CHAP 50
Amy-Lee
- Tu te sens mieux? Me demande Liam alors que nous sommes installés à la terrasse d'un café.
- Un peu, je lui souris. Sûrement l'émotion.
- Tu as sans doute raison. Je suis très heureux de te revoir, il me dit en attrapant ma main posée sur la table. Ça fait tellement longtemps!
- C'est vrai, je réponds en regardant cette grande main sur la mienne. L'Australie m'a manqué, et toi aussi, je lui avoue en relevant ma tête vers lui.
- Tu m'as manqué aussi. Alors, dis-moi, tu vas t'installer ici définitivement?
Je retire ma main et attrape mon verre que je porte à mes lèvres. Je ne sais pas si j'ai vraiment envie de rester à Denmark. Ce qui est sûr, c'est que je prendre le temps de la réflexion.
- Déjà, je vais me reposer, après, j'aviserai, je réponds en reposant ma boisson.
- C'est vrai que tu as l'air fatiguée.
- Ces dernières semaines ont été éprouvantes.
- À ce propos, comment va Tyler ?
- Mal, comme tu peux t'en douter.
Un silence pesant s'installe entre nous. Je sais qu'il se retient de me poser des questions, et je le remercie silencieusement de se taire. Je ne suis pas prête à tout lui raconter.
- Comment va ta femme ?
Un immense sourire s'affiche sur ses lèvres. Il me raconte à quel point il est heureux d'être marié. Il semble vraiment épanoui, et je suis extrêmement contente pour lui. Il mérite tout le bonheur du monde.
J'apprends que sa femme est sur le point d'accoucher de jumeaux.
Liam papa, j'ai du mal à me l'imaginer. Et pourtant, dans quelques jours, il va le devenir.
- Ça ne te fais pas peur ? D'en avoir deux d'un coup.
- Je t'avoue que ça m'angoisse, il me dit en souriant. Mais ça ne doit pas être bien compliqué, il me fait un clin d'œil avant.
- Je suis très heureuse pour toi tu sais ? Je fini par lui avouer.
J'en viens même à le jalouser, enfin surtout sa femme. Elle a eu la chance d'avoir son mari à ses côtés tout le long de sa grossesse, et il sera là le jour j. Moi, je serais seule jusqu'à la fin. Personne pour m'accompagner aux rendez-vous médicaux, personne pour le jour tant atrendu.
Je vais être seule. Terriblement seule.
- Hey, ça ne va pas ? Me dit Liam en effaçant une larme sur ma jour. Tu sais quoi, on va y aller.
- Je suis... Enfin je...
- Je sais. Je l'ai remarqué.
- Comment ?
- Cette lueur au fond de tes yeux Amy-Lee.
Il me sourit avant de prendre ma main.
**
Les deux deures qui nous séparent de Denmark, nous les passons à nous raconter nos souvenirs d'adolescents, nos folles virer dans la forêt, nos bains de minuit dans l'océan, nos rigolades après avoir tenté de rester debout sur un skate. Nous rions beaucoup, et cela me fait un bien fou.
- Et tu te rappelles la première fois où je t'ai embrassé ?
- Bien sûr ! Comment oublier son premier baiser, je rétorque en fermant les yeux. C'était un soir de pleine lune, sur la plage, je lui dis en me remémorant cette nuit là, tu m'avais dit que j'avais du sable dans les cheveux. Alors tu as passé ta main dans ma longue tignasse, et puis ton regard a plongé dans le mien.
- Et j'ai posé mes lèvres sur les tiennes, il termine alors qu'il s'arrête au feu rouge.
J'ouvre alors les yeux et croise son beau regard vert. Pendant quelques secondes, je replonge quelques années en arrière, où tout était simple, où seul Liam était le centre de mon univers.
Tout était tellement parfait à cette époque ! L'insouciance de l'adolescence...
- Amy-Lee, Liam rompt le silence alors qu'il reprend la route, tu crois que... Enfin que nous serions encore ensemble aujourd'hui, si il n'y avait pas eu tout ça ?
- En toute honnêteté, je réponds après quelques instants, je n'en sais rien. J'aimerai croire que oui, et que nous aurions maintenant la vie que nous avions choisi.
- Moi aussi tu sais, il soupire. J'ai eu beaucoup de mal à t'oublier Amy.
- Je m'en suis énormément voulu de t'avoir fait souffrir Liam. Je suis tellement désolé.
- Ne le sois pas. Ton cœur a simplement décidé que je n'étais pas le bon.
Je ne réponds pas et colle ma tête contre la vitre.
Mon cœur aurait dû choisir Liam. Je ne serais pas dans cet état aujourd'hui.
