? " la fille derrière moi resserre ma main, visiblement impatiente.
Je repousse l'image de Jade au fond de ma tête, je n'ai pas à m'occuper d'elle.
" Nothing " je murmure, ouvrant la porte de ma chambre.
Au même moment Jade sort de la salle de bain, vêtue de vêtements qu'elle a sûrement achetés hier vu que j'avais pris la mauvaise valise et l'avais laissé sans vêtements. Ses yeux s'élargissent quand elle me voit, ou plutôt quand elle voit la fille derrière moi. J'attend qu'elle parle. Elle ne le fait pas. Elle ne fait que nous regarder, immobile.
" Sors " je lâche, détournant mon regard. Je tire la fille avec moi vers le lit, laissant la place à Jade de sortir. Quand je n'entend pas sa réponse, ni vois aucun mouvement, je me retourne vers elle. Son regard est toujours fixe devant elle, là où nous étions debout il y a quelques secondes. " Jade? " je l'interpelle, impatient qu'elle sorte.
Elle secoue enfin la tête, passant ses mains sur son visage puis massant ses tempes. Elle se retourne vers moi, me regardant un instant. Puis son regard dérive vers la fille derrière moi qui s'assied maintenant sur mon lit, aucunement dérangé par le fait qu'il y ai une autre fille dans ma chambre. Je suppose qu'elle s'en fiche.
" Tu es marié " c'est la seule chose que dit Jade, sa voix petite alors qu'elle regarde la fille puis moi chacun notre tour.
" Sur papier, oui, mais ne pense pas que je vais agir comme tel " j'explique, priant pour qu'elle sorte maintenant.
" Et moi? " elle demande.
" Quoi toi? "
" Je suis... " elle s'arrête, prenant une grande inspiration. Une larme coule le long de sa joue, " je suis ta femme, que ce soit sur papier ou pas. "
" Je t'ai déjà dit que je m'en fiche? ". Pourquoi elle ne veut pas partir pour qu'on en finisse maintenant?
" Ce que tu fais est une insulte pour moi " elle me regarde dans les yeux maintenant, sa voix plus ferme malgré les larmes.
" Prend ça comme tu veux, je répète je m'en fiche. Maintenant sors j'ai des choses à faire comme tu vois " je souris en montrant la fille assise sur mon lit.
" Non " elle semble différente cette fois, elle n'es plus intimidée, " tu peux me dire toutes les méchancetés que tu veux, tu peux me traiter comme tu veux ; mais je ne vais pas te laisser me faire ça. Je n'ai pas voulu être ta femme, mais maintenant que je le suis je me dois de garder ma dignité. Et en te laissant me tromper, je ferais exactement le contraire. "
Sans attendre une réponse de ma part - que j'essayais de formuler dans ma tête - elle s'avance vers le lit et attrape la fille par son bras.
" Go out " dit-elle calmement en la traînant quasiment hors de la chambre.
La fille lui dit des choses à elle et à moi mais je ne l'écoute plus, bien trop surpris par les actions de Jade. L'alcool, la douleur, l'agacement, tous se regroupent pour augmenter ma colère. Et je sais que je vais exploser sur Jade dès qu'elle reviendra dans la chambre. J'entend la porte claqué au rez de chaussée, puis les pas de Jade montant les escaliers. Une fois à l'intérieur de la chambre elle ne m'adresse aucun regard et se dirige directement vers l'armoire. Encore une attitude pour augmenter ma colère.
Je fais un grand pas et je me tiens derrière elle, prenant son bras pour la retourner. Elle ne semble pas surprise. Son dos se heurte à la porte de l'armoire alors que je l'épingle contre celle-ci comme hier soir. L'alcool me fait faire des choses que je vais regretter,alors j'essaye de laisser un minimum d'espace entre nos visages. Elle ne baisse pas ses yeux bleu troublants et je suis assez surpris par son attitude.
