CHAPITRE 52

Le temps était radieux.

Le soleil brillait de mille feux dans le ciel d'un magnifique bleu céruléen.

Il faisait exceptionnellement doux. Une brise fraîche virevoltait entre les arbres, agitant les branches des vieux chênes penchés au-dessus du caveau mortuaire des Ashes.

La nature semblait en joie, tranchant avec la mine fermée des gens venus à l'enterrement d'Aaron Ashes. Personne ne pleurait ce dernier, personne ne célébrait sa vie. La musique jazz qui accompagnait sa mise en terre tombait à plat, les notes semblaient englouties par l'ambiance malaisante qui planait sur les lieux.

Il y avait du monde à son enterrement, mais personne n'avait envie d'être là, c'était évident. Coutume oblige, ils devaient cependant rendre un dernier hommage à l'ancien Alpha Suprême et présenter leurs condoléances au nouveau.

Adrian réprima un soupir, il avait hâte d'en finir avec cette mascarade. Il voulait juste rentrer chez lui pour profiter enfin d'une petite vie tranquille avec Holy.

Oui, oui, oui ! se réjouit son loup qui avait toute une liste d'activités en tête. Des activités coquines surtout... Adrian leva intérieurement les yeux au ciel. Mais d'abord, on doit bien leur montrer que c'est nous l'Alpha, maintenant !

Oui... en théorie, ils étaient le nouvel Alpha Suprême. La réalité était cependant une tout autre histoire. Son loup avait beau s'en ficher comme d'une guigne, Adrian, lui, ne pouvait ignorer l'animosité écrasante à leur encontre.

Personne ne voulait d'eux comme Alpha.

Aaron Ashes n'avait pas péri de leurs crocs dans l'Arène des Rois. Ils n'avaient donc pas fait leurs preuves, ne méritaient pas d'être l'Alpha Suprême.

Personne n'avait pour autant contesté, comment le pouvaient-ils ? Qu'ils le veuillent ou non, Adrian et son loup étaient bel et bien leur nouveau chef à tous. Ils l'étaient devenus dès l'instant où Aaron Ashes avait mis fin à ses jours, seul, au coin du feu.

Adrian ne comprenait pas comment c'était possible.

Un loup devait éliminer un Alpha pour en devenir un. Or, il n'avait pas tué son père lors du combat de pleine lune. Et pourtant, il avait pris sa place... Adrian n'avait jamais entendu parler d'un cas similaire, il doutait de réussir à résoudre ce mystère un jour.

De toute façon, on s'en fout ! C'est nous le chef maintenant, et puis c'est tout !

Adrian étouffa un nouveau soupir. Il mourrait d'envie de desserrer sa cravate, il voulait carrément l'enlever et la jeter au loin. Il voulait rentrer chez lui, se blottir dans les bras de Holy. Il voulait hurler à tous ces gens d'arrêter de le fixer avec insistance.

Mais il n'en fit rien. Le regard vide et les poings serrés, Adrian se contenta de suivre des yeux la progression des porteurs funéraires alors qu'ils disparaissaient dans le mausolée familial avec le cercueil de son père. Bon débarras !

Adrian avait toujours du mal à y croire. Aaron Ashes s'était vraiment donné la mort. Il avait bu une carafe entière d'aconit tue-loup ! Il n'avait laissé aucun mot, aucune disposition... C'était comme s'il avait juste décidé d'en finir, après s'être tranquillement posé dans son fauteuil préféré. Il était en train de ruminer sa défaite, oui !

Son loup se réjouissait sans vergogne, mais Adrian lui, sentit la colère monter.

Ce sale enfoiré... Après avoir pourri la vie de ses enfants pendant trente ans, il décidait de partir comme ça, sans même leur donner une explication ? Il aurait au moins pu faire quelque chose pour Ariana ! Un petit geste d'affection, de reconnaissance, n'importe quoi ! Mais non. Il aura été un connard jusqu'au bout.

Adrian le maudit.

J'espère que tu brûle en enfer, Aaron Ashes, songea-t-il, la rage au cœur.

Il fut tiré de ses sombres pensées par un brouhaha soudain autour de lui. La cérémonie d'inhumation était terminée, tout le monde se préparait à partir.

Il n'y avait pas de célébration de vie pour Aaron Ashes, personne ne partageait visiblement aucun bon souvenir avec l'ancien Alpha Suprême...