Tout aurait été si simple.
Mais tu n'aurais jamais connu le véritable amour Amy, celui qui fait souffrir, qui te fais sentir vivante.
- Tu trouves pas que notre premier baiser faisait cliché ? Je lui demande en attrapant la bouteille dans mon sac à main.
- Si, très. On aurait pu jouer cette scène dans une mauvaise série télé !
- Une télénovela peut-être ?
Sur ces mots, on éclate de rire.
**
Tyler
- J'ai rencontré Amy-Lee Banks un 1997. Nous sommes rapidement devenus amis elle est moi. Tout notre temps libre, nous le passions ensemble. Nous étions très proche, même trop parfois. Et puis un jour, j'ai remarqué dans son regard que quelque chose n'allait pas. Elle semblait physiquement aller bien, mais son regard s'éteignait de jour en jour, je marque une pause, me souvenant à quel point j'étais inquiet de la voir dépérir de jour en jour, bien évidemment, j'avais tenté de la faire parler, mais elle ne disait rien. Et puis un après midi, nous nous sommes rendus chez son grand-père Banks.
- Vous parlez d'un des amis du maire, c'est ça ? Intervient l'inspecteur.
- Oui. Et c'est là que... Que j'ai compris et que j'ai subi les mêmes tortures tant physique que psychologique que ma meilleure amie.
- Pourriez-vous nous en dire plus sur ces tortures ?
Je jette un œil du côté de Greg, qui, d'un geste de tête, me donne un peu de courage.
- Hum et bien... Une boule se forme dans ma gorge; c'est plus difficile que je ne pensais que d'avouer ce que l'on a vécu à une assemblée, aussi petite soit-elle. J'ai cette impression de me trahir. J'avais juré de ne plus jamais en parler. Mais je le dois. Il le faut. Durant une année, je baisse la tête, honteux de raconter de pareilles horreurs, il nous a frappé et... Et violé.
Je ferme les yeux pour cacher mes larmes, et surtout pour ne pas être tenté de voir de la pitié sur les visages face à moi.
- Je n'ai pas souvenir d'une plainte, intervient un homme; je tourne alors la tête vers cette voix inconnue.
- Effectivement, lui répond Greg. Cette affaire a été étouffé monsieur Smart.
- Comment ça ?
- Parce que Monsieur Banks faisait parti d'un réseau, et certains eminents de cette ville, y ont participé. Vous trouverez dans ce ce dossier, dit-il en le lui glissant vers lui.
L'homme plonge son nez dans les papiers. À sa mine, je peux voir qu'il est écœuré par ce qu'il voit.
- Comment avez-vous eu tous ces documents ?
- Avant de vous expliquer, je pense qu'il est nécessaire que vous écoutiez Tyler.
J'inspire un grand coup et baisse à nouveau la tête.
- Je... Enfin j'ai tenté de protéger ma Amy du mieux que je pouvais. Alors sans le lui raconter, j'ai... Hum. J'ai pris sa place.
- Sa place ? Demande doucement l'inspecteur.
- Oui. C'est difficile pour moi de vous donner des détails.
- Nous n'en demandons pas autant monsieur Joseph.
- Merci. Je... J'ai passé plus de temps qu'elle dans la maison du monstre. Et... Toutes ces violences que j'ai subi, ne venait pas que du monstre. Un froid glaciale enveloppe tout à coup la pièce. Je n'ose pas regarder toutes ces personnes, mais j'enchaîne néanmoins, en fixant mes doigts grattant le tissus de mon pantalon. Amy-Lee ne le savais pas donc, et je ne le lui ai jamais rien dit. Enfin si, il y a trois ans, mais en lui passant beaucoup de choses.
- Vous n'en avez jamais parlé à quelqu'un ? Ou Amy-Lee ?
- Si bien sûr, mais on ne nous a pas cru. Notamment la mère de Rachel. Au contraire, elle a dit de sa fille qu'elle une menteuse.
- Rachel Banks, celle qui vous accuse de meurtre.
Je hoche la tête.
- Pourquoi ne pas être venu nous voir ? Au commissariat je veux dire, enchaîne le second inspecteur.
- Nous étions des enfants ! Le monstre nous avait dit que si nous parlions, il tuerait nos familles et s'en prendrait encore à plus d'enfants ! Je m'emporte plus contre ce fils de pute de Banks que contre ce flic. Vous vouliez que l'on face quoi ? Nous étions que des enfants !
Je me tais quelques minutes et du revers de la main, je sèche mes larmes. Je suis fier de toi Tyler. Très fier. Trop longtemps que tu vis avec tout ce poids sur tes épaules. Parles-leur, continue.
