Chapitre 10 - La terreur !

Marie partait récupérer son ex tandis qu'Anna et François parlaient mariage, enfants et avenir.

Le chèque de banque de 90.000 €, tant attendu, allait bientôt être disponible et tout débloquer ! François allait pouvoir enfin payer son amende et se libérer avec Anna de son bracelet électronique.

lls allaient tous les deux pouvoir obtenir leur propre bibliothèque et vivre heureux.

Le bonheur s'annonçait doucement ...

Ce n'était pas le cas de Cindy !

La magicienne, la voyante extra-lucide, allait rencontrer son nouveau client, le vrai diable en chair et en os, le Méphistophélès de Faust !

Le regard sévère, il était devant sa porte, impatient, et avait l'air d'en vouloir à la terre entière.

Quand la maitresse de maison arriva devant lui, il lui balança avec mépris :

- Vous êtes celle qui résout des enquêtes avec sa magie ? ?

- Heu ... déjà ... bonjour monsieur ! Heu ... Moi je m'appelle Cindy ! Et vous ?

- On s'en fout de mon nom ! Je cherche quelqu'un et je dois vraiment être sûr de mon coup !

Cindy était désarçonée. Elle se sentait mal à l'aise devant cet étrange individu qui lui rappelait quelqu'un.

- Oui ! En effet ! Il m'arrive parfois d'aider les gens à résoudre leurs problèmes avec des séances. Mais ce n'est pas de la magie ! C'est juste des règles simples à appliquer à un état...

- Ooooh ! cria-t-il en lui coupant la parole. Je m'en fous de ton charabia ! Tu peux me le retrouver mon gus ou pas ? J'ai du cash.

- Heu ... monsieur ... restons correct s'il vous plaît ! Le paiement se fait d'avance. C'est 300. Voyez avec mon ami Rodolphe pour l'encaissement. Attendez ici je me change en deux-deux et je suis à vous ! Veuillez patienter dans le hall s'il vous plaît.

Il entra.

- Ok ! Mam'zelle ! Purée c'est quoi ce musée des horreurs ici ! lança-t-il sans gêne dans le salon en voyant la décoration et les objets spéciaux.

Rodolphe intervint.

- Monsieur, ce ne sont pas des "horreurs" comme vous dites. Ce sont là nos objets de travail ! Sinon pour le règlement, vous compter payer comment ? Chèque ? Carte bleue ? Espèces ?

L'homme sortit une liasse de sa poche. Il n'y avait que des billets de 100 €, sales et froissés, retenus par un élastique rouge.

Il en retira 3 comme du vulgaire papier et les jeta par terre en riant grassement, plein de mépris.

- Tiens pour toi mon brave ! Ha ha !

- Monsieur, veuillez rester courtois et respectueux, fit Rodolphe en ramassant les billets au sol.

Cindy avait des sueurs froides. Elle se changea très vite en épiant le moinde bruit suspect. Elle se sentait menacée par cette présence maléfique qui lui semblait si familière.

Elle revint devant lui, plus présentable.

- Monsieur ! Vous avez réglé votre séance ?

- Ouais m'dame ! Trois jolis p'tits billets que j'lui ai balancés à ton guignol ! Bon ! C'est où qu'on va pour faire ta magie !? Ici dans ton bazar ?! C'est quoi tous ces trucs !?

Et il passa en revue l'intégralité des objets exposés. La boule de cristal attira son regard .

- Wow ! Tu peux voir des trucs dans ta boule mamzelle ?? C'est une vraie ? Comme Madame Irma ?! C'est trop cool ! Je peux regarder dedans ?

- Non vous ne pouvez pas ! et oui c'est une vraie ! Je peux y voir des choses ... du présent, du passé et du futur, répondit-elle sans donner plus de détails.

Ensuite il approcha sa main du pendule qui tournait tout seul et qui se mit à s'agiter encore plus fort et à tourner comme une girouette dans la tempête !

- Ne touchez à rien ! S'il vous plaît, s'exclama Rodolphe qui le surveillait comme s'il allait casser ou dérober quelque chose.

- Ohhhh c'est bon ! Je l'ai pas touché ton truc chelou !

