19||°Les batailles de paille, c'est mal}
Paille, n.f. : objet normalement utilisé pour la litière d'un cheval, mais qui peut également servir d'arme en cas de désaccord avec sa cousine.
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- UN PEU PLUS À GAUCHE...
- Comme ça ?
- J'ai dis : "à gauche" merde !
- Mais je suis à gauche là !
- Ta gauche !
Descendre des chaises du grenier n'était pas une mince affaire, surtout lorsqu'on avait Fanny en tant que coéquipière.
- Tu as ? demanda la jeune fille depuis la trappe d'accès du grenier.
- Ouais ouais, c'est bon t'inquiète ! assurai-je en priant pour que mes bras ne ploient pas sous le poids de l'objet.
J'attrapai la chaise en bois et fut étonnée de son poids si léger. Je la posai sur le carrelage et me préparai à attraper les autres vieilleries que mon oncle et ma tante souhaitaient vendre. Depuis plus de deux heures, Fanny et moi, nous nous activions à débarrasser le grenier de toutes ces choses inutiles dont il était empli. Après l'épisode des araignées, qui d'ailleurs, avaient fini par être exterminées à l'insecticide par moi-même, nous avions aéré l'endroit clôt et étions redescendues : il était hors de question que je meure d'asphyxie aujourd'hui !
Fanny était remontée la première, et après avoir déclaré que la voie était entièrement libre, j'avais moi aussi grimpé l'échelle de bois et nous nous étions mises à ranger. Nous avions rempli de nombreux sacs poubelles d'habits en tous genres, de vieux cadres photos et de bons de réduction expirés - je me demande toujours ce qu'ils faisaient bien là, mais passons. Après s'en étaient suivis de nombreux aller-retours entre le grenier et la benne, aller-retours qui furent plus d'une fois perturbés par Oppy, ou le chien qui aimait mordre dans les sacs d'ordures.
Malgré cela nous avions survécu - ce qui était un miracle dans mon cas - et désormais, nous descendions les quelques affaires "potables" destinées à la vente durant la brocante du village. Cette dernière commençait Vendredi après-midi et se terminait Dimanche soir. Apparemment, de nombreuses personnes seraient attendues durant ces trois jours, ce qui promettait de ne pas laisser le village de Montdesbois indemne, si vous voulez mon avis.
- C'est bon, on a tout descendu, annonça Fanny en sautant de l'échelle de bois.
- Ah super ! lâchai-je, soulagée que tout ce cirque soit terminé. Je vais enfin pouvoir me reposer et perdre mon temps sur Internet, comme un ado se doit de le faire...
- Qui t'a dit que la journée était terminée ? questionna Fanny en affichant un petit sourire en coin.
J'en avais déjà des suées dans le dos.
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- Tu te souviens de Bonzaï, j'espère ?
- C'est qui ça déjà ? Ton arbre domestique ? J'pensais qu'il s'appelait Jean-Jacques, rétorquai-je en fronçant les sourcils.
Fanny s'arrêta et me fixa, les yeux écarquillés et la bouche légèrement entrouverte. Son regard se faisait insistant, tant et si bien que je me retournai pour voir ce qu'il se passait derrière moi : alors, mis à part le fait qu'Oppy était en train de courser un chat errant, je ne voyais pas ce qui suscitait autant d'intérêt.
- Tu le fais exprès j'espère ? lâcha Fanny en papillonnant des yeux.
- De quoi ? Qu'est-ce que j'ai dit encore ? questionnai-je en haussant les épaules.
- Bonzaï ? Un arbre ? Darla, Bonzaï est un cheval. D'où tu peux inventer un truc pareil ? Et d'ailleurs, pourquoi j'aurais un arbuste de compagnie ?
- Bah j'sais pas... T'es un peu chelou sur les bords, donc on peut s'attendre à tout venant de ta part, lançai-je en reprenant ma route.
Fanny ne releva pas, mais je pus tout de même entendre le soupir qu'elle venait de lâcher. Elle se remit en marche et je la suivis. Nous passâmes devant la grange, et je remarquai que le quad me tendait les bras, avec sa couleur rouge vive et ses roues maculées de boue. Néanmoins, je chassai rapidement cette idée de mon crâne et me reconcentrai sur le chemin qu'empruntait ma cousine. Adrien et Chloé semblaient être absents aujourd'hui, puisque les volets de leur maison étaient fermés, ou peut-être qu'ils se protégeaient tout simplement de la chaleur ?
