Epilogue
Harry grimaça quand il se glissa dans le box du Farringdon Arms, une douleur se répandant dans le bas de son dos. Il sentit Louis s'assoir à côté de lui, sa petite main frottant automatiquement l'endroit douloureux, caressant légèrement Harry sous l'ourlet de son tee-shirt noir.
« Ça suffit, » souffla-t-il, « on prend un matelas plus ferme. »
Harry se tourna face à lui pour faire la moue, au même moment, il entendit les portes du pub et la voix bruyante de Niall saluant le barman. Ils étaient rentrés à Londres depuis qu'une semaine, toujours complètement et désespérément accrochés l'un à l'autre, et ils n'avaient pas encore correctement pris des nouvelles de leurs amis de l'OSL. C'était ce qu'ils allaient faire ce soir, avec quelques parties de fléchettes et de dames. Harry était impatient.
« Mais Lou – »
« Je sais que t'aimes faire semblant de dormir sur un nuage tout doux, mais ce n'est pas bon pour ton dos, mon amour. Ne discute pas avec moi. »
Niall se laissa tomber dans le box avec un bruit sourd, ajustant sa casquette miteuse alors que Harry grognait à ce que Louis venait de dire. Ses yeux étaient doux et tendres alors qu'il lui souriait, hochant de la tête comme s'il reconnaissait ses torts, mais il savait quelles étaient les vraies intentions de Louis. « Il prétend que c'est pour le bien de mon dos, » dit-il en se tournant vers Niall, « mais tu sais qu'il dormirait sur un rocher si c'était autorisé. »
Niall cligna des yeux, les pointant du doigt. « Vous vous êtes mariés en Allemagne ? »
Ils le regardèrent avec les yeux écarquillés, sortant de la bulle, où seules deux personnes étaient autorisées, qu'ils avaient réussi à maintenir pendant le mois et demi qu'ils avaient passé à Berlin.
« Quoi ? » demanda Louis, alors que Harry faisait un bruit qui ressembla à quelque chose entre un couinement et son rempli de confusion. « Pourquoi tu crois ça ? »
« Vous avez l'air de deux idiots éperdument amoureux. Vos conversations sont devenues moins intelligibles, » expliqua Niall. Il plissa ses yeux. « Et aucun ne m'a encore pris dans ses bras, bande de con. »
A ça, ils se levèrent tous les deux et se penchèrent par-dessus la table en bois pour envelopper Niall dans une étreinte de groupe maladroite. Il tapota l'arrière de leurs têtes et grommela, « Ouais, ouais, vous m'aimez maintenant. Mais vous avez eu la flemme de m'envoyer des emails pendant que vous étiez à l'étranger. »
Harry sourit en serrant une dernière fois Niall puis il le lâcha, s'asseyant à nouveau sur le banc. Il avait dit pendant que vous étiez à l'étranger comme si Harry était parti en vacances. Peu importe les détails, peu importe ce qu'il s'était exactement passé, il serait toujours rentré à Londres. Il serait rentré auprès de Louis.
Harry se racla la gorge, se priant de ne pas être trop émotif avant d'avoir bu une seule goutte d'alcool. « Je t'ai quand même envoyé quelque chose, » dit-il en remuant ses sourcils de façon suggestive.
Le visage de Niall se froissa en une grimace, faisant éclater de rire Louis et Harry. « Certaines choses sont impossibles à effacer de notre mémoire, les gars, » marmonna-t-il, levant sa main pour interpeller un serveur à proximité. « Une Point Amber, s'il vous plaît. »
Harry jeta un coup d'œil vers Louis et aperçut une lueur malicieuse dans son œil. Ils avaient chacun reçu un message de Niall le soir après l'arrivée de Louis, leur demandant ce qu'il s'était passé entre eux. Ça avait été mêlé à des invectives irlandaises à la fin du message adressées à Louis, parce qu'il l'avait tenu (ainsi que Gladys et Zayn) en haleine. Harry avait simplement haussé des épaules et avait pris une photo de Louis, couché sous lui – son dos nu et en sueur, la raie de ses fesses légèrement visible en bas de l'image et le visage de Louis de profil, essayant de regarder par-dessus son épaule pour sourire à l'appareil photo.
C'est impoli d'interrompre les gens, avait tapé Harry en dessous avant d'appuyer sur envoyer.
Harry et Louis gloussèrent avec un air conspirateur, trinquant avec leurs pintes quand ils furent servis. « Branleurs, » marmonna tendrement Niall.
« Pas ces derniers temps, » dit Louis, passant un bras autour des larges épaules de Harry et le réchauffant de l'intérieur. Harry soupira de contentement, ne pouvant s'en empêcher. L'amour de Louis l'enveloppait, parcourant son corps jusqu'à ses orteils. « Suceurs, peut-être. »
« Vantards, » ajouta Harry. Louis gloussa, le dos de sa main se plaquant contre sa bouche alors que Harry lui souriait radieusement.
« Putain de vantards. »
Avant que Niall puisse leur faire un autre faux grognement, ils furent rejoints par Gladys et Zayn, qui traînaient un Liam Payne semblant incertain derrière eux. Ils se dirigèrent vers le box, Zayn serrant son corps mince à côté de Louis et Gladys s'installa, avec cette manière digne qui lui était propre, de l'autre côté de la table, tapotant amicalement le menton de Niall pour faire bonne mesure.
« Oh, euh, » dit Liam, clairement confus. « Je ne sais pas s'il y a de la place... »
« Bouge, Niall, » dit fermement Gladys, agitant ses ongles vernis. « Tes coudes monopolisent la moitié du banc. »
« Tout ce que tu veux, Gladdo. » Niall déposa un baiser bruyant et amical sur sa joue et se rapprocha du mur, laissant assez de place à Liam pour s'assoir.
« Salut tout le monde, » dit-il avec un signe rigide de la main. Il se redressa, comme s'il essayait de son mieux d'être une compagnie acceptable. Il y eut un concert de hé et salut en réponse, mais Harry sourit simplement et posa sa tête sur l'épaule de Louis, reniflant discrètement l'odeur épicée et subtile de son eau de Cologne, se sentant en sécurité et heureux.
Après qu'ils eurent tous commandé leur premier verre et trinqué en l'honneur du retour de Harry, Zayn éclaircit sa gorge. « Alors, » dit-il. « J'ai entendu dire que tu vas remplacer Maria Santiago-O'Brien, Harry, dans quelques semaines, quand elle prendra sa retraite ? »
Harry hocha de la tête, souriant à Zayn dans le dos de Louis, tellement qu'il sentit le fond de ses fossettes heurter ses dents. « Ouep, » répondit-il. « Je suis pressé de recommencer à jouer. Et Grimshaw a dit que, dès que l'OSL aura besoin d'un chef d'orchestre invité dans le futur, je pourrais avoir le boulot. Apparemment, quelqu'un a convaincu le conseil d'administration que je serai très utile comme double carte. »
Liam rougit et baissa son regard vers ses mains, jouant avec les bords de la serviette se trouvant sous sa pinte.
« Ouais, c'est grâce à Payno, » dit Niall avec un rire amusé.
« Vraiment ? » Louis retira temporairement son bras droit d'autour des épaules de Harry et tendit sa main à Liam, qui la serra maladroitement. « Merci, mec. Est-ce que tu les as convaincus de me réintégrer aussi ? »
Liam marmonna quelque chose d'inintelligible et probablement plein de modestie. « Ce n'était vraiment pas... » réussit-il à dire après s'être raclé la gorge. Ses épaules étaient tendues et ses lèvres bougèrent en silence alors qu'il cherchait quoi dire exactement ensuite. « J'ai juste fait mon boulot. Et – » ses yeux bruns se relevèrent pour regarder Harry droit dans les siens « – je voulais m'excuser, Maest-, euh, Harry. »
Harry fronça ses sourcils et il sentit son sourire disparaître. Il ne retira pas son menton de l'épaule de Louis, ses bras toujours enroulés autour de lui comme un koala collant et ridicule, mais il regarda pensivement Liam. « Pourquoi aurais-tu besoin de t'excuser, Li ? »
Le pauvre Liam avait l'air mal à l'aise. Il jeta un coup d'œil au reste du groupe, ses yeux s'attardant légèrement, peut-être avec regret, sur Louis. « Je me sentais juste un petit peu coupable, » dit-il. « Cette conversation que nous avons eue juste avant que vous ne partiez, Harry. Quand je vous ai parlé de la réunion qu'avait eu le conseil, et que je vous ai dit cette chose comme quoi 'oh, tout sera la faute de Tomlinson si vous n'avez pas le poste ?' Si j'avais su que, euh – » Louis mordit sa lèvre et baissa sa tête, Liam ayant l'air encore plus mortifié à cette vue.
« Bon Dieu, » marmonna Louis. Harry le serra contre lui de façon réconfortante et chuchota doucement dans son oreille, « Chuut, chéri. »
Liam toussa. « En vérité, » continua-t-il, « j'essayais de vous impressionner un peu, vous voyez, avec des ragots. Il y a beaucoup de raisons pour lesquelles ils auraient pu voter de cette façon, la plupart financières. C'était plus compliqué que ça, et j'ai cru que, » il déglutit, « après, quand on a tout découvert à propos de vous et Louis... » Il éclaircit à nouveau sa gorge et baissa ses yeux vers son verre, disant le reste de sa phrase à toute vitesse. « J'aicruquej'étaislacausedevotrerupture. »
Louis laissa échapper un grand rire à cela, faisant presque tomber la tête de Harry de sur son épaule. Gladys et Niall se mirent également à rigoler et Zayn sourit en coin. Liam semblait assez embarrassé pour mourir. Harry tendit une main vers lui tout en riant et la referma autour de son poing tendu, passant son pouce sur ses articulations. « Ce n'est vraiment pas à cause de toi, » dit-il. « Ce n'est pas ta faute ; je te le promets. »
« Ouais, de vrais idiots, ces deux-là, » confirma Niall, buvant une grande gorgée de sa bouteille et passant un bras derrière Gladys pour taper Liam dans le dos. « Ils auraient tout foutu en l'air, quoi qu'il en soit. »
Liam laissa échapper une grosse expiration et ses épaules se baissèrent de soulagement. « Vraiment ? » glapit-il. « Parce que, après l'avoir appris, je me suis senti si mal, et Louis était, eh bien... »
« Une épave, » acquiesça Louis, les yeux pétillants.
« Et, en gros, j'ai cru que j'avais ruiné tout l'orchestre. »
« Je vais boire à ça, » dit Zayn en levant son verre. Harry sourit chaleureusement alors qu'ils trinquaient tous en l'honneur de Liam. Il serra une fois de plus la taille de Louis, juste pour faire bonne mesure, en espérant qu'il pourrait, à travers ce geste, lui transmettre à quel point il était heureux et à quel point il se sentait chanceux d'être assis autour de cette table, avec eux, à Londres. A quel point il était reconnaissant que Louis soit venu à Berlin. Il sentit un chatouillement en réponse de la part de son petit-ami (petit-ami, c'est ton petit-ami, Louis Tomlinson est ton petit-ami) qui inonda sa poitrine de chaleur et provoqua des frissons sur la surface de sa peau nue juste au-dessus de sa taille.
« Je t'aime, » chuchota Harry tandis que Gladys changeait de sujet, posant une question à Zayn sur sa prochaine exposition.
Les anciens Louis Tomlinson auraient balayé ça d'un haussement d'épaule ou auraient tourné ça en une blague. Ils auraient laissé leurs propres insécurités prendre le dessus et les blesser tous les deux. Mais ce Louis se tourna simplement vers Harry, lui sourit tendrement et repoussa une boucle qui retombait sur son front dans un geste doux. « Moi aussi, » dit-il.
Harry était sûr qu'ils allaient bientôt recommencer à se taquiner ; il dirait probablement des choses ridicules qui feraient rouler des yeux Louis tout en le faisant rougir de plaisir ; Louis dirait qu'il était un être humain horrible et niais et Harry insisterait sur le fait qu'il adorait ça. Mais, pour le moment, ils étaient toujours en voie de guérison. Ils étaient toujours en train de se ressouder comme un os qui avait été cassé, et Harry était content de se reposer sous le soleil de leur nouveau lien.
