VII. Blizzard
Journal des Sports, rubrique dracologique – édition du dix-neuf juin 1990.
Détournement d'un dragon de ligne
Le vol Kukulcan Air 211289 reliant Montréal à Cancún a subi l'attaque de pirates de l'air hier dans la soirée. Un message de la part des preneurs d'otages est parvenu au gouvernement canadien peu après, exigeant une rançon dont la somme n'a pas été communiquée, mais que l'on estime à plusieurs dizaines de millions. D'ici à ce qu'une décision soit prise, on reste sans nouvelles des soixante-huit passagers et neuf membres d'équipage. Leur dragon – un Kukulcan 247 – a été détourné de son plan de vol et forcé à se poser en un lieu inconnu.
Le mystère Lorna Locke
Plus de deux mois se sont écoulés depuis la réapparition miraculeuse de Locke ; et pourtant, cette dernière persiste à s'enfermer dans le silence, restant muette sur les évènements du Pôle Nord. On suppose que la championne a subi des avaries sur son Brise-Givre, puis, par un tour de force, est parvenue à capturer une Née-des-Glaces afin de poursuivre son périple. Mais Locke se refuse à confirmer. Les hypothèses vont également bon train concernant le bandeau blanc qui dissimule désormais les yeux de la jeune femme à chacune de ses apparitions publiques. Selon plusieurs médecins spécialistes des blessures dues au grand froid, celui-ci pourrait servir à dissimuler des yeux brûlés par le givre et les séquelles de sévères engelures. Toutefois, cette présomption, bien que crédible, n'explique pas le silence de Locke. Sans compter les déclarations inquiétantes de son frère aîné. « On ne la reconnaît plus ; elle est devenue taciturne et solitaire. Quoi qu'il lui soit arrivé là-bas, ça l'a marquée pour de bon », nous a-t-il avoué, tout en nous assurant que quoi qu'il advienne, son soutien demeurerait sans failles. Que s'est-il passé durant ces mois d'errance sur la banquise pour changer la jeune femme à ce point ? Une question à laquelle nous ne sommes pas sûrs de pouvoir répondre un jour. Le mystère Lorna Locke reste ainsi entier, malgré la récente déclaration de la jeune femme selon laquelle elle allait amorcer une carrière de pilote de dragon de course.
Futures restrictions à l'utilisation des RGM
Anigaïl Castel, chef du département de l'environnement, a fait savoir par un communiqué de presse qu'une commission d'experts avait été mandatée afin de déterminer de nouvelles règles applicables aux RGM (Reptiles Génétiquement Modifiés), de manière à ce que cette technologie récente soit réglementée comme il se doit. La décision a été acclamée par les milieux écologistes, qui réclament de telles mesures depuis des mois.
***
Premier mars 2012.
Pour cette troisième étape – la vingt-et-unième d'affilée à laquelle elle prendrait part –, les plans de Lorna demeuraient inchangés. À un détail près : en plus d'occire le maximum de concurrents, elle comptait se débrouiller pour qu'Amdre Vershel obtienne cette victoire qui lui tenait tant à cœur. Pourquoi ? Elle ne savait pas trop. Parce que le garçon lui semblait débordant d'une moralité qu'elle ne possédait pas ; parce que sa naïveté optimiste méritait qu'on lui accorde une chance ; parce que tous deux défendaient la même cause, en fin de compte, même si leurs méthodes divergeaient de beaucoup.
Elle ne l'appréciait pas pour autant, bien au contraire. Durant ce mois passé à s'entraîner ensemble dans le Nord, Amdre n'avait cessé de l'exaspérer. Cela semblait lui venir naturellement : il s'enthousiasmait pour un rien et parlait sans cesse, ou tout au contraire, se laissait abattre par des détails, ressassant tristement la mort de Tyerne Kuxan – et les autres. Mais il tenait bon. Lorna annonçait qu'ils partaient voler durant dix heures d'affilée à travers les montagnes ? Il acquiesçait consciencieusement et demandait simplement l'autorisation de s'armer d'un bonnet supplémentaire. Elle s'enfermait dans le silence trois jours durant ? Pas de problème, Amdre était capable de mener une conversation à lui seul. Elle lui refusait la moindre seconde de répit ? Il s'en fichait, il voulait gagner.
