Tyler

En aucun cas je ne regrette mes paroles. Je sais que je suis en partie responsable de sa disparition, mais elle n'a pensé qu'à elle.

Brusquement, elle se lève de sa chaise, la faisant tomber dans un bruit sourd. Son regard jusque là compatissant, se transforme en une haine féroce.

- Tu ne peux pas dire ça Tyler ! Elle s'énerve.

- Si je le peux! Ton égoïsme t'a aveuglé! Tu n'as pensé qu'à ton bien être au détriment de ta famille et de tes amis! On s'est tous inquiété pour toi ! J'en ai fait une dépression Amy-Lee !

- Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même Tyler ! Si je suis partie, c'est de ta faute !

- Je le sais ! Mais que tu me fasses souffrir moi, je le conçois, mais pourquoi faire souffrir les autres ? Ils ne t'ont rien fait !

- Tu ne sais rien Tyler ! Et surtout tu ne comprends rien!

- C'est faux Amy - Lee! C'est toi qui ne veux pas comprendre !

- Comprendre quoi Tyler ?

- Comprendre que tu es entièrement responsable de l'éclatement entre nous tous ! Tu as décidé de nous virer de ta vie sans savoir que...

- T'es vraiment un minable Tyler ! Elle me coupe.

C'est la chose qu'elle me dit avant de quitter la maison.

Amy-Lee

J'ai toujours aimé me baigner dans l'océan la nuit. Et cette nuit, plus que jamais, j'ai besoin d'évacuer toute la rancune que je ressens à l'égard de Tyler. Égoïste, moi ? Il raconte n'importe quoi. J'estime avoir fait ce que je devais faire. Partir était ma seule option. Quoi faire d'autre ?

Tyler à fait le choix de me tromper, alors il me restait qui ? Personne.

Et si tu te remettais en question toi aussi Amy-Lee ? Il n'a pas tout à fait tort !
Quoi ? Non mais je rêve là ! Tu ne vas pas t'y mettre aussi Suzanne ! Tu es partie sur un coup de tête. Je le comprends, mais pourquoi avoir puni les autres ? Et puis tu ne lui as pas dit toute la vérité sur ton avortement. Pourquoi ? Tu oses me demander pourquoi ? Ne crois-tu pas qu'il souffre assez comme ça ? N'a t'il pas le droit lui aussi de toute ton honnêteté !

Je ne peux pas. Tu ne peux pas ou tu ne veux pas ?

Je ferme les yeux très fort et tente de me connecter à Denmark. J'ai besoin de revoir cette ville qui m'a vu grandir. Celle où ma vie était tellement plus simple ! Ne crois pas que je vais te lâcher Amy-Lee ! Tais-toi ! Non ! Ça serait trop facile !

Tyler

Pourquoi j'ai ouvert ma bouche ? Pourquoi je lui ai balancé ça ? J'aurai du tourner sept fois ma langue dans la bouche avant de lui qu'elle était égoïste. Je le pense toujours, mais ce n'était pas le moment. Son regard lorsqu'elle est partit m'a fendu le cœur.

Amy-Lee

Après plus d'une heure de bataille avec ma satanée conscience, je fais le choix de retourner à la maison. Je n'ai pas envie de croiser Tyler, alors il faut qu'il s'en aille. Comment l'y obliger ? Prévenir la police ? Non. Tyler peut être tellement manipulateur par moment, que cela se retournerai contre moi. Lui demander simplement de s'en aller ? Impossible. Il est tellement têtu ! Peut être totalement l'ignorer ? Non, j'ai déjà tenté de le faire et ça a mal fini.

Tyler

Amy-Lee passe la porte et part directement dans sa chambre pour revenir quelques minutes plus tard, à nouveau douchée. Je l'observe se rendre à la cuisine où elle se fait couler un café.

- Tu en veux un ? Elle me demande sans se retourner.

- Euh oui merci, je réponds étonné qu'elle me parle.

Elle dépose les deux tasses sur le plan de travail puis me regarde droit dans les yeux.

- Je dois aussi être honnête avec toi Tyler. Elle se tait et allume une cigarette. Je me suis faite avorter quelques jours avant de sombrer dans le coma, reprend-elle sans lâcher mes iris. Je n'avais plus vraiment de tes nouvelles. J'en avais assez de t'attendre et... Et je ne pouvais prévenir personne. Elle marque une pose pour porter à ses lèvres sa tasse, puis tourne la tête pour regarder la nuit noire par la fenêtre. Je n'ai pas pris cette décision de gaieté de cœur Tyler. A nouveau, elle plante son regard dans le mien. Je ne veux pas que tu crois que j'ai avorté pour te punir. Ce n'est absolument pas le cas.

La sincérité que j'entends dans sa voix et ses yeux tristes me font mal au cœur. Elle a du terriblement souffrir.

