Chapitre 21
Maïa était encore dans la loge vide, ses sanglots étouffés par le silence de la pièce. Elle essayait de reprendre son souffle, mais la douleur dans sa poitrine refusait de disparaître. Elle se sentait trahie, seule, et incroyablement vulnérable.
La porte s'ouvrit doucement, et Emma entra. Son visage habituellement jovial était empreint de sérieux. Maïa releva à peine les yeux, surprise de voir Emma, l'une des filles avec qui elle avait le moins de liens.
— Je peux entrer ? demanda Emma doucement.
Maïa hocha la tête sans un mot, essuyant ses larmes d'un revers de main. Emma s'approcha et s'assit à côté d'elle, respectant son silence.
— Marguerite m'a tout raconté, dit Emma après un moment. Sur Marine... et Franck.
Maïa détourna les yeux, serrant les mâchoires pour retenir un nouveau flot de larmes.
— Je ne veux pas en parler.
Emma hocha la tête, compréhensive.
— Je comprends. Mais je veux que tu saches que je suis là si tu changes d'avis. On n'est peut-être pas très proches, mais... personne ne mérite de traverser ça seule.
Maïa tourna lentement la tête vers elle, cherchant dans ses yeux une sincérité qu'elle trouva immédiatement. Elle inspira profondément, sa voix tremblante.
— Je pensais que Marine m'aimait. Qu'on était... invincibles.
Emma posa une main légère sur son épaule.
— Peut-être que Marine t'aime encore. Mais ça ne veut pas dire qu'elle n'a pas fait une erreur. Une énorme erreur. Et c'est à elle de réparer ça, pas à toi de porter toute cette douleur.
Maïa baissa les yeux, jouant nerveusement avec un coin de son t-shirt.
— Tu crois qu'elle est sincère ?
Emma haussa les épaules.
— Ce que je crois importe peu. Ce qui compte, c'est ce que toi, tu ressens. Si tu penses qu'elle vaut la peine d'être pardonnée, alors écoute ton cœur. Mais si tu sens que ça te détruit... tu as le droit de te protéger.
Maïa sentit un poids s'alléger légèrement dans sa poitrine.
— Merci, Emma... vraiment.
Emma lui offrit un sourire timide.
— Toujours. Et si quelqu'un te refait du mal, je suis là pour distribuer des baffes.
Cela arracha un rire bref mais sincère à Maïa, et Emma sentit une petite victoire.
Pendant ce temps, une toute autre scène se jouait dans une des loges adjacentes. Marine et Franck, face à face, étaient au bord de l'explosion.
— Qu'est-ce qui t'a pris, Franck ?! hurla Marine, ses mains tremblant de rage. Tu sais que je suis avec Maïa ! Tu sais à quel point je tiens à elle, et tu as tout détruit avec ton... ton ego !
Franck leva les mains en signe de défense, mais son visage trahissait une certaine frustration.
— Mon ego ?! Tu crois que c'était facile pour moi de te voir avec elle tout ce temps ? Je t'ai aimée en silence, Marine. Et tu m'as donné des raisons d'espérer...
Marine cligna des yeux, abasourdie.
— Des raisons d'espérer ?! Parce qu'on s'entendait bien ? Parce qu'on rigolait parfois ensemble ? Non, Franck, ce n'était jamais plus que de l'amitié ! C'est toi qui t'es monté un film tout seul, et maintenant, c'est Maïa qui en paie le prix.
Franck fronça les sourcils, son ton devenant plus acéré.
— Peut-être, mais tu n'as pas exactement reculé quand je t'ai embrassée.
Ces mots frappèrent Marine comme une gifle. Elle sentit la honte la submerger.
— Je... Je n'ai pas su réagir sur le moment. Mais ça ne veut rien dire ! Je suis amoureuse de Maïa, et toi, tu viens de tout compliquer avec ton impulsivité.
La tension était palpable, et les éclats de voix de leur dispute commençaient à attirer l'attention dans les couloirs. Ebony passa brièvement la tête par la porte, mais, voyant la scène, préféra reculer et s'éloigner.
Un peu plus tard, dans une autre loge, Franck retrouva Ulysse et Charles, espérant y trouver un peu de réconfort. Il s'assit lourdement sur le canapé face à eux, soupirant bruyamment.
— Vous avez entendu parler de ce qui s'est passé ? demanda-t-il, croisant les bras.
Charles hocha la tête, l'air pensif.
— Ouais. Ebony nous a mis au courant.
Franck lança un regard interrogateur à Ulysse, qui restait silencieux, les bras croisés.
— Et ? Vous n'avez rien à dire ?
Charles échangea un regard avec Ulysse avant de répondre.
— Tu veux qu'on dise quoi, Franck ? Tu as clairement dépassé les bornes.
Franck se redressa, incrédule.
— Pardon ? J'ai juste exprimé ce que je ressentais. Ce n'est pas un crime.
Ulysse, jusque-là silencieux, se leva et planta son regard froid dans celui de Franck.
— Ce n'est pas le fait que tu aies des sentiments qui pose problème. C'est la façon dont tu as tout foutu en l'air en les imposant à Marine, sans penser aux conséquences. Et tu sais très bien que ça allait blesser Maïa.
Charles ajouta, plus calmement :
— On aime tous Maïa ici. C'est le rayon de soleil de cette tournée, et tu viens de lui briser le cœur. Tu pensais vraiment qu'on allait te soutenir là-dedans ?
Franck ouvrit la bouche pour répliquer, mais les mots lui manquaient. Il n'avait pas envisagé que ses amis pourraient le désapprouver aussi fermement.
— Franck, dit Ulysse, un ton plus bas mais tout aussi ferme. Tu as merdé. Et si tu as un minimum de respect pour Maïa et Marine, tu vas te faire discret et les laisser gérer ça. Parce que là, tu ne fais qu'empirer les choses.
Franck resta silencieux, luttant contre un mélange de colère et de honte. Il avait espéré trouver un soutien inconditionnel, mais il devait maintenant faire face à une vérité brutale : il était en tort, et même ses amis le voyaient ainsi.
De son côté, Marine cherchait désespérément un moyen de parler à Maïa. Mais chaque fois qu'elle s'approchait d'elle, Marguerite ou Emma s'interposaient, formant un bouclier protecteur autour de leur amie blessée. Marine savait que l'heure des explications allait arriver, mais pour l'instant, tout ce qu'elle pouvait faire, c'était attendre que Maïa soit prête à l'écouter... si elle l'était un jour.
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