Chapitre 43-2

*En ligne jusqu'au samedi 22 Mai*


Pour un logement payé par le service public, nous ne nous attendions pas à grand-chose et bien, nous ne fumes pas déçus ! Le motel où nous conduisit la voiture de patrouille n'avait pas dû voir de rénovation ni de décorateur depuis au moins un demi-siècle ! La chambre pouilleuse où nous atterrîmes portait le numéro 13 et sentait la poussière et le renfermé.

— Tu crois que c'est prémonitoire ? demandai-je à Allistaire d'un ton lugubre en avisant d'un signe de tête le numéro rouillé et de guingois ornant la porte.

— Pour certain, ça porte chance ! ricana-t-il en déposant nos sacs trempés au pied de l'un des lits jumeaux recouvert d'un horrible plaid en velours jaune moutarde. Pendant que les gentils policiers sont encore là, je vais aller nous chercher le petit déj. En attendant, préviens les autres et essai de savoir où ils en sont ?

« Comme si je n'y avais pas pensé toute seule ?! » faillis-je lui répliquer, la fatigue, la faim et l'inquiétude me rendant un brin susceptible. Dès la porte refermée, je tirai les rideaux et envoyai aussitôt un sms à Nicolas avant de passer sous la douche. La sonnerie annonçant une réponse arriva à peine deux minute plus tard alors que j'avais de la mousse plein les cheveux. Je me dépêchai de me rincer et malgré l'envie que j'avais de me prélasser sous l'eau chaude, me résignai à fermer le robinet.

Le magnifique rideau de douche, vert caca d'oie à pois jaune assortit au reste de la déco, me resta dans les mains lorsque je l'ouvris et je faillis m'étaler dans la baignoire lorsque la tringle me tomba sur la tête. Je poussai un petit cri ridicule et dû faire un effort surhumain pour ne pas hurler en balançant la tringle et le rideau à travers la pièce. Vu ma force, les murs fin comme du papier n'auraient pas survécu.

— Ça va là-dedans ? me demanda Allistaire à travers le battant.

— Oui, juste des problèmes avec le mobilier, grinçai-je alors qu'il éclatait de rire et que je m'enroulai dans une serviette rêche et trop fine.

Je lu le message rassurant de Nicolas pendant que je me séchais et m'habillais avant de rejoindre Allistaire. Ce dernier était en train de répartir le contenu d'un sac de fast-food en deux sur la pauvre table en formica censée faire office de bureau.

— Tout le monde va bien, lui dis-je aussitôt en attrapant l'un des gobelets fumant au passage. Ils ont pu éviter les barrages et sont actuellement sur une aire d'autoroute abandonnée, attendant notre signal.

— Tu peux leur dire que nous y serons pour quatorze heure. Je viens de recevoir un message de leur part, ils nous attendront directement sur place.

Je transférai rapidement l'information, codant mon message au maximum, juste au càs où, puis lâchai mon portable sur le matelas avant de boire une gorgée.

— C'est du thé ! m'étonnai-je avec surprise. Les gens ramenant toujours du café d'ordinaire.

— Oui, j'ai cru comprendre que tu préférais. Je me suis trompée ?

— Non, non c'est parfait. Je ne pensai pas que tu le savais, c'est tout. C'est très gentil, merci.

— Mais de rien, s'esclaffa-t-il avec un grand sourire en me tendant un muffin débordant de pépites de chocolats.

C'était industriel, trop gras et trop sucré, mais à cet instant, je m'en foutais royalement. Une fois rassasiée, je me laissai aller en arrière sur le matelas trop mou.

— Tu crois que l'on peut se permettre une sieste ?

— Je crois surtout que l'on n'a pas le choix si on veut être au top de nos capacités tout à l'heure.

— Des nouvelles de Zal sur notre tireur mystère ?

— C'est une idée ou j'ai l'impression que tu l'aimes bien ? me demanda Allistaire en ramassant les reliefs de notre repas.

— Parce que pas toi ?

Il ricana en jetant le sac en papier Craft dans la poubelle.

— Disons que nous nous sommes pas mal appréciés à une époque et que j'ai vite compris que sa carrière passait avant tout, m'expliqua-t-il confirmant mes doutes. Elle est ultra compétente dans son boulot mais n'est pas fiable en tant que partenaire. Elle préfère la jouer solo, généralement, sauf quand cela peut lui rapporter quelque chose. Je sais que c'est plus dure pour les femmes de s'imposer dans ce métier, alors je ne lui en veux pas, mais je sais à quoi m'en tenir.

La dernière phrase contenait un peu d'aigreur malgré tout et je le laissai aller prendre sa douche sans insister. Il fut presque aussi rapide que moi et ressortit de la salle d'eau, la tringle de douche à la main.