« ... et ensuite, elle a dit que je donnais l'impression d'être intimidant. » Harry revint brusquement à la conversation, qui portait sur Zayn et sa nouvelle petite-amie. Apparemment, il l'avait rencontré à la galerie d'art. Louis lui chuchota la trame de l'histoire dans son oreille.
« Tu l'es, cependant, » dit Niall d'un air pensif. « Sombre, silencieux, beau et tatoué. Et t'es un artiste. Je serais aussi intimidé si je voulais coucher avec toi. »
« Moi aussi, » acquiesça Harry.
« Moi non, » se moqua Louis. « Oh, regardez-moi, je joue du xylophone pour gagner ma vie ! J'ai une BD dessinée sur mon bras ! Très intimidant. »
« Ta gueule, toi. » Zayn roula des yeux et donna un coup de poing dans l'épaule de Louis. « J'ai un serpent, aussi. Les serpents, ça fait dur à cuire, hein. »
Ils restèrent assis et burent, et Harry sourit lorsqu'il sentit Louis dessiner un cœur sur sa cuisse en dessous de la table.
Toi, mon chéri, laissait-il entendre. Tu es ma personne préférée au monde. Je t'aime plus que tout.
« Le truc, c'est de garder ton poignet totalement immobile, » chuchota Louis. Il regarda la grande main de Harry tenant la petite fléchette, traçant les lignes d'encre sur son avant-bras avec le bout de ses doigts. « C'est comme le contraire d'un vibrato. Puis un mouvement rapide... » Il fit une démonstration. « Un petit mouvement rapide est tout ce qu'il faut. »
Harry prit une profonde respiration. Louis se recula, lui laissant de la place pour viser la cible. Il prit un long moment pour admirer la mâchoire de Harry, la façon dont son visage se transformait totalement quand il se concentrait sur quelque chose. Ses sourcils étaient froncés, sa bouche pulpeuse formant une ligne pleine de détermination. Puis – un mouvement rapidement. Un deux.
« J'ai touché la cible ! » cria Harry. Il se tourna vers Louis et son visage irradiait de bonheur à présent. Rouge, ses fossettes visibles, semblant presque jeune.
« Oui, bébé, tu l'as fait, » rigola Louis. « Oof. » Il se retrouva écrasé dans une énorme étreinte avant de pouvoir faire quoi que ce soit. Les bras de Harry, ses lèvres, ses genoux, tout était autour de lui, ses boucles chatouillant son cou alors que Louis essayait de ne pas tomber sur une table pleine de bouteilles et de verres vides. « Bon boulot, » siffla-t-il.
« Allons prendre un verre pour fêter ça ! » cria Harry, s'éloignant de Louis et se dirigeant vers le bar avec les bras en l'air. Il était peut-être légèrement éméché. Louis le regarda alors qu'il avançait, soudainement empli d'un sentiment bizarre et plein d'entrain qui l'avait déjà frappé dans les plus étranges des situations, ces derniers temps – sous la douche, en faisant la queue à Tesco, à chaque fois qu'il posait son violon contre son épaule – et il oublia presque que c'était à son tour de jouer. Il toucha un quinze et un double vingt. Puis il secoua ses membres en se reculant, sa tête se tournant immédiatement pour regarder Harry revenir avec deux verres pleins à ras bord. Le sentiment bizarre et léger s'intensifia. Il avait l'impression de flotter.
« Je t'aime, » dit-il, légèrement, avant de prendre une gorgée de la boisson foncée. Il grimaça et recracha. « Ugh, qu'est-ce que c'est ? »
« Aucune idée, » dit Harry en souriant, haussant ses épaules avec ses mains jointes devant lui. « La barman a dit que j'étais mignon, alors j'ai dit, 'surprend-moi !' »
« D'accord, Mademoiselle la Flirteuse Pompette, » rigola Louis, enroulant son bras autour de la taille de Harry d'une façon possessive et jetant un coup d'œil vers le bar, où une femme de presque trente ans et avec une longue queue de cheval auburn les observait avec intérêt, « tu vas rester ici pendant un moment, d'accord ? »
« M'd'accord, » dit doucement Harry, tellement heureux, puis il se pencha en avant pour un rapide baiser. Ce qui se transforma en un rapide baiser langoureux. Niall dut pincer la fesse de Louis pour lui rappeler que c'était à nouveau à eux de jouer.
Plus tard, alors que le rougissement initial de Harry s'était définitivement installé en un éclat de plaisir et uniforme, Louis le surprit en train de se plaindre faussement à Gladys. « Sept heures de répétition d'affilée, deux pauses de cinq minutes, quelle journée improductive. Oh non, je dois m'arrêter pour boire et aller aux toilettes, quel manque de rigueur ! Il faut changer de matelas, c'est une planche de contreplaqué ! » Sa voix était taquine mais pleine d'amour ; il fixait Louis du regard alors qu'il l'imitait, en faisant même un petit geste avec son poignet qui était si, parfaitement et ridiculement, caractéristique de Louis que ce dernier ne put pas s'empêcher de sourire, même s'il essayait de paraître indigné.
« La ferme, » dit-il en roulant des yeux et en poussant doucement Harry au niveau de sa cage thoracique. « Oui, je répète plus en ce moment. J'essaie juste de me remettre en selle pour lundi. » Ce serait son premier jour de travail après presque deux mois et Louis sentit un frisson de nervosité le parcourir. Il se demandait comment ses collègues allaient le regarder – la dernière fois que la plupart d'entre eux l'avait vu jouer, ça avait été pendant cette horrible, horrible soirée...
« T'es parfait, » dit Harry, déposant un bisou baveux sur la frange de Louis. « Pas besoin de t'inquiéter. »
« Tu veux juste que je sois tout le temps disponible sexuellement pour toi, espèce d'animal, » se moqua Louis, à peine conscient que Gladys leur souriait avec un vif intérêt qui était peut-être seulement à moitié maternel. « Tu fais la tête à chaque fois que je choisis Thunder à toi. »
Harry fit dramatiquement la moue pour démontrer.
« Mais il t'a choisi à la peur quand il s'est précipité à Berlin, » dit Gladys. Elle tapota l'épaule de Harry puis alla jouer son tour aux fléchettes. « Alors j'imagine qu'il ne peut pas être trop inquiet de revenir travailler. »
Harry acquiesça, souriant et clignant des yeux avec une ivresse placide. La vérité était que la vie de Louis semblait beaucoup plus équilibrée à présent. Il s'entraînait toujours beaucoup, évidemment ; il aimait toujours la sensation d'être dans son propre petit monde avec sa musique et son violon, il appréciant toujours la sensation de son archet dans sa main droite, la morsure des cordes sous ses doigts. Mais, à présent, il y avait Harry pour passer près de lui et toucher le bas de son dos, pour l'encourager, pour faire des suggestions constructives. (Louis ressentait toujours les tisons d'une envie de se mettre sur la défensive dès que Harry critiquait son jeu mais, jusqu'à présent, à chaque fois qu'il était sur le point de lui aboyer dessus, il s'était souvenu ; Harry est de mon côté. Il est de mon côté. Sa force est ma force. Et il s'était calmé et avait accepté la critique. Son jeu était meilleur grâce à ça, il pouvait le dire.) Harry l'aidait de plein de petites façons, en lui faisant des sandwichs et en jouant des duos avec lui juste pour le plaisir. Depuis la confession de Louis à Berlin, c'était comme si les vannes de Harry s'étaient ouvertes et tout ce qu'il avait retenu pendant des mois se déversait – il s'était mis à exprimer de plus en plus souvent son soutien et son amour, il s'assurait toujours que Louis savait qu'il était suffisant. Plus que suffisant. Son bonheur à la maison rendait Louis d'autant plus nerveux pour son retour dans l'OSL, mais il pouvait le faire. Avec Harry à ses côtés, il savait qu'il pouvait le faire.
Lorsque le match fut terminé (Louis, Harry et Liam ayant spectaculairement perdu contre Les Biscuits, évidemment), ils s'entassèrent à nouveau tous dans le box pour un dernier verre avant de sortir dans l'obscurité et sous la douce pluie du milieu de l'été.
« Alors, dites-moi toute la vérité, » dit Zayn. « On sait que ces deux-là ont une activité sexuelle très active. » Il pointa Louis et Harry du doigt juste au moment où ce dernier essayait de tirer Louis sur ses genoux, renversant presque la pinte de bière qu'ils partageaient. « Et ils avaient déjà une en secret, avant. »
Niall grogna et marmonna quelque chose dans sa barbe qui sonna vaguement comme « Eh bien, certains d'entre nous ont des yeux... »
Zayn se tourna vers lui. « Mais c'est du vieux maintenant. Ce que je veux vraiment savoir, c'est... combien de fois vous avez couché ensemble vous deux ? » Il fit un geste vers Niall et Gladys, totalement sérieux.
Niall vira immédiatement au rouge alors que Gladys gloussa, une lueur perverse dans son œil. « Vous l'avez fait ! » cria Louis, se penchant en avant sur les genoux de Harry et pointant les joues rougies de Niall. « Je le savais ! Harry, je te l'avais dit ! »
« Putain, » Niall releva finalement son regard, soupirant. « Gladdo et moi sommes juste amis, d'accord ? Bande de bâtards britanniques fouineurs. »
Gladys haussa des épaules, buvant le reste de sa pinte. « Il a essayé... mais je lui ai dit non. »
Le reste de la table se mit à huer et hurler alors que Gladys repoussait les cheveux blonds de devant les yeux de Niall avec ses ongles vernis en rouge, puis elle ajouta, « Je lui ai dit qu'il était mignon, mais pas mon genre. »
Niall gloussa ensuite, son bref accès de gêne étant typiquement oublié. « T'es une chic femme, Gladys. Aucun regret. »
« Santé, » dit Harry en souriant et ils burent tous les dernières gorgées de leurs verres.
Ils sortirent du box dans un heureux désordre de membres détendus, payant leurs notes au bar avant de sortir pour héler des taxis. Harry était sous la pluie, ses bottines en daim abîmées s'humidifiant alors que Louis attendait sous l'auvent étroit. Il frissonna, resserrant ses bras autour de lui alors que quelques gouttes égarées tombaient sur ses lunettes.
Gladys le rejoint tandis que Niall alla chercher l'Astra et elle le prit dans ses bras. « Je suis très fière de toi, » chuchota-t-elle. Louis lui sourit. Elle lui fit un clin d'œil puis Harry lui fit signe de monter dans un taxi, tenant sa veste par-dessus sa tête pour se protéger le plus possible de la pluie pendant que Louis le rejoignait.
« Merci, Gladys, » répondit-il doucement. « A lundi. »
Il entra dans le taxi et sentit Harry s'installer confortablement, bien qu'un peu mouillé, à côté de lui. Ils remirent tous les deux leurs cheveux en ordre, Harry en secouant vigoureusement sa tête et Louis avec un délicat geste de son poignet. Harry tira Louis contre lui et passa paresseusement ses doigts le long de son bras jusqu'à ce qu'ils arrivent à la maison.
A la maison.
Louis avait techniquement toujours sa petite maison près de Paddington Station, mais il avait accepté de la vendre dès qu'il pourrait et d'emménager dans l'appartement de Harry à Hampstead. Il était parfait pour eux, ouvert et moderne, avec plein de place pour qu'ils puissent répéter ensemble – pratique maintenant qu'ils allaient jouer dans le même orchestre. De jour en jour, Louis avait l'impression d'être un peu plus chez lui.
Harry prit sa main alors qu'ils grimpaient l'escalier familier jusqu'au troisième étage puis il déverrouilla la porte. « Enlève ces vêtements mouillés, » marmonna-t-il. Il commença par le haut de Louis puis son propre pantalon alors que ce dernier retirait avec empressement le reste de ses habits.
« Alors, à quel point es-tu bourré ? » demanda Louis, se rapprochant de Harry dès qu'il fût nu, le poussant vers la salle de bain et la promesse d'une douche à deux avant d'aller au lit.