Pendant que la fanfare remballait ses affaires, les invités se pressèrent vers Adrian comme un seul homme, faisant carrément la queue pour venir présenter leurs condoléances. Le concerné dut faire de sérieux efforts pour ne pas prendre ses jambes à son cou. Il regarda furtivement à gauche et à droite, à la recherche de quelqu'un susceptible de l'aider à fuir la nuée de vautours qui approchaient.

N'Y PENSE MÊME PAS ! rugit son loup, furieux. Tu vas rester là et serrer la main de tous ces guignols ! On doit leur montrer qui est le chef DÈS MAINTENANT ! Et toi tu veux battre en retraite ? Tu veux nous faire passer pour un Alpha de pacotilles ?!

— Toutes mes condoléances, Alpha Suprême.

Adrian cilla, surpris. Abritée sous un énorme parapluie, Hazel Terrebonne se tenait devant lui, la mine affable.

C'était fou ce qu'elle ressemblait à son frère : la même peau ébène, les mêmes traits d'une beauté irréelle, les mêmes cheveux noirs coupés très courts, la même petite mèche ondulée devant les yeux, mais surtout le même sourire inquiétant sur leurs lèvres pleines. On dirait deux gouttes d'eau, sauf qu'ils n'étaient pas jumeaux.

Debout derrière elle, Ellis affichait exactement la même tête flippante. Il leva deux pouces vers Adrian en guise de félicitations muettes, un petit rictus « affectueux » sur le visage. Adrian lui répondit par un sourire qui devait surtout avoir l'air d'une grimace.

Il serra machinalement la main tendue d'Hazel Terrebonne.

Tout comme son frère, elle avait de longs doigts fins et une poigne de fer. Elle souriait toujours, mais ses yeux rouges restaient froids. Son aura était écrasante, digne d'un Seigneur Vampire. Sans sa force d'Alpha Suprême, Adrian l'aurait trouvée terrifiante.

— Je suis ravie de votre victoire, Adrian Ashes, dit-elle (elle avait exactement la même voix de velours que son frère !). Sachez que j'ai toujours cru en vous. Et je pense que c'est le début d'une nouvelle ère pour les loups-garous de la Louisiane.

— Euh... merci ? fut tout ce qu'Adrian trouva à dire, son loup en fut outragé.

Merci ? MERCI ?! Non, mais c'est quoi cette réponse pourrie ? Tu te fous de moi ???

La ferme.

— Vous allez sûrement être très occupé durant les prochains mois, reprit Hazel Terrebonne, la main d'Adrian toujours serrée dans la sienne. Toutefois, j'ose espérer que vous aurez encore du temps pour mon frère ?

Elle avait toujours son espèce de petit rictus affable aux lèvres. Le sourire d'Ellis, en revanche, disparut progressivement pour laisser place à une expression de fureur glacée. Son ton était cependant très calme, presque badin, lorsqu'il prit la parole :

— Voyons, ma sœur, est-ce vraiment le moment d'avoir cette discussion ? Notre cher Adrian est débordé, il a de nombreuses autres personnes à saluer.

Ouais, c'est ça ! Maintenant, dégagez les sangsues !

Hazel Terrebonne lâcha aussitôt la main d'Adrian pour caresser doucement la joue d'Ellis. Le froid dans ses yeux avait laissé place à une extrême tendresse, teintée d'une légère inquiétude. Les rumeurs ne mentaient pas lorsqu'elles disaient que le Seigneur Vampire de la Louisiane était vraiment aux petits soins pour son frère.

— Je veux juste être sûre que ton cher et tendre thérapeute n'oublie pas l'aide précieuse que tu lui as apportée lorsqu'il en avait besoin...

Elle est bien bonne celle-là ! On ne lui doit rien à cette sangsue psychopathe !

— Vous n'avez pas à vous en faire, intervint Adrian. Alpha Suprême ou pas, je n'ai pas l'intention de fermer mon cabinet et encore moins d'abandonner mes patients.

— C'est très noble de votre part, cher Alpha Suprême, lui répondit Hazel Terrebonne et son sourire lui parut nettement plus chaleureux. Je répète, je suis vraiment ravie que vous soyez à la tête des Loups de la Louisiane, ajouta-t-elle en inclinant légèrement la tête dans un geste de respect. J'ai hâte de voir ce que vous allez apporter à notre belle et grande Communauté surnaturelle. Sur ce...