" Écoute moi bien " je dis entre les dents, " ne t'avise pas à refaire ce que tu viens de faire, parce que la prochaine fois je ne vais pas te regarder mais je vais agir. Et je te promet, tu vas le regretter. "
Je la vois avaler sa salive, mais elle garde le contact des yeux.
" D'accord, alors toi aussi, ne fais plus jamais ça. "
Je recule d'un pas en ricanant, " Et tu penses que tu peux me dire quoi faire? "
" Si toi tu peux, alors moi aussi ".
Le fait qu'elle ne cède pas, qu'elle ne soit pas intimidé et qu'elle tient son bout me surprend, mais surtout ça augmente encore plus ma colère. Je souffle et lève ma main pour la passer dans ma cheveux mais je m'arrête quand je vois la réaction de Jade. Ma main reste en l'air alors que je la regarde fermer ses yeux et tourner la tête légèrement sur le côté, comme si elle attendait le coup. Comme si elle s'attendait que je la frappe?
Je baisse ma main et recule de quelques pas, regardant son visage. Ses yeux sont fermement clos, quelques larmes s'échappant, ses lèvres sont pressées l'une contre l'autre. Je descend mon regard, sa poitrine se soulève et se rabaisse rapidement, ses mains forment des points le long de son corps.
" Jade " je murmure pour qu'elle se rende compte que je ne vais pas la toucher.
Un léger soupir s'échappe de ses lèvres, puis elle ouvre un oeil, suivit de l'autre. Elle semble surprise de me voir un peu plus loin d'elle, mais tout autant rassurée.
" Pourquoi? " je demande.
L'alcool fait son effet et je sais que je vais m'endormir dans pas longtemps. Jade me regarde confuse alors qu'elle enlace son corps de ses propre bras après avoir essuyé ses larmes.
" Pourquoi quoi?" elle murmure, son regard au sol.
" Pourquoi tu as eu ce réflexe? Comme si j'allais te frapper " je recule encore un peu et m'assois enfin sur le lit alors que ma tête commence à tourner. Je crois que je n'avais jamais bu autant en une soirée.
" C'est... C'est rien " elle murmure, se détachant de l'armoire, " je vais aller dormir ".
Une voix au fond de moi me dit de la suivre hors de la chambre, de lui demander de m'expliquer pourquoi - même si je me doute de la raison -, mais je fais comme si je n'avais rien entendu et m'allonge sur mon lit après son départ. Je commence à masser mes temples tout en essayant de ne pas réfléchir, de ne pas penser, de ne pas me rappeler, de ne pas me souvenir, d'oublier.
Les yeux bleus de Jade me reviennent à l'esprit, un moment remplie de détermination, un moment intimidée, un moment apeurée. Je déteste faire souffrir, mais je sais que c'est pour son bien.
PDV Jade
Les mains tremblantes, j'enlève mon t-shirt et mon jean dans la chambre de Léna. J'attrape le t-shirt de Samuel que j'avais mis hier soir et le passe par dessus ma tête avant de m'allonger sur le lit. Je ferme les yeux et essaye de calmer ma respiration saccadée. Deux fois de suite, deux nuits de suite. Il m'a encore épinglé de ses bras, son regard dur ne me quittant pas, mais cette fois j'ai essayé de lui tenir tête. Je n'avais juste pas pensée que j'aurais ce réflexe quand il a levé sa main. Il semblait vouloir le passer dans ses cheveux, mais j'ai été tellement confronter à cette situation que le fait qu'il lève sa main de cette façon m'a rappelé de mauvais souvenirs et par conséquent j'ai eu ce réflexe de tourner la tête.
Prenant une grande inspiration j'essaye de m'endormir. M'endormir pour ne pas réfléchir, ne pas penser, ne pas me rappeler, ne pas me souvenir, oublier. Soudain, les yeux de Samuel me viennent à l'esprit. Des yeux remplies de colère, mais aussi de douleur, de regret, et c'est cela qui me trouble le plus. Je ne le comprend pas. Et je doute que je le comprendrais un jour. Il est juste tellement mystérieux et imprévisible. Et c'est sur ces pensées que je m'endors, toujours sous le choque de la soirée.