« Qu'est-ce que Gladys voulait dire ? » lâcha tout d'un coup Harry. Louis s'arrêta. Harry rougit et tordit ses doigts, ses épaules voûtées. « Quand elle a dit que tu m'as choisi à la peur... Qu'est-ce qu'elle voulait dire exactement ? Louis, pour quelle raison as-tu décidé de venir à Berlin ? Est-ce que, genre, Gladys a quelque chose à voir avec ça ? »
« Bon Dieu, » rigola Louis, soulageant immédiatement la tension de Harry. « Je te préviens que c'est un peu embarrassant, mon amour. »
Harry releva son regard avec des yeux brillants et un sourire en coin. « Quoi ? » demanda-t-il.
Louis prit Harry dans ses bras, enfouissant son visage dans son cou et frottant son nez contre sa clavicule tatouée. « Tu te souviens que je t'ai dit que j'avais entendu Amelia Frasier-Lind et Taggie Diversey en train de commérer ? Lorsqu'elles avaient dit que tu partais en Allemagne ? »
« Mhmm, » murmura Harry, ses doigts passant à travers les cheveux doux et légèrement ondulés dans la nuque de Louis.
« Eh bien, » soupira Louis, « je ne t'en ai pas parlé avant parce que je me sentais tellement idiot, mais Taggie a dit qu'elle n'était pas surprise que tu finisses par partir à Berlin. Elle a dit que toi et Florian, genre, vous vous... fréquentez... et qu'il était amoureux de toi. »
Harry éclata de rire, tout son corps se balançant en même temps. « Arrête ! » cria Louis, s'extirpant difficilement de ses bras et pinçant légèrement un de ses tétons. « J'étais dévasté ! Et ensuite, t'es venu avec lui à mon concert ! »
« Je suis désolé, » dit Harry en gloussant, faisant un pas en avant pour reprendre Louis dans ses bras, frissonnant – ils étaient nus et il faisait froid dans l'appartement – puis il l'amena vers la salle de bains, pour aller sous la chaleur de leur douche. « Je ne m'étais pas rendu compte de ce que ça aurait l'air, je suppose. J'avais besoin d'un ami. Je devais venir... quand j'ai vu l'invitation pour le concert ; je devais te voir. Evidemment que je devais te voir. Mais je ne pouvais pas le faire tout seul. »
Louis hocha de la tête, allumant la lumière et posant deux serviettes propres sur le support tandis que Harry mettait l'eau en route, testant la température. Ils préféraient tous les deux qu'elle soit la plus chaude possible sans réellement les brûler. « Je vois ce que tu veux dire, » dit Louis, balançant son poids d'un pied à l'autre et frottant l'un de ses biceps. « Au sujet d'avoir besoin... Le soir avant, pendant la fête, je ne pouvais pas m'arrêter de te regarder, même si c'était épouvantable. J'ai dû courir aux toilettes et j'ai presque vomi. Je ne savais pas quoi faire. Mais j'avais décidé que, quoi qu'il en soit, je ne pouvais plus te faire de mal. Bref. Et je pensais que t'étais heureux avec Florian, alors. Je n'ai pas essayé de t'approcher. »
Harry fronça ses sourcils d'inquiétude, entrant dans la douche et tendant une main pour aider Louis à sa suite. « T'as presque vomi ? »
Louis haussa ses épaules et l'étreignit, les poussant tous les deux sous l'eau. Ils pouvaient entendre la tempête dehors mais, ici, ils étaient ensemble et Louis se sentit complètement en sécurité. Dieu merci, on y est arrivé, pensa-t-il alors qu'il inspirait l'air chaud. Harry commença à masser son cuir chevelu avec quelque chose qui sentait bon.
« Je suis désolé, » murmura doucement Harry, tenant tendrement Louis contre lui alors que ses grandes mains empêchaient le shampoing d'aller dans ses yeux, ses pouces caressant ses tempes. « Pour Florian. Je suis tellement désolé que tu es ressenti ça. J'aurais dû... Il n'y avait que toi pendant tout ce temps, tu sais. Il n'y a toujours eu que toi. » Louis hocha de la tête et frissonna un peu contre lui. Ils restèrent simplement sous le jet d'eau chaude pendant un moment, Harry déposant de doux baisers sur son front. Il savait que Harry attendait le reste, attendait d'entendre comment tout ceci concernait Gladys, mais il n'était pas pressé.
« Alors, j'ai, euh, écrit le truc... » commença finalement Louis, se reculant et enfonçant ses pouces dans le V des abdos de Harry, les caressant de haut en bas et regardant fixement le torse incroyable de son petit-ami. « Et quand j'ai eu fini, Niall faisait ce barbecue et je n'étais pas sorti de chez moi depuis des jours. »
Harry soupira doucement pour montrer qu'il écoutait et était intéressé, tandis qu'il attrapait un gant de toilette et commençait à le passer sur l'extérieur des bras de Louis et sur ses pectoraux. Tout en faisant ça, il rapprocha Louis près de lui pour pouvoir le laver des épaules au bas de son dos et il commença à être excité. Louis pouvait sentir son sexe durcir contre sa cuisse et quand il se recula, il baissa automatiquement le regard avec étonnement. Il ne pouvait pas s'en empêcher. Le sexe de Harry était magnifique, rouge, épais et commençait à être dur rien qu'à cause de leur proximité. Ça allait également exciter Louis en quelques secondes.
« Donc j'y suis allé et t'as envoyé à Niall cette photo de Florian et Anja semblant très en couple – Bon Dieu, Harry... » Il venait de commencer à laver ses fesses, les écartant et appuyant doucement sur son entrée. La vapeur avait recouvert la paroi de la douche et ils se mirent à se frotter paresseusement l'un contre l'autre.
« Et quand t'as vu la photo... ? » l'invita à continuer Harry. Louis avait été un petit peu distrait.
« Ouais. Alors, après l'avoir vu, je suis juste resté immobile. Paralysé. Je ne savais pas quoi faire et je pensais toujours, je ne peux pas lui refaire du mal. Je ne peux pas risquer de le blesser à nouveau. Mais ensuite, Gladys m'a fait remarquer qu'en fait, c'était ma propre peur qui me retenait. C'était la seule chose qui m'empêcher d'aller à Berlin. » Louis laissa échapper un gémissement dans l'oreille de Harry lorsqu'il sentit un doigt le pénétrer doucement, l'autre main de Harry pelotant et serrant sa fesse avec un peu plus d'urgence.
« Et c'est comme ça que tu t'es retrouvé devant ma porte au milieu de la nuit, ayant l'air à moitié fou. »
« Passionné, j'aurais dit. »
« Eh bien, tu as raison sur tout, » observa Harry, ses paupières papillonnèrent alors que Louis commençait à le branler. « Hein ? »
« Mhmm, » soupira Louis. « A part au sujet de Florian. »
« D'accord, il est définitivement temps d'arrêter de parler de Florian, maintenant. » Harry rapprocha Louis contre lui et haleta lorsqu'il passa légèrement son pouce sur le bout de son sexe, mettant un peu de liquide pré-séminal dessus avant de le laver sous l'eau. « Merde... »
« Tellement bon, » murmura Louis.
Harry gémit simplement en réponse, pénétrant son doigt plus profondément en lui et le préparant correctement alors qu'il sellait leurs lèvres.
« C'est toujours tellement bon... »
*
Plus tard, lorsqu'ils furent dans le lit moelleux de Harry, la peau toujours chaude et la pluie tapant toujours contre les larges fenêtres, Harry dit, « Elle a une sacrée sagesse. Gladys, je veux dire. »
Louis haussa ses épaules. « Ouais, eh bien, elle a genre trente ans d'avance sur nous ou quoi. »
Harry se retourna et se mit à jouer avec les cheveux humides de Louis, regardant dans le vide alors qu'il se blottissait sous ses draps blancs. « Cependant, c'était un bon conseil. De ne pas laisser la peur nous empêcher de faire des choses. » Il y avait quelque chose de prudent et un peu inquisiteur dans sa voix.
Louis souffla fortement et tourna son visage vers lui, attrapant son menton et tirant son visage de manière qu'ils se regardent droit dans les yeux. « Où est-ce que tu veux en venir, Styles ? » demanda-t-il.
Harry sourit et enfouit son visage dans le cou chaud et propre de Louis. « T'es terriblement perspicace quand tu ne fais pas ta tête de mule. » Louis grogna et baissa une main pour le frapper légèrement sur les fesses. Harry gloussa. « Sérieusement, cependant, » dit-il, relevant son visage et inspirant profondément, retraçant la mâchoire de Louis avec ses doigts. « T'as déjà pensé à le montrer à quelqu'un ? »
« Quoi ? » Louis fronça ses sourcils. Il n'avait aucune idée de ce dont Harry parlait. Montrer quoi à qui ?
« Ta... ta composition, » dit Harry, apparemment surpris que Louis n'ait pas saisi.
Louis rigola. « Quoi ? » répéta-t-il doucement. « Pourquoi je le montrerais à quelqu'un... ? J'veux dire, je sais que je te l'ai montré, mais... »
« Je pense que ça plairait aux gens ; c'est tout, » dit Harry en haussant ses épaules. Il tira Louis encore plus contre lui et se mit à passer ses doigts dans ses cheveux de façon apaisante. « Eh bien, non. Ce n'est pas tout. Je pense que t'es foutrement brillant et, honnêtement, un peu égoïste parce que ta musique a besoin d'être jouée. Elle supplie d'être jouée. Et je veux juste que les gens sachent quel géni tu es. Et je radote. »
Louis grogna un peu. « Bébé... »
« Je suis sérieux. Ecoute, j'ai déjà essayé de composer. Quand j'avais douze ans, j'ai écrit une chanson qui s'appelait 'Une Journée de Novembre.' C'était incroyablement horrible. Juste le pire truc au monde. » Harry commença à fredonner une mélodie lente et ampoulée dans l'oreille de Louis, le faisant glousser avec un élan soudain d'amour alors qu'il imaginait une version pré-pubère de Harry penché sur son bureau, écrivant notes rondes après notes rondes, toutes ennuyeuses et horribles, avec un air d'intense concentration sur son visage.
« Oh mon Dieu, c'est vraiment foutrement horrible, Styles. »
Harry s'arrêta de fredonner, souriant tendrement à Louis alors qu'il passait ses mains sur ses bras puis sur sa taille. « Tu vois, le monde mérite d'entendre de la meilleure musique que ça. S'il te plaît, dis-moi que tu vas au moins la montrer à Grimmy. »
Louis sentit un petit nœud de peur se former dans son ventre à l'idée. Ça avait déjà été suffisamment angoissant de donner à Harry l'œuvre qu'il avait écrit pour lui, alors Grimshaw ? Bon Dieu. Ce n'est pas aussi génial, pensa-t-il, ses vieux instincts prenant le dessus alors que la respiration de Harry commençait à devenir régulière contre son torse. Il fixa les ombres bougeant sur le plafond. Harry exagère. Ce n'est pas aussi bon...
Mais...
« T'es un compositeur exceptionnel, Lou. Fais-moi peut-être un peu confiance ? » entendit-il Harry chuchoter dans la pénombre.
Louis se pencha pour embrasser son front. « D'accord, » dit-il. « Je te fais confiance, tu sais. Je te ferai toujours confiance. Ça ne veut pas dire que je n'ai pas un peu peur. »
« Je comprends. »
Mais avec le corps chaud de Harry enveloppé autour de lui et en tombant rapidement dans le sommeil, Louis se demanda. Avait-il toujours réellement peur ? Ou était-il juste habitué à cacher son jeu ? Il avait Harry. Harry était à ses côtés. Toujours, toujours... Quelque chose lui disait qu'il n'y avait plus rien dont il devait avoir peur.
Harry regarda le vendeur droit dans les yeux. « Oui, » dit-il. « Il me les faut tous. » Il posa une paume sur l'énorme pile de journaux, mettant ses épaules dans une position défensive. Ils étaient à lui, putain. Pas de retour en arrière, pas question d'être gentil. C'était la ligne de conduite de Harry. Il achèterait tout le kiosque s'il le devait.