Il était intrigué comme un enfant et ses yeux passaient d'un objet à l'autre.

- Oh mais c'est comme une fête foraine ici ou une boutique de vieilles choses !! C'est trop cool ! J'aime bien les vieilles choses ! Mais je suis pas venu pour m'amuser ! J'ai payé ma séance alors vous allez faire ce que je vous demande ! Ou vous sortirez pas vivants d'ici ! dit-il d'un ton menaçant. Mais non je blague ! je vous ferais rien ! fit-il maintenant d'une voix plus douce, mais fausse. Je suis un gentil moi ! Je suis "LE" gentil de l'histoire !

"Mais c'est un psychopathe ! Un schizophrène !" pensa Cindy.

Il terrorisait le couple et avait l'air de s'en rejouir.
Il mettait souvent la main sur une poche de sa veste kaki râpée de style militaire. Il avait l'air de porter quelque chose sur lui ...

Sa voix était froide et son regard sérieux.

- Bon, Monsieur, entreprit Cindy. Que recherchez-vous déjà ?

- Quelqu'un ! Je cherche quelqu'un !

- D'accord ! Et vous pouvez me le décrire ce "quelqu'un" ou m'en parler ?

- Mais quelle idiote celle là ! Jolie ! Mais idiote ! Si je savais comment qu'il est fichu, je serai pas là à me faire chier au milieu de vos trucs de sorcellerie! Je m'en serais déjà occupé !

Cindy n'en pouvait plus. Il dépassait les bornes.

- Quoi !? Alors ça c'est trop fort ! Déjà vous ne m'insultez pas monsieur ! Vous me devez le respect ! Je ne vous traite pas d'idiot moi... (pourtant j'aimerais bien !). Et ce ne sont pas des "trucs de sorcellerie" comme vous dites ! Ce sont mes outils de travail ! Et que voulez- vous dire par "je m'en serai occupé " ?

- Hola ! Ma sorcière bien aimée, tu poses trop de questions toi ! C'est un interrogatoire de police ou quoi !? Tu vas faire ce que je te demande bien gentiment et puis c'est tout ! Et l'autre, faut qu'il arrête de m'dévisager comme ça ou je l'fume !

- Bon ça suffit monsieur. Je vous demande de partir ! lui ordonna Rodolphe.

- Pas question avorton ! J'y suis, j'y reste ! C'est pas toi qui va me faire peur moucheron ! J'ai payé, alors je veux ma séance ! Ou je casse tout dans ta boutique de souvenirs !

Cindy voulut calmer le jeu.

- Bon. Monsieur. Je vois que vous êtes dans un grand stress et je comprends votre colère et votre frustration...

- Mais de quoi qu'elle me cause la blondasse ? Arrêtes de jacter et trouves-moi le gars que j'te cause ! C'est clair ?! Tu peux l'faire ou c'est pas dans tes cordes, la fée Morgane ?

Cindy était pétrifiée. Elle savait qu'elle l'avait déjà vu quelque part mais il lui était impossible de se rappeler où. Le stress la bloquait.

- Bien sûr qu'elle peut le faire ! affirma Rodolphe. Elle a des pouvoirs divins Cindy ! Son père était charpentier vous voyez ! Comme Jésus ! C'est ça qui la rapproche de Dieu !

- Mais n'importe quoi Roro ! répondit-t-elle. T'es gentil mais mon père était ébéniste ! Il travaillait le bois !

- On s'en balec de ton daron frangine ! Fais ta séance !

Allez ! Plus vite ce sera fait, plus vite on sera débarrassé de lui ! pensa-t-elle

- Monsieur, je ne suis pas une fée, ni une elfe, ni une magicienne de conte pour enfants ! Juste une hypnothérapeute, magnétiseuse, guérisseuse, phytothérapeute et protectrice des forces occultes !

- Arrête ton baratin Mélusine ! Me fais pas ton speech débile de commerciale ! Je suis pas un tes gogos de clients !

Cindy, blessée dans son orgueil, poussée à bout par ce grossier personnage, décida de lui faire le grand jeu et lui montrer l'étendue de ses "pouvoirs" pour se débarrasser gentiment de lui.