Elle glissa son bras sous celui d'un Ellis qui, changement d'humeur à la vitesse éclair oblige, arborait désormais la tête boudeuse d'un gamin contrarié.

— Au revoir, Adrian Ashes. Portez-vous bien.

Ils s'éloignèrent bras-dessus, bras-dessous, glissant silencieusement sur le chemin en briques qui coupait à travers le cimetière, tout en se faisant des messes basses.

Adrian les suivit du regard, mais ses pensées s'égarèrent vers Ariana.

— Je ne vois votre sœur nulle part, très cher Alpha Suprême, s'enquit justement la femme à qui il était en train de serrer la main sans même s'en rendre compte.

La matriarche et Alpha d'une meute de Bâton-Rouge et dont Adrian avait complètement oublié le nom. Règle numéro un : toujours se souvenir de ses laquais ! le rabroua son loup qui prenait décidément ses nouvelles fonctions très au sérieux.

— C'est étrange... Ariana Ashes serait-elle souffrante ? insista leur interlocutrice, une légère condescendance dans la voix. Son regard était également plein de dédain.

Cette louve... elle les provoquait.

Comme presque tous les Alpha venus voir le combat de pleine Lune, elle ne les prenait pas au sérieux. Si Adrian n'en avait franchement rien à faire, son loup, en revanche, écumait de rage. Non, mais pour qui elle se prend cette vieille bique ????

Il prit le contrôle et la seconde suivante, il toisait l'insolente de toute sa hauteur.

— Baisse les yeux devant ton Alpha, ordonna-t-il et sa voix grondante résonna avec force dans le silence de plomb qui s'était abattu sur le cimetière.

Les regards étaient curieux, avides. Ils voulaient voir la suite des événements.

Prise de court, l'autre recula d'un pas, mais Adrian — ou plutôt son loup — se pencha vers elle, pour rapprocher leurs visages et la transpercer d'un regard impérieux.

— La prochaine fois que tu prends encore ce ton condescendant avec moi... je t'arrache ta langue, cracha-t-il. Est-ce que c'est compris ? Très chère Beta.

Cette dernière finit par baisser la tête en signe de soumission, Adrian ne rata cependant pas l'éclair d'humiliation et de haine dans ses yeux. Il était clair que cette Alpha de Bâton-Rouge ne serait jamais fan de lui ni de son loup.

Aucune importance, du moment qu'elle reste à genoux !

Tu prends vraiment trop la grosse tête ces derniers temps. Je commence sérieusement à m'inquiéter, se moqua Adrian.

— Pour ce qui est de ma sœur... fichez-lui la paix, lança-t-il ensuite d'une voix forte à toutes les personnes présentes. Ce qu'elle fait, où elle se trouve, ça ne vous regarde pas. Ne pensez même pas à fouiner. Je vous préviens, laissez ma sœur tranquille.

Ariana le haïssait toujours autant, elle refusait de lui parler, elle ne voulait plus le voir. Son loup était pour la laisser pourrir dans sa camisole de force, mais Adrian refusait d'abandonner. Et en attendant de pouvoir l'aider, il devait la protéger de ces foutus vautours qui pourraient tenter de lui nuire maintenant qu'elle était vulnérable...

N'importe quoi ! Ne me dis pas que tu crois vraiment à son petit numéro de louve en détresse ! C'est juste du cinéma ! Ariana Ashes, vulnérable ? Et puis quoi encore !

En parlant de cinéma, pour une première impression auprès de tes "laquais", tu as fait fort, rétorqua Adrian. Tu veux te tailler une réputation de tyran comme Aaron Ashes ?

C'était ça, où nous faire prendre de haut par cette Alpha de pacotille ! ragea son loup. Tu t'en fiches peut-être, mais moi, je ne laisserais plus jamais personne nous marcher sur les pieds ! C'est en s'imposant dès maintenant qu'on pourra protéger Holy !

Il n'avait peut-être pas tort...

Ils furent cependant rappelés à l'ordre lorsque tout le monde fut enfin parti. Ne restait plus que quelques amis, mais aussi Naomi Hell. Elle venait vers lui, accompagnée d'un Holy extrêmement attentionné. Adrian essaya de ne pas s'attarder sur le fait qu'il était vraiment sexy dans son costume sombre. Ce n'était pas le moment d'avoir des pensées frivoles. Avec toi, ce n'est jamais le moment de toute façon !