« Mais pourquoi ? » demanda le vieil homme en grognant, ses doigts sales venant gratter ses cheveux poivre et sel. « Pour quoi avez-vous donc besoin de... »
« Pourquoi ça vous importe ? » Harry grimaça intérieurement en entendant la dureté dans sa propre voix – il préférerait attraper des mouches avec du miel, comme sa mère lui disait toujours – mais il garda une main protectrice sur les journaux. « Je, euh, » il sortit son portefeuille épais de sa veste avec sa main gauche, ses hanches se tordant maladroitement. « Je pense que j'ai assez pour vous payer en liquide. »
L'homme souffla. « Mes clients réguliers ne vont pas du tout apprécier ça. M. Healy, il vient toujours vers seize heures ; il a toujours besoin de son Times et il me donne toujours un pourboire... »
« Ecoutez, » dit Harry, soulevant le journal en haut de la pile et tournant rapidement les pages jusqu'à la rubrique Arts. Il pointa du doigt l'article en pleine page, le profil souriant de Louis regardant vers le titre : Tomlinson Triomphant. « C'est mon petit-ami. Alors. J'ai besoin de genre cinq cents copies, au moins. S'il vous plaît ? » Harry sourit timidement, laissant ses fossettes apparaître.
Le vendeur roula ses yeux et soupira. « C'est votre petit-ami, là ? » demanda-t-il. Il tourna la page et regarda d'un peu plus près l'histoire. « Il est dans le Times ? »
Harry hocha frénétiquement de la tête, suppliant presque de tout son corps.
« Bien, » dit l'homme, poussant l'énorme pile se trouvant sur le comptoir vers Harry. « Prenez-les. Et félicitations, je suppose. »
« Houuuraa, » dit doucement Harry, son visage s'étirant en un énorme sourire alors qu'il posait un billet de cinquante et soulevait les journaux. Il en laissa un sur le comptoir et secoua sa tête quand le vendeur le lui tendit. « Pour M. Healy, » dit-il. « Avec mes compliments. »
« Merci, mon garçon. »
Harry tourna au coin de la rue et traversa les deux pâtés de maison qui le menèrent à la petite rue dans laquelle se trouvait son immeuble. C'était une belle et lumineuse après-midi automnale, le dimanche après leurs deux premières représentations du double concerto de Louis. Bien entendu, toutes les critiques avaient été positives, mais cet article du Times était particulièrement spécial. Harry ne pouvait pas s'empêcher de sourire comme un fou en regardant l'énorme pile de journaux qui était actuellement maintenu par son menton, souriant à chaque personne qu'il croisait. Louis va aussi probablement penser que je suis devenu fou quand il va me voir. L'idée le fit sourire encore plus. Je l'aime tellement. Il va juste devoir faire avec.
Il s'arrêta lorsqu'il dut ouvrir la porte de son immeuble ; les bras trop chargés pour attraper les clés dans sa poche. Heureusement, Mme Fielding qui vivait au premier étage était sur le point de sortir.
« Bonjour, Ha – oh, mon Dieu. » Elle était petite et guindée, une vraie anglaise qui semblait toujours porter un chapeau avec un imprimé floral différent. « Ça fait beaucoup d'exemplaires. »
« Louis est dans le Times ! » dit Harry à bout de souffle. Il posa la pile dans l'entrée, remarquant à quel point son dos allait mieux récemment, après avoir changé son « matelas moelleux comme un nuage » pour un peu plus ferme.
« Vraiment ? » dit Mme Fielding, sortant une délicate paire de lunettes de lecture de son sac alors que Harry lui tendait la rubrique Arts. « Tomlinson Triomphant, » lit-elle. « Oh, très belle photo. »
« Merci, » répondit Harry, souriant grandement, comme si ça avait quelque chose à voir avec lui.
Mme Fielding lit l'article pour elle-même, murmurant pendant certaines parties et montrant certaines phrases à Harry, qui hochait de la tête. Il l'avait lu plusieurs fois attentivement depuis qu'il avait remarqué le visage de Louis le fixant dans le métro ce matin, il le connaissait déjà presque par cœur.
Quatre mois auparavant, les spectateurs du Barbican vécurent quelque chose d'inhabituel. La star montante Louis Tomlinson, au milieu d'une prestation du Concerto pour Violon No. 1 de Bruch, se figea sur scène. Son bras tomba au milieu d'une phrase, les notes semblant soudainement s'envoler loin de lui. Ce soir-là, il s'enfuit de la salle de concert et les éternels romantiques parmi nous, enlisés dans la musique classique londonienne, nous sommes demandé si nous allons à nouveau l'entendre – il fit une pause dans ses fonctions de premier violon et ne se montra pas en public pendant deux mois. C'était du déjà-vu pour nous tous : le jeune virtuose prometteur, projeté soudainement sous le feu des projecteurs, cédant sous la pression. Habituellement, ils ne reviennent pas.
Mais, alors, une chose amusante s'est produite. A la place de passer son absence dans l'Orchestre Symphonique de Londres à s'apitoyer sur lui-même ou à « se trouver » lors d'un trekking introspectif en montagne ou quoi que ce soit d'autre, Tomlinson s'est apparemment tout de suite mis à la composition. Après sa réapparition ce weekend, pas seulement comme l'un des premiers violons les plus doués sur le plan technique et artistique dont l'OSL n'ait été doté, mais également comme une nouvelle voix passionnante du côté de la composition, je ne peux que le regarder avec admiration. Quel cœur de lion il faut pour rebondir après un tel échec professionnel. Je pense, honnêtement, qu'il a fait preuve de plus de ténacité que je ne pourrais rassembler.
L'article faisait ensuite les louanges, à la fois, de l'interprétation de Louis et de son œuvre. Le critique la qualifia de « constamment surprenante, » et « moderne mais agréable pour ceux d'entre nous qui aiment une mélodie traditionnelle. » La standing ovation était mentionnée ainsi que leur baiser à la fin du premier concert – Harry eut chaud en y repensant.
Alors, peut-être que Harry Styles a quelque chose à voir avec le retour de Tomlinson. Si c'est bien le cas, je ne peux que le remercier. Ils avaient sans aucun doute l'air plus que heureux de partager la vedette. Les deux musiciens sont apparemment en couple...
Ce fut l'un des paragraphes que Mme Fielding montra à Harry et il réprima un autre sourire timide, roulant des yeux. Il était juste tellement fier de Louis. Fier de tous les deux, en fait, d'avoir finalement tout réglé entre eux. Un vrai super couple à présent. Il dit à Mme Fielding de garder le journal (« C'est pour ça que je les ai achetés ») et il monta à toute vitesse les escaliers menant à son appartement, un enthousiasme visible dans ses pas.
La porte d'entrée était déverrouillée et Harry réussit à se faufiler à l'intérieur avec la pile de journaux, fredonnant le thème principal du concerto de Louis.
« Bébé ! » appela-t-il. « Je suis rentré ! »
Il n'y eut aucune réponse. Harry jeta un coup d'œil circulaire dans tout le loft grâce à son agencement ouvert et il ne vit Louis nulle part. Il y avait une traînée de Spécial K qui menait jusqu'à la table basse devant la télé, où Harry trouva un bol presque vide – juste un peu de lait et quelques flocons détrempés au fond. Il regarda dans la salle de bains mais elle était déserte, la lumière éteinte, de la buée d'une douche prise récemment et une serviette sur le sol.
« Bébé ? » appela à nouveau Harry d'un air interrogateur. Il n'imaginait pas Louis partir sans fermer la porte de l'appartement à clé, à moins qu'il ait eu une urgence.
Ce fut à ce moment-là qu'il entendit le son aigu d'un reniflement. Ça venait d'en haut, par-dessus la balustrade de la chambre. Harry plissa ses yeux mais il n'arriva pas à voir quoi que ce soit. Il déplaça la lourde pile de journaux dans ses bras et se mit à monter l'escalier en spiral, entendant d'autres bruits – des reniflements et un soupir sanglotant.
« Lou ? » demanda-t-il. Il arriva en haut et trouva son petit-ami assis sur le sol, coincé entre le mur en briques et le bord du lit, une boîte en carton à moitié vide près de lui, une pile de papier serrée dans ses mains. Il pleurait.
Avant que Harry puisse lui demander ce qui n'allait pas, Louis leva ses yeux vers lui et rigola faiblement malgré ses yeux rouges. « C'est une quantité excessive de journaux, chéri. »
« Euh... » Le cœur de Harry palpita. Il y avait clairement quelque chose qui n'allait pas mais Louis lui souriait à travers ses larmes. « Il y a un article, » dit Harry. Il s'avança de quelques pas et posa les journaux sur le lit avant de se mettre à genoux. « J'allais te le montrer... il parle de, d'à quel point t'es courageux et d'à quel point t'es un compositeur génial. J'avais prévu d'en donner un à chaque personne qu'on allait rencontrer dans les cinq prochaines années. »
« Oh, » hoqueta Louis puis il rigola à nouveau. « C'est tellement bien. »
Harry posa une main sur son genou et le caressa doucement, faisant un signe de la tête vers les feuilles que Louis serrait fermement contre son torse. « Et toi, c'est quoi que tu as là, hein ? »
« J'ai, euh, trouvé – j'ai trouvé ça... » balbutia Louis. Il prit une inspiration saccadée et essuya ses yeux humides avec le dos de sa main. « J'avais juste totalement oublié... » Harry tendit une main vers les feuilles toutes froissées, regardant Louis pour avoir sa permission avant de les incliner vers lui et les éloigner du torse de Louis. Il vit les lignes de la portée et un post-it rose pâle.
« Ton quatuor, » souffla-t-il.
« Avec tes commentaires, » dit Louis d'une voix rauque. « Je ne les avais jamais lus. Je ne l'avais pas fait parce que je pensais que tu partais et, aussi, parce que j'étais trop gêné et que j'avais peur de ce que tu avais écrit. Donc j'ai juste tout fourré dans une boîte quelque part et je l'ai oublié jusqu'à aujourd'hui. J'ai décidé que je devrais probablement finir de déballer le reste de mes affaires et... » Il haleta, perdant le fil de sa phrase. « Bon Dieu, je suis un vrai désastre. »
« Pourquoi est-ce que tu, euh... » Harry tendit un bras pour prendre en coupe le visage de Louis, essuyant quelques larmes avec son pouce.
« Parce que je suis un tel idiot et que tes commentaires sont si adorables. Je suis tellement stupide. Je me sens tellement stupide. Un vrai putain de crétin. J'aurais dû les lire avant, peut-être que je me serais rendu compte que – Harry. »
Harry se pencha en avant et passa ses bras derrière le dos de Louis et sous ses genoux. Il le souleva et le déposa sur le lit avant que Louis puisse faire quoi que ce soit.
« Oof. » Ils s'effondrèrent tous les deux sur la couette, les feuilles virevoltant follement autour d'eux. « Harry, qu'est-ce que – »
« Arrête de dire des méchancetés sur mon petit-ami. »
Le visage de Louis se fendit en un petit sourire. Harry put voir plusieurs expressions différentes s'affronter sur son visage et, pendant un moment, ils furent dans le flou. Il entrevit un futur où Louis ne pourrait pas se pardonner pour leur rupture, ou pour ce qu'il s'était passé à Interlochen toutes ces années en arrière, une petite tâche pourrie au milieu de leur relation pour laquelle la culpabilité continuait de ronger Louis au point où il se refermait peu à peu sur lui-même et... Puis Harry vit quelque chose d'autre. Il vit le courage, la même qualité de cœur de lion que l'article avait mentionné. Il vit un futur où Louis acceptait leur passé, acceptait sa part dedans et acceptait qu'il avait grandi depuis. Un futur dans lequel Louis pouvait donner le meilleur de lui pour Harry.
« Je t'aime. »
« Je t'aime aussi, » dit Harry, « et je t'ai déjà pardonné. Et c'est toi que je veux. »
« Ouais, » souffla Louis. « Moi aussi. Bon Dieu, tellement. »
Un éclat étincelant s'installa finalement sur son visage et ce fut à ce moment-là que Harry sut qu'ils allaient réellement y arriver.