D'un point de vue purement technique, tout se déroulait à merveille avec Amdre ; et pourtant, Lorna vit venir le jour du départ avec une nervosité qui ne lui ressemblait pas. Les enjeux de cette course-là – cette ultime course, comme elle se prenait de plus en plus souvent à le penser – allaient s'avérer bien plus élevés que ceux des précédentes. Les factions qui déchiraient les pilotes s'étaient mené une guerre impitoyable sur le plan médiatique durant l'intégralité du mois de février ; et elles s'apprêtaient à la transposer sur le plan physique. Ceux qui demeuraient sans alliés ne feraient pas long feu. Outre le duo composé d'Amdre et de Lorna, on pouvait ainsi classer les coureurs en trois groupes.
Les pilotes de dragons montagnards tout d'abord, qui s'étaient toujours montrés d'une étonnante solidarité lors des diverses éditions du Tryptique ; en on comptait quatre cette année, menés par Erich Castel et son Cairnard. En règle générale, ils ne recouraient pas à la violence et s'avéraient d'un fair-play presque naïf.
Ensuite venait le groupe des tropicaux ; soit trois pilotes relativement doués, mais diminués par la mort du jeune Iguene Vage lors de la deuxième étape. Parmi eux, Noha Del Mah et son Agrippe-Corail faisaient figure de favoris pour la victoire au classement général ; et pour une fois, les pronostics de Lorna s'accordaient à ceux des parieurs sportifs, classant l'innocente Noha en tête de liste des pilotes dont il valait mieux se méfier.
La dernière faction en lice était menée par Devi Ælin en personne, ce qui inquiétait Lorna plus que de raison. En vingt ans de course, Devi n'avait jamais noué d'alliance avec personne. La petite Kuxan devait l'avoir payée cher pour acheter sa loyauté. Tout comme pour s'offrir les services des derniers coureurs sans attaches : Jadavis, lui aussi favori, Terence et Limerick – cependant, grandes étaient les chances que ces trois-là se défilent dès le danger en vue.
Au final, quatorze pilotes occupaient l'aire de départ une fois l'heure venue – moins que les autres années, mais le spectacle demeurerait tout aussi étourdissant. Lorna et Amdre se tenaient côte à côte, chacun affrontant les températures glaciales à sa manière. La première, forte de son expérience au Pôle, ne se laissait guère intimider par quelques bourrasques. Elle se tenait bien droite sur le dos de son dragon inanimé, le visage tourné vers le ciel, offerte aux hurlements furieux de ce blizzard au sein duquel elle aimait tant se perdre. À l'opposé, son jeune acolyte n'en menait pas large. Pas un centimètre de sa peau n'était exposé à la morsure du froid ; il s'était notamment affublé d'une épaisse toque en fourrure qui lui donnait l'air d'un aventurier un peu snob. Et malgré les couches de vêtements, il grelottait.
– Tout se passera bien, se força à grommeler Lorna.
Du menton, elle désigna les pilotes disséminés tout autour.
– La plupart d'entre eux n'ont pas la moindre idée de la manière correcte d'aborder un vol en plein blizzard. Ne commets simplement pas l'erreur de t'arrêter pour moi si je traîne et la victoire t'appartient.
Elle devina un hochement de tête affirmatif à travers l'écharpe d'Amdre, qui tourna malgré tout un visage inquiet vers elle.
– Vous n'avez pas vu la manière dont m'a regardé Diedre lors de notre entrée. Elle va me tuer, Lorna ; elle se fiche de la course, elle veut juste me faire payer le sort de sa sœur.
– Pas si je m'occupe d'elle avant.
Amdre ne parut pas rassuré pour autant. Il pouvait se montrer remarquablement à l'aise lorsque Lorna évoquait ses meurtres, mais sa culpabilité envers les sœurs Kuxan le rattrapait irrémédiablement. Il avait eu le sang de Tyerne sur les mains.