- On est arrivée ! annonça Fanny en posant les mains sur ses hanches.
Devant moi se dressait une sorte de box, un box vide. La porte jaune semblait avoir été repeinte récemment, et ce, malgré les quelques rayures visibles en bas de cette dernière. Le loquet en métal avait été rouillé par la pluie et un licol bleu marine traînait au pied du mur en pierre, légèrement effiloché. Plus loin, dans un champ dont l'herbe avait été brûlée par les assauts intempestifs du soleil, broutait calmement un petit cheval alezan.
- Pourquoi tu m'as emmenée ici ? demandai-je en arquant un sourcil, ne voyant vraiment pas où elle voulait en venir.
- Tu sais Darla, il faut beau aujourd'hui.
- Mais encore ?
- Bonzaï est dans son pré alors j'ai pensé qu'on pourrait nettoyer son box pendant ce temps, déclara Fanny en s'emparant d'une fourche située non loin de là.
- Tu plaisantes, n'est-ce pas ? C'est genre... Du bizutage ? Hein ? répondis-je en riant nerveusement. On va pas nettoyer ça ? Enfin, je vais pas nettoyer ça moi ? Hein Fanny ?
- La brouette est là-bas. Dépêche-toi, sinon tu vas louper le moment où je vais soulever la paille. Tu vas voir, l'odeur de l'urine c'est magnifique ! se moqua ma cousine en ouvrant la porte du box.
- Sadique va ! m'exclamai-je en tournant les talons, le visage renfrogné.
Il ne manquait plus que ça maintenant ! Que je nettoie la merde d'un fichu canasson ! Je vaux tout de même mieux que ça, non ? Ce n'est pas mon devoir de faire quelque chose d'aussi dégoûtant et rabaissant ! Après tout, je suis en vacances ici, je devrais pouvoir faire ce qui m'enchante à longueur de journée, au lieu d'effectuer les corvées ingrates que m'attribuait Fanny. Pourquoi ne pouvais-je pas perdre mon temps sur Internet ? Pourquoi ne pouvais-je pas passer du temps avec Noé ? Pourquoi ne pouvais-je pas aller au lac aujourd'hui ? Bronzer toute l'après-midi et me plaindre de mes futurs coups de soleil ? En somme, pourquoi devais-je toujours suivre Fanny où qu'elle aille et quoiqu'elle fasse ?
Traînant des pieds, je me rapprochai doucement de la brouette en fer et empoignai les poignées en soupirant. Je fis demi-tour et montai la légère pente en la poussant. Elle était tout sauf lourde, mais je savais qu'elle n'allait pas le rester fort longtemps. Lorsque j'atteignis le box, Fanny avait déjà commencé à ramener la paille du fond vers la porte. Elle sifflotait gaiement et avait même mis de la musique sur son portable. Elle se tourna vers moi lorsque je me raclai la gorge, et se tut d'un seul coup, comme si elle était gênée qu'on l'ait surprise en train de chantonner.
- Et maintenant je fais quoi ? demandai-je d'une voix lasse.
- Tu prends une fourche et tu viens m'aider, répliqua-t-elle en vaquant de nouveau à ses occupations.
Je me saisis de la dite fourche et rentrai moi aussi dans le box. Fanny m'indiqua brièvement ce que je devais faire et je me mis au travail, non sans rechigner quelque peu. La paille du dessus était encore majoritairement propre, ce qui la rendait facile à transporter et à mettre dans la brouette. Néanmoins, lorsque je plantai mon outil un peu plus en dessous et que j'essayai de soulever la fourche, je manquai de peu de tomber tant le contenu était lourd. De la fumée s'échappa du dessous, asphyxiante, libérant des effluves d'ammoniac ou d'une autre odeur de ce type. Je toussai avidement et eus même un haut-le-cœur, pour tout vous dire.
- Putain c'est quoi cette... odeur ?! m'exclamai-je en toussotant.
- Ça, c'est les joies du méthane ! Enfin, de l'urine dans ce cas là !
- Mais... C'est... Horrible ! rétorquai-je, les larmes aux yeux.