Le matin je n'entend pas de porte qui claque, et je me réveille par moi-même. Quand les souvenirs de la soirée refont surface dans mon esprit je veux me recoucher, m'engouffrer sous les couvertures et ne pas sortir de la chambre toute la journée. Mais bien sûr, je ne fais pas cela. Je me lève donc du lit, tirant le t-shirt vers le bas avant d'aller à la salle de bain.
Je passe un coup d'eau sur mon visage que je relève pour me regarder dans le miroir accroché au dessus du lavabo. Les souvenirs reviennent, je secoue la tête et repasse un coup d'eau avant d'essuyer mon visage. Je reviens dans la chambre et ouvre la fenêtre, puis je me dirige vers celle de Samuel pour prendre de nouveaux vêtements. Je m'arrête devant la porte, approchant mon oreille pour écouter à travers. Il n'y aucun bruit alors je suppose qu'il dort. Priant pour que ce soit le cas j'ouvre la porte, et à la vue de Samuel endormit je lâche un soupir de soulagement. Il est allongé sur les couvertures, ses vêtements toujours sur lui, même ses chaussures. Je ne lui porte pas plus d'attention et me dirige vers l'armoire, choisissant ce que je vais porter aujourd'hui. Tout ferait l'affaire en fait, je n'ai pas l'intention de sortir aujourd'hui, pas après la soirée d'hier.
Je n'arrive toujours pas à y croire, comment il a osé amener une fille ici, comment il a osé penser me tromper avec moi dans le même lieu? Je suis peut-être sa femme sur papier, mais j'ai une certaine dignité pour ne pas accepter ça quand même. Aucune femme ne l'accepterait. De plus, il est peut-être mon mari sur papier mais je n'ai jamais penser à une possibilité d'avoir une relation quelconque avec un autre homme.
Un grognement me fait sortir de mes pensées et je me retourne d'un coup, les vêtements à la main. Samuel se redresse légèrement, avant qu'il remarque ma présence. Il ne dit rien, il se lève complètement et avec de petits pas il se dirige vers la salle de bain.
Je retourne dans la chambre de Léna et me change rapidement, regroupant mes cheveux en une queue de cheval relâché. Je descend au rez-de-chaussée, allant directement dans la cuisine pour préparer de quoi manger. Je ne sais pas si Samuel va manger, mais je lui prépare une assiette aussi.
Une fois avoir mangé, je lave rapidement mon assiette et mon verre, laissant l'assiette de Samuel sur le comptoir. Je sors de la cuisine juste au moment où Samuel descend les escaliers. Nos regard se rencontrent, mais aucun mot n'est échangé. Alors que j'allais faire comme si je ne l'avais pas vu et me diriger vers le salon, je le vis perdre l'équilibre. J'accours à lui alors qu'il prend appuie sur le mur à côté de lui.
" Ça va ? " je m'empresse de demander alors que je passe un bras autour de sa taille.
Il regarde mon bras, puis mon visage et hoche la tête. Il essaye de défaire mon bras d'autour de lui mais je l'arrête.
" Tu devrais t'asseoir un instant " je lui conseille.
" Je vais bien " il grogne comme toujours.
Je décide de le laisser faire pour voir s'il peut marcher correctement et comme je l'avais deviné il se retient encore une fois au mur.
" Viens " je souffle, passant encore une fois mon bras autour de sa taille, le guidant au salon. Il ne proteste pas quand je le fais asseoir sur l'un des canapés. Je me tiens debout devant lui maladroitement. " Est-ce que ça va? " je redemande.
" J'ai la tête qui tourne " il grogne, laissant tomber sa tête en arrière.
" Oh " je souffle, réfléchissant à quoi faire, " c'est quand la dernière fois que tu as mangé?"