« Très bien, Styles, ça suffit toute cette merde sentimentale. Lis-moi cet article. Fais-moi rougir. »
Louis baissa les yeux sur son petit-ami, qui venait de prendre sa place sur le fauteuil noir rembourré. Il semblait déjà un peu tendu et agité, ses pupilles dilatées et sa lèvre inférieure entre ses dents. La tatoueuse leur tournait le dos ; elle installait à nouveau son poste, s'assurant que tout son équipement était en place et stérilisé. Louis saisit l'opportunité pour se baisser et murmurer dans l'oreille de Harry. « Tout va bien, mon amour ? »
« Ouais, » souffla Harry en réponse. Ses yeux tombèrent sur le plastique enveloppant l'encre fraîche sur la peau de Louis, se tortillant dans son jeans moulant alors qu'il se mettait à l'aise dans le fauteuil. « Il va être magnifique. Le tient est fabuleux. »
Louis passa ses doigts sur le poignet de Harry, à l'endroit où le tatouage va se trouver. Harry frissonna involontairement. Louis sourit en coin. Il savait ce que ça faisait à Harry de se faire tatouer. Ça me donne une sensation de flottement, lui avait expliqué Harry la veille, blotti contre lui dans le lit. Et je me concentre juste sur la douleur, et... je ne sais pas pourquoi. Mais. D'habitude, ça m'excite ?
Comme si Louis Tomlinson n'allait pas utiliser cette information à bon escient.
« Sois un bon garçon pour la tatoueuse, » l'avertit-il, levant une main pour passer ses doigts dans les boucles de Harry. Il tira légèrement dessus et entendit Harry étouffer un halètement. « Ne t'enflamme pas trop. »
Ils aimaient tous les deux ce genre de chose, de temps en temps. Louis, en particulier, adorait agacer Harry et recevoir une fessée en réponse, jouissant toujours rapidement et puissamment alors que les gifles vives lui rappelaient la première nuit qu'ils avaient passé ensemble. Cependant, ce n'était pas ce dont il était question-là et Harry n'était pas comme lui. Lui, ce qui l'excitait c'était plutôt le fait d'être embarrassé, avait fini par se rendre compte Louis. Quand l'idée de Louis embarrassant un peu Harry fut introduite entièrement au sein de la chambre à coucher, il n'y avait eu plus aucune culpabilité et aucun d'eux ne s'en lassait. Cependant, Louis faisait attention à ne pas lui donner délibérément des érections en public trop souvent. Il réservait ce traitement particulier pour les occasions spéciales.
Comme se faire un tatouage en commun.
« Je te surveillerai tout le temps, » chuchota Louis avant de se réinstaller dans une chaise de l'autre côté de la pièce mais juste en face de Harry. Ne t'enflamme pas trop et Je te surveillerai étaient fondamentalement la recette pour une érection immédiate par Harry Styles, surtout dans cette situation. Louis sourit.
« Prêt, chéri ? » dit gaiement la tatoueuse. Elle se mit en position et alluma la machine à tatouer ; un fort bourdonnement empli le salon.
Harry hocha juste de la tête, fixant Louis avec des yeux noirs. Louis ne savait pas comment Harry pouvait déjà être dans cet état avant même d'avoir commencé, mais c'était si foutrement plaisant à regarder qu'il s'en fichait. Harry était absolument fascinant à regarder. Dès que l'aiguille toucha sa peau, ses yeux se fermèrent et ses lèvres roses s'entrouvrirent parfaitement, les tendons dans son cou ressortant alors qu'il essayait de respirer. Le bas de son corps se tordait presque, les muscles de ses cuisses tressautant et Louis pouvait dire que ses orteils tentaient de se replier vers la semelle de ses bottes.
« Ne bouge pas, » l'avertit la tatoueuse et les yeux de Harry se rouvrirent tout doucement pour envoyer un regard suppliant à Louis. Ce dernier secoua simplement sa tête avec un faux air de déception, posant son regard de façon insistante sur la bosse grandissante dans le jeans moulant de Harry. Tu n'arrivais pas à te contrôler, hein ? chuchoterait-il plus tard, en sentant Harry frissonnant de plaisir contre lui. C'est si foutrement embarrassant, Harry. En public, là où tout le monde pouvait te voir...
En fait, ils avaient pris les derniers rendez-vous de la journée – soirée, plutôt ; il faisait déjà noir dehors – et les seules autres personnes présentes dans le salon était le propriétaire, qui était en train de faire quelque chose dans la réserve, et la tatoueuse qui se concentrait uniquement sur son travail. Mais c'était l'idée de la chose qui était excitante. Louis fit un pari avec lui-même sur combien de secondes ça lui prendrait pour faire jouir Harry après avoir finalement cessé de le taquiner et avoir posé une main sur son sexe. Même pas dix secondes, pensa-t-il. Au même moment, il vit la bouche de Harry s'ouvrir en un gémissement silencieux. Louis pouvait dire qu'il était totalement dur à présent, tendu contre son jeans, et son propre sexe se mit à tressauter d'intérêt.
« C'est presque fini, » dit la tatoueuse. « Il est très beau. »
De la sueur perlait sur le front de Harry au moment où elle éteignit la machine. Louis baissa son regard sur son entrejambe obscène alors que Harry se redressait dans le fauteuil, positionnant avec désinvolture son bras droit de façon à se couvrir un petit peu. Louis soupira comme s'il s'ennuyait. Comme s'il n'était pas impliqué dans une lutte perdue d'avance contre l'excitation qui se réveillait au plus profond de lui et se répandait dans le bas de son ventre. La tatoueuse leur expliqua les soins à faire par la suite alors qu'elle enveloppait le poignet de Harry dans du film plastique. Pendant qu'ils étaient occupés, Louis paya rapidement le propriétaire pour pouvoir faire sortir Harry du salon dès que possible. Bon Dieu. Tout ce qu'il avait prévu était en train de se retourner un peu contre lui. A présent, Louis était celui qui était agité et Harry semblait serein et « vaporeux », comme il l'avait décrit, ayant dépassé la gêne.
« Viens, chéri, » dit impérieusement Louis quand ils furent prêts à partir. « On a quelques courses à faire, tu te souviens ? » Il était mal à l'aise, ne regardant pas la tatoueuse dans les yeux alors qu'elle leur disait au revoir.
« Bien, » dit Harry d'une voix traînante, environ un octave plus bas et vingt battements par minute plus lents que d'habitude. Louis se demanda brièvement s'il pouvait utiliser un métronome pour réellement mesurer la différence, puis il secoua sa tête et roula ses yeux à son absurdité. Honnêtement, Harry putain de Styles.
« Quelles courses, Lou ? » demanda Harry avec une lueur dans son œil alors que Louis le tirait hors du salon de tatouage puis au coin de la rue pour l'amener dans une ruelle isolée. Louis sentit sa poitrine s'enflammer parce que, à présent, c'était lui qui était taquiné. Evidemment. Evidemment, que ça se retournait de cette façon.
« Tu me l'as dit exprès, hier soir, » dit-il avec un ton accusateur, alors qu'il regardait des deux côtés de la ruelle déserte avant de pousser Harry en arrière – avec un peu de force mais pas trop brusquement – contre le mur en brique en dessous d'un escalier de secours. Harry sourit simplement, la faible lumière orange venant des lampadaires illuminant à peine son visage.
Ce genre d'échange était électrique. Comme une expression plus saine du début de leur relation, ce challenge pour voir qui aurait le dessus. Mais pour l'amour du jeu, et le sexe, avec un amour profond coulant à travers les interactions pour les ancrer, ça leur permettait de se sentir totalement en sécurité. Louis adorait foutrement ça.
« Tu savais que tu serais... et que je... »
Harry hocha de la tête, clairement content de lui. Ça fit bouillir le sang de Louis et tout son corps fut douloureux. Mais tout ce qu'il eut à faire fut de poser une main sur la bosse dans le jeans de Harry et la serrer à travers le vêtement pour réaffirmer son contrôle. Le sourire suffisant de Harry disparut en une seconde, un gémissement sortant de sa gorge. « Maison ? » demanda-t-il avec la voix cassée.
« Hmm, » fit mine de réfléchir Louis, retirant sa main et grattant la peau sous son menton. « On est loin de la maison, Harry. Tu m'as tellement excité que je ne pense pas pouvoir attendre. »
Harry fit un doux petit son venant du fond de sa gorge, ses yeux s'écarquillant. « Lou... Mais. On est. Lou... »
Ils s'étaient mis d'accord sur un safeword pour les situations de ce genre et ce n'était pas Lou. Louis sourit avec confiance alors qu'il enfonçait ses pouces dans la partie légèrement molle des hanches de Harry et le colla à nouveau contre le mur. « Tu n'arriverais pas à tenir jusqu'à la maison, je parie, » murmura-t-il, excité que son plan se remette en rail. « Il y a quoi, quinze pâtés de maison ? T'es tellement dur, bébé. Et t'es tellement gros que tout le monde va le remarquer, et je sais à quel point ça t'atteint... Je parie que tu jouirais dans ton pantalon avant même qu'on arrive dans notre rue. Et ça ne serait pas très amusant pour moi, hein ? »
Harry secoua sa tête, à bout de souffle, regardant Louis fixement dans les yeux, émerveillé.
« Je veux être le seul à te faire jouir, bébé. »
Harry poussa un petit cri étouffé, essayant de balancer ses hanches en avant contre la prise ferme de Louis sur sa taille. « C'est tellement... » souffla-t-il. Puis, « Putain, Louis, fais quelque chose. »
Louis sourit malicieusement et déposa un baiser sur la joue rouge de Harry, avant de se laisser tomber à genoux dans la ruelle et de sortir le sexe de Harry de son jeans. « Je t'aime, » dit-il en levant son regard vers lui. Ça obligea Harry à réprimer une douce litanie de « Putain – jet'aimeaussiputain, putain... » à peine audible alors que Louis le prenait en bouche. Il sentit la main de Harry s'enfoncer dans ses cheveux, tirant frénétiquement dessus, ses mouvements saccadés et désordonnés parce qu'il était déjà si foutrement proche de l'orgasme. Louis donna un coup de langue sur le dessous de son sexe, savourant le poids sur sa langue, le suçant fort et vite, creusant ses joues alors qu'il prenait Harry jusqu'au fond de sa gorge, en toussotant.
« Putain, Lou, » soupira Harry. Ses testicules commencèrent à se tendre, son sexe incroyablement dur à présent. Louis dut appuyer la paume de sa main assez fermement contre l'avant de son pantalon pour empêcher la chaleur palpitante de se répandre à cet endroit. Pas question de jouir dans son pantalon. Nope.
Il ne fallut pas longtemps pour que Harry jouisse avec un gémissement, se déversant dans la bouche de Louis et un petit peu sur ses lèvres, son corps se balançant en avant avec la force de son orgasme. Il avait tiré les cheveux de Louis assez violemment et, à présent, il essayait d'apaiser la douleur en les caressant avec ses grandes mains tandis que Louis refermait son pantalon. Il fit quelques petites caresses dessus et jeta un autre coup d'œil furtif pour s'assurer qu'ils étaient toujours seuls. Même si, techniquement, ils étaient en public.
« Mon obscène beautiful boy, » chuchota Louis, faisant glousser Harry. Il appuya son érection contre la hanche de Harry avec un gémissement.
Puis ce fut la large main gauche de Harry qui l'enveloppa et le branla rapidement, fermement et chaudement. Louis baissa son regard et vit la clef de sol tout juste tatouée sur le poignet de Harry à travers le film de plastique transparent. Tout son corps était en feu, convulsant, et il mordit fortement l'épaule de Harry à travers sa chemise en flanelle lorsqu'il fut sur le point de jouir.
Il avait dû perdre connaissance pendant une seconde ou deux, parce que la prochaine chose dont il fut conscient, c'était que son sexe était de nouveau dans son pantalon et Harry suçait ses doigts un à un pour retirer le sperme se trouvant de dessus. Bordel de merde. C'était si bon. Louis se sentit délicieusement fiévreux et repu.