– Devi vous tiendra bien assez occupée, souffla-t-il. Non, je crains que Diedre me soit destinée tout entière. Je ne peux pas vraiment lui en vouloir, remarquez.
Le compte à rebours précédant le départ débuta sur ces mots. Lorna se laissa couler dans le corps de la Née-des-Glaces sans plus songer aux états d'âme de son disciple. Le blizzard l'appelait. Sa course, son terrain, son monde. Les dragons montagnards, habitués à hiberner durant la saison froide, ne pouvaient rivaliser avec une dragonne polaire dans de telles conditions. Ici, elle les supplantait tous.
Le décollage ne se fit pas dans le silence cette fois-ci, mais au beau milieu des plaintes de la tempête. Tous les dragons durent batailler pour s'élever sous la morsure de bourrasques, qui atteignaient les cent kilomètres-heure en moyenne. Tous sauf la Née-des-Glaces, dont il s'agissait de l'environnement naturel. Elle s'y glissa comme à travers un rideau de satin. On n'y voyait pas à dix mètres, mais Lorna s'en fichait. Ses autres sens la tenaient en éveil – les frissons glacés, la complainte violente du vent, la piqûre fraîche des flocons de neige. Elle s'assura qu'Amdre tenait le coup derrière elle et s'élança à travers le blizzard.
Le plan de vol de la course devait mener les coureurs à un premier col haut de quelque quatre mille mètres. Lorna prévoyait de mener son embuscade à cet endroit-là. Le piège final de son ultime course ; de plus en plus fréquemment, elle se le figurait ainsi. Une dernière action d'éclat qui conclurait ses agissements. Elle voulait Devi Ælin, afin de mettre un terme à leur antagonisme vieux de vingt ans. Elle voulait Noha Del Mah et Mel Jadavis, qui menaçaient la victoire d'Amdre. Elle voulait en finir avec l'écorcheuse d'Alyeska.
Les quatre ailes de la Née-des-Glaces se battaient furieusement contre le vent, la portant toujours plus loin, toujours plus haut. De temps à autre, une accalmie permettait de deviner le contour des montagnes, de ces pics de pierre habillés de dentelle blanche qui transperçaient le ciel. Lorna se sentait sereine. Le dragon d'Amdre dégageait plus d'anxiété, à l'instar de son jeune pilote ; mais ils tenaient bon.
Et soudain, le col fut là, comme un rai de lumière au milieu des murs de roche et de glace. Lorna plongea dans sa direction. Elle se plaça à l'endroit même où les autres concurrents se verraient forcés de passer et attendit, adoptant un vol stationnaire des plus précaires vu les bourrasques qui cherchaient à la déstabiliser. Son plan relevait de la simplicité la plus absolue : gardienne du passage, elle laisserait filer Amdre et se jetterait sur les autres. Et tant mieux si Devi arrivait la première.
Le garçon se redressa sur sa selle lorsqu'il comprit que son mentor ne poursuivait pas la course. Il se mit à gesticuler pour lui faire savoir son désaccord, tandis que Charybde exécutait plusieurs cercles autour de Lorna. Cette dernière ne perdit même pas une seconde pour le convaincre d'avancer ; elle fit passer le message directement au Dragon-Siphon. Un grondement sourd né du fond de la gorge, une attitude. Le langage propre aux dragons ne permettait pas d'échanger des avertissements élaborés à la manière des humains, mais en l'occurrence, un « dégage sinon je t'arrache la tête » demeurait extrêmement compréhensible malgré une communication interespèce peu fructueuse. Charybde poursuivit – et Amdre gesticula de plus belle en jurant si fort que sa voix couvrit momentanément les sifflements des rafales ; il en fallait cependant plus pour atteindre le cœur gelé de Lorna.
Les autres concurrents ne tardèrent pas à arriver. La Née-des-Glaces, à qui ses écailles blanches permettaient de demeurer invisible dans le blizzard, les attendait en silence. Aucune échappée ne s'était encore produite ; les pilotes volaient toujours en groupe, incapables de se départager, ce qui n'arrangeait guère Lorna. Elle ne pouvait pas les attaquer tous en même temps. Aussi permit-elle à Erich Castel et Slyve Horn de passer sans se dévoiler. De toute manière, ces deux-là occupaient des places trop lointaines au classement général pour menacer la victoire d'Amdre, sans compter que la manœuvre renforçait la confiance des pilotes restants : ils ne s'attendaient plus à une attaque.