- Darla, là on en est qu'au début, alors attends un peu avant de dire que c'est horrible...
- Parce que c'est pire après ?! Non mais moi je veux plus jamais faire ça ! J'suis pas suicidaire non plus ! J'ai pas envie de mourir asphyxiée par la pisse de ton maudit bourrin !
- Retire ce que tu viens de dire. Tout de suite, ordonna Fanny d'une voix ferme, où la colère tentait de s'y immiscer.
- Bonzaï est un putain de steak sur pattes, qui n'est bon qu'à chier partout et dont l'urine pourrait tuer tout un village tellement elle est acide, la défiai-je un petit sourire en coin au bord des lèvres.
Et pour toute réponse, Fanny ramassa à pleine main une poignée de paille souillée et me la jeta au visage. J'essayai d'esquiver, mais malheureusement, les brins rencontrèrent mon visage et se mêlèrent à mes cheveux. De la paille collait à ma joue et à mes lèvres, je la retirai d'un revers de la main et constatai que les endroits qu'elle venait de toucher était quelque peu humide : mon dieu.... C'est répugnant !
Fanny croisait les bras, satisfaite de son attaque puérile. Elle semblait jubiler tandis que je me frictionnais vigoureusement la bouche et la joue pour ôter toute humidité. C'était dégueulasse, il n'y avait pas d'autre mot pour décrire ça : dégueulasse. Cette fille n'était vraiment qu'une femme des cavernes, une petite peste susceptible qui n'a pas supporté que je traite son cheval de steak sur pattes. Non mais je vous jure, je vais pas la louper celle-là !
- Alors, elle a bon goût la pisse de mon bourrin ? se moqua Fanny, appuyée sur sa fourche.
Je ne pris même pas la peine de lui répondre, de toute façon, elle n'en valait pas la peine avec ses petites piques d'enfant de cinq ans. Ainsi, j'attrapai également une poignée de paille - tant pis si c'était sale - et me jetai sur elle, dans l'optique de lui faire manger. Fanny lâcha sa fourche et commença à courir dans le box, comme une gosse qui ne voudrait pas aller prendre son bain. Néanmoins, je la coinçai dans un coin, et lui barbouillai le visage avec ce que je tenais dans la main. Fanny hurla, elle se débattit comme elle le pouvait et finit par m'encercler la taille, m'entraînant dans sa chute.
Mon dos heurta la litière souillée, mais pour le moment, je m'en contrefichais. Il y avait beaucoup plus important à faire, comme par exemple, faire regretter à cette petite enfoirée toutes les crasses qu'elle m'avait faite. Fanny me lançait de la paille à la figure, et je lui griffais les bras comme je le pouvais. Nous ressemblions sûrement à des bêtes sauvages, mais là n'était pas la question. D'un mouvement brusque, je dégageai Fanny, qui jusque là, se trouvait au dessus de moi, et m'emparai une nouvelle fois de paille souillée. Je m'apprêtais à lui jeter dessus lorsque quelqu'un se racla la gorge devant nous. Je relevai la tête, énervée d'être coupée en pleine action et écarquillai les yeux lorsque je reconnus la personne qui se tenait là.
- Euh... Excusez-moi, mais... Vous n'auriez pas vu Adrien ? demanda Ulysse, quelque peu gêné par ce à quoi il venait d'assister.
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Hey ! Comment allez-vous ?
Je sais, ça commençait à faire un petit moment que je n'avais pas écrit de NDA, mais je vous avouerai que je n'avais pas vraiment le temps.
Pour ceux qui se le demanderaient (ou pas), mon bac blanc s'est bien passé et pour le moment ma pire note est en maths (dit la meuf qui est en S et qui est une grosse 💩 dans cette matière). Enfin, pire note c'est 11 donc ça va quand même, je suis plutôt satisfaite 😌.
Sinon, comment avez-vous trouvé ce chapitre ? Darla ? Fanny ? L'intrusion d'Ulysse ?
Je tenais à préciser que les propos à l'égard de la litière des boxs ne sont pas hyperbolisés : l'urine de cheval ça sent vraiment, vraiment très mauvais. D'ailleurs, il m'est déjà arrivée de tousser comme une folle jusqu'à avoir les yeux qui pleurent.
Sinon, je vous souhaite une bonne journée/soirée !
Capucine ❤️
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