Son loup était toujours aussi échauffé contre l'autre et son manque de respect flagrant envers sa royale personne. Adrian haussa les épaules, reporta son attention sur Holy et Naomi qui avaient été entre-temps rejoints par Sasha (encore lui !)... et Isaïah.

Ce dernier, aussi, était aux petits soins pour Naomi, mais ses gestes semblaient un peu gauches, comme s'il ne savait pas trop comment s'y prendre.

Quoi ? Ils se sont remis ensemble pendant nos deux semaines de coma ?!

Mais Adrian sentait que ce n'était pas ça. Naomi semblait irritée par la sollicitude d'Isaïah qui, lui, n'avait pas sa tête niaise habituelle lorsqu'il s'agissait de sa dulcinée. Son expression était beaucoup trop sérieuse, presque sombre. Il secoua la tête, parut à son tour agacé par l'attitude revêche de Naomi, mais prenait clairement sur lui.

— Ouais, ces deux-là ne sont pas encore près de se rabibocher, commenta Sasha en se plantant près d'eux, les mains dans les poches. Mais ça va venir, t'inquiètes.

Une cigarette au coin de la bouche, il affichait son air habituel de monsieur-la-rockstar-qui-se-la-pète, mais Adrian n'avait plus envie de le cogner.

Depuis le combat de pleine lune, ils avaient plus ou moins enterré la hache de guerre. Ils ne deviendraient jamais les meilleurs amis du monde, certes (faut pas rêver, hein !), mais ils ne se détestaient plus. Holy en était vraiment très heureux et c'était tout ce qui comptait aussi bien pour Adrian et son loup que pour Sasha.

Ça ne les empêchait pas de se lancer quelques petites piques de temps en temps.

— Alors, Monsieur Chucky l'Alpha Suprême, c'était quoi cette attitude digne d'un autocrate ? se moqua justement Sasha. Depuis quand, toi, le gentil petit Loulou tout roux et tout doux de Holy, tu joues les tyrans terrifiants ? On doit s'inquiéter ou... ?

— Mêle-toi de tes oignons, grommela Adrian pour la forme.

Son loup, lui, se montra plus réactif.

Mais il va arrêter avec ce surnom ridicule oui ?! Et de quoi il se mêle exactement ce sale petit rockeur en carton ? Attends un peu, je vais lui tordre le cou...

— Mon loup !

Adrian ouvrit les bras pour accueillir Holy. Son alter égo, lui, se transforma aussitôt en un tas de guimauve bien dégoulinant de niaiseries. L'« Alpha tyran » avait disparu en un claquement de doigts, Holy était un véritable magicien !

— Ça va ? Tu tiens le coup ? lui demanda-t-il à voix basse, l'air inquiet. J'aurais tellement voulu rester près de toi et te soutenir dans cette épreuve, mais la tradition...

La tradition voulait que seule la famille pouvait se tenir à ses côtés lors de l'enterrement. Résultat : Adrian s'était retrouvé tout seul au premier rang, vu que presque tous les Ashes étaient morts... et que les Lighthouse (la famille de sa mère) n'avaient pas jugé utile de se déplacer pour enterrer un homme qu'ils méprisaient au plus haut point. Alors pour ce qu'il en pensait de cette tradition...

On emmerde les foutues traditions ! On-les-emmerde ! Tu vas voir comment je vais tout bazarder pour qu'on puisse avoir Holy à nos côtés sans qu'ils viennent nous faire chier avec leurs histoires de règles à suivre et autres protocoles à la con !

Adrian acquiesça. Son loup avait toute sa bénédiction pour sa croisade contre les us et coutumes complètement obsolète des loups-garous de la Louisiane.

Holy nicha son visage au creux de leur cou en soupirant. Adrian et son loup enfouirent aussitôt leur nez dans ses longs cheveux soyeux en retour. Comme d'habitude, son odeur florale les apaisa aussitôt. Envolée la tension, ils s'empressèrent de le rassurer :

— Tout va très bien maintenant que tu es dans mes bras...

