10 mai 1565 (suite)
Sur le chemin du retour, l'euphorie mêlée à la rage faisait vibrer chacun de mes pas sur les pavés boueux. Les rares humains que je croisais s'écartaient à la hâte en me voyant arriver. Je ne savais pas si c'était dû au sang couvrant ma chemise ou mon regard fou, mais un sentiment de toute-puissance avait pris alors possession de mon être. Mon esprit s'était enfin éclairci. Je m'étais longtemps fourvoyé mais à présent, tout était limpide.
L'existence ici-bas était régie par une loi immuable, manger ou être mangé. Et j'avais définitivement choisi de basculer de l'autre côté. Hors de question de rester un instant de plus dans le camp des faibles, ceux qu'on manipulait. J'étais à présent le loup parmi les agneaux. Il me suffisait de choisir et de me servir. Rien ni personne ne pouvait m'arrêter. J'allais purifier la terre de la vermine humaine. Lentement, sûrement et avec plaisir.
Quand je franchis les portes du manoir, les serviteurs se dispersèrent à ma vue. Je montai à la hâte jusqu'à la chambre de Hella. J'entrai sans frapper et la retrouvais, assise dans un fauteuil, un homme à genoux entre ses cuisses. Mes bottes claquant avec fureur le parquet, je m'approchai d'elle et attrapai l'humain par les cheveux et le jetai contre le mur. Ce dernier tenta de se relever, en titubant, mais il se figea en apercevant mes yeux. Qu'il fasse un pas et je le déchiquetai aussitôt. L'homme préféra se laisser glisser au sol, contre la pierre glacée.
Je reportai alors mon attention sur Hella. Ce fut ce jour-là que je la vis vraiment pour la première fois. Sans artifice. Juste ce qu'elle était en réalité. Sa candeur n'avait été qu'illusion. La vérité était tout autre. Hella était la tentation. Hella était la tromperie faite femme. Ses lèvres teintées de rouge me souriaient. Malgré sa fourberie, elle avait su ouvrir mes yeux sur la véritable nature de ce monde. Pour cela, je lui en étais reconnaissant.
Lentement, elle se leva. Nos corps se frôlaient. Mes idées changèrent aussitôt de cap. L'envie prit le pas sur la haine. Sa main se tendit vers mon visage. Je lui saisis le poignet d'un geste vif. Hella ne bougea pas et planta son regard dans le mien. Tous ses subterfuges ne fonctionnaient plus sur moi. Pourtant, j'avais encore envie d'elle. Furieusement envie. Je la relâchai et son index vint glisser le long de ma lèvre inférieure. Elle porta ensuite le sang récolté à sa bouche et suça avec force. Ce geste eut un effet dévastateur sur mon corps. Je luttai pour ne pas lui arracher sa robe, serrant mes poings jusqu'au sang.
- Délicieux, dit-elle dans un soupir. D'où provient-il ?
- Un prêtre.
Les images horribles revinrent me hanter. Mon estomac se crispa.
- Je comprends. Un enfant... il n'y a pas pire comme crime.
Sa remarque me fit vaciller. Comment pouvait-elle être au courant ? son sourire machiavélique réapparut.
- Il y a tant de choses que j'ai encore à t'apprendre, mon ange.
Cette femme était délicieusement surprenante, diaboliquement excitante. J'avais tellement envie qu'elle m'apprenne à devenir cet être sans sentiment, agissant au gré de ses pulsions. Je voulais qu'elle m'enseigne à jouir des plaisirs malsains dont elle avait le secret. J'espérais un jour pouvoir l'égaler dans la perversion et dans l'art de tromper ces petits esprits étriqués qui peuplaient la Terre.
- Je serais ta maîtresse. Je t'enseignerai tout. Tout ce qui fait souffrir, tout ce qui fait jouir. Je suis heureuse que tu te sois enfin réveillé, Achille.