- Un jour, je reprends, ne supportant plus de voir ma meilleure amie souffrir et pleurer, j'ai décidé de mettre le feu à la maison du monstre; c'est ainsi que l'on l'appelait avec Amy. Ce que je ne savais pas, c'est que mon amie serait dans la maison.
- Ça je m'en souviens, dit le directeur de la prison, cette petite fille a d'ailleurs eu de graves brûlures.
- Oui, par ma faute, j'affirme d'une petite voix. Mais cela a permis de la sauver de cet homme abject, je ne le regrette pas, même si... Même si la suite a été difficile. J'ai tout raconté à monsieur Greg Sanders alors qu'Amy était à l'hôpital. Il m'a cru.
- C'est exact. J'ai donc enquêté avec mon collègue et nous sommes tombés sur le noyau du réseau de Columbus. Comme vous l'avez-vu monsieur le juge, il y avait de grosses pointures dans ce milieu de pédophiles. J'en ai parlé à l'époque au commissaire. Et au lieu d'arrêter toutes ces personnes, ils ont purement et simplement clos cette affaire. Et j'ai été muté, ainsi que mon collègue. Mais je n'ai jamais cessé de poursuive ces hommes et ces femmes. J'ai pu en faire condamné plusieurs.
Il se tait, et je sens alors son regard posé sur moi. Alors je continue mon histoire.
- Après sa sortie d'hôpital, je n'ai plus jamais revu Amy-Lee. Le pire dans tout ça, c'est que j'avais oublié jusqu'à son existence. Il faut savoir que mes parents ont dit à l'époque que j'étais fou, et ils m'ont fait interner dans un hôpital, où l'on me bourré de cachets. Cachets qui me faisait perdre la mémoire. De son côté, Amy à subi la même chose, mais sans internement. Elle et moi avions même oublié nos sévices.
- Comment avez-vous su pour votre amie ?
- À son retour à Columbus il y a presque 4 ans maintenant. Elle a eu de terrible maux de têtes, et faisait énormément de cauchemars. Et tout lui est revenu comme un boomerang.
- Je vois, me dit l'un des inspecteurs. Excusez-moi de vous poser cette question, mais pourquoi nous raconter cela ?
- Parce que, il y a quelque chose que je n'ai jamais pu raconter à Amy-Lee. Seul Greg est au au courant. Aujourd'hui, je ne peux plus porter plainte contre ce monstre, mais je souhaites porter plainte contre quelqu'un. Enfin, contre deux personnes.
- Qui sont ces gens ? Et pour quelle raison ? Me demande le procureur.
- Rachel Banks, et Donovan Myers.
- Quoi ? Hurle l'avocat. C'est quoi cette histoire ? Tyler ?
- Maître Myers, je vous demande de vous taire, le somme le procureur. Poursuivez, Monsieur Joseph.
**
Amy-Lee
Les plages de Denmark m'ont terriblement manqué. Je souris alors que j'avance pieds nus dans le sable chaud. Le paradis existe, et c'est ici, en Australie.
C'est dingue, rien a changé, mais tout me semble différent. Peut être que j'observe les choses avec un œil différent, je ne sais pas.
Je soupire de bien être en me laissant tomber sur le sable. Je pourrais rester jusqu'à mon dernier souffle ici.
Je sors mon portable de mon sac, et prends en photo l'océan, puis une seconde des surfeurs foulant les vagues.
- Tiens, ton jus de fruit, me dit Liam en me tendant un gobelet.
- Merci, tu es un amour.
Je bois une longue gorgée de ma boisson, puis pose le gobelet à côté de moi.
- Tu es certaine de ne pas vouloir venir à la maison ? Me demande Liam après quelques minutes de silence apaisant.
- Oui Liam. J'ai besoin de me retrouver seule. Mais c'est gentil de me demander.
- Je t'en prie. Il soupire alors qu'il se tourne vers moi. Je ne veux pas me mêler de tes affaires, et je sais que tu ne veux pas m'en parler, mais je devine un peu. Si je peux te donner un conseil Amy-Lee, réfléchis avec ton cœur, pas avec ta tête.
- Justement Liam, j'ai réfléchi avec mon cœur, et je m'en mords les doigts, je soupire en traçant des cercles sur le sable. C'est ma tête que j'aurai dû écouter.
- C'est ta tête qui a exigé de toi que tu viennes ici ?
- Oui.
- Et bien, je l'observe se lever et épouster son pantalon, laisse-moi te dire quelle t'a fait faire la plus grosse erreur de ta vie.
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