Petit à petit tu fais ton nid, tissage de mensonges, peur de l'oubli, tu respires quand le monde est parti.

- Salut, moi c'est Nora ! J'avais tellement hâte de rencontrer ma colocataire que j'ai attendu d'entendre tes pas dans le couloir, comme ça je t'évite le stress de frapper à la porte.

Pour être excitée, elle l'est. Ses cheveux noirs encore humides se mettent à boucler le long de ses épaules, elle est habillée d'une simple combinaison grise claire et ses yeux d'un marron perçant sont légèrement maquillés. Elle est grande et de peau mâte. Alors je lui rends son sourire et me présente.

- Salut, moi c'est Megan, et comment as-tu su que c'était moi qui arrivait ?

Toujours souriante et en ayant l'air moins excitée sûrement dû au stress de me rencontrer, elle me répond en mimant le penseur.

- Appelons ça l'instinct, ne vas surtout pas t'imaginer que dès que j'ai su ton arrivée, je me suis plantée au hall pour scruter les moindres entrées et sorties et j'ai directement su que ce serait toi. Alors j'ai écouté attentivement les pas de tes chaussures et j'ai attendu. Mais ce n'est pas du tout ce qu'il s'est passé tu me crois ?

Un peu effrayée par son attitude ravie et ne m'arrêtant pas de rire je lui réponds sur le même ton en rentrant.

- Ça coule de source.

Le dortoir E1 est immense comme ce château. Les couleurs sont des alternances de bleues claires, turquoises et indigos. Un petit salon avec des fauteuils, une mini cuisine et un grand escalier en colimaçon me font face.

Sur le chemin elle me raconte un peu sa vie. Elle est arrivée deux ans après son frère mais s'y était déjà préparée à l'avance, elle avait même une valise toujours prête à ses côtés pour tous départs immédiats à l'Inter comme ils appelent l'Academy. Je sens le courant avec elle passer comme un chargement de téléphone c'est-à-dire super bien, tellement bien qu'elle me parle de ses parents. Comme quoi ils n'ont pas vraiment été là pour elle et son frère.

Ce dernier l'a gardé sous ses ailes quand ils habitaient avec leur oncle 5 jours sur 7. Et même le week-end c'était compliqué pour eux de croiser leurs parents. Son frère est parti aussitôt son tatouage apparu. Il n'a jamais vraiment aimé leurs parents de toutes manières. Je vois bien qu'elle est très attachée à son frère mais mes oreilles ne répondent plus à ses paroles quand on rentre dans sa...notre...ma chambre.

Cette chambre est tout ce dont j'ai pu rêver : grande, deux lits deux places le mien est gris et le sien bleu avec des gants éparpillés dessus, une armoire aussi grande que les lits à chaque extrémité mais cette fois les couleurs sont inversées. Les petites commodes à côté des lits noires ajoutent une touche de sombre. Organisée, dans un espace de 50 mètres carrés environ ma passion pour les maths n'a pas changé et tous ça dans des tons modernes. Un attrape rêve est suspendu au-dessus du lit de Nora. Je tourne la tête pour voir une porte à ma droite.

- C'est la salle de bain, je t'ai fait une petite place pour tout ce qui est produit de beauté mais je vois que tu ne portes pas de maquillages et que tu n'en as même pas besoin. En toute honnêteté tu es vraiment magnifique.

Devant cette avalanche de compliments le rouge radis revient à la surface de mon épiderme. Nora le remarque et se ravise.

- Je dis ça en toute amitié vraiment désolée si ça t'a dérangé, c'est juste que je suis toujours très franche et je ne tourne pas 7 fois ma langue dans ma bouche avant de parler.

On se regarde avant d'exploser de rire. En même temps mon rougissement est compréhensif, jamais personne ne m'avait dit que j'étais belle. Ils préféraient les termes comme superficielle ou étrange.

Alors j'ouvre la porte de la salle de bain pour voir une douche à l'italienne suivit d'un toilette simple et le lavabo avec des échantillons de maquillages qui se battent pour ne pas tomber du bord. Un miroir au-dessus du robinet me permet de me voir. Je parais plus blanche que d'habitude et mes yeux sont plus clairs quant à mes cheveux, ils restent inchangés.

- Euh... Megan si ça ne te dérange pas j'aimerais utiliser les toilettes s'il te plait ?

- Ho oui bien sûr vas-y.

Je lui laisse la place quand avant de fermer à la porte elle me tient au courant des dernières informations sur ma vie ici.

- Au fait ton... guide à laquelle je devrais m'habituer, je veux dire ce n'est pas courant de croiser un serpent après que tu es finie de te laver mais je vais faire avec, a déposé ton planning sur ton lit. Tes vêtements avec un peu de magie sont rangés dans l'armoire. Il faudra que tu ailles acheter tes fournitures demain quelqu'un t'accompagnera pour que tu ne souffres pas de l'absence et tu attaques après-demain.