- Pourquoi tu n'es pas venue ?

Elle tire plusieurs taff de sa clope avant de me répondre.

- J'ai voulu Tyler. Mais c'était impossible. J'avais les cours, des examens. Et puis je ne voulais pas t'embêter pendant ta tournée. Elle réplique d'une voix lasse. Je voulais cet enfant. Mais j'étais trop jeune. Nous étions trop jeune. Tu avais un groupe qui commençait à avoir du succès. Et je voulais terminer mes études avant tout.

- On aurait trouvé une solution Amy-Lee !

- Tu crois ? Tyler réfléchis ! Tu me connais quand même ! Tu crois vraiment que je serais restée avec toi quand j'aurai su que tu en voyais une autre ? Je ne réponds pas parce que, je sais qu'elle a raison. Elle aurait rompu. A 17 ans, je ne me voyais pas élevé un enfant quasiment toute seule.

Elle écrase sa cigarette et termine son café tandis que moi, je ne fais que tourner mon liquide noir avec la cuillère. J'essaie d'assimiler ce qu'elle vient de me dire.

- Et je dois avouer que, d'une certaine manière, tu as raison. J'ai été égoïste.

Je suspens mon geste et lève ma tête vers elle.

Amy-Lee

- J'aurai du prévenir ceux qui tenaient un peu à moi de mon départ. Je n'ai pensé qu'à moi.

Autant avouer. A bien y penser, oui j'ai été égoïste. Partir comme une voleuse. C'est pas comme si j'avais quelque chose à me reprocher.

- On a tous été égoïste Amy-Lee.

Il attrape ma main et la serre très fort.

- Je suis désolé pour tout. Je ne suis qu'un gros con. J'ai tout gâché entre nous. Si tu savais comme je m'en veux.

- Moi aussi je suis désolée.

Tyler

Depuis plus d'une semaine, la tension entre Amy-Lee et moi a redescendu de plusieurs crans. Faut-il y voir la fin d'une guerre et le début d'un nouveau cap ?

Je l'espère en tout cas. Ce soir, je vais devoir repartir loin d'elle, loin de la femme que j'aime. Et je n'ai pas envie de la quitter. J'aimerai lui avouer que malgré ces trois années, mes sentiments pour elle sont toujours là. Ils sont même plus fort. Mais je ne peux pas lui dire. Pourquoi Tyler ? Je ne veux pas l'étouffer. Elle m'a fait comprendre qu'elle se sentait bien en Californie et que sa vie lui plaisait telle qu'elle était. Tu lâches l'affaire Tyler ? Non, bien sûr que non. Elle n'est juste pas prête à entendre ce que j'ai à lui dire. Et je ne suis pas certaine qu'elle me croit de toute façon.

Je ferme mon sac de sport et le pose sur la table basse, à côté d'une petite boîte en cuivre. La curiosité est plus forte que moi, alors je la saisi et l'ouvre.

Amy-Lee

Tyler va repartir ce soir. Et ça ne me fait absolument pas plaisir, même si souvent je dis le contraire. L'avoir près de moi m'est finalement bénéfique parce que j'ai l'impression de... Revivre.

Je me suis habituée à sa présence, à son odeur, à ses regards. Il va me manquer. Terriblement.

Rien ne va vraiment bien entre nous et cette distance me peine. Mais il n'y a rien que je ne puisse faire pour que cela s'arrange.

Je pousse la porte de mon appartement après une journée épuisante au centre pour délinquants où je travaille et m'arrête en voyant Tyler au milieu du salon tenant entre ses doigts le pendentif auquel je tiens le plus au monde.

Tyler

Je me retourne en entendant la porte claquer.

- Remets ça où tu l'as trouvé Tyler s'il te plaît.

- Où tu l'as trouvé ? Ce pendentif, je l'avais perdu.

Elle s'avance vers moi et prend le pendentif et le met dans le petit écrin avant de le glisser dans sa poche.

- C'est Rachel qui me l'a donné à l'hôpital. Je n'avais plus de tes nouvelles, et j'étais très mal, ses yeux mouillés et sa voix trahissent la tristesse qu'elle tente désespérément de cacher. Elle m'a alors donné ce pendentif.

1997 (pdv Omniscient)

- C'est la Saint Valentin aujourd'hui Tyler !

Le petit garçon lui sourit. Il aime voir sa meilleure aussi aussi joyeuse. C'est tellement rare de voir sa bouille d'enfant lumineuse !

- Tu as une amoureuse ?

- Non t'es folle ! J'ai que neuf ans !

- Et alors ? Lui dit Amy-Lee. Maman dit qu'il n'y a pas d'âge pour être amoureux !

- Lee, c'est valable pour les grands !

Amy-Lee fronce les sourcils en attrapant quelques petits cailloux qu'elle jette au loin, se demandant si être amoureux c'est vraiment une histoire de grand.