Ils se firent des mamours sans se soucier de la présence de Sasha qui leva les yeux au ciel. Il se détourna cependant bien vite d'eux lorsqu'Ava vint les rejoindre. Ses lèvres s'étirèrent aussitôt en un grand sourire taquin. La seconde suivante, il était près d'elle et lui tournait autour en plaisantant sur sa tenue de « jolie poupée gothique ».

Ava fit la moue, amusée, avant de lancer une remarque désobligeante sur sa tenue à lui. Ils se toisèrent gentiment, avant de pouffer comme des gamins. Ils faisaient d'ailleurs penser à deux adolescents en train de flirter. Adrian les trouva mignons.

Ils sont horripilants, oui !

— C'est moi où il y a quelque chose entre ces deux là ? souffla-t-il à Holy qui sourit.

— Sasha a toujours eu un faible pour les jolies blondes avec un sale caractère, chuchota-t-il sur le ton de la confidence. Ils échangèrent un bref regard amusé puis, ce fut à leur tour de glousser tels des gosses en plein commérage.

— Qu'est-ce qui vous fait marrer les tourtereaux suprêmes ? s'enquit Isaïah. Partagez, nous aussi on veut rigoler !

Il arrivait en compagnie d'une Naomi toujours aussi grincheuse. Elle semblait souffrante et Adrian ne put s'empêcher de s'en vouloir, car c'était un peu de sa faute.

La grande et puissante Naomi Hell avait défié les forces mystiques de l'Arène des Roi pour le sauver. Elle avait contré la magie des lieux pour l'empêcher de dévorer le reste de son énergie vitale, le temps que Magda élimine le poison de son corps. Une intervention héroïque qui lui avait apporté des problèmes avec son Coven, mais aussi des soucis de santé assez inquiétants vu son teint très pâle.

— Merci de m'avoir sauvé, Naomi, dit Adrian en s'approchant, la main de Holy fermement ancrée dans la sienne. Si tu n'avais pas été là, je...

Il aurait succombé à ses blessures. Mais Adrian ne pouvait pas le dire à haute voix, pas devant Holy. Toute cette histoire l'avait assez traumatisé comme ça. À la place, il souffla un bon coup, esquissa un sourire sincèrement reconnaissant.

— Je te dois la vie, Naomi Hell, déclara-t-il, le ton solennel malgré lui. Merci infiniment. S'il y a quelque chose que je puisse faire pour toi, n'hésite surtout p...

Mais Naomi l'interrompit en agitant une main impatiente, comme si elle chassait une mouche particulièrement irritante. Donc si j'ai bien compris, c'est nous la mouche ?!

— Prends garde à ce que tu dis, Alpha Suprême, dit-elle sèchement. Tu ne me dois rien et je n'attends rien de toi. C'est d'ailleurs la première et la dernière fois que je t'aide. La prochaine fois — et j'espère pour toi qu'il n'y aura pas de prochaine fois — ne compte plus sur moi, compris ? Sur ce, toutes mes condoléances et au revoir.

Sans plus de cérémonie, elle tourna les talons et s'en alla, la démarche digne, mais légèrement vacillante. Holy déposa un bref baiser au coin des lèvres d'Adrian (« On se voit plus tard, mon loup ! ») puis courut la rejoindre. Il attrapa son bras pour l'aider à garder l'équilibre. Sa soeur tenta de le chasser, il refusa cependant de s'écarter et elle finit par s'appuyer sur lui, mais de très mauvaise grâce.

— Elle va bien ? demanda Adrian à Isaïah en les suivant d'un œil inquiet. J'étais sincère tout à l'heure quand je disais que si je pouvais faire quoi que ce soit...

— Laisse tomber, Ad, répondit son ami d'un ton abrupt. Tu l'as entendu ? Elle ne veut pas de ton aide. La grande et puissante Naomi Hell n'a besoin de personne, c'est comme ça, railla-t-il, sa voix était cependant pleine d'amertume.

— Tu veux en parler ? offrit Adrian après une seconde d'hésitation.

Mais Isaïah lui tapa l'épaule en réponse, un sourire forcé aux lèvres, avant de l'entraîner à sa suite.

— Aller, viens. Yann et Magda ont organisé une petite fête chez eux pour célébrer ton rétablissement et ta nouvelle place dans la hiérarchie des loups de la Louisiane. Tout le monde a hâte de te retrouver môsieur l'Alpha Suprême ! 

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