— Tu te recycle dans la déco ? dis-je pour plaisanter d'une voix déjà ensommeillée.

— T'avais déjà fait la moitié du boulot, je n'ai pas de mérite, ricana-t-il en coinçant la tige métallique en diagonale devant la porte. S'ils veulent vraiment entrer ça ne les arrêtera pas longtemps mais au moins, ça fera un boucan d'enfer.

— Bonne idée, commentai-je en sentant mes paupières s'alourdir.

— Ils n'ont rien trouvé sur notre agresseur. Ses empreintes ne sont dans aucun fichier et il n'avait aucun signe distinctif, hormis ce tatouage sur l'omoplate. Ça te dit quelque chose ? me demanda-t-il en tournant vers moi l'écran de son téléphone.

Je me redressai légèrement pour mieux voir. Sur l'image, un cercle entourant deux silhouettes de loup hurlant à la lune et décoré de volute stylisées, semblait me narguer.

— Oui, je l'ai déjà vu. Sur le mur d'une usine désaffectée où un loup-garou psychopathe avait élu domicile. Attend ! l'arrêtai-je, alors qu'il allait tourner son portable, un détail venant de m'interpeller.

Attrapant carrément l'appareil, je fixai l'image avec attention, essayant de comprendre ce qui m'avait alerté et tout à coup, je sus.

— Les arcs et les volutes, à l'intérieur du cercle, ce sont des runes, expliquai-je à haute voix à Allistaire.

— Des runes magiques, tu veux dire ?

— Je pense, oui. Le mieux c'est encore de demander à Azaldée ou à Éole si elles les reconnaissent. Tu peux m'envoyer la photo ? lui demandai-je en lui rendant son bien. Je vais la transférer à Nicolas, il leur posera directement la question.

Cela aurait été plus simple qu'il lui envoi lui-même, mais par soucis de sécurité j'étais la seule à pouvoir contacter Nicolas.

— Je peux l'envoyer à Uriel, puisqu'ils sont tous ensemble ?

— Azaldée à tendance à être pénible. Au moins, avec Nicolas, je suis certaine qu'elle répondra, lui expliquai-je en transférant la photo, assortie d'une petite explication.

La réponse ne se fit pas attendre et arriva dans un bourdonnement à peine quelques minutes plus tard.

— Ce sont bien des runes et plus spécifiquement celles d'un sort de contrôle mental.

— Ce qui nous confirme que ce type était un sorcier, ce dont on se doutait un peu, commenta Allistaire, sarcastique en se laissant tomber sur son lit. Maintenant, la question à un million de dollars, c'est comment nous ont-ils retrouvé ?

— Soit, ils nous ont suivi, commençai-je à énumérer en comptant sur mes doigts, même si j'en doute. Soit, ils ont compris que tu étais flic et ont tenté de t'éliminer avant le rendez-vous, ce qui ne serait pas plus logique. Soit, c'est moi qu'ils cherchaient.

— D'après la sorcière, ils te veulent vivante, tirer à travers la porte n'est pas le moyen le plus sûr pour ça, si tu veux mon avis. Et comment auraient-ils trouvé où tu étais ?

— Mes pouvoirs se sont éveillés... peut-être qu'ils peuvent le sentir ? Il vaudrait peut-être mieux que je ne t'accompagne pas, tout à l'heure.

— Non, on ne se sépare pas, réagit aussitôt Allistaire. On va aller visiter ce centre, trouver leur labo et stopper toute cette horreur.

Ne trouvant rien à répondre, je m'installai le plus confortablement possible malgré la mauvaise literie et fermai les yeux. Lorsque je me réveillai, plusieurs heures s'étaient écoulées et Allistaire, déjà debout s'activait dans la petite chambre.

— J'allais te réveiller. Un agent va nous déposer la voiture dans dix minutes et ensuite on décolle. Bien dormi ?

— Oui... je crois, répondis-je en m'asseyant, une drôle d'impression s'insinuant dans mon esprit.

L'impression qu'il s'était passé quelque chose pendant mon sommeil, ne cessa de s'intensifier alors que j'allais me rafraichir dans la salle de bain, avant de boucler mon sac. Lorsqu'on frappa à la porte, j'étais prête, mais de plus en plus frustrée de ne pas me souvenir de ce qui avait pu se passer pendant mon sommeil. Parce qu'il s'était passé quelque chose, j'en étais certaine. Allistaire enleva la barre de douche et ouvrit la porte pour trouver Zaltana sur le seuil, grand sourire aux lèvres et nos clefs de voiture à la main.

— Surprise, c'est moi votre chauffeur pour aujourd'hui. On y va ?

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