- Moi je suis d'accord avec ma mère.

- Évidemment, tu es une fille, il lui répond en levant les yeux au ciel.

- Tyler, lui demande t'elle doucement après quelques minutes de silence, tu crois qu'un jour le monstre nous laissera tranquille ?

D'un bon, Tyler se lève pour se planter devant la petite fille en croisant les bras.

- Amy-Lee, je t'ai promis que je te sauverai. Tu crois que je mens ?

- Mais non Tyler, ne t'énerve pas. Je posais juste la question.

Tyler respire un grand coup afin de se calmer. Il devrait apprendre à se maîtriser, se dit-il.

- Je ne voulais pas hausser le ton, désolé. Donne moi tes mains, il lui demande gentiment.

La petite fille s'exécute. En attrapant ses mains, Tyler l'aide à la relever.

- Je... Enfin j'ai quelque chose pour toi, géné, il sort de sa poche une petite boîte qu'il dépose sur ses mains jointes.

- Qu'est-ce que c'est ? Elle demande en baissant la tête sur le présent.

- Ouvre-le, il passe sa main dans ses cheveux, angoissant que se cadeau ne lui fasse pas plaisir.

Amy-Lee ouvre délicatement la petite boîte et tombe sur un collier où un petit pendentif y est accroché. Doucement, elle ouvre le bijou et ses yeux se mettent à briller lorsqu'elle découvre sur le côté droit une photo de Tyler et sur la gauche, un petit cœur rouge où une perle blanche est déposée en son centre.

- C'est magnifique Tyler, merci ! Dit elle en lui sautant au cou. Tu veux bien me l'attacher ?

Le jeune garçon s'exécute et attache le collier.

- Tu as vu la perle sur le cœur ? Amy hoche la tête. Il est blanc parce que, il représente la lumière. Et cette lumière Amy-Lee, c'est toi et moi. Je te sauverai. Je te le jure. Je t'aime Amy-Lee et je ferais tout pour que tu...

Il n'a pas le temps de terminer sa phrase que la petite fille saute une nouvelle fois à son cou en larmes.

- Merci Tyler. Je t'aime aussi. Tu peux pas savoir comme ton cadeau est important pour moi.

Elle se recule un peu et passe sa main sur son visage pour effacer ses larmes. Tyler est touché par les mots de son amie et sourit. Il la sauvera et l'aimera toute sa vie, se dit-il.

- Mais je n'ai pas de cadeau pour toi Tyler. Amy-Lee lui dit tristement.

- Si Amy. Mon cadeau c'est toi. Promets moi, il lui saisit les mains, que si un jour toi et moi on doit être séparés, tu ne m'oublieras pas. Promets-moi de toujours  garder ce collier sur toi pour te souvenir de moi.

- Je te le jure Tyler. Et je t'aime trop Tyler pour t'oublier. Je t'aimerai toujours.

A nouveau, elle se jette sur le petit garçon et le sert dans ses bras.

Tyler est aux anges. Il est rassuré mais  surtout il se promet qu'un jour ils seront heureux. Vraiment.

Amy-Lee

- J'ai retrouvé ce collier dans les cendres quand tu étais à l'hôpital. Me dit tristement Tyler. J'ai voulu te le ramener mais tu n'étais plus là. Alors je l'ai gardé sur moi et j'ai fini par le perdre.

Je n'ai jamais su où l'avait trouvé Rachel. Quand elle me l'a donné, j'ai souris. Je ne m'en rappelais plus mais mes souvenirs étaient revenus une fois de plus. J'avais fermé les yeux très fort et je revoyais ce 14 février. Et j'ai voulu croire aux promesses qu'il m'avait faites.

- Pourquoi tu l'as gardé ? Il reprend. A ta place, je l'aurai jeté.

- C'est ce que je voulais faire quand j'ai su... Mais je ne pouvais pas Tyler.

- Pourquoi ?

- Parce que malgré tout, je me plante devant Tyler et fixe mon regard dans celui du beau garçon face à moi, je veux croire à tes promesses, je murmure en posant mes mains sur ses joues. J'ai envie de croire que, quelque part, tu me sauveras Tyler. Que quoi qu'il arrive, tu seras là.

Je me mets sur la pointe des pieds et dépose mes lèvres sur son front, puis Tyler colle son front au mien en fermant les yeux.

- Je suis tellement désolé pour tout Amy ! Il est en larmes alors je le sers plus fort. J'ai jamais voulu te faire de mal.

- Je le sais Tyler.

Je me recule et lui souris en lui séchant ses larmes. J'ai mal de le voir dans cet état.

- Viens.

Je l'attire à moi le fais s'allonger sur le canapé et me mets à ses côté en le tenant dans mes bras. Nous restons un long moment enlacés.