« Oh, Seigneur, » gloussa-t-il alors qu'il essuyait quelques gouttes égarées sur le jeans de Harry. Elles laissèrent de minuscules tâches mais Louis était à peu près sûr qu'elles n'étaient pas trop visibles. « Est-ce qu'on vient réellement de faire ça ? »
« Je me sens très dangereux, » dit Harry avec un air songeur et un sourire. Il était plus ou moins revenu à la normale à présent, si ce n'était pour le léger rougissement sur ses pommettes et la fine couche de sueur sur son front.
Louis rigola. Il attrapa le coude de Harry comme s'ils étaient un de ces couples vieux-jeu en train de faire une promenade et il l'escorta jusqu'à la rue principale. Certaines boutiques étaient toujours ouvertes et quelques personnes passèrent à côté d'eux sur le trottoir, ne leur prêtant aucune attention. « Est-ce que tu crois qu'on sera toujours aussi ridicule quand on aura cinquante ans ? » demanda-t-il.
« Je m'attends à ce que tu sois toujours aussi idiot et exigent, oui. »
Louis donna un petit coup de hanche à Harry et le rapprocha contre lui. Il sentit un léger picotement à l'endroit où son nouveau tatouage se trouvait sur son poignet droit. Il baissa ses yeux vers lui en relevant la manche de son pull pour le regarder de plus près. Une clef de fa. Il mit sa main droite dans la gauche de Harry et ils sourient tous les deux. La clef de fa et la clef de sol.
Le chemin jusqu'à chez eux fut court et plein de contentement.
Harry se tenait devant son casier dans la salle du courrier un vendredi en début de soirée, en train de lire attentivement une toute nouvelle partition, lorsque Niall le frappa sur l'épaule. Il laissa échapper un cri manquant de dignité et sursauta légèrement en réponse.
« Désolé, mec, » dit Niall en rigolant avec un air désolé. « J'suis contente de te voir, cependant. Louis est dans ton ancien bureau à St. Luke's. Il m'a dit de te dire d'aller le rejoindre dès que tu peux. »
Harry grogna, mettant la nouvelle partition pour violoncelle dans son sac. « On va juste devoir faire à nouveau tout le chemin jusqu'à la station de métro, » grommela-t-il.
Niall haussa ses épaules, « Tu sais comment il est quand il... » Il fit semblant de se concentrer incroyablement bien, faisant un geste avec sa main comme s'il était en train d'écrire quelque chose. « Tu sais, quand il compose ou quoi. »
« Il aurait pu, tout simplement, m'envoyer un message, » fit remarquer Harry.
« Il a dit qu'il l'avait fait mais t'avais pas répondu... » marmonna Niall, attrapant une pile de courrier de son casier et fronçant ses sourcils à la note collée au sommet. « Putain. Margery retient le reste de mon courrier en otage dans son bureau... J'dois y aller. »
Harry sourit en soin et fit un hochement de tête en signe de salutation, amusé par le bras de fer continu entre Niall et la personne en charge du courrier. Il sortit son téléphone de sa veste pour regarder ses messages ; il était en silencieux depuis la répétition avec sa section cette après-midi et il avait oublié de remettre le vibreur.
Harold, où es-tu ? Je travaille dans ton ancien bureau...
Tu devrais aussi être là ;) ;)
Harry sentit un petit frisson d'excitation le parcourir juste à la vue des clins d'œil. Il rit de lui-même avant de rougir en se rendant compte que Louis avait utilisé Niall comme son émissaire pour ce qui équivalait à un appel pour un plan cul.
« Louis... » dit-il à haute voix avec un air réprimandeur, roulant des yeux avec affection et pressant un peu plus le pas pour sortir du Barbican.
Harry mordit sa lèvre pour réprimer un sourire alors qu'il se dirigeait vers la vieille église, plein d'amour pour son petit-ami. Ils fêteraient leur premier anniversaire le lendemain. Enfin, ça ferait un an demain depuis la première performance de Don Juan. Un an depuis la nuit où le barrage avait finalement cédé et Harry le comptait assurément comme étant leur date d'anniversaire. Ils n'en avaient pas explicitement parlé, mais il avait dit à Louis qu'il avait fait une réservation pour le dîner et Louis lui avait souri, ses petites rides aux coins des yeux apparaissant, puis il l'avait embrassé avec douceur et tendresse. Alors, Harry supposait qu'ils étaient sur la même longueur d'onde. Peut-être que c'était seulement la manière de Louis de commencer les festivités en avance. Harry n'avait aucun problème avec ça.
Son ventre se serra avec une excitation nerveuse lorsqu'il pensa au cadeau qu'il allait offrir à Louis. Il était arrivé par la poste depuis une semaine et il le trimbalait partout avec lui dans son sac, emballé joliment avec un ruban. En partie pour empêcher Louis de le trouver dans le loft mais, également, parce qu'il ressentait le besoin étrange de toujours l'avoir près de lui.
J'espère qu'il l'aimera, pensa Harry, alors qu'il entrait dans St. Luke's et traversait le Jerwood Hall, ses joues chauffant à la simple idée de Louis en train d'ouvrir son cadeau. Il roula des yeux. Il va l'adorer, espèce d'idiot ; il t'aime aussi.
Parfois, il avait encore besoin de se rappeler que tout ceci était réel, que Louis était à lui et qu'il était à Louis. De temps en temps, il avait cette envie irrésistible de toucher toutes les parties du corps de Louis – de serrer dans ses mains les muscles de ses cuisses, de sentir les os de ses chevilles, de passer un doigt le long des tendons de ses poignets, de pincer ses hanches – juste pour se rassurer de l'existence de Louis, de sa présence à ses côtés. Et le mieux, c'était qu'il était autorisé à le faire. Louis le taquinait impitoyablement sur le fait qu'il était totalement niais tout en étant indulgent avec tous ses caprices sentimentaux. C'était parfait.
Louis est le meilleur petit-ami de tout l'univers, pensa Harry d'un air suffisant, alors qu'il marchait rapidement dans les couloirs retirés. Il rigola de sa propre stupide absurdité. Quel soulagement que personne d'autre ne puisse entendre tes pensées, gros nul.
Son pouls accéléra agréablement quand il arriva devant la porte du bureau et prit une profonde respiration, reprenant ses esprits. Louis avait fait installer un piano droit quelques mois auparavant pour l'aider à composer, mais Harry n'entendit pas aucun son provenant de celui, ou d'un violon, à travers la porte. Il ne vit également aucune lumière filtrer par-dessous.
J'espère que je ne l'ai pas loupé, pensa-t-il alors qu'il levait une main pour toquer.
« Entre. » La voix de Louis traversa la porte, distante et faible, et Harry sourit de soulagement, baissant la poignée pour l'ouvrir.
« Je pensais peut-être que je – » puis les mots de Harry moururent dans sa gorge, parce que Louis n'était pas en train de travailler sur une composition et il n'avait définitivement pas fait venir Harry dans son ancien bureau pour une partie de jambe en l'air, chaude et nostalgique, pour fêter leur anniversaire avant de rentrer chez eux.
Louis était appuyé contre le bord du bureau avec ses pieds croisés au niveau de ses chevilles, tenant une petite boîte noire en velours dans une main. La seule lumière dans la pièce provenait des bougies qui scintillaient de chaque côté de Louis. Il y avait des pétales de fleur éparpillés partout. Louis avait retiré son pantalon en velours côtelé et son pull-over habituels pendant la journée, parce qu'à présent il portait une chemise blanche et un pantalon gris parfaitement ajusté. Il était incroyablement beau. La plus belle des choses étaient ses yeux, comme toujours. Ils brillaient comme des pierres précieuses dans la faible lumière, doux et débordants d'amour.
« Salut bébé, » dit doucement Louis, son amusement à la surprise de Harry était perceptible dans sa voix. « Pourquoi tu ne rentres pas totalement ? »
Harry hocha de la tête, les yeux écarquillés, son cœur battant à la chamade dans sa poitrine. Il déglutit lorsqu'il ferma la porte derrière lui, entrant entièrement dans la salle et posant son sac par terre.
« Comment s'est passé ta journée ? » demanda Louis. Harry n'était pas certain à cause de la lueur des bougies, mais il avait l'impression qu'il y avait peut-être déjà quelques larmes dans les yeux de son petit-ami.
« B-bien, » réussit à dire Harry avec la voix rauque. « Elle s'est bien passée. »
« La mienne aussi, » dit Louis. Il gloussa et battit des cils en regardant Harry avant de faire un geste vers le cadre romantique qui les entourait. « Je ne voulais pas allumer trop de bougies et déclencher les extincteurs automatiques ou quoi, mais je savais que je devais rendre cet endroit super romantique pour toi, alors... »
Harry pouffa de rire et essuya ses yeux avec une main nerveuse.
« Tu sais que je t'aime, hein, chéri ? » demanda Louis. Sa voix vacilla légèrement alors qu'il se redressait pour se tenir parfaitement droit et il fit un seul pas vers Harry.
Harry hocha de la tête, sa respiration coupée. Ses yeux se remplirent de larmes et de la joie se répandit à travers son corps à chaque battement de son cœur, toute sa nervosité se vivifiant en même temps.
Louis ferma la distance entre eux, posant sa main libre dans la nuque de Harry et la serrant lorsque Harry trembla au contact. « Je t'aime tellement. T-tu me donnes tellement, Harry. Tu me rends si – si fort, » chuchota Louis, secouant sa tête d'incrédulité.
Il se mit sur la pointe de ses pieds pour déposer un seul bisou prolongé sur le front de Harry puis il se laissa tomber avec un genou à terre.
« Louis, » laissa échapper Harry avec un rire mélangé à un sanglot, des larmes coulant le long de son visage. C'était comme s'il flottait plusieurs centimètres au-dessus du sol.
Louis rigola également, son propre visage humide. Il attrapa la main gauche de Harry et embrassa le tatouage sur son poignet avant de caresser l'encre noir avec son pouce.
« On est fort ensemble... et je veux passer le reste de ma vie avec toi, » souffla Louis, serrant les doigts de Harry, ses yeux brillant tellement lorsqu'il les leva vers lui, « mon beautiful, beautiful boy. Veux-tu m'épouser ? »
Harry prit une profonde respiration saccadée. D'étranges sensations parcoururent sa peau. Il se sentait encore plus léger maintenant, grisé, comme si l'amour grandissant en lui diminuait magiquement l'attirance qu'exerçait la gravité sur son corps et il était, littéralement, moins lourd en conséquence. « O-oui, s'il te plaît. S'il te plaît, » réussit-il finalement à crier. Son visage était complètement inondé de larmes, sa jambe gauche tremblant légèrement à cause du mélange d'endorphine et d'adrénaline dans son sang. « Bien sûr. Evidemment que je le veux. Oui. S'il te plaît, oui. »
Louis batailla avec l'écrin pendant quelques secondes, ses doigts lui désobéissant et glissant à cause du tremblement nerveux de ses mains. Harry laissa échapper un rire alors qu'il luttait.
« Oh oui, c'est hilarant, Hazza, » dit Louis avec un bruit de frustration lorsque la charnière de la boîte se referma encore une fois. « Après tout, je ne vais peut-être pas te donner la bague, hein ? T'y as déjà pensé ? »
Harry gloussa en réponse. « Non, Lewis, je n'y avais pas pensé. Parce que ça n'a aucune importance de toute façon ; on est quand même fiancé, maintenant, bague ou pas bague, » dit-il. De façon troublante, il se sentit encore plus étourdi après dit le mot « fiancé » à voix haute. « Pas de retour en arrière, cher monsieur. »
Fiancé à Louis Tomlinson. Harry Styles et Louis Tomlinson. Louis Tomlinson. Harry Styles-Tomlinson. Harry Tomlinson.
Harry tendit sa main, se sentant tellement étourdi qu'il ne put pas s'empêcher de glousser, « Mais, donne-la-moi, s'il te plaît. »
Louis fixait l'écrin du regard alors qu'il tentait sans succès de l'ouvrir et il releva sa tête vers Harry, souriant si largement que ça devait en être douloureux, ses épaules se secouant avec son rire silencieux. Il haussa ses sourcils, prit une profonde respiration puis, enfin, il réussit calmement à l'ouvrir. Il présenta son contenu à Harry avec un air exagérément triomphant sur le visage.