Ses mains glissèrent lentement sur mon torse, jusqu'à se plaquer sur mon entrejambe. Je perdis alors tout contrôle. Dans un mouvement, je la retournai et la plaquai contre moi. Mes mains saisirent ses petits seins et les pressèrent. Sa tête se pencha en arrière, me donnant accès à son cou. Mes lèvres prirent possession de sa peau laiteuse. A l'unisson, nous laissâmes échapper un grondement de plaisir. Hella se mit alors à onduler, frottant ses fesses sur mon érection devenue douloureuse. Il n'en fallut pas plus pour que je cède. D'une main, je soulevai son jupon. De l'autre, je l'obligeai à se pencher. Elle posa sur mes mains sur les accoudoirs et écarta les jambes en guise d'invitation. D'un geste rapide, je détachai mon pantalon. Puis, sans aucune douceur, je m'introduisis en elle. La sensation était si intense que j'enfonçai mes doigts dans la chair tendre de ses hanches, marquant sa peau profondément.
Je restai un moment dans cette position, savourant le contact. Cela faisait tellement longtemps que tous mes sens semblaient prendre feu. Sa peau sous mes doigts, le son de sa respiration saccadée, son fessier magnifique offert. Doucement, je me retirai pour m'enfoncer à nouveau d'un coup sec, lui soutirant un hoquet de satisfaction. Comment avais-je pu m'en passer tout ce temps ? je réitérai la manœuvre plusieurs fois de suite, manquant de peu de jouir à chaque retour. J'avais l'impression que tout était plus fort, plus intense. Jamais, avant de devenir cette créature que j'étais à présent, je n'avais ressenti cela.
Hella commençait à s'impatienter et ondulait seule. Ses va et vient me tirèrent des grognements tellement ils étaient efficaces. Mais je n'allais pas lui céder le contrôle. Réaffirmant ma prise, j'accélérai le rythme de mes coups de reins. Mon étreinte était agressive, passionnelle. J'aimais cette nouvelle façon de faire l'amour. Jusqu'à présent, j'avais été un amant doux et attentionné, parce qu'on m'avait éduqué ainsi. Mais je découvrais, au fond de moi, une bête assoiffée de sexe, friande de brutalité. Hella l'avait réveillée et elle s'en délectait.
Lentement, je sentais monter les effets de ce corps-à-corps violent. Mes ongles s'enfonçaient dans sa chair, les siens dans le bois du siège. La tête basculée en avant menaçait de heurter l'assise à chacun de mes coups de reins. Etrangement, je trouvais cela encore plus excitant. J'aimais savoir qu'elle était à ma merci. Que je pouvais lui faire autant de mal que de plaisir. C'était enivrant. Soudain, ses cris s'intensifièrent, annonçant sa jouissance proche. Je le pilonnai de plus belle et elle explosa dans un cri rauque. Son corps enserrant ma verge me fit basculer peu de temps après. Je perdis pied. Tout devint ardent, exacerbé. Mes muscles se tendirent à l'extrême, prêts à se déchirer sous l'effet de cet orgasme dévastateur. Mes paupières se fermèrent pour tenter d'absorber ce trop-plein de sensations. Seul le contact de son corps contre le mien me rappelait que j'étais encore sur Terre. Cette explosion sensorielle était déstabilisante.
Pendant plusieurs secondes, je restai là, haletant, accroché à ses hanches. Puis, quand l'impression se fut moins intense, je me retirai. Hella se releva, tout en remettant son jupon en place, et se tourna vers moi. Ses doigts se faufilèrent dans ma chevelure et ses lèvres se rapprochèrent dangereusement des miennes.
- C'était parfait. Je suis pressée de te faire découvrir de nouvelles sensations et de profiter de ta vigueur nouvellement retrouvée.
Je la repoussai alors, sans ménagement. C'était encore elle qui avait le contrôle et cela m'énervait. Elle s'était trop longtemps jouée de moi. C'était à mon tour de prendre. Je sortis précipitamment de la pièce, sans même me retourner. A peine ai-je fermé la porte que son rire cristallin s'était changé en soupirs. Hella m'avait déjà remplacé par sa poupée de chair.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top