Vint ensuite Noha Del Mah ; plus problématique. Face à elle, Lorna ne disposait que d'une seule option : agir. Elle abandonna son immobilité pour ranger ses quatre ailes immaculées contre son corps et entreprendre une monstrueuse descente en piqué. Sa vitesse, combinée à celle du blizzard, lui permit d'atteindre une vélocité impossible à contrer. Elle frappa Del Mah de plein fouet, entraînant leurs deux dragons dans une suite de violentes pirouettes. La victime de Lorna ne faisait toutefois pas figure de favorite pour rien : son Agrippe-Corail parvint à refermer ses serres sur le poitrail de la Née-des-Glaces, la forçant à lâcher prise sous peine de subir des dommages fatals. Lorsque Lorna parvint enfin rétablir son équilibre dans le ciel enneigé, elle ne pouvait plus rien contre Del Mah. Son dragon vermillon avait franchi le col. Et d'autres venaient.
Lorna se concentra alors sur Xiu Tikal, qui tentait d'éviter le jugement de l'écorcheuse en la contournant par le haut. Mal lui en prit. Tirant à nouveau profit de la force du blizzard, Lorna remonta en chandelle et exécuta une simple vrille tout autour de sa proie. Les griffes situées au bout de ses ailes produisirent les effets habituels : touché en plein cœur, Tikal ne tarda pas à perdre de l'altitude, avant de s'écraser purement et simplement cent mètres plus bas. Un.
Mel Jadavis et Hether Limerick tentèrent ensuite leur chance, avançant de concert un peu comme s'ils prenaient le pari que l'un passerait tandis que Lorna s'attaquerait à l'autre. Ils oubliaient seulement que la femme – la dragonne – qu'ils défiaient ainsi possédait pour principale caractéristique une prodigieuse aptitude à modifier ses trajectoires. Limerick ne la vit même pas venir ; il s'écrasa contre une cascade de glace et finit sa course au fond de l'une des nombreuses crevasses qui zébraient le glacier en contrebas. Deux.
Jadavis fut une autre paire de manches – comme Del Mah, il demeurait l'un des favoris du Tryptique, et possédait presque une aussi mauvaise réputation que l'écorcheuse d'Alyeska. Lorsque le dragon blanc fonça sur lui, il ne broncha même pas. Il opéra simplement un quart de tour afin de l'affronter de face. La mâchoire monstrueuse de son Écumeur – cinq rangées de crocs taillés en pointe – s'ouvrit d'un coup. La Née-des-Glaces, à l'envergure bien moins imposante, choisit prudemment de virer de bord au tout dernier instant, s'évitant un plongeon au fond de la gueule putride de sa proie. Ce faisant, elle s'accorda toutefois le luxe d'un vol ne reposant que sur une seule paire d'ailes, tandis que la deuxième se déployait d'un coup pour lacérer le mufle de l'Écumeur, jusqu'à crever ses yeux. Cela ne suffirait pas à tuer Jadavis, mais l'empêcherait au moins de fuir vers la victoire. Trois.
Tandis que Lorna se débarrassait de ses victimes, trois autres dragons parvinrent à franchir son barrage improvisé – parmi eux, Diedre Kuxan. Son Azur-et-Garance disparaissait peu à peu à travers la tempête de neige. Lorna fut alors forcée de prendre une décision qui lui coûta : alors que Devi se tenait juste devant elle, finalement prête pour cet ultime duel, elle s'en détourna. Si Diedre rattrapait Amdre, elle ne donnait pas cher de la vie du garçon. Il s'avérerait totalement incapable de prendre les mesures nécessaires pour se débarrasser de sa poursuivante ; pire encore, il se pourrait bien qu'il tente même de parlementer – il aimait définitivement trop la discussion. En conséquence, si Lorna voulait sauver son rêve de voir la situation des dragons changer autrement que par des meurtres, elle ne pouvait pas lui permettre de tomber ici. Elle se jeta sur les traces de Diedre avec l'énergie du désespoir, consciente que derrière elle, Devi pouvait la prendre en traître à tout moment.