Il réfléchit un moment, massant ses tempes, " avant-hier ".
" Avant-hier?" je répète, surprise. " Reste ici " je souffle ensuite, sortant du salon pour aller dans la cuisine. Je me félicite intérieurement d'avoir préparer une assiette pour lui, puis revient au salon avec celle-ci en main. Je m'assois à côté de Samuel et pose l'assiette sur mes genoux. " Tu devrais manger un peu ".
Il ouvre ses yeux et me regarde un instant, puis son regard dérive vers l'assiette. Il se redresse légèrement, semblant troublé. " Tu as préparé ça pour moi?" il demande, comme si j'avais fait quelque chose d'irréalisable.
" Euh ouais " je marmonne, ne comprenant pas son attitude.
" Pourquoi? "
" Parce que tu as faim? " je tente.
Il secoue la tête, " Pourquoi tu te préoccupes de moi alors que je te parle mal, j'agis mal? J'allais même te tromper hier soir! "
" Je... Je ne sais pas... " il a raison, je ne devrais pas me préoccuper de lui après tous ce qu'il me fait, mais c'est dans ma nature, j'y peux rien.
" Non, il y a bien une raison " il se tourne légèrement pour être face à face avec moi, " tu ne fais pas quelque chose sans aucune raison, il doit y avoir une raison. Dis moi pourquoi tu fais ça "
" Je ne sais pas, je suis comme ça d'accord? J'ai été éduqué comme ça, je vais devenir infirmière, bien sûr que je vais me préoccuper des autres " dis-je légèrement agacé par ses propos. Pourquoi il en fait tout un plat?
Il reste en silence un moment, me regardant dans les yeux, puis étudiant mon visage. Il secoue la tête, puis il prend l'assiette sur mes genoux et le pose sur la table basse. Il se rapproche encore plus de moi et j'ai l'intention de reculer, mais il me prend le bras, ses yeux dans les miens.
" Je me disais... Si tu aimes tant que ça aider les gens, pourrais-tu m'aider pour autre chose? " il sourit malicieusement.
Je déglutis, " pour quoi? "
" Eh bien, sachant que tu ne m'a pas laissé satisfaire mes besoins hier soir avec cette fille, tu devrais t'en occuper non? Les besoins d'un homme sont importants, tu devrais t'en préoccuper " il appuie sur le dernier mot alors que j'essaye de me dégager de son étreinte.
Le fait qu'on soit encore assis ne m'aide pas du tout et il resserre sa poigne sur mon bras.
" Ne vas-tu pas m'aider? " il sourit.
" Lâche moi " je murmure.
Sa mâchoire se contracte, il n'y plus aucune trace de sourire sur ses lèvres, et le fait qu'il s'approche encore plus en me tenant en place me complique la tâche de respirer.
" Samuel - " je murmure encore mais il me coupe, son visage à quelques centimètres du mien.
On est tellement proches que nos jambes se touchent, il tient mon bras, et son souffle s'écrase sur mon visage. Les larmes me montent aux yeux sans que je puisse m'en empêcher.
" Dis moi, vas-tu te donner à moi? " sa voix est ferme, envoyant des frissons le long de mon corps.
Il doit s'en rendre compte puisqu'il ricane, " je te fais de l'effet ? "
" Oui. Tu me dégoûte " je crache sans attendre, priant pour qu'il me lâche et ne fasse pas ce que je pense qu'il va faire.
Puis il desserre sa poigne autour de moi, se recule, et se relève.
" Bien " dit-il, me jetant un dernier regard avant de partir.
Bien? Je lui dit qu'il me dégoûte, et il me dit 'bien' ?
J'entend la porte d'entrée claquer, et sur ce je me laisse tomber en arrière sur le canapé, m'allongeant de tout mon long et portant mes mains à mon visage. Les larmes dévalent mes joues, mais je ne peux pas dire leur raison, si c'est à cause de la peur, de la tristesse, de la douleur, ou du fait que je déteste mon destin...
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