-Chapitre 72-

Jungkook déboula dans l'appartement tel une tornade. Taehyung sursauta, renversant son bol de lait et éparpillant les céréales molles sur la table.

— Elle arrive !!! s'exclama-t-il.

— Qui ça ? demanda Minho qui vidait le réfrigérateur du reste de nourriture pour le mettre dans un sac isotherme au fond de sa valise.

— Sun-Kyung !!!

— Quoi ? Mais on part dans deux heures pour l'aéroport, Jungkook ! On n'a pas le temps !

— Elle est là, à Séoul ! Elle est arrivée hier, elle nous rejoint à l'aéroport, je lui ai donné le numéro du vol !

— Oh mon dieu !!! beugla Taehyung en se levant. Mais c'est extraordinaire !! Elle a accepté ?!

— Oui !!! déclara-t-il avec un grand sourire. Où est Yoongi-hyung ?

— Il est parti faire une course.

Le trio poursuivit les préparatifs. Taehyung prit une douche, la dernière à l'appartement, et enfila un jean noir troué, des tennis blancs et un sweat à capuche appartenant à Jungkook en lui assurant qu'il était plus à l'aise dans ses vêtements à lui. En réalité, il aimait porter l'odeur de Jungkook sur lui mais n'aimait pas l'avouer.

Minho récupéra tout ce qui pouvait leur être utile, et Yoongi arriva en bon dernier comme une furie, le visage contrit. Il attrapa son sac qu'il balança sur son épaule et lança :

— J'vais charger la voiture, magnez-vous !

Aussi vite, il ressortit en claquant la porte. Les trois paires d'yeux le regardèrent, sans que personne ne réagisse vraiment. Ce genre de comportement était devenu plutôt courant ces dernières semaines, et finalement, chacun acceptait les humeurs des autres sans broncher.

Jungkook et Taehyung lui emboitèrent le pas. Le Métrarthien esquissa un léger sourire à Minho qui lui répondit brièvement et ils descendirent jusqu'au bas de l'immeuble. Ils s'installèrent à l'arrière, Jungkook posa sa main sur sa cuisse et Minho balaya l'appartement d'un dernier coup d'œil nostalgique avant de refermer la porte pour toujours.

Il ajouta sa valise à celles déjà présentes dans le coffre, puis prit place à l'avant alors que Yoongi s'installait côté passager. Il avait envie d'une cigarette plus que tout au monde.

Il fourra la main dans la poche de sa grosse doudoune hivernale à capuche, et senti la feuille pliée en quatre renfermant la lettre pour Jimin. Il la serra, froissant le papier entre ses doigts, et lorsqu'ils eurent démarré, il observa le paysage défiler devant ses yeux.

**

Jin avait enfermé toute sa vie dans une valise gris métallisé qui se tenait devant lui sur ses petites roulettes. Il serrait la poignée fermement entre ses mains et attendait son taxi sur le trottoir en bas de chez lui.

Il avait dépensé toutes ses économies pour offrir un voyage à Hawaï à ses parents, en prétextant avoir gagné aux jeux. Il préférait les savoir dans un lieu insolite et majestueux au moment de l'impact, plutôt qu'à travailler et à enchainer les heures ici, à Séoul. Et puis ça lui permettait de quitter l'appartement familial sans avoir à leur dire au revoir. C'était lâche, mais c'était comme ça. S'il n'avait pas eu ce geste envers eux, jamais il n'aurait eu le courage de les quitter.

Le taxi s'arrêta à sa hauteur et l'aida à installer sa valise dans le coffre, puis reprit sa place d'un pas décidé. Jin tourna le regard vers son immeuble, et son regard frôla la cime du building modeste, mais imposant.

Il tenta d'atteindre le sommet en mettant la main devant ses yeux, sa tête renversée vers l'arrière.

— Bon, on y va ?! J'ai pas toute la journée ! râla le chauffeur en se penchant à la vitre.

— Oui, pardon ! rétorqua-t-il en montant à l'arrière.

Il claqua la portière, et le véhicule avança dans les rues déjà bondées de Séoul. Jin était mélancolique. Il quittait sa maison, ses repères, sa ville et sa famille sans savoir réellement ce qui allait arriver. Enfin si, il le savait, néanmoins il refusait encore de croire qu'il allait être écrasé par un gigantesque caillou spatial.

Il rêvait de belles demeures luxueuses à faire visiter à des clients fortunés à travers le monde. Jin aimait la décoration, l'architecture et la somptuosité que l'homme parvenait à faire transparaitre dans certains des édifices qu'il construisait. Il avait une véritable passion et une admiration sans faille pour les grandes maisons aux hauts plafonds recouvertes de sol en marbre et d'immenses fenêtres.

Il était anéanti de savoir que toutes les merveilles architecturales du monde allaient disparaitre. La tour Eiffel, le Taj Mahal, le Colisée, les pyramides de Khéops ou encore l'Empire State Building. Toutes ces merveilles d'architectures allaient s'écrouler comme un château de cartes, et avec, sa petite vie bien rangée d'étudiant modèle.

Il avait travaillé dur, il s'était donné corps et âme dans ses stages, jusqu'à apporter ses cafés à son tuteur, à faire des heures supplémentaires, à travailler depuis sa chambre, à répondre à des appels très tard le soir, ou encore à s'engager dans des tâches qui ne le concernaient pas, tout ça uniquement afin d'être certain que l'agence immobilière très réputée dans laquelle il était stagiaire, l'engage à la fin de ses études et lui ouvre les portes d'un monde qui le fascinait. Tout ce travail pour rien.

Jin s'était empêché de sortir avec des filles. En particulier avec Eun-Young durant sa première année d'étude. Elle l'avait pourtant longtemps dragué, jusqu'à la moitié de sa seconde année. Mais il avait refusé, parce qu'il s'imaginait que lui accorder du temps à elle, lui en laissait moins pour construire son avenir.

Aujourd'hui, Eun-Young était influenceuse sur les réseaux sociaux. Elle s'affichait en tenue de sport ultra moulante et vantait les mérites d'une alimentation saine. S'il avait voulu, il aurait pu avoir cette fille au magnifique visage angélique. Il aurait peut-être pu ouvrir une chaîne avec elle, et partager les abonnés. Ils auraient formé un couple magnifique. Elle avait ses longs cheveux noirs fins et soyeux, ses yeux de chat et sa peau laiteuse lisse et parfaite, sa taille fine et ses grandes jambes, et lui avec son physique de mannequin. Ils auraient pu avoir un bel avenir, des jours heureux, et une vie paisible.

Pourtant, Eun-Young allait mourir. Malgré sa beauté évidente, son flair pour s'introduire dans les soirées branchées, et malgré toute sa réussite, elle allait mourir, au même titre que ce vieux monsieur, assis sur des journaux devant la station de Hongik University.

Jin pensa alors qu'ils étaient tous logés à la même enseigne devant la mort. La comète ne ferait pas de différence entre un enfant des rues, un ingénieur et une star du rock. Devant la nature, nous étions tous perdants, peu importe notre désir de vivre.

Le taxi le conduisit jusqu'à l'aéroport où il s'arrêta en double file au dépose-minute. L'homme s'extirpa de son véhicule et sortit la valise de Jin tandis que celui-ci lui tendait un billet de cent mille wons.

— Oh, je n'ai pas de monnaie, monsieur... vous n'avez pas de carte de crédit ?

— Non. Gardez la monnaie.

Les yeux du chauffeur manquèrent de sortir de leurs orbites. Il sourit et s'empressa de talonner Jin jusqu'à l'entrée du terminal.

— Merci monsieur ! J'espère que la course a été agréable, monsieur ! Tenez, prenez ma carte, si vous avez à nouveau besoin de quelqu'un pour une course, je serais là, de jour comme de nuit, j-

— Ce n'est pas nécessaire, coupa Jin. Je quitte le pays définitivement.

— Oh... se ravisa-t-il. Alors... bon voyage, monsieur.

Jin se tourna vers lui, et ses yeux fixèrent son visage. L'homme était mal rasé, il portait des vêtements bon marché et de petites lunettes à la monture démodée. Certainement un honnête père de famille qui travaillait dur.

— À vous aussi... souffla-t-il.

**

Hyunjin ouvrit les yeux, et tomba sur un visage plutôt joli, mais inconnu. Il fronça les sourcils, et observa tout autour de lui. Il était dans une chambre doté d'une paillasse bien plus confortable que la sienne. Les murs étaient faits de bois et les fenêtres étaient recouvertes d'une épaisse couverture de laine qui obstruait tout rayon de lumière qui aurait tenté de percer. Les meubles étaient faits main et paraissaient robustes. Rien ne ressemblait à ce qu'il connaissait, que ce soit au village, ou à la base.

— Bonjour... souffla la douce voix rattachée au visage angélique.

— Qui êtes-vous ?

— Je m'appelle Lisa... je vis ici.

— Et c'est où, « ici » ?

De nouveau, un doux sourire étira les lèvres pleines et roses de la jeune femme, puis elle versa de l'eau dans une coupelle de bois à l'aide d'un pichet et le tendit au Prince.

— Buvez... lorsque vous serez prêt, vous pourrez vous lever pour passer à table.

— À table ?

— Oui, il faut vous nourrir, ou vous ne reprendrez jamais vos forces...

— Depuis combien de temps suis-je ici ? demanda-t-il tout à coup angoissé.

— Trois jours...

— Quoi ?! hurla-t-il en se redressant.

Il grimaça en sentant une vive douleur au niveau de ses côtes.

— Reposez-vous !

Hyunjin souleva sa chemise et avisa un linge enroulé autour de sa taille et des ecchymoses en dépasser. C'est vrai qu'il s'était fait passer à tabac par les gardes pendant plusieurs jours, et de nombreuses fois.

Lorsque son père l'avait fait emmener, jamais il n'aurait cru atterrir au fin fond des souterrains de la base. Il n'avait même pas connaissance de cet endroit. Mais il avait rapidement compris que Métrarth poussait son illusion toujours plus loin.

Il n'y avait certes pas de crimes, de meurtres ou de viol au village, mais les gens qui volaient un peu de nourriture ou se montraient trop rebelles par rapport aux lois finissaient ici, derrière les portes métalliques froides de ces couloirs abandonnés. Parce qu'on préférait les isoler pour faire perdurer le mensonge, que personne sur cette planète ne désobéissait ou était malheureux ou en désaccord avec le souverain. Il fallait qu'il garde une image positive de sauveur, et non celle d'un tyran.

— Je vous ai appliqué un onguent qui mélange plusieurs herbes... il faut laisser le temps que ça agisse, gronda Lisa.

— Le temps ?! Je n'ai pas le temps !!! grogna-t-il en repoussant son corps frêle afin de se lever.

Il boita jusqu'à la pièce principale, et à l'extérieur, il aperçut Félix assis sur les marches de la petite maisonnée.

Les larmes lui montèrent aux yeux. Félix n'avait jamais été un ami ou quelqu'un de proche. Il le voyait comme le parfait petit blondinet de service, prêt à se plier en quatre pour son père. Il était aussi ami avec Kim, le garçon beaucoup trop curieux et instable. Le duo était connu de tous, et si Félix attirait les grâces, Taehyung étonnait.

Ils avaient beaucoup de succès auprès des femmes, et chacune attendait avec impatience les cérémonies d'or afin de pouvoir être leurs promises. Parfois, Félix effrayait par sa beauté et sa douceur. Certaines femmes craignaient de ne pas être à son gout ou à la hauteur d'un homme si beau et si parfait. Car il fallait le dire, Félix n'avait aucun défaut.

D'autres étaient farouches quant à l'allure de Taehyung. Il était singulier, n'avait pas la langue dans sa poche, et déstabilisait continuellement ses interlocuteurs, tant par son franc parlé que par la puissance de son regard.

— Lix... balbutia-t-il.

Le blond se tourna vers lui, et un franc sourire orna ses lèvres. Il se leva et courut vers lui pour se jeter dans ses bras.

— Tu es réveillé !!!

— Doucement ! Vous allez le casser en deux ! râla Lisa avec douceur.

Les deux garçons ne prêtèrent pas attention à ses remontrances, trop occupés à s'enlacer chaleureusement.

Hyunjin marcha difficilement jusqu'à l'extérieur et contempla les alentours. La maison était petite, mais fonctionnelle. Les arbres couvraient le puissant soleil et apportaient une fraicheur et de l'ombre dont le village ne disposait pas. C'était très agréable de pouvoir souffler et se poser au pied d'un arbre verdoyant.

Félix l'entraina à l'arrière et caressa le cheval alors que Hyunjin le regardait avec bienveillance.

— Merci... d'être venu me chercher.

— C'est normal.

— Non, tu as risqué ta vie pour la mienne... je te serai éternellement reconnaissant.

Félix se mit à rougir légèrement et tordit sa bouche en une petite mimique adorable.

— En réalité... je l'ai risqué pour Métrarth... on a besoin de toi... on n'a pas pu terminer le sérum... on n'est pas... aussi calé que toi.

Le visage du Prince se ferma et prit en sévérité.

— Attends... où est Jimin ? Et combien de temps il reste ?!

— Jimin est au village... j'imagine.

— Comment ça tu imagines ?! contra Hyunjin.

Félix caressa les naseaux du cheval en baissant les yeux, mais son aîné le rappela à l'ordre.

— Félix !

— Il reste un peu moins d'une semaine... souffla-t-il.

Il releva ses yeux vers le visage du Prince et murmura :

— On n'y arrivera pas... c'est... peine perdue...

— Quoi, tu abandonnes ?! beugla Hyunjin. Tu es aussi faible que je le pensais ! argua-t-il en prenant la direction de la maison.

Félix lui emboita le pas et ne lâcha pas son visage du regard, comme pour s'assurer qu'il n'était pas sérieux.

— Quoi ?! Non, non... mais avoue qu'il reste peu de temps, qu'on n'y connait rien, et qu-

— Toi, coupa-t-il en s'arrêtant au bas des marches.

— Quoi ?

— Toi, tu n'y connais rien, sourit-il en faisant bouger ses sourcils.

Lisa sourit aux deux garçons et descendit les rejoindre devant la maison.

— La révolution a commencé ? Il y a beaucoup à préparer, alors...

**

Namjoon passait la porte de l'aéroport lorsqu'il trébucha sur le trottoir et manqua de tomber avec sa grosse valise, son bagage cabine ainsi que son sac de cuir en bandoulière.

Il jura et ramassa son écharpe tombée sur le sol avant d'être percuté par un jeune homme apparemment très pressé. Déjà au maximum de sa tolérance, il laissa un nouveau juron passer la barrière de ses lèvres et attrapa le col du garçon pour le secouer.

— Hey !!! On t'a jamais appris la politesse, connard ?!

Il pouvait tout aussi bien se prendre un coup de poing en pleine face, était-ce réellement important ? Une comète lancée à vive allure sur la Terre devait être légèrement plus douloureuse que les phalanges d'un type dénué de savoir-vivre. Mais lorsqu'il aperçut le visage qui se tourna vers lui, il se ravisa, et lâcha la veste de cuir vieilli du garçon.

— Hobi ?!

— Joonie ?!

— Qu'est-ce que tu fais là ?

— Je ne suis pas en retard ? demanda Hoseok. Vous êtes encore là...

— Oui, le vol est dans... une heure, dit-il en regardant sa montre. Je ne suis pas en avance, mais j'ai eu du mal à partir.

— J'imagine... souffla Hoseok en observant son visage. Tu veux en parler ?

— Non. Peut-être plus tard... peut-être jamais... j'en sais rien. Et toi, tu as décidé de venir, finalement ?

— Oui.

— Tu veux en parler ?

Hoseok haussa les épaules.

— Allons-y, ils vont nous attendre, souffla Namjoon sans insister.

Ils passèrent les portes et ensemble, se dirigèrent vers l'enregistrement des bagages, puis la douane, et accédèrent enfin à la salle d'embarquement ou patientait déjà le petit groupe.

Wonyoung était là aussi. La jeune fille portait un jean bleu évasé vers le bas, des tennis blancs, ainsi qu'un gros pull en angora gris clair, assez long, ainsi qu'un bonnet assorti faisant ressortir deux jolies nattes.

Jungkook semblait être au téléphone et tenait la main de Taehyung dans la sienne en entrelaçant leurs doigts. Minho regardait les avions décoller depuis la grande vitre qui bordait la salle d'attente, et les yeux d'Hoseok se posèrent sur Yoongi.

Yoongi qui le fixait depuis plusieurs secondes maintenant avec un air arrogant collé au visage. Il portait une doudoune kaki à la grosse capuche bordée de fourrure, un jean bleu, des boots noires à la semelle épaisse, et un sweat noir. Ses cheveux avaient poussé, et des racines noires étaient visibles sur plusieurs centimètres, alors que le reste de sa tignasse tombait dans sa nuque.

— Hyung !!!! hurla Jungkook alors qu'il avait raccroché en courant vers Namjoon pour se jeter dans ses bras. Putain t'es venu, j'y crois pas !!! Je suis si content !!

— Moi aussi je suis content, Kook... je ne pouvais pas rester loin de vous pour... enfin-

— J'comprends... souffla Jungkook.

Yoongi et Hoseok se jaugèrent sans qu'aucun décide de bouger. Jungkook s'approcha d'Hoseok, et posa sa main sur son épaule. Le regard d'Hobi bifurqua pour se poser sur le plus jeune, et il esquissa un sourire.

— Hyung...

— Ne dis rien. C'est inutile. Tout va bien...

Jungkook lui sourit, et retourna près de Taehyung, collant son corps au sien. Puis lentement, Hoseok s'approcha de Yoongi, ses pas s'amenuisant à mesure qu'il approchait. Enfin, lorsqu'il se trouva à la même hauteur que lui, à un mètre à peine, sa lèvre inférieure se mit à trembler, et son visage se tordit de douleur. Yoongi adoucit son regard, et se contenta de le prendre dans ses bras, et de poser sa tête sur son épaule.

— J'suis là... je vais prendre soin de toi.

Jin arriva en bon dernier en faisant de grands gestes, cachant son émotivité derrière un sourire démesuré.

— Heeyyyy, les gars !!

— Jinie-hyung !!! beugla Jungkook.

— Salut, souffla Namjoon.

Le groupe réuni, tout le monde s'installa sur les sièges devant le comptoir, et attendit que l'hôtesse appelle leur vol pour pénétrer dans l'avion et quitter le pays.

— J'suis content d'être avec toi... soupira Jungkook en caressant la main de Taehyung.

— Moi aussi... je ne te laisserai pas, Jungkookie, cesse de me regarder comme ça, on en a discuté des millions de fois ces derniers jours.

Jungkook baissa les yeux et se mordit la lèvre. Il ne pouvait pas s'empêcher de penser que sans lui, Taehyung serait reparti pour Métrarth. Qu'il aurait épousé Minah, et qu'il aurait vécu longtemps, une vie paisible et heureuse, remplie d'enfants.

— Je ne veux pas de cette vie, si tu n'y es pas.

— Mais... si tu ne m'avais pas connue, s-

— Avec des si, on refait le monde. Tu as oublié ? C'est pourtant toi qui m'as appris ça... soupira-t-il. S'il n'y avait pas de comète, je ne serais jamais venu ici... si je ne t'avais pas rencontré, je n'aurais jamais vécu aussi intensément. Alors, cesse de discuter.

— D'accord... abdiqua Jungkook.

Et alors qu'il relevait le regard, il aperçut Sun-Kyung. Il restait peu de temps avant l'embarquement, vingt minutes tout au plus. La jeune fille avait hésité jusqu'au dernier moment, parce que même après son appel avec Jungkook, elle s'était demandé s'il ne valait pas mieux retourner à Busan et terminer sa vie auprès des siens. Son fiancé, sa mère, sa grand-mère, et son chien.

Cependant, la curiosité, mêlé à la tentation d'essayer de s'en sortir l'avait poussé jusqu'ici. Jungkook se leva, et alla à sa rencontre, lui délivrant un regard doux, suivi d'un sourire rassurant.

— Bienvenu...

**

Jeudi 24 décembre

La bande était installée dans un petit appartement du centre-ville de Tokyo, au vingt-septième étage d'une tour en verre.

Depuis leur arrivée, Taehyung restait figé devant les lumières de la ville, depuis le salon qu'ils occupaient comme chambre à coucher.

Oshita Hatsue les avait accueillis avec joie mais n'avait pas de quoi loger tout le monde dans une chambre. Il y avait la sienne, et une autre pour Minho. Le reste de la bande s'était installé dans le salon, dans le canapé et sur des matelas disposés de façon anarchique.

Yoongi et Hoseok occupaient un matelas, Jin et Namjoon, un second, Taehyung et Jungkook le troisième, et le dernier avait été mis à disposition de Woonyoung et Sun-Kyung.

Chacun vivait là, sans faire de bruit, dans un silence dérangeant et pré-apocalyptique, comme s'ils retenaient leurs souffles jusqu'à l'impact.

Les filles s'occupaient des repas avec Hatsue, tandis que Yoongi et Hoseok se regardaient sans parler, Yoongi tenant entre ses mains celles de son ami qui ne cessait de pleurer. C'était comme si sortir de chez lui, se libérer, et prendre l'avion jusqu'ici avec ses amis avait ouvert les vannes de sa sensibilité. Depuis, Hoseok ne pouvait se retenir.

Jin et Namjoon enchainaient les parties de monopoly, uno et scrabble en riant comme des baleines. Ils voulaient oublier qu'ils étaient réunis pour les mauvaises raisons, et faisaient de chaque seconde un fort moment d'amitié.

Pourtant, la nuit, lorsque les lumières s'éteignaient sur leurs vies, chacun pleurait dans son coin silencieusement en mouillant son oreiller et en serrant dans ses bras un objet qui le reliait à sa vie terrestre.

Taehyung était ébahi par la nuit, et refusait de se décoller de cette baie vitrée, au grand désespoir de Jungkook. Ce jeudi soir, il observa les yeux gris plongés en direction de la Voie lactée, lorsqu'il surprit une lueur d'effroi au fond de son regard.

— Chéri... souffla-t-il en enlaçant sa taille et en posant sa tête sur son épaule.

Tout doucement, Taehyung laissa une larme rouler le long de sa joue, et murmura :

— Elle est là...

Son regard fixait l'immensité noire devant lui. Le cœur de Jungkook rata un battement et son regard se tendit à son tour en direction du ciel. Ses yeux noirs cherchèrent parmi les milliards de petits points brillants, sans parvenir à se fixer sur l'un d'eux en particulier.

— Je ne vois rien...

— Là...

La voix de Taehyung s'était écrasée contre la vitre, créant une auréole de buée opaque, son index laissant une trace de son passage sur le verre. Et lentement, un point plus brillant que les autres se dessina devant les prunelles ébahies de Jungkook.

Sa prise sur sa taille se resserra et une boule se forma dans sa gorge, tandis qu'il enfouissait le nez dans son cou.

— Je ne veux pas la regarder... souffla-t-il tout bas.

Taehyung s'accrocha à ses avant-bras, et baissa la tête en sanglotant, Jungkook le serrant davantage dans ses bras, comme si sa vie en dépendait. Après plusieurs minutes, ils se tournèrent l'un vers l'autre et s'enlacèrent intensément.

— Je t'aime... murmura Taehyung en relâchant sa prise pour plonger ses yeux dans les siens. Je remercie la vie ou le destin, je ne sais pas, de t'avoir mis sur ma route. Je ne t'oublierais jamais...

— Ne me dis pas au revoir ! Pas maintenant ! grogna Jungkook les yeux rouges.

Sans un mot, il se détacha de lui et s'enferma dans la salle de bain en claquant la porte violemment.

— Qu'est-ce qu'il a ? demanda Yoongi.

— Rien... c'est... rien.

Yoongi observa le ciel, et ses yeux tombèrent sur le point lumineux. Son visage blêmit et de nouveau, son attention se reporta sur Taehyung qui fixait la porte de la salle de bain, les sourcils arqués vers le bas.

— T'inquiète pas... il va se calmer et ressortir. C'est pas ce truc-là qui vous séparera, argua-t-il en indiquant le ciel d'un geste vif.

Il s'éloigna vers la salle de bain et entra sans frapper.

— Hey !!! contra Jungkook assis sur le rebord de la baignoire.

— Quoi, t'étais en train de chier peut-être ?

— Non, mais ça aurait pu... se défendit-il avec mauvaise humeur.

Yoongi soupira et vint s'asseoir à ses côtés en croisant les jambes, et les bras sur sa poitrine.

— Alors ?

— Alors quoi ?

— Tu fais la gueule ?

— Non ! Est-ce que j'ai l'air de faire la gueule ?

— Franchement, oui !

Jungkook baissa les yeux et soupira en posant une main dans ses cheveux.

— Kook...

— Quoi ?! cracha-t-il à bout de nerfs.

Yoongi fouilla dans la poche arrière de son jean en se tortillant sur le rebord de la baignoire et en sortit un paquet de cigarettes. Il en tira une qu'il coinça entre ses lèvres, et l'alluma à l'aide de son petit briquet noir. Il recracha la fumée dans un long souffle, et déclara :

— De l'autre côté de cette porte... il y a quelqu'un qui t'aime et qui attend que tu arrêtes de t'angoisser.

— Je sais, mais j'y arrive pas, hyung !

— Kook... on n'a plus le temps... insista Yoongi en le regardant dans les yeux. T'es en train de gâcher les derniers instants avec lui... ils sont précieux ces instants... crois-moi.

— J'suis désolé... avoua Jungkook en se passant une main dans la nuque. Je sais que t'aimerais être avec Jimin...

— C'est vrai. Mais j'suis pas triste. Je le suis plus, en fait.

— Ah bon ? Pourquoi ?

— Parce que j'ai dit tout ce que j'avais à lui dire dans la lettre que je garde dans ma poche... et j'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour le sauver. Il m'en veut peut-être... et il me déteste aussi sûrement de l'avoir envoyé là-haut. Mais il est vivant, et c'est tout ce qui compte pour moi.

— J'comprends... souffla Jungkook en regardant devant lui tristement. J'arrive pas à faire comprendre à Taehyung que c'est ce que je veux pour lui. Que si jamais il n'y a qu'une place pour rentrer, je veux qu'il la prenne...

— Tu sais que ce ne sera pas possible...

— Et pourquoi ?

— S'il reste une seule place, ce sera difficile pour chacun de nous. On a beau être amis, on a tous envie de vivre... toi pour être avec Taehyung, lui pour être avec toi et rentrer chez lui retrouver Félix et son pays, moi pour être avec Jimin, Sun-Kyung pour rencontrer Hyunjin, et les autres, même s'ils n'ont personne, ils méritent de vivre tout autant que nous, tu le sais.

— Oui... c'est vrai, t'as raison.

Yoongi coinça sa cigarette entre ses lèvres, et remonta sa manche sur son poignet enfermé dans un cellophane. Jungkook écarquilla les yeux de surprise, et passa son doigt sur l'encre noire qui représentait la seconde aile. Celle que Yoongi avait promis de se faire tatouer pour rallier à la sienne.

Le cœur battant, Jungkook remonta sa propre manche, et colla son poignet à celui de son meilleur ami. Les ailes étaient maintenant réunies, pour toujours et à jamais. Une larme roula sur sa joue, et Yoongi caressa sa nuque tendrement.

— Prends chaque seconde qu'il te reste avec lui... aimez-vous sans limite. Il n'y a plus rien d'autre, de toute façon... souffla-t-il en sortant de la salle de bain.

**

— Est-ce que ça va ?

— Hmm... je crois.

— Vous vous êtes disputé avec ton copain ?

Taehyung haussa les épaules.

— J'en sais rien... non, je ne crois pas...

Sun-Kyung croisa les bras sur sa poitrine et observa la ville en contrebas. C'était semblable à Séoul finalement. Tous ces buildings illuminés, toutes ces couleurs et ces enseignes.

— Et toi ? Tu as quitté ton fiancé ?

La jeune femme poussa un long soupire et tourna le dos à la baie vitrée sur laquelle elle s'appuya tout en regardant Jin et Namjoon se disputer pour savoir si un double avait été fait pour sortir de prison ou non.

— Pas vraiment... j'ai été assez lâche en réalité.

— Pourquoi tu dis ça ?

— Je lui ai dit que j'avais une amie de la fac que j'avais retrouvée sur les réseaux, et qu'elle m'invitait à Séoul pour quelques jours...

Taehyung fronça les sourcils de façon mélancolique, le regard toujours perdu vers l'extérieur.

— Alors... ça veut dire qu'il ne sait rien ? Que tu es parti sans lui dire au revoir ?

— J'en étais pas capable... chaque fois que j'ai essayé, je me suis retrouvé en larmes... alors j'ai pensé qu'il était préférable de le laisser être heureux jusqu'au bout.

— Mais il va s'en rendre compte, tu sais ?

— C'est déjà le cas... des astronomes amateurs ont déjà remarqué la comète depuis un moment... mais les médias n'y croient pas... ils refusent de donner l'alerte. Parce qu'ils savent que ce serait la panique.

Elle s'arrêta de parler un instant et se mordit la lèvre, avant de laisser son regard glisser vers Taehyung.

— Quoi ?

— Rien.

— Si, tu me dévisages !

— Je ne pensais pas que... que les gens qui viendraient de l'espace te ressembleraient.

— Ah oui ? Et tu pensais qu'ils ressembleraient à quoi ?

— J'en sais rien... avoua-t-elle en haussant les épaules. Je pensais qu'ils seraient moins beaux ! se mit-elle à rire.

Taehyung esquissa un sourire, ses joues prenant une légère teinte rosée sous son compliment.

— Taehyung... ?

— Oui ?

— J'ai besoin de toi...

Il fronça les sourcils et demanda :

— Pourquoi ?

— Je veux que tu me rendes mes souvenirs.

**

Hyunjin, Félix et Lisa étaient assis autour de la table ronde au centre de la pièce principale.

— Tu peux répéter ça ? demanda le Prince à la jeune femme.

— Je suis là depuis mes cinq ans... je vivais avec mon père qui a été emporté par une mauvaise toux il y a deux ans. Nous avons été chassés du village et traqués par les gardes de Yeong-Jin. Mon père n'était pas en accord avec sa façon de gouverner... il était très curieux, et un jour, il a découvert l'existence de la base militaire au sein du territoire sombre. Il a essayé de soulever le peuple contre le Roi, et... et Yeong-Jin lui a laissé le choix. Soit il quittait tout avec sa famille et ne revenait jamais, soit il serait enfermé dans les geôles de la base...

— Et ta mère ? demanda Félix.

— Elle s'est retournée contre mon père... elle a toujours suivi le Roi, persuadé qu'il avait raison... elle travaille au service scientifique. Enfin, c'était ainsi la dernière fois que je l'ai vu.

— Quand était-ce ? demanda Hyunjin.

— Il y a un an.

— Un an ? Mais tu t'es rendu à la base il y a deux ans ?

— Oui... souffla la jeune fille. J'avais besoin de médicaments pour sauver mon père... alors j'ai fait le voyage jusqu'aux souterrains. Mais ça n'a pas suffi... il est mort malgré mes tous mes efforts pour le sauver.

— Je suis désolé... rétorqua le Prince.

Les deux garçons se regardèrent, et une lueur d'espoir brilla dans leurs yeux.

— Est-ce qu-

— Oui, coupa-t-elle.

Elle leur envoya un regard pétillant, et se mit à sourire franchement, l'air déterminé et détendu.

— Oui, je veux vous aider... quoi que vous tentiez, si c'est contre le Roi, je marche. Je veux venger mon père...

Pendant plus de trois heures, les trois jeunes gens débattirent sur la façon d'intervenir. Il était évident que le Prince était recherché, et que si les gardes mettaient la main sur lui, ils l'élimineraient. Yeong-Jin devait être au courant, et il avait certainement pris ses dispositions quant à son sort.

— Il faut qu'on récupère Jimin et qu'on le fasse venir ici ! dit Félix.

— Non... c'est impossible. Ça prendrait trop de temps de faire ce détour.

— Mais on ne va pas le laisser ! contra Félix

— Non... assura Hyunjin. Mais mon père sait certainement que ce sera notre objectif... alors il est soit surveillé, soit déjà entre ses griffes. Malheureusement, Jimin devra attendre qu'on se soit débarrassé de Yeong-Jin.

— Et s'il le tue ?!

— Il ne le fera pas ! le rassura le Prince. Il tient trop à lui... si Jimin l'a compris, il se tiendra sage et restera en vie jusqu'à ce qu'on le récupère. En attendant, il doit essayer de l'apaiser pour que tu puisses te rendre à la base avec Lisa, et que vous terminiez le sérum. Moi je dois me remettre sur pied avec l'onguent, ça ne devrait plus être très long. Ensuite...

— Ensuite ?

— Ensuite on retournera une dernière fois là-bas... et ce sera pour évincer mon père... définitivement, expliqua-t-il.

Il avait donc été convenu que Félix et Lisa se rendraient au quartier scientifique pour terminer le sérum. Hyunjin leur avait expliqué comment faire et avait noté tout ce qu'il fallait rajouter au produit final pour qu'il soit opérationnel et dans quel ordre le faire. Tout était trouvable dans les armoires et les placards des salles de soin. Néanmoins, un dernier point restait à éclaircir.

— Hyunjin ?

— Oui ?

— Le sérum... ou est-il ?

— Caché... dans un coffre...

— Un coffre ?! Mais où ça ?

— À l'est du village, près d'une cascade...

— Bordel, t'as pas trouvé plus loin ?!

— J'ai fait ce que j'ai pu, Lix !

— Je sais... je sais. On va y aller, t'en fais pas.

**

Taehyung s'était enfermé dans la chambre d'Oshita avec Sun-Kyung sans que personne ne remarque leur absence.

— Comment on procède ? demanda la jeune fille.

— Eh bien... je ne sais pas trop... j'imagine qu'on doit se tenir les mains, comme la dernière fois... et ensuite, il ne faudra pas se lâcher jusqu'à ce que je parvienne à briser le bouclier.

— D'accord...

— Mais tu es bien sûre de toi ?

Sun-Kyung regarda Taehyung, les yeux brillants de larmes.

— Oui... tu sais, j'ai l'impression de ne pas être moi...

— Comment ça ?

— J'ai toujours eu cette sensation en moi... depuis ce fameux jour où j'ai été retrouvée déboussolée. Je sentais que je n'étais pas celle que je devais être... que quelque chose manquait à ma vie. Et puis vous êtes arrivés tous les deux... et j'ai compris que c'était ça. Il me manque la vérité, Taehyung... j'ai le droit d'y accéder... ne me laisse pas dans le noir... souffla-t-elle en effleurant sa main du bout des doigts, une perle salée glissant le long de sa joue.

Taehyung ne pouvait pas refuser ça. Il n'avait pas le droit de lui interdire de se retrouver, de connaitre l'origine de ses sentiments avant de partir.

Parce que Taehyung se mettait toujours à la place des autres et s'imaginait traverser leur calvaire. Il se posait mille questions sur la façon dont il aurait réagi, et ainsi, il développait à chaque fois un peu plus son empathie.

Il hocha la tête, sentant déjà les picotements de l'énergie qui les reliait au bout de ses doigts. Elle glissa sa main dans la sienne et enroula ses doigts autour de son poignet, alors qu'il en faisait de même avec le sien.

Un puissant halo bleu se forma autour d'eux, faisant crépiter l'énergie. Taehyung ferma les yeux, essayant de tenir bon face à toute cette force qui le secouait et le malmenait, quand les lumières de l'appartement disjonctèrent. La télévision du salon se coupa et la jeune femme ouvrit la bouche dans un cri muet.

Devant ses yeux passaient les instants de sa vie qui lui avait échappé. Elle se revoyait à l'école, encore coiffée de ses petites nattes et portant sa robe blanche et ses sandales. Un jeune garçon blond aux jolis yeux clairs lui tenait la main, et lui courait après dans le parc en bas de chez elle. Les deux enfants riaient aux éclats, et le sentiment qui s'en dégageait était incroyable. Le bonheur était palpable. La vie s'échappait de leurs rires, et une chaleur vive s'introduisit à travers tout son corps ; de ses membres à ses muscles, passant par ses veines.

Ensuite, elle se vit l'âge de seize ans marcher un soir au clair de lune, ce même garçon ayant grandi et lui tenant la main. Et alors qu'elle s'arrêtait devant chez elle, il se pencha pour l'embrasser. Des images en vrac se succédèrent devant ses yeux. Elle au téléphone pendant des heures avec lui, puis lui offrant un gâteau au chocolat en forme de cœur. Le jeune jeune garçon accrochant des rubans de satin bleu à ses cheveux, puis la sensation de son souffle chaud dans son cou.

C'était étrange, grisant et désagréable à la fois, car les émotions passaient trop vite en elle, se succédant sans avoir le temps de s'installer. Ainsi, elle ressentit le bonheur et la joie, l'amour et l'excitation, et enfin la tristesse et la mélancolie.

Son cœur sembla se briser en elle, éclatant en millions de morceaux de verre aux quatre coins de son âme. Puis le néant, le noir total, et la fatigue. Une immense fatigue. La lumière bleue s'était intensifiée, et était si puissante, que toute l'électricité du quartier se coupa, plongeant la ville dans le noir total.

Taehyung avait du mal à respirer, son énergie beaucoup trop sollicitée pour lui permettre de tenir le choc. Jungkook poussa la porte qui cogna contre le mur dans un bruit sourd, et hurla :

— Hyung !!!!!

Sans réfléchir, il se jeta sur lui et l'entoura de ses bras, mais fut projeté contre le mur avec une force incroyable. Son dos tapa contre la paroi et il glissa au sol dans un gémissement de douleur.

Taehyung et Sun-Kyung étaient toujours liés par la lueur bleu qui les retenait prisonniers. Jungkook se leva et fonça de nouveau sur son petit-ami, arrêté de justesse par Minho qui entoura ses bras autour de sa taille pour l'empêcher d'aller plus loin.

— Tu ne peux rien faire ! Laisse-les !

— Non !!! Non, je refuse !!! Ça va le tuer !!! Laisse-moi !!!

— Jungkook, ça suffit, ça risque de te tuer toi aussi si tu t'approches !

— J'm'en fiche ! Laisse-moi le sauver ! Laisse-moi, laisse-moi !!! S'il te plaiiit ! se débâtit-il.

Mais Minho fut rejoint par Namjoon qui se posta devant Jungkook, et qui le repoussa vers l'arrière.

— Ne sois pas stupide, tu vas mourir !!!

— Taehyung !!! Taehyung !!!! hurlait Jungkook sans les entendre.

Alors que Minho faiblissait sous les coups de Jungkook, la lueur se résorba en une poignée de secondes, et les deux corps inanimés de Sun-Kyung et Taehyung, tombèrent sur le sol.

Minho lâcha Jungkook qui se rua sur le corps de son petit-ami, le souffle entrecoupé et le cœur au bord des lèvres.

— Hyung ?! s'égosilla-t-il en posant les mains sur son corps.

Mais alors qu'il le secouait dans tous les sens, tout le monde penché au-dessus des deux jeunes personnes, Namjoon s'agenouilla et tâta sa gorge, avant de déclarer :

— Il ne respire plus...

****

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top