La bague était belle, un anneau élégant en argent, mais Harry arrivait à peine à la voir à travers son nouveau flot de larmes. Il rigolait et pleurait en même temps alors que Louis prenait l'initiative de la glisser à son doigt.
« Je t'aime tellement, Louis, » murmura Harry, complètement submergé par l'émotion. « Tellement – j-je – » il releva Louis sur ses pieds et le tira dans une étreinte intense, enfouissant son visage à la racine de ses cheveux et les sentant, inspirant son parfum riche et de propre. « Tellement. »
Louis fit un petit bruit de contentement, tout contre le torse de Harry et il entendit que ce dernier laissa échapper un soupir de joie en retour. Il se sentait si incroyablement heureux ; c'était comme si son cœur était un foutu ballon dans sa poitrine, gonflé à l'hélium et menaçant de les soulever hors du sol.
« Tellement, » chuchota à nouveau Harry dans l'oreille de Louis, le berçant d'avant en arrière. « Je n'arrive pas à croire... Tellement. Je t'aime tellement. »
Louis pencha la tête en arrière pour regarder Harry avec des yeux plein d'affection et ce dernier soupira puis déposa finalement un baiser sur sa bouche. C'était le baiser le plus pur, le plus beau et le plus doux de toute la vie de Harry. Le plaisir qu'il ressentit dans ce baiser commença au plus profond de son cœur et se dissipa à travers tout son corps, du bout de ses doigts à ses orteils, lui donnant l'impression de rayonner.
« Je t'aime aussi, » chuchota Louis lorsqu'ils se séparèrent pour reprendre leur respiration, puis il tira doucement sur les boucles de Harry. « Je t'aime et je vais t'épouser. On va se marier. »
Harry rigola à nouveau, des larmes coulant de ses yeux pour ce qui semblait être la centième fois depuis qu'il était arrivé à St. Luke's. Il passa ses mains de haut en bas dans le dos de Louis, savourant la sensation de solidité de son corps sous ses mains. Les muscles, les tendons et les os ; Louis était réel et Harry l'aimait. Tellement.
« Ce n'est pas juste, » dit-il doucement, sa voix étouffée par les cheveux de Louis.
« Quoi ? »
« Notre anniversaire est demain, » se plaignit Harry, donnant un coup de genou à Louis avant de le serrer encore plus contre lui. « Tu – tu m'as devancé. »
« Quoi, t'allais me demander en mariage, aussi ? » demanda Louis, son ton tinté de doute.
« Eh bien, non, » admit Harry et ils se mirent tous les deux à rire, « puisque t'avais dit que – »
« Je sais. Je sais, » l'interrompit Louis, rigolant toujours. « J'avais dit prem's. »
Ils avaient fréquemment parlé de leur futur pendant les neuf derniers mois et le mariage avait définitivement été une partie importante lors de ces discussions. Louis avait fait de très nombreuses allusions, pas si subtile que ça, qu'il voulait faire la demande, quand le moment arriverait. Ça avait totalement convenu à Harry.
« Tu ne t'y attendais pas du tout ? » demanda Louis, resserrant sa prise autour de la taille de Harry.
Harry haussa ses épaules. « J'sais pas... Je suppose que je pensais que tu le ferais peut-être demain... je l'espérais dans un genre de fantasme abstrait. » Ses joues devinrent légèrement roses en disant cela. Il se rendit compte qu'il avait laissé son regard se perdre au loin pendant les répétitions cette semaine, lorsque les violoncelles ne jouaient pas, et qu'il s'était imaginé Louis en train de le demander en mariage. Aucun de ces rêves éveillés n'avait été aussi merveilleux que la réalité, une demande simple, parfaite et ressemblant tellement à Louis. « J'ai un cadeau pour toi, cependant. »
« Ah ouais ? » dit Louis, s'appuyant en arrière dans les bras de Harry pour pouvoir lui sourire avec impatience.
Harry rigola. « Evidemment. »
Louis reposa sa tête contre le torse de Harry.
« Il est dans mon sac, » dit Harry.
Louis le poussa littéralement en arrière. « Eh bien, vas le chercher ! » exigea-t-il avec un soupir.
Harry roula ses yeux, désespérément charmé alors qu'il se penchait en avant pour sortir le petit paquet de sa sacoche.
« Ce n'est pas grand-chose... » dit-il en haussant ses épaules alors qu'il revenait vers lui, se sentant soudainement timide en lui tendant.
Louis lui lança un regard sceptique, haussant un sourcil avant de déchirer le papier avec lequel Harry l'avait si soigneusement emballé. (Le cadeau avait des bords arrondis alors ça n'avait pas été facile.)
Harry ne put pas empêcher son cœur de vibrer avec une excitation nerveuse alors que Louis fixait la petite boîte métallique circulaire dans la paume de sa main. Il retira doucement le couvercle, regardant attentivement le pain de colophane à l'intérieur, l'ambre brillant dans la douce lueur des bougies.
« Il y a – » commença Harry, mais Louis retournait déjà le couvercle, le tenant près d'une des flammes pour mieux voir l'inscription.
« A Louis, » lit-il dans un murmure étranglé. « Amour pour toujours, H... »
Harry gigota devant Louis, attendant qu'il relève les yeux du cadeau. Il y avait tellement de pensées et d'émotions en lui, il ne savait pas quoi dire, où commencer.
« Harry, » dit finalement Louis, levant le regard pour rencontrer enfin celui de Harry. Il y avait de nouvelles larmes sur son visage.
Harry rigola, pleurant à nouveau, soudainement un peu honteux de la profondeur de ses sentiments. « Je veux – » il se racla la gorge, « je veux aussi passer le reste de ma vie avec toi, Louis. Je veux être là. Je veux... je veux te soutenir – »
Mais Louis le coupa avec un autre baiser, ses doigts s'enfonçant à nouveau dans les boucles de Harry.
« Je sais, je sais, » murmura-t-il contre les lèvres de Harry. « Je t'appartiens. Je t'appartiens... Et tu m'appartiens. »
« Pour toujours, » chuchota Harry en réponse, étouffé par des bisous. L'ampleur de ce qui venait de se passer était encore en train de faire son chemin.
Louis hocha de la tête. « Pour toujours. »
Ils s'embrassèrent pendant plusieurs minutes et lorsque les choses commencèrent à s'enflammer, Harry acculant Louis contre le bureau et celui-ci brisa le baiser. Il laissa échapper un rire surpris et il secoua sa tête.
« Quoi ? » demanda Harry en souriant, ses yeux scrutant le visage de Louis pour trouver une réponse.
Louis grogna d'indignation, roulant tendrement ses yeux et faisant un geste vague vers les pétales de fleur et les bougies qui fondaient. « C'est juste que t'as réussi à être encore plus romantique que moi dans ma propre mise en scène romantique, espèce d'imbécile ! » Il secoua sa tête. « Venir à sa propre demande en mariage surprise avec une colophane de dévotion éternelle... Quelle audace, Styles ! »
Harry rit en haletant, des larmes de joie obscurcissant à nouveau sa vision alors qu'il secouait sa tête dans une protestation silencieuse. Il était tellement amoureux. Si foutrement chanceux.
« J'ai même dessiné des cœurs sur tous les tableaux ! Et je ne suis toujours pas à ton niveau, » grommela Louis.
Harry laissa échapper un éclat de rire. « Quoi ? » cria-t-il de joie. Il alluma les lumières, ayant besoin de voir ça. « T'as fait quoi ? »
Effectivement, Louis n'avait pas tenu compte des lignes de partition sur les tableaux et les deux surfaces étaient couvertes avec des cœurs de différentes tailles.
« C'est le meilleur moment de ma vie et il ne cesse de devenir encore meilleur, » dit joyeusement Harry. Il tapa dans ses mains comme un grand enfant alors qu'il assimilait tout ça. « T'es un gros niais, Louis Tomlinson. »
Louis sourit largement en l'observant. « Je m'ennuyais juste en t'attendant, » dit-il avec un haussement d'épaules.
« Oh, bien sûr, bien sûr, » dit Harry, tirant à nouveau le corps de Louis contre le sien. « Quelle était ta prochaine activité, dessiner des petits bonhommes se tenant la main ? »
Louis fit théâtralement la moue. Il enfonça deux de ses doigts dans les muscles du ventre de Harry. « Arrête d'essayer de prendre l'avantage sur moi avec tes idées romantiques, espèce de menace ! »
« Je ne ferais jamais ça, » chuchota tendrement Harry, baissant sa tête pour déposer ses lèvres sur celles de Louis. Il soupira de contentement dans le baiser et rigola une fois de plus. « Je pensais que tu m'attirais ici pour qu'on couche ensemble, quand j'ai vu tes messages. »
« Eh bien, » dit Louis en rigolant, ses yeux se plissant, plein d'amour et avec une pointe de désir. Il sauta pour s'asseoir sur le bureau et tira Harry entre ses jambes, attrapant ses fesses dans ses mains. « C'était le dénouement de mon plan... »
Louis était monté pour une raison précise, il en était persuadé. Il avait eu une idée bien définie lorsqu'il était sorti de la salle à manger et avait gravi l'escalier mais, à présent, il se tenait au milieu du couloir avec une main sur son front, essayant désespérément de se souvenir de quoi il s'agissait. Il poussa plusieurs grognements frustrés parce que retracer mentalement ses pas ne fonctionnait pas. Il était sur le point de reconnaître sa défaite et retourner en bas avec l'espoir que refaire, physiquement, ce qu'il avait fait précédemment rafraîchirait sa mémoire, lorsqu'il entendit la voix de Harry depuis l'autre côté du couloir.
« Lou ? » appela-t-il. « C'est toi ? »
Louis se dirigea vers le bureau de Harry, passant sa tête à travers la porte. « Oui. »
Harry rigola et se pencha en arrière dans sa vieille chaise pivotante. « Qu'est-ce que tu fais là ? J'entendais des grognements. Tout va bien ? »
Louis soupira, entrant à l'intérieur de la pièce. « Ouais, c'est juste que je n'arrive pas à me souvenir pourquoi je suis monté... »
Harry rit à nouveau. « Oh, trou de mémoire, c'est ça la vieillesse, hein ? »
Louis fit un petit bruit de déni. « Ça arrive à des personnes de tout âge, Harold ! »
Harry lui sourit, visiblement pas convaincu. Il haussa ses épaules en essayant de paraître nonchalant. « Eh bien, maintenant que t'es là... »
« Maintenant que je suis là... ? » dit Louis, retenant un sourire. Il savait ce qui allait venir.
« Tu veux bien venir derrière moi ? » demanda Harry, souriant d'une façon qu'il pensait de toute évidence être persuasive. Il se mit également à bouger sa tête en de petits cercles, ses cheveux effleurant son visage, pour pouvoir suggérer ce qu'il voulait.
« T'es incorrigible, » dit Louis avec un roulement d'yeux affectueux. « Je ne vais pas te masser le crâne, Styles. »
« Styles-Tomlinson, » le corrigea Harry, juste comme Louis savait qu'il le ferait. « Et allez, s'il te plaît, j'ai regardé ces foutus partitions toute la journée et j'ai un énorme mal de tête... »
Il fit légèrement la moue et même si Louis savait que Harry pensait, après presque vingt ans ensemble, qu'il la maîtrisait suffisamment pour le faire céder à chaque fois, c'était juste qu'il avait envie de faire exactement ça.
Il jeta un coup d'œil à sa montre. « D'accord, mais seulement cinq minutes, » dit-il, lançant un regard ferme à Harry. « Et aucune de tes demandes-exigences... »
Harry était l'image même de l'innocence, comme s'il était totalement inconscient du fait qu'il laissait échapper des requêtes du genre « Utilise tes doigts comme un peigne ! Le peigne ! » et « Tu peux faire mon cou ? Genre, juste là, nope – là. Oh. Oui ! Oui ! Là ! Les tempes, s'il te plaît, les tempes ! Parfait, » à la seconde où les mains de Louis étaient dans ses cheveux.
« Dix minutes ? » demanda-t-il, regardant Louis en battant des cils, ses yeux pleins d'espoir.
