Aussitôt que mes lèvres ont effleuré les siennes, un profond regret s'empara de moi. Comment avais-je pu faire une chose pareille ? V resta là, sans rien dire, le regard tout aussi affolé que le mien. Je ne pouvais plus le supporter, comment aurais-je pu continuer à soutenir son regard après ce que je venais de faire ? Après avoir fait une telle chose à l'un de ses meilleurs amis. J'étais qu'une idiote. Une odieuse idiote. Je pris mes jambes à mon cou et me dirigeai vers la sortie la plus proche. V ne tenta pas de me retenir. Pourquoi l'aurait-il fait ? Je suis la seule responsable de la situation dans laquelle je l'ai mis. J'ouvris brusquement la porte battante qui menait à la cours extérieur et pris une grande inspiration. J'avais l'impression de suffoquer. Mon sang bouillonnait, ma tête n'arrivait plus à penser. Je n'ai jamais été aussi dégoûtée et déçue de moi-même. Et pourtant, ce frisson que je ressentais, me faisait sentir vivante, plus que je ne l'ai jamais été depuis la mort d'Ha-Neul et Chelsea. Quand mon poult ralentit enfin, quand mon souffle devint plus régulier, une seule question tournait sans cesse dans ma tête. « Qu'est ce que je vais faire ? ». Il fallait que je mette de l'ordre dans mon esprit, que je mette de l'ordre dans mon cœur. Pourquoi avoir agis ainsi ? Est ce que RM pourrait me pardonner une telle faute ? Et V ? Voudra-t-il encore m'adresser la parole ? Etre le soutien qu'il m'avait promis ? Était-ce à cause de ça que les choses sont devenues si intense pour moi ? Je ne savais plus, et je ne voulais pas le savoir maintenant. Une introspection sera nécessaire, mais pas ce soir, très peu pour moi. Je préférais rester là, sous la faible lumière qui éclairait l'horizon, fermant les yeux, calmant mon esprit.
... (parlant anglais) : Tu m'as l'air bien perdue jeune fille.
Surprise par l'intonation et l'anglais parfait de mon interlocuteur, je me redressai de mon recroquevillement pour croiser son regard. C'était une femme, élancée, qui semblait légèrement plus âgée que moi mais qui était bien plus belle que je ne le serais jamais. Elle ne me regardait pas, ses yeux étaient plongés dans le vide de l'horizon. Elle me tendit son paquet de cigarettes. Je n'étais pas fumeuse, cependant, je n'étais pas non plus une infidèle. J'en extirpai une du paquet et vins la placer entre mes lèvres.
Lyana (parlant anglais) : Merci, je peux vous emprunter du feu ?
Je me rapprochai d'elle, m'adossai au mur et laissai également ma vision se perdre dans l'étendue. J'allumai ma clope et à la première bouffée me mis à tousser.
... (parlant anglais et sur un ton moqueur) : Eh bien eh bien ! Il semblerait que tu ne sois pas habituée, tu n'as pas à te forcer pour m'impressionner où quoi que ce soit.
Lyana (parlant anglais) : Non, ça n'a rien avoir. C'est vrai que je ne fumes jamais, mais j'ai tout sauf envie d'être moi ce soir.
Je sentis que j'avais réussi à piquer sa curiosité.
... (parlant anglais) : Je suppose qu'on doit tous être dans ce cas un jour dans notre vie.
J'avais bien du mal à imaginer qu'une femme comme elle puisse vouloir être quelqu'un d'autre. Elle dégageait cette assurance et beauté qui ne peuvent qu'être innées. En dehors de sa prestance, elle avait un dialecte soutenu et savait choisir ses mots. Elle paraissait aussi intelligente qu'elle était belle. Ses yeux bleus océans étaient dangereux, il était facile de s'y perdre. Sa bouche charnue rendait chacun de ses mots plus impactant, et quand elle ne parlait pas, l'envie de l'embrasser irrépressible. Moi-même je m'étais surprise à avoir de tels pensées.
Lyana (parlant anglais) : Qu'en est-il si cela persiste ?
... (parlant anglais) : Alors c'est que tu ne dois pas être vraiment toi. Si tu es en désaccord perpétuel avec tes actions, tes pensées et tes envies, alors tu n'es pas toi.
Je laissais un blanc s'installer entre nous, je voulais comprendre chaque sens des mots qu'elle utilisait. Puis elle reprit :
... (parlant anglais) : Tu devrais essayer de savoir ce que tu veux vraiment, ce qui te rendrait heureuse. Sans pensé à la morale, ou aux paroles des autres. Si tu es bien avec tes agissements et ta façon de penser, alors personne ne devrait te juger, pas même toi.
A la suite de sa phrase elle émit un petit ricanement.
... (parlant anglais) : A moins que tu sois un serial killer bien-sûr ! Dans ce cas je me défaits de mes propos.
Je ris timidement à ses insinuations.
Lyana (parlant anglais) : Ne vous inquiétez pas. Je ne suis rien de tel, je le jure. Mais comment dois-je faire si ce que je suis, si ce que je veux, blesse les autres autour de moi ?
... (parlant anglais) : Si tu essaye de vivre en rendant tout le monde heureux, oublie, ca n'arrivera jamais. Personne n'est toi et personne ne comprendra chaque raison de tes choix. Tu finiras pas blesser des gens, comme tu l'as surement déjà fait, comme on te l'as fait auparavant. C'est tout à fait normal, c'est ce qui s'appelle vivre. La seule personne dont tu devrais vraiment te soucier c'est toi. Car il n'y a qu'avec toi que tu vivras jusqu'à ta mort à coup sûr. Les autres peuvent partir, blesser ou mentir, alors soit ta meilleure alliée. Ne t'inflige pas ça à toi même.
Ses mots étaient comme une gifle. J'avais beaucoup de mal à en saisir le sens, mais j'avais le sentiment que ses propos resteraient avec moi tout au long de mon chemin. Je ne pouvais m'empêcher de me demander qui était cette femme pour mettre des paroles aussi juste sur ma situation. Comment avait-elle pu me cerner ainsi ?
Lyana (parlant anglais) : Comment pouvez-vous savoir de telles choses à mon sujet ? On ne s'est jamais rencontré avant.
Elle se mit à rire de bon coeur.
... (parlant anglais) : Ahahah, rassure toi, je ne suis pas une espèce de gourou. Pour être honnête, je ne sais rien à ton sujet. J'ai juste vu la tête que tu faisais. Une expression familière que je connais bien. C'est pourquoi je me suis dis qu'un ou deux conseils pourraient peut-être t'aider. J'ai juste répondu avec honnêteté aux questions que tu m'as posé.
Lyana (parlant anglais) : Qui êtes-vous alors ?
... (parlant anglais, d'un air étonné) : Vraiment ? Tu ne sais pas qui je suis ?
Je n'ai jamais été familière avec le monde des peoples. Et je ne l'étais pas plus aujourd'hui, car cet univers s'arrêtait à BTS pour moi.
Lyana (parlant anglais sur un ton gêné) : Euh non...
... (parlant anglais) : Je me disais aussi que tu étais bien casual avec moi. Si tu veux bien, je vais profiter de mon anonymat, ca fait si longtemps.
Je la regardai écraser sa cigarette dans le cendrier en m'adressant un sourire charmeur.
... (parlant anglais) : Si ca ne te fait rien, je vais rejoindre mes escortes, c'était une conversation fort sympathique jeune fille.
Alors que la porte d'entrée s'apprêtait à se refermer sur elle, je lâchai mes derniers mots.
Lyana (parlant anglais) : Je m'appelle Lyana. Merci pour ce que vous avez fait.
Je pus entrevoir un dernier sourire, puis elle disparut. Je regardai ma cigarette qui s'était consumée de moitié, plus par elle-même que par mon expiration. J'en pris une autre taffe. L'odeur était horrible, et la fumée me brulait la gorge. Je persistais, car j'en avais envie, peu importait les conséquences. Peut-être que c'était ça le vrai moi ?
Après avoir pris mon courage à deux mains, je me décidai à retourner à la cérémonie. Un peu perdue, je cherchais quelqu'un que je connaissais. De préférence, ni RM, ni V, même si je savais que les éviter serait impossible. Je vivais littéralement avec les deux, à l'autre bout du monde, où je ne connaissais personne. J'étais piégée, aucun moyen de fuir. Je m'immisçais un peu plus au cœur de pièce, quand je vis Suga. Quel soulagement, il était avec J-Hope et Jimin, pas de V, ni de RM en vue.
Suga (parlant anglais/coréen) : Eh Lyana, où étais-tu ? On te cherchait. On pensait rentrer, on a du travail demain et on est explosé de la semaine.
Lyana (parlant anglais/coréen) : Oui bien-sûr, allons-y.
Et merde, c'était le moment, compliqué de les éviter tous les deux dans 8m² de voiture. Mes mains étaient moites, ma gorge serrée, je n'avais aucune idée de comment réagir. V avait-il tout dit à RM ? Qu'est ce que j'allais faire ? Je les suivais, feintant l'impassibilité, alors que ma tête surchauffait de théories et suppositions en tout genre. Nous arrivâmes devant la limousine, le reste de la bande avait déjà pris place dans le véhicule.
J-Hope (parlant anglais/coréen) : C'est bon, on a retrouvé Lyana, on peut y aller
Lyana (parlant anglais/coréen et d'une voix très basse) : Désolé de vous avoir fait attendre.
Je m'introduis la dernière dans la voiture, la porte se referma sur moi et nous partîmes dans un silence funéraire. J'essayais discrètement d'entrevoir quelque chose, un signe de la part de RM ou de V. Je voulais être sûr que RM ne savait rien de ce baiser et que V ne me détestait pas, mais tout semblait me dire le contraire. V avait le regard perdu à travers la vitre et il ne paraissait pas prêt à s'en défaire. Peut-être qu'il ne voulait, tout simplement, pas me voir. Le visage de RM ne m'inspirait pas plus confiance, il regardait désespérément ses pieds, évitant toute interaction visuelle avec moi. Mon cœur se pinça, il savait, c'était évident. Mon dieu, la panique m'envahit, je détournai mon regard pour éviter que mes larmes s'échappent de mes yeux. Je me concentrai sur ma respiration pour faire redescendre ma peur grandissante. Je préparais dans ma tête chaque scénario possible une fois que nous serions à la maison. Notre confrontation aura lieu, et j'étais terrifiée par cette idée.
A peine avons-nous mis un pied dans la chambre d'hôtel que les garçons se séparèrent pour rejoindre leurs appartements respectifs, les yeux cernés, vides de toute énergie. Comme je l'appréhendais, il ne restait plus que moi et RM, plongés dans le silence du séjour. Il s'installa sur le sofa, sans me lancer un regard et pris une grande inspiration. Après un instant qui me parut être une éternité, il me dit :
RM (parlant anglais) : Je crois qu'il est nécessaire qu'on parle.
Ses mots me firent frissonnés jusqu'à l'os. Il avait raison, nous devions parlés, même si j'aurais tout fait pour empêcher ce moment d'arriver. Je m'installai à pas de louve en face de lui, faisant face à mes actes.
Lyana (parlant anglais) : Tu as raison, si tu savais à quel point je suis désolé RM.
Ma voix trahissait du désespoir et du regret, le regret de l'avoir mis dans un tel état. Je sentais que je ne pouvais pas retenir ma tristesse, mais avant qu'elle jaillisse, RM m'interrompit.
RM (parlant anglais) : Non Lyana, ne t'excuse pas pour ça. Je suis celui qui t'a mis dans une telle position. Je t'ai amené ici sans même me demander si tu t'y sentirais bien. Je n'ai pensé qu'a moi. C'est ma faute si on en est là.
D'un sursaut je me levai de mon fauteuil, je ne pouvais entendre de tels choses. Je ne pouvais pas le laisser se blâmer de mon infidélité. Comment pouvait-il avoir de tels propos alors que je suis celle à condamner. Je vins placer crument mes mains sur les accoudoirs l'encerclant et plantai mon regard dans le sien.
Lyana (parlant anglais) : Je t'interdis de dire des choses pareils ! Tu n'es pas celui à blâmer, tu ne peux pas croire ça !
Mon ton se faisait bien plus agressif que je ne le pensais, montant de plus en plus dans les tours. RM ne mit pas longtemps à répliquer sur la même intonation.
RM (parlant anglais) : Alors quoi Lyana ? Qui d'autre dois-je blâmer ? Je voulais te rendre heureuse, et à la place de ça je fais quoi ? Rien, exactement. Je fais passer mon travail en premier, mettant notre relation en péril. Evidemment que tu es énervé après moi, comment ne pas l'être. Je ne suis jamais là, et quand je le suis tu dois garder tes distances. Moi même je suis énervé après moi.
Je fis un pas en arrière et me réinstallai dans le fauteuil en face de lui. Mes muscles grispés se détendirent et mon esprit vagabonda quand j'eus compris, il ne savait rien de mon baiser avec V. Je pouvais de nouveau respirer, soulagée de ma découverte, plus rien me semblait important. Encore abasourdie, j'avais bien du mal à rester concentrée sur ses paroles. Je restai muette, laissant la stupéfaction m'envahir. Il expira si fort, que j'aurai juré qu'il aurait pu se dégonfler.
RM (parlant anglais) : Je ne peux pas abandonner l'équipe et les garçons. Pas maintenant pas avec tout ce qu'on a traversé.
Je ne réagis pas, terrée dans mon mutisme. Ce fut qu'au moment où ses reniflements était bien trop bruit pour être ignorés qu'il saisit de nouveau mon attention. Des larmes roulés sur ses joues, leurs donnant un aspect brillant. Aucune scène ne m'avait déchirée le cœur comme celle-ci. Il poursuivit, les lèvres tremblantes, la voix enrouée.
RM (parlant anglais) : Mais je ne peux me résigner à te perdre, Lyana. Ce n'est pas un choix que je veux faire. Et si tu l'acceptes... Si tu veux encore bien de moi. Je te jure qu'à notre retour en Corée, je réarrangerais mon emploi du temps pour être plus avec toi. Si tu veux bien encore être un peu patiente, je demanderais des vacances dès qu'on rentrera. Des vacances que je passerais à faire tout ce dont tu as envie. Je vais arranger les choses. Je veux te faire une place dans ma vie. Alors je t'en pris, accepte moi.
Tout son être me suppliait, comment pouvais-je résister à ça ? J'avais envie de pleurer avec lui. Il se rapprocha de moi et une fois à ma hauteur, déposa un genou au sol, prit mes mains dans les siennes et repris les yeux brillants et humides
RM (parlant anglais) : Je me rends compte que je ne te l'ai jamais dit, mais je t'aime Lyana. Je t'aime comme je n'ai jamais aimé personne. C'est pourquoi, je ferais tout pour être à la hauteur de tes attentes.
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