- Merci.

Elle m'adresse un sourire amical et elle ferme la porte.

Je reste seule dans ma chambre essoufflée comme si j'avais courue un marathon. Je m'étale de tout mon long sur mon lit aussi confortable qu'un nuage même si je ne sais pas vraiment la consistance d'un nuage. Je devrais peut-être demander à un fantôme.

Des fantômes ça existe aussi Sophie serait aux anges. Cette petite pensée pour ma camarade me lance à la recherche de mon téléphone qui est sur ma commode. Aucun message. Tant pis c'est mieux ainsi pas d'attaches. Nora m'a l'air vraiment gentille mais j'ai peur de m'attacher même en amitié tout ce qu'il faut que je fasse maintenant c'est m'intégrer.

Je cherche mon pyjama dans mon armoire et l'enfile, je m'endors pour la première fois de ma vie en un clin d'œil. Demain est un autre jour où je vais rencontrer de nouvelles personnes et entamer une nouvelle vie. Dire que tous ça s'est passé en 2 jours je ne pense pas en avoir encore complètement conscience mais pour l'instant je me sens bien.

Cette nuit pas de rêves d'ombres mais au contraire d'une douce lumière qui me berçait. Quand le réveil, peu importe le monde reste une abomination de la nature, me fait émerger d'un bruit strident, je me sens très reposée.

Nora se tient sur son lit encore dans le coaltar vu sa tête et ses cheveux en bataille. On s'adresse un sourire de bonjour avant qu'elle étouffe un cri de surprise. Olly vient de sortir d'en dessous de mon lit. Pendant qu'un chat noir que je n'avais pas remarqué hier recule jusqu'à Nora.

- C'est Olly mon guide, ne t'en fais pas moi aussi j'ai eu peur la première fois que je l'ai vu.

- Oui oui enfin c'est la deuxième fois mais c'est juste que.. Je vais devoir m'y habituer. Moi c'est Oscar mon guide.

Elle me désigne le chat du regard puis elle s'assied par terre sur le tapis de fourrure pour être en face d'Olly.

- Alors écoute Olly ça va être compliquée pour moi au début car tu vois c'est pas tous les jours qu'on a un serpent aussi... coloré dans sa chambre de bon matin. Mais je vais faire des efforts promis. Juste sois patiente s'il te plaît.

Sur ses mots le chat noir, Oscar s'approche de Olly et ils échangent des regards d'acceptation mutuels. Puis j'entends la voix d'Olly dans ma tête qui me tire de mes pensées.

- Je les aime bien.

Je souris puis Nora m'interpelle sur ma route jusqu'à la salle de bain.

- Au fait il est où ton tatouage ? Elle relève sa manche pour me montrer le sien.

Ce sont deux ronds bleus océans dessinés sur son avant-bras.

J'hésite avant de lui montrer le mien mais je me rappelle qu'on partage la même chambre et qu'elle le verra bien un jour. Alors je lève mes cheveux ébouriffés pour me placer dos à elle afin qu'elle puisse le voir intégralement. Sa réaction ne se fait pas attendre.

- Whoaa il est magnifique ! Mais je ne comprends pas quelle magie primaire as-tu ? Comme ce n'est pas un rond, ce n'est pas l'eau alors pourquoi tu te retrouves dans notre dortoir ? Bien que je sois contente que tu sois ma coloc', c'est un peu bizarre.

Ha ce mot bizarre encore et toujours associé à mon existence.

- Je ne sais pas ma magie reste encore à découvrir, je ne savais pas que j'étais une magicienne avant tous ça alors c'est comme si j'étais en CP pour réapprendre à lire et à écrire. Quant au dortoir choix de la directrice.

- Ho je vois mais c'est bizarre que tu sois restée dans l'ignorance toute ton enfance et adolescence -

Je suis gênée et lorsqu'elle lève les yeux pour me voir elle change de sujet remarquant mon malaise.

- Enfin bref tu peux avoir la salle de bain la première je commence à neuf heures et comme tu n'as pas de maquillage à mettre tu seras plus rapide. Ha oui, tu es attendue à huit heures trente dans le hall pour aller faire tes achats.

Je regarde l'heure il est déjà huit heures dix, je me dirige vers mon armoire pour prendre un jean gris et un pull beige, me brosse les dents et me change dans la salle de bain en me peignant les cheveux au passage. Je suis prête j'inspire un bon coup et sort de la salle de bain. Je salue ma camarade en train de préparer ses affaires de cours, elle m'envoie des pouces en l'air en signe d'encouragement. Je souris et ferme la porte de ma chambre.