Louis ne put pas s'empêcher d'éclater de rire. « Ugh, bien. Bon Dieu, Hazza, t'es pire que Francie et Mikey. »
Harry rigola également. Frances et Mikey essayaient toujours de négocier pour jouer quinze minutes de plus à FIFA avant d'aller au lit. Il faillait reconnaître que Louis se laissait également facilement faire à ce sujet.
« Je t'aime, » murmura Harry, fermant ses yeux et penchant sa tête en arrière pour que le sommet effleure légèrement le ventre de Louis. Son visage se détendit dans une expression de bonheur lorsque Louis enfouit ses doigts dans ses cheveux. « Les meilleures mains au monde. »
« Ouais, ouais, » dit Louis. Il sourit et tira doucement sur les boucles de son mari avant de faire des cercles à la base de son crâne avec ses pouces. Harry soupira de plaisir, s'enfonçant dans la chaise.
« Sur quoi tu travailles ? » demanda Louis, regardant les partitions étalées devant Harry par-dessus son épaule.
« Le Holst, maintenant, » expliqua doucement Harry. « J'essaie de préparer mon programme pour l'Open Air... »
Louis soupira en réponse, déposant un baiser sur le sommet de la tête de Harry, par compassion pour son dur travail, et inspirant la légère odeur familière de lilas et d'agrumes. Tous les ans, à la fin du mois de mai, l'OSL donnait un concert gratuit à Trafalgar Square et Harry l'avait conduit lors des dernières années. Il passait toujours beaucoup de temps pour trouver des œuvres qui étaient intéressantes à jouer, qui plairaient au public et seraient hautement réussi sans l'acoustique d'une salle de concert.
Louis ressentit une grande fierté en pensant à la façon dont Harry aurait l'air superbe en conduisant l'orchestre sous les lumières tamisées et naturelles de l'extérieur, ses magnifiques cheveux flottant dans le vent. Il l'avait embrassé peut-être un peu plus longtemps que nécessaire après leur performance l'année dernière, au grand dam de leurs enfants.
« Où sont les enfants, en fait ? » demanda Harry, après quelques minutes, comme s'il lisait dans les pensées de Louis.
« Eh bien, n'es-tu pas chanceux que je garde un œil sur eux ! Je suppose que quelqu'un doit le faire, » le taquina Louis. Il glissa ses doigts à travers les cheveux foncés de Harry de façon répétitive alors qu'il parlait, savourant la sensation soyeuse contre sa peau et souriant au plus qu'occasionnels cheveux blancs qui scintillaient à la lumière. « La grande est actuellement au travail... »
« Je le savais, » marmonna Harry, laissant échapper un petit gémissement d'approbation lorsque les doigts de Louis appuyèrent à nouveau sur son crâne.
« Et Frances et Mikey sont dans le jardin en train de s'amuser avec ces gamins bizarres qui vivent à trois maisons d'ici, » continua-t-il.
« Les Omerniks, » lui fit savoir Harry, ses yeux toujours fermés.
« Ouais. Et Mira est chez les Horan en train de jouer avec Patrick, » dit Louis. Il retira une de ses mains des cheveux de Harry et mit son index en l'air à plusieurs reprises dans un geste ridicule de triomphe. « Aha ! Aha ! C'est pour ça que je suis venu en haut ! Niall m'a dit qu'il voulait bien me donner son avis sur une de mes nouvelles compositions donc je lui déposerai quand j'irai chercher Mira ! »
Il commença à s'éloigner mais Harry l'attrapa rapidement par le poignet, les yeux écarquillés. « Nooon, » geignit-il, « tu ne peux pas partir. Tu dois me prévenir deux minutes à l'avance quand tu arrêtes ! Ce sont les règles ; tu le sais. »
Louis grogna avec un amusement exaspéré.
« Désolé, » dit Harry, ne l'étant clairement pas. « C'est requis. Ce sont les règles et ce n'est pas moi qui les fais. »
Louis rit ouvertement cette fois-ci. « C'est définitivement toi qui les fais ! »
Harry rigola silencieusement avec lui et ses yeux se refermèrent. Ses fossettes se creusèrent profondément, le bonheur clair sur son visage. Louis roula des yeux à l'amour qui se répandit à travers son corps en le regardant. Comme s'il pouvait refuser quoi que ce soit à Harry.
« Bien, mais considère ça comme étant ton avertissement de deux minutes officiel, d'accord ? Gros bébé, » dit Louis, essayant de ne pas avoir l'air trop agacé lorsqu'il se réinstalla derrière son mari, traçant les sourcils de Harry avec le bout de ses doigts. « Tu me le revaudras... »
« Oh ? » dit Harry, satisfait. Il laissa apparaître un sourire effronté et passa une main derrière le siège pour serrer fermement une des fesses de Louis à travers son jogging. « On cherche à obtenir des faveurs sexuelles, hein ? »
Louis gloussa, tapant la main de Harry. Il haussa ses épaules. « Ça ne me dérangerait pas... »
Harry remua ses sourcils de façon suggestive sous les doigts de Louis et ce fut si ridicule et adorable que Louis fut forcé de l'embrasser à nouveau, cette fois en tournant le visage de Harry sur le côté avant de se pencher en avant pour sceller leurs lèvres.
Harry rigola dans le baiser avec une surprise étouffée, faisant pivoter la chaise pour pouvoir tirer Louis sur ses genoux et l'embrasser correctement, l'avertissement de deux minutes complètement oublié à présent.
« Oh mon Dieu. Mes yeux. »
Harry et Louis se séparèrent alors que la voix de leur fille de treize ans se dissipa rapidement depuis l'entrée de la pièce et dans le couloir. Ils se cognèrent le front et rigolèrent doucement en réponse.
« Ugh, dégueulasse, je vous entends rire, vous savez, » se plaignit Frances de derrière la porte. Louis pouvait très bien l'imaginer, une main couvrant son visage rouge tomate, consternée.
Il haussa un sourcil vers Harry, lui souriant en coin, toujours perché sur ses genoux. « Qu'est-ce que tu voulais, Francie ? » demanda-t-il, tentant en vain de dissimuler son amusement face à son malaise.
Elle grogna. « Oh mon Dieu, t'es tellement embarrassant... » Elle donna quelques coups dans la porte pour exprimer son agacement puis elle continua docilement. « Je voulais juste demander à Papa ce qu'il faisait pour le dîner... »
« Des fajitas, » dit Harry en se raclant sa gorge.
« Est-ce que Beth et Ben peuvent rester ? » demanda-t-elle.
« Oui, c'est bon. Je suis sûr qu'il y en aura assez, » répondit-il.
« D'ac, merci. » Puis elle redescendit les escaliers et retourna probablement dehors.
Louis sourit radieusement à Harry alors que son mari éclatait à nouveau de rire après le départ de Francie, ses joues rouges.
Leurs enfants se plaignaient toujours du fait qu'ils étaient affreusement démonstratifs, faisant occasionnellement des bruits de régurgitation quand ils se tenaient la main, se couvrant toujours les yeux et les oreilles quand Harry et Louis s'embrassaient. Parfois, Harry leur faisait remarquer que, lorsqu'ils seraient eux-mêmes des adultes, ils seraient ravis que des vieux schnocks comme leurs parents avaient toujours envie de s'embrasser, mais ils le niaient toujours avec véhémence. Louis savait que, au plus profond d'eux, ils en étaient déjà heureux.
Lui et Harry étaient rentrés tard à la maison après une répétition quelques semaines auparavant et ils s'étaient tenus dans le couloir à écouter Lydia, leur aînée, mettre sa petite sœur au lit. Elle avait expliqué à Mira ce que signifiait le fait que leurs voisins, les Smiths, divorçaient et que Mme Smith se remariait. Elles avaient parlé de Mamie Anne et Papi Des et Lydia lui avait expliqué que Papi Robin était en fait le beau-père de Harry, mais que ça n'avait aucune influence que la quantité d'amour qu'ils avaient pour Harry et Tata Gemma.
« J'aime beaucoup Papi Robin, » avait chuchoté Mira. « Mais – mais, ça ne va pas arriver à Papou et Papa, hein ? » Elle était un peu à bout de souffle, l'inquiétude teintant sa voix.
Lydia avait ri doucement. « Non, Mir-Mir. Bon Dieu, non... Papou et Papa se disputent peut-être de temps en temps, mais ils s'aiment. Ils s'aiment beaucoup et personne ne va nulle part. » Elle s'arrêta pendant une seconde et quand elle reprit, sa voix était étouffée et teinté d'un émerveillement. « On est une famille heureuse, Mira... On est très chanceux. Tu n'as pas à t'inquiéter. Et, même si quelque chose arrivait, ce qui ne se produira pas, personne ne va arrêter de t'aimer. Pas moi, ni Papa, ni Papou, ni Francie, ni Mikey. Jamais, d'accord ? Tu auras toujours une famille, quoi qu'il arrive. »
Louis n'avait pas du tout été surpris de voir les yeux de Harry briller d'amour lorsqu'ils passèrent dans le couloir menant à leur chambre ; il savait que les siens avaient été tout aussi brillants. Il avait laissé son mari le tirer dans une grosse étreinte dès qu'ils eurent fermé la porte de leur chambre, le serrant fermement. Puis Harry lui avait souri, sa voix emplie de joie et de fierté. « On fait du bon boulot, Lou. » Il avait secoué sa tête, incrédule, la profondeur de leur bonheur apparent. « On a élevé de bons enfants. Je vous aime tous. Je t'aime tellement. »
Louis avait cligné des yeux, ayant l'impression d'irradier de joie, tout d'un coup complètement submergé par l'intensité de ses émotions. Il avait l'habitude de montrer à quel point il aimait leurs enfants et leur famille. Il ouvrait ses bras en grand dans la cuisine quand tout le monde s'asseyait pour dîner et disait, « Salut, ma chère famille formidable ! Mangeons. » Ou il se tenait en bas des escaliers et criait aux enfants dans leur chambre avec un enthousiasme théâtral, « Descendez, tout de suite, mes enfants ! Descendez et regardons la télé tous ensemble comme une vraie famille, aucune excuse ne sera acceptée ! » Il déposait de gros bisous baveux sur leurs fronts, les prenait dans ses bras et leur disait qu'il les aimait, individuellement, chaque jour. Il le pensait réellement et ils savaient tous que c'était le cas. Mais il y avait quelque chose dans le fait d'en parler de cette façon avec Harry, si sérieusement, que c'était particulièrement spécial et émouvant pour lui. Ça le terrassait totalement à chaque fois qu'ils le faisaient. Louis se rendait toujours compte, dans ces moments-là, que la famille que lui et Harry avaient construit ensemble, l'amour qu'ils partageaient, c'était la plus grande réussite de sa vie et le plus précieux des ses cadeaux. C'était la chose dont il était le plus fier et le plus reconnaissant. Peu importe combien de fois il le disait, ou même avec quelle force, il ne serait jamais capable d'exprimer pleinement l'ampleur de son amour pour eux. Il y en aurait toujours d'avantage en lui ; Louis aimerait toujours ses enfants plus qu'il ne pourrait l'exprimer.
« J'aime notre famille, Harry, » souffla-t-il, s'affalant contre le corps chaud et robuste de Harry, le cœur débordant d'amour. « Je l'aime tellement. Le plus. Le plus. »
Harry le tenait fermement, murmurant à son oreille qu'il était d'accord avec lui.
« Des fajitas, hein ? » demanda Louis, embrassant Harry une fois de plus sur les lèvres avant de descendre de ses genoux.
« Mhmm, » dit Harry. « Le plat préféré de la famille. »
« J'vais aller chercher Mir chez Niall, puis on t'aidera à mettre la table quand on revient ? »
« D'accord, » dit Harry, ses beaux yeux pétillant.
« Je t'aime, Lou, » cria-il lorsque Louis quitta son bureau et se dirigea vers les escaliers. « N'oublie pas ta compo' ! »
« Merci ! » répondit Louis en criant, faisant demi-tour et allant dans leur chambre pour prendre son nouveau concerto pour violon qui se trouvait sur leur table de nuit. Il l'avait déjà totalement oublié. « Je t'aime aussi ! »
Louis savait que quand il reviendrait Harry serait en train de fredonner en rythme avec sa playlist toujours plus longue des Classiques Oