✨ Chapitre 18 ✨
Ce matin, je suis plutôt stressée et anxieuse, comme maintenant la plupart des jours. Avec tout ce qui se passe en ce moment, j'ai peur de ne pouvoir reprendre la petite vie tranquille que je menais sur Terre. Quasiment tous les jours, il se passe des choses étranges. Mais j'espère que, pour une fois, elles vont me laisser tranquille pour que je puisse parler sérieusement à Raphaël.
Je commence ma routine matinale, et je descends prendre mon petit-déjeuner. Ma mère a dû se réveiller tôt, puisque sur la table, je trouve une montagne de pancakes. Ce sont mes préférés, je les adore. Je commence à faire couler un peu de sirop d'érable et je mange. Elles sont succulentes. Tentée par cette bonne odeur,je décide d'en prendre un deuxième.
Le ventre bien plein, je mets mes chaussures et j'attends Mélina. Elle arrive au bout de quelques minutes et nous sortons de la maison.
Elle va chercher sa copine et je l'attends, comme tous les matins, au coin de la rue. Raphaël passe devant moi et me lance son grand sourire charmeur. Mais malheureusement pour lui, il ne marche plus avec moi(mais faut dire qu'il est carrément craquant !).
- Tu attends qui ? me demande-t-il.
- Ma sœur et sa copine, je lui réponds le plus froidement possible, même si cela ne se voit pas.
- Tu n'as qu'une sœur ?
- Non, j'ai deux grands frères qui vont t'éclater la figure s'ils me voient en compagnie d'un garçon comme toi !
- OK, OK, calme-toi, fait-il avec un geste pour m'apaiser. Je sens que tu n'es pas très joyeuse aujourd'hui.
- J'ai des envies de meurtre..., je dis sans trop savoir pourquoi.
J'ignore ce qu'il dit ensuite. Cela a l'air de marcher puisque je le vois s'en aller pour le collège.
Ma sœur revient avec Angèle, sa meilleure amie. Nous nous rendons au collège où je suis heureuse de retrouver ma petite bande d'inséparables : Claire, Adrien, Enzo et moi. Nous faisons toujours tout ensemble et c'est cela le lien qui nous unit très fort.
- Salut, tout le monde ! je m'exclame en leur faisant la bise.
- Coucou, Selena, tu vas bien ?
- Ouais, ouais, ça va, je leur dis en essayant de cacher mon stress.
- Ça n'a pas trop l'air d'aller on dirait, fait remarquer Enzo.
- Non, il n'y a rien, je t'assure.
Adrien s'avance vers moi et s'exclame dans notre petit groupe :
- Tu ne nous avais pas raconté que tu sortais avec monsieur beau gosse Raphaël !
- Mmmh... désolée, c'est juste que j'ai été débordée ces derniers temps... Mais comment vous savez ?
- Son statut sur Facebook est "en couple", m'explique Enzo en mimant des guillemets.
J'avoue que depuis quelques temps je n'allais plus trop sur les réseaux ou alors juste pour voir mes messages.
- Mais Claire le savait..., dis-je comme seul argument de rechange.
J'essaie de changer de sujet et je m'éclipse pour aller voir d'autres amis. C'est là qu'une main vient se poser sur mon cou. Je connais ce signe et il n'y a qu'une personne avec qui on se posait les mains dans le cou pour affirmer qu'on était bien là. Je me retourne :
- Julien ?!
Il me saute au cou et en une seconde il a réussi à me faire passer dela mauvaise humeur à la bonne.
- Je suis si heureuse de te voir !
- Moi aussi, m'affirme-t-il.
Nous nous enlaçons encore et encore et de là où je suis je vois le regard noir que me lance Raphaël, mais cela m'est égal, je suis avec Julien. Le seul qui me comprend. Mais malheureusement, avec ce qui s'est passé il y a trois semaines maintenant, je ne sais pas vraiment comment réagir face à son apparition. Ne plus le voir m'a déchirée... Mais malgré cela, je suis heureuse de le revoir.
La cloche sonne dans dix minutes, nous avons donc encore le temps de discuter.
- Je n'arrive pas à croire que c'est vraiment toi !
Puis je durcis mon visage et poursuis :
- Julien, peux-tu m'expliquer ce qui t'est arrivé ? Pourquoi tu as fait cela ?Qu'est-ce qui t'est passé par la tête ?
Il prend une grande inspiration, me regarde au plus profond de mes yeux et commence.
- Selena, tu ne me croiras sûrement pas, mais il s'est passé quelque chose de très étrange !
- Je te croirai quoiqu'il arrive, je lui réponds en le prenant par les épaules.
On commence à marcher et je continue :
- Je sais que tu n'as aucune raison de me mentir Julien... Écoute, si c'est trop dur pour toi d'en parler, je respecterai ton silence, ne t'inquiète pas.
- Merci, mais j'ai vraiment besoin d'en parler à quelqu'un. De parler de ce qui s'est passé la nuit du dix avril. Je veux te choisir toi, tu es la seule personne qui peut me comprendre, je t'adore et j'ai entièrement confiance en toi...
- Ça me touche ce que tu me dis...
Nous marchons dans la cour et je garde le silence pour l'inciter à commencer son récit. Il plonge son regard dans le mien et malgré la lumière joyeuse qu'il reflète, je vois au-delà de tout ça. Je vois la tristesse qu'il renferme autour de ce secret.
- J'étais sur le trajet du retour pour rentrer chez moi, j'ai...j'ai...
Il éclate en sanglots et les adolescents alentours ont les yeux rivés sur nous. Je l'emmène vite derrière le mur du bâtiment de science.J'essaie de le calmer en frottant son dos et en l'enlaçant. J'ai les larmes aux yeux tellement il a l'air traumatisé.
- Si cela te fait...
Il me coupe la parole et enchaîne :
- Non ! Il faut que j'en parle. S'il te plaît, ignore mes larmes et écoute-moi.
- Vas-y, continue...
- Comme je te le disais, je rentrais chez moi, après être allé courir...
- Ouais, et qu'est-ce qui s'est passé ?
- Une personne est arrivée devant moi, normalement, elle marchait. Je lui ai souhaité une bonne fin de journée et elle a sauté sur moi et puis ça a été le noir complet.
Je mets ma main sur ma bouche pour éviter d'hurler.
- Comment était cette personne ? je bégaie.
- Physiquement... Et bien... Il devait avoir dans la trentaine, à peine. Habillé tout en noir, cheveux aux épaules...
Après quelques instants de silence intense :
- C'est tout ce que je me rappelle...
- Je suis sûr qu'il y a quelque chose encore...
- Je ne peux rien te cacher... En fait je me suis réveillé, mais je n'étais pas chez moi. La personne qui m'a enlevé était là et je l'ai vu se transformer en monstre gigantesque noir avec des pattes visqueuses et une queue en forme de fourche. Il était effrayant et j'ai hurlé de tous mes poumons. J'étais attaché avec des chaînes dans une sorte de souterrain. Il m'a piqué avec sa fourche et après cette longue absence, j'ai commencé à voir des ombres effrayantes. Je les apercevais tous les jours, tout le temps. Quand je dormais, quand j'étais chez moi, et cela a duré un moment.
- Tu étais possédé ?
- Oui, le monstre m'a donné l'ordre de t'amener dans un piège. Je ne pouvais faire autrement que de l'écouter. Je voyais ce que je faisais sans pouvoir me contrôler, c'était horrible. Et désolé pour ton anniversaire...
- C'est rien t'inquiète, je dis en balayant ça d'un revers de la main. T'a-t-il dit pourquoi il voulait que tu m'amènes dans un piège ?
- Non... Mais quelque chose te protège Selena...
- Comment ça ?
- Sous ma forme "possédé" je voyais une aura blanche autour de toi. Je ne pouvais pas t'atteindre...
Il reprend sa phrase non-terminée :
- Quelque chose te protège. Quand j'avais l'ordre de t'éloigner de ta maison après les cours, quelqu'un m'en a empêché...
Je n'en revenais pas. Pendant qu'il continuait son récit, je réfléchissais.
« Qui aurait pu me protéger ? ». Seule ma mère a des pouvoirs aussi puissants pour pouvoir opérer un miracle comme celui-ci.
- Je me pose une question Julien. Qui t'a débarrassé de ta possession ?
- Mmmhh... et bien, en fait, il y a une grande femme toute blanche qui, je crois, m'a sauvé.
- Elle était magnifique n'est-ce pas ?
- Oui... Mais... Comment tu sais ça ?
Je ne tiens plus. C'est fini. Je me mets enfin à pleurer comme jamais car toute cette histoire me terrorise au fond de moi. Et, sans que personne ne puisse m'arrêter, je me mets à raconter toute l'histoire à Julien. Tout. Je lui dis tout. Tout ce que je porte dans mon cœur depuis le début de ces tourments.
Il reste choqué mais est compréhensif. Julien trouve les mots justes pour me rassurer et j'avoue que je vais mille fois mieux. C'est dingue !
« Dring, Dring ». La sonnerie retentit et nous nous dirigeons vers la salle d'histoire. Les cours commencent. Avant la récréation, nous avons de l'histoire et des mathématiques.
L'histoire est passée et je suis en cours de maths. Le temps passe très lentement au fond de la classe et je me suis déconnectée du cours dès les premières minutes. Je suis plutôt forte en maths, j'arriverai à rattraper de toute façon.
Je repense à cette conversation avec Julien. Je lui lance un petit regard. Il est à l'avant de la classe mais se retourne souvent. Son regard est empreint de tristesse et le mien ne doit pas être mieux...
La professeure passe à côté de moi, me regarde et me distribue une feuille avec des exercices de géométrie. Puisque je n'ai pas écouté le cours de maths, je vais avoir un peu de mal pour réussir les exercices. Mais je ne m'inquiète pas non plus, j'ai dix-huit de moyenne.
Je regarde ma copie, mais je n'arrive pas à me concentrer. Je repense à mes pouvoirs. J'y pense encore et encore.
Mais je commence à sentir de la chaleur. Je sors de ma rêverie et baisseles yeux sur ma copie. Elle est en train de brûler. J'appuie dessus car c'est le seul moyen d'arrêter le feu. Je ne cède pas à la panique.
Tous les élèves sont concentrés sur leurs exercices et le prof sur ses copies à corriger.
« Ouff... Personne n'a rien vu... »
Mais dans mon élan, je tourne ma tête sur la droite et je vois malheureusement que Raphaël me regarde, les yeux écarquillés. Il a tout vu...
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