Elle avait plus d'une corde à son arc et allait devoir se servir de ses connaissances les plus pointues.

Elle installa le bougre sur son canapé familial et pensa :

Mamie, pardonne moi à l'avance de ce que je vais faire ici, mais c'est pour la bonne cause. Mon Dieu protégez-nous !

Elle n'avait rien préparé et la pièce était en désordre, avec encore les objets de Rafeu sur la table, le gant, la pipe et la manette de jeu.

- C'est quoi ce bordel ici ! s'exclama le client. C'est pire qu'à côté ! Une chatte retrouverait pas ses petits !

À ses mots, Grigri, le chat de maison, lui sauta dessus toutes griffes dehors et lui lacéra le visage.

- Grigri ! Non ! Qu'est ce qui te prend ! lui cria Rodolphe.

- Oh putain de chat ! Je déteste les chats ! Virez moi ça ou j'en fais un tapis ! Bordel ! cria le client.

- Désolé Monsieur, fit Cindy très surprise, d'habitude il n'est pas comme ça ! Je ne comprends pas ! Toutes mes excuses ! ... Grigri ! Maman n'est pas contente ! On ne traite pas les inconnus comme ça...
(même s'il le mérite !)

- Saleté de chat, pestait l'homme.

- Monsieur, reprit-elle, pour nous excuser de l'agression de notre chat et faire baisser votre tension et votre colère, je vous offre, avant votre recherche, une séance de relaxation et de détente. Cela vous mettra dans de meilleures conditions pour le travail qui nous attend après. D'accord ?

- Ouais mais fais vite ! J'ai d'autres chats à fouetter ! Ha ha !

- Grigri !!!! cria Cindy de peur

- Mais non ! Pas ton chat à toi ! C'est une expression ! D'où qu'elle sort celle là ? s'exclama l'homme en regardant Rodolphe.

- Monsieur. Je vais mettre un peu de musique relaxante et vous allez vous calmer et vous détendre.

- Oh purée ! De la musique de baba cool et de drogués ! C'est pas ma came ! T'as pas du trash métal garage plutôt ?

- Monsieur, pour la bonne continuation de la séance de relaxation et pour la suite, vous allez devoir garder le silence, vous n'écoutez que ma voix et uniquement ma voix...

- Ben de toutes façons y a que toi qui cause alors ! Qui veux tu que j'écoute d'autres ! Allez dépêche-toi de me relaxer ! C'est vrai que je suis tendu en ce moment ! Et sinon tu pourrais pas me détendre autrement tu sais poupée ! Vu que j'ai payé ... j'ai peut-être droit à un supplément ! Je peux allonger trois autres billets et c'est toi qui t'allonges poupée ! Hé hé !

- Ce n'est pas un salon de massage thaïlandais ici monsieur ! Vous vous égarez ! lui lança Rodolphe en colère.

- Tais-toi le porte-manteau !

- Ohh ! s'offusqua Rodolphe.

- Bon. Messieurs ça suffit. Je n'arrive pas à travailler. Rodolphe ?

- Oui ?

- Tu sors !

- Quoi ? Mais j'ai rien fait moi ! C'est lui qui ...

- TU SORS !

- Pffff ! C'est toujours pareil ! C'est toujours moi qu'on punit, c'est trop injuste ! pleurnicha-t-il.

- AH ! AH ! Quel gamin ! ricana l'homme. C'est trop marrant !

- Mais tu es sûre que tu peux rester toute seule avec cet homme ! Tu vas t-en sortir mon bébé ? demanda Rodolphe en quittant la pièce à reculons.

- Purée Rodolphe ! M'appelle pas ton "bébé " ! Oui ça ira avec monsieur ! T'inquiètes pas ! Je suis une grande fille !

- Ouais t'inquiètes ! Calimero !! Je vais pas la violer ta meuf ! Quoi que c'est pas l'envie qui manque ... Ah ah ah ! rit-il grassement avec un regard brillant.

- Bon. Monsieur. Allez ! Détendez-vous. On va faire une séance courte et passer après à votre recherche. Vous savez que c'est dans l'attente d'une chose que réside tout le plaisir et que, une fois obtenue, le plaisir diminue et s'éteint même parfois. Il faut savoir attendre et ne pas prendre cette phase obligatoire comme un supplice, mais plutôt comme un plaisir, même si la chose, l'objet, ou la personne désirée n'arrive pas. L'imagination permet d'entrevoir l'obtention de la chose, de l'objet ou de la personne et permet de fantasmer à l'avance du résultat, de l'aboutissement de la quête, de sa finitude... l'intérêt d'une quête est donc plus dans la recherche et l'attente du sujet que dans sa possession finale. Quand il n'y a plus de tension, de suspense, de questionnement, tout retombe à plat comme un soufflet.

Les paroles de Cindy commençaient à faire de l'effet à la brute sanguinaire allongée juste à côté d'elle. Elle n'arrêtait pas sa logorrhée thérapeutique avec une voix douce, sensuelle, et monocorde. Son discours était rodé.

- Imaginez-vous dans un jardin magnifique, verdoyant, sous un soleil radieux. Un vent léger souffle sur votre visage et vous apaise. Vous relâchez votre tension nerveuse. Vous posez vos soucis par terre comme des grosses valises trop lourdes, et vous vous sentez léger...léger.. vous êtes prêts à vous envoler comme un oiseau ... l'air du large vous appelle ... la liberté... le chant des mouettes est votre musique intérieure...

Enivré, abasourdi, sous contrôle, l'homme se leva doucement et commença à battre des bras au milieu de la pièce, avec des gestes lents, le regard dans le vide, le sourire beat et enfantin ... il était ridicule.

Cindy faillit pouffer de rire devant ce spectacle. Elle partit vite chercher son Rodolphe pour lui en faire profiter. Tous deux souriaient largement sans bruit pour ne pas briser le charme.

- Fais lui faire la poule pour rigoler ! lui glissa Rodolphe qui voulait se venger.

- Ohhh ! T'abuses ! chuchota Cindy. J'ai pas le droit d'utiliser mes connaissances en mesmérisation. Je pourrais être radiée de l'ordre des hypnothérapeutes !

- Allez ! s'il te plaît ! Ma Cindy jolie ! Il le mérite ! Et on se protège de lui comme ça ! Il ne pourra rien nous faire si il se prend pour une cocotte !

- Hi hi ! Bon ok ! Ça va être fun ! Mais après je l'efface ! Sinon on est mal !

- Oui après tu enlèves ce moment de sa mémoire et du coup il se souviendra plus de nous ni qu'il a été une poule ! Trop bien !! C'est génial ta magie !

- Mais Roro ! C'est pas de la la magie ! Je te l'ai déjà dit ! C'est de la science et la gestion des désirs et des énergies liés à la...

- Bon ok ! Ok ! Allez fais-lui faire "cot-cot" !

Elle s'adressa au pantin sans cerveau qui battait toujours des bras dans le salon et semblait voler dans le ciel avec la légèreté d'une danseuse de ballet.
En voyant les objets sur la table, elle eut une idée.

- Monsieur, vous volez toujours dans le ciel bleu, l'air est vivifiant et vous caresse les ailes. Vous vous posez sur la terre...

Il arrêta de bouger bêtement ses bras et se fixa, les yeux glauques.

- Vous êtes maintenant un poulet ! Un poulet ! Un gentil petit poulet dans sa basse cour, vous picorez le grain par terre avec vos autres copains poulets !

Et l'homme mima si bien les gestes d'un poulet que c'en était bluffant et à mourir de rire ! La vidéo de ce malotru qui picorait au sol aurait fait un million de vues sur Tiktok ou sur YouTube !! Et le couple ne put se retenir d'éclater de rire. Ils s'esclaffèrent bruyamment et ouvertement à côté de lui, au risque de le réveiller et de déchaîner sa colère.

Mais rien ne semblait l'affecter. Il continuait à faire mine de picorer par terre comme s'il trouvait des graines ou des miettes de pain.

C'en était extrêmement comique mais il fallait s'en débarrasser au bout d'un moment.

- Hé ! Sale gros poulet ! se permit madame Mesmer. Tu vas écouter bien attentivement ma voix ok !?

- Cot Cot ! fit-il, comme tout bon galinacé, les yeux vides et abrutis.

- Tu vas maintenant oublier tout ce que tu as fait et vu ici ! Tu effaces nos visages et nos noms. Et tu sors gentiment d'ici sans faire d'histoires... Une fois sorti d'ici, quand tu seras sur le trottoir, tu vas marcher cinquante pas sur ta droite, et tu vas arrêter d'être un poulet... tu as compris ?

- Cot cot !

- Ça doit vouloir dire oui ! Allez petit poulet ! Sors d'ici.

Il ne bougeait pas et la regardait comme un chien de faience. Ça ne marchait pas ! Ils avaient dans leur salon un homme menaçant qui se prenait pour une poule et dont ils n'arrivaient pas à se débarrasser !

- Zut ! Cindy ! gémit Rodolphe ! On est mal patron ! On est mal !

- Ah ! Mais arrête de dire ça ! Tu vas nous porter la poisse ! on va trouver une solution.

Rodolphe commença à vouloir le pousser pour sortir mais l'homme fit mine de le piquer avec son "bec", il lui mit un bon coup de tête, et Rodolphe saigna du nez !

- Oh ! Roro ! Le touche pas ! On sait pas comment il peut réagir ! J'ai une idée ! Surveille-le ! J'arrive !

Cindy fila vers sa cuisine et fit des bruits de vaisselle, de verre, de liquide, puis revint avec une fiole contenant un liquide verdâtre.

- Mais Cindy, y a quoi là dedans !

- C'est la potion d'obéissance. Une recette interdite. Très utile !

- Quoi ? Tu sais faire ça toi ? Mais comment tu....

- Je te raconterais mais pour l'instant il faut lui faire boire ça !

- Il va obéir à tout ce que tu lui dis ?

- Absolument ! Sans réfléchir ! Comme un bon petit soldat !

- C'est génial ! Mais tu t'en es déjà servi sur quelqu'un d'autre avant ?

- Heu.... non ! Je ... t'assure que ... non .... heu ...

- Oh ! Attends ! Tu l'as essayé sur moi c'est ça ?

- Heu ... mais c'est pour la bonne cause tu comprends ! Il me faut quelqu'un pour tester mes expériences !

- Mais bon sang t'as pas le droit de me faire ça ! Je suis pas ton cobaye, ton hamster ou ton lapin nain !

- Oh ça va ! Tu es bien content de vivre avec moi ! Tu vis plein d'aventures géniales ! Et tu savais que j'étais un peu loufoque dès le départ ! Je t'ai rien caché !

- Hormis le fait que tu me fais prendre des remèdes bizarres qui pourraient être dangereux !

- Mais c'est pas "dangereux" ! Sauf la fois où t'as dormi trois jours d'affilée ! Oui là j'ai cru jamais te réveiller !

- QUOI ?

- Et la fois où t'as mangé tout ce qu'il y avait dans le frigo ! Houlala ! J'étais embêtée !

- Quoi ? Mais dis moi que tu rigoles là ? Que c'est pas vrai !
Et pourquoi je m'en souviens pas de tout ça ?

Cindy mordit ses lèvres pour ne rien dire..

- Non ! ... ne me dis pas que... non ! T'as pas fait ça !? Pas sur moi ! T'as pas utilisé ta boisson qui efface la mémoire sur moi ?!

- Ben...en fait... j'avais besoin de te faire oublier tes misères mais aussi de tester combien de temps ça fonctionnait ! C'est des essais cliniques ! Des tests de laboratoires ! Tous les grands scientifiques font des expériences !

- Oui ok mais pas sur moi ! Je suis pas d'accord !

- Bon ok on verra ça après ! Allez ! aide-moi à lui faire boire mon breuvage !

Rodolphe lui tenait la tête tandis que Cindy lui versait la potion dans le gosier.

Au bout de quelques secondes. L'homme poulet était aux ordres ! Prêt à obéir à n'importe qui !

Rodolphe ne pouvait pas résister à l'occasion. Il voulait en profiter.

-- Poulet ! Garde à vous !

Et l'homme s'exécuta sur le champ avec un garde à vous qui claqua des bottes au sol.

- Wow ! Impressionnant ! s'amusa Rodolphe.

- Mais qu'est-ce ce que tu fais Roro ! Joue pas avec lui ! C'est pas un jouet !

- Tu joues bien avec moi toi !

- Mais c'est pas pareil ! Nous on travaille ensemble. Il faut lui demander de sortir.

- Soldat poulet ! Chante la marseillaise !

Et l'homme se lança de sa voix grave dans le chant de l'hymne national devant les mines amusées du couple de sorciers complices.

- Bon ok c'est marrant mais on ne sait pas combien de temps il va obéir et quand il va se rappeler de tout ! Il faut qu'on gagne du temps ! Là on en perd !

- Bon ok ! Une dernière et on arrête ! fit Rodolphe excité comme un gosse. SOLDAT POULET ! ordonna-t-il, saute à cloche-pied dans le salon en chantant " Les sardines" de Patrick Sébastien !

- Oh ! Rodolphe ! Non !

Et voilà s'articuler le bonhomme de bois dont on tirait méchamment les ficelles. Il s'exécuta encore sans sourciller et chanta de bon cœur :

"Pour faire une chanson
facile, facile
Faut d'abord des paroles
débiles, débiles
Une petite mélodie
qui te prend bien la tête
Et une chorégraphie
pour bien faire la fête "

- Oh mon Dieu c'est trop drôle ! fit Cindy !

- C'est énorme ! rajouta Rodolphe.

Et l'homme continuait :

"Ha ! Qu'est-ce qu'on est serré,
au fond de cette boîte
Chantent les sardines,
chantent les sardines
Ha ! Qu'est-ce qu'on est serré,
au fond de cette boîte
Chantent les sardines
entre l'huile et les aromates"

- Bon on arrête ! Stop poulet ! ordonna Cindy.

- Allez ! S'il te plaît ! Encore un peu !

- Arrête de jouer avec ! on va finir par le casser !

- Bon ok ! acquiesça Rodolphe.

L'homme s'arrêta brusquement de bouger et un énorme couteau tomba de sa poche intérieure !

Le couple se figea de terreur.

- Bon sang c'est quoi ça ?!

- C'est un couteau ! fit Cindy qui était plus blanche que d'habitude.

- Non mais j'ai vu ! s'énerva Rodolphe. Mais c'est qui ce mec ! Qu'est ce qu'il voulait ?! Nous tuer ?

Cindy ordonna à son robot humain de sortir du salon et d'oublier tout ce qui s'était passé ici. Et comme un automate, le PNJ* sortit en silence du salon puis de la maison et s'éloigna dans la rue, sans problèmes.

- Ouf ! On est enfin débarrassés de lui, fit Cindy.

- Oui on est tranquille, dit calmement Rodolphe, mais je m'amusais trop bien moi, quand-même ! Pfff !

- On est tranquille jusqu'à ce qu'il se rappelle de tout ! La potion n'agit qu'un moment sur la mémoire !

- Oh zut j'avais oublié ça ! On est mal patronne ! On est mal !

- Oui ! On est mal ! Il faut de suite savoir qui il est et ce qu'il voulait ! Il cherchait quelqu'un ! Il faut que j'allume toutes mes petites antennes pour savoir !

- C'est bête on aurait pu lui demander tout ça tout à l'heure quand il était sous notre contrôle, fit Rodolphe d'un air désabusé.

- Ouais ! C'est vrai ! On aurait dû en profiter pour lui soutirer des informations sur lui ou sa mission au lieu de jouer à lui faire sauter à cloche-pied en chantant des chansons débiles !? N'est-ce pas ?

- Chantent les sardines ! chantent les sardines ! ... fredonnait Rodolphe.

- Oh mais tais-toi ! Ou je te fais boire une de mes potions !

- Ah ! Non ! T'as pas le droit !

- Hin hin hin ! ricanna diaboliquement la gentille sorcière.

***


* PNJ : Personnage Non Joueur
(les gamers comprendront ! 🤣)

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top