Chapitre 26

Allongé sur son lit, les jambes en l'air contre le mur, Shota fixait le plafond depuis au moins quatre heures.

Cela faisait à peine trois jours qu'il était consigné à la résidence, et il s'ennuyait déjà. Il avait fini de rattraper tous ses cours, et sa lettre d'excuse a déjà été transmise à son destinataire.

Il était seul, il n'y avait personne dans l'appartement. Hizashi était parti à Yuei depuis longtemps, et Nozomi était allée à la fac de bonne heure.

Shota commençait à râler, à parler tout seul. C'était ennuyant de rester à la maison.

Et dire qu'il avait encore plus de quinze jours à tenir ainsi.

Soudain, il eut une brillante idée pour faire passer le temps. Il se leva de son lit, s'habilla d'un jogging et d'un sweat, enroula ses bandes autour de son cou, et sortit en verrouillant la porte.

Il n'avait rien à faire, autant en profiter pour s'entraîner.

Au lieu de prendre l'ascenseur ou de descendre les escaliers, Shota ouvrit la fenêtre du couloir : cinq étages, c'était dangereux, mais pas assez haut à son goût.

Le noiraud referma la fenêtre et montait sur le toit. Normalement, l'accès y était interdit, car quelqu'un s'était jeter depuis là-haut un jour, et c'est le syndicat qui en avait payé les frais.

Une fois au bord, il scruta l'horizon : c'était magnifique à en couper le souffle. Il repéra au loin le centre commercial, et se dit qu'il pouvait faire quelques courses pour ses colocataires.

Il recula de quelques pas pour prendre de l'élan, puis se mit à courir, et sauta par dessus bord, le bout de son ruban en main. Cette sensation de légèreté l'envahit, et il profitait de la vue qui s'offrait à lui.

Après deux secondes de rêverie, il se reconcentra sur la terre, et perçut un lampadaire où il pouvait s'y accrocher. Il lança son ruban dans sa direction, qui s'enroula facilement autour du fin tube.

Grâce à son stage, Shota s'était grandement amélioré dans la maîtrise de son écharpe, même si, quelques fois, sa concentration n'était pas à son comble, et il démêlait ses bandes soit trop tôt, soit trop tard. Comme à cet instant.

Ne se rendant pas compte qu'il pouvait déjà poser le pied à terre, il lâcha tardivement son ruban, et roula par terre.

Il resta allongé sur le goudron encore un peu, la fatigue l'ayant gagné à cause de son manque d'exercice durant ces trois derniers jours.

_ Vous allez bien, jeune homme ? Demanda une vieille dame avec des sacs de courses dans les mains.

Shota leva les yeux, et se releva difficilement en répondant :

_ Oui, merci.

_ Très bien, alors.

Mais voyant que la dame semblait avoir du mal à porter ses sacs, le noiraud lui proposa :

_ Vou... voulez-vous que je vous aide à porter vos sacs, madame ?

_ Oh ! Tu es bien gentil, mon garçon ! Avec plaisir !

De toute façon, Shota n'avait rien à faire, alors autant se rendre utile.

Il lui prit tous ses sacs, et constata avec stupeur la lourdeur de ceux-ci.

_ Les jeunes de votre âge ne sont plus aussi serviables comme avant, fit-elle remarquer en marchant.

_ Peut-être.

_ Mais d'ailleurs, tu ne serais pas le gamin qui est arrivé deuxième au championnat de Yuei ?

Shota fut stupéfait qu'on se souvienne encore de lui.

_ Euh, oui. Je suis Shota Aizawa.

_ Oh ! Je suis Harumi Hanako. Mes félicitations, mon grand ! Tu es arrivé deuxième, c'est déjà bien !

_ Merci.

_ Mais que fais-tu dehors à une heure pareille ? Tu ne devrais pas être à l'école ?

_ Euh... J'ai eu quelques soucis, donc je suis exclu pendant trois semaines.

_ Vraiment ? Je ne vois pas un gamin à problèmes en toi, pourtant.

_ C'est gentil. Mais ce n'est pas ce que voient mes professeurs, malheureusement.

_ Tu es exclu et tu aides les gens en attendant, c'est vraiment bien de ta part. Si ce n'est pas trop indiscret, quel est ton alter ?

_ Effacement. Je peux effacer les alters des autres quand je les regarde.

_ Oh, c'est un très bon alter !

_ Et vous, madame Hanako ?

_ Il n'est pas très utile : il s'appelle Floraison. Je peux garder des plantes fraîches très longtemps, et faire fleurir des arbres également. Tiens, regarde...

Elle leva la main sur le bourgeon d'un arbre, et aussitôt, il se mit à s'ouvrir et à fleurir.

_ C'est beau, ne put s'empêcher de dire Shota.

_ N'est-ce pas ? Si tu vois ma maison, il y en a plein partout ! Mon mari était agacé de voir autant de fleurs dans notre maison.

_ Était ?

_ Oui, il est mort il y a quatre ans, dans son sommeil. Nous étions mariés depuis 60 ans, nous avons quatre merveilleux enfants, et nous étions toujours aussi complices. C'était le bon vieux temps, ma foi.

_ Je suis désolé.

_ Ne t'en fais pas, va !

Ils arrivèrent devant une petite maison adorable, fleurie de partout.

_ Merci beaucoup pour ton aide, Aizawa-san.

_ Je vous en prie, madame Hanako. C'était un plaisir de discuter avec vous.

_ Oh ! Un instant !

Elle ouvrit la porte de sa maison et s'y engouffra avec ses sacs, laissant le jeune Aizawa sur le perron. Puis elle revint, un pot contenant une orchidée orange en main.

_ Tiens, c'est un phalaenopsis, une orchidée papillon. Pour te remercier. Je suis sûre que tu sauras en prendre soin. Et aussi...

Elle lui donna un porte-clé froufrou rose bonbon toute douce sorti de sa poche.

_ J'ai gagné ça en allant au supermarché. Je n'en ai pas vraiment besoin, puisque je suis déjà vieille, comme tu le vois. Tu peux l'offrir si tu veux, ou la garder.

Shota voulait refuser gentiment, mais étrangement, il vit dans ce porte-clé et cette orchidée une tendresse inconnue qui lui faisait chaud au cœur. Alors, il accepta les cadeaux, et la saluait longuement avant de se diriger vers son appartement, le pot d'orchidée en main, le froufrou dans sa poche.

Une fois dans l'appartement, il posa le pot devant sa fenêtre, pour qu'elle soit exposée au soleil. Il prit l'ordinateur d'Hizashi pour regarder comment il fallait s'en occuper, et entreprit de vaporiser de l'eau sur la fleur. Puis, il sortit de sa poche le porte-clé, qu'il regarda longuement avant de finalement l'accrocher à son trousseau de clé quasiment vide.

Que dirait Hizashi en voyant ça ? Shota ne voulait pas y penser, mais c'était certain qu'il se moquerait de lui.

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