Ce qui arriva, à vrai dire. Rien de stupéfiant là-dedans ; Lorna se serait franchement étonnée que sa poursuivante lui permette de rejoindre Amdre sans rien tenter – l'écorcheuse prise en flagrant délit de fuite ; il n'existait pas plus belle occasion. Toutefois, Devi poussa le sadisme jusqu'à attendre que le Dragon-Siphon et l'Azur-et-Garance soient en vue ; sans doute escomptait-elle un avantage psychologique ainsi. Elle calculait juste : la vue d'Amdre Vershel en train de se faire déchiqueter par la petite Kuxan alors qu'elle-même ne pouvait pas intervenir ne manquerait pas de déconcentrer Lorna.
Elle parvint à échapper au premier assaut de Devi en se déportant sur la gauche, se rapprochant par là même d'Amdre et de Charybde. Ceux-ci ne semblaient toujours pas avoir remarqué l'ombre rouge et bleue noyée dans le blizzard qui les surveillait d'en haut. Sans exceller en matière de camouflage, Diedre se révélait assez douée pour les tromper tous deux.
Lorna fit battre à tout rompre les quatre ailes de la Née-des-Glaces afin de se rapprocher de la jeune fille, esquivant toujours les attaques féroces de Devi. Une fois placée ainsi, elle ouvrit grand la gueule et laissa échapper un cri de détresse aigu, qui arracha un sursaut au seul dragon en mesure de l'assimiler correctement – Charybde. Amdre leva enfin les yeux. Juste à temps pour voir Diedre Kuxan foncer droit sur lui. Dans l'immédiat, Lorna ne pouvait rien de plus. À lui de demeurer en vie le temps qu'elle en finisse avec sa propre némésis.
Elle essuya quelques accrochages avec Devi, ce qui lui donna l'occasion de constater leur quasi-égalité en vol – la Née-des-Glace possédait vélocité, souplesse et avantage du terrain tandis que l'Œil-de-Lune s'avérait beaucoup plus puissant et mille fois capable d'affronter le blizzard quand son adversaire se contentait de glisser à travers les rafales. Lorna réalisa qu'il lui faudrait donner plus que ses belles figures aériennes si elle voulait venir à bout de Devi. Il faudrait qu'elle donne jusqu'à sa vie. Cela revenait à abandonner Amdre, mais elle comprenait peu à peu qu'elle ne pouvait pas tout réaliser à sa place. Elle était l'écorcheuse d'Alyeska, qui menait sa vengeance en assassinant les pilotes coupables de faire subir le Contrôle à leurs dragons ; lui, l'homme qui changerait tout cela. Il devait apprendre à porter seul la cause dont il s'était fait le héraut. À sa manière.
Lorna s'appliqua ainsi à la réalisation d'une figure inédite au sein de son palmarès de tueuse : elle remonta en chandelle parallèlement à son adversaire, consciente que plus elle se trouverait en altitude au moment d'agir, plus elle disposerait de temps. Les deux dragons montèrent si haut qu'ils émergèrent du blizzard, retrouvant l'azur et le soleil. Ils adoptèrent un vol stationnaire calme, parfait, au point qu'ils en vinrent presque à se frôler. Il régnait un calme surnaturel, un silence paisible et irréel. Apaisée, Lorna décida que le moment était bien choisi pour passer à l'acte. Elle réintégra le corps de l'humaine. Détacha d'un geste le mousqueton qui l'arrimait à sa selle. Sauta. Devi tenta bien de se débattre lorsque sa rivale atterrit sur le dos de son Œil-de-Lune, mais elle ne pouvait déjà plus rien à ce stade. Un nouveau mousqueton cliqueta. Et les deux femmes basculèrent dans le vide, enlacées dans un dernier duel à mort.
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Image : http://njoo.deviantart.com/art/Dragon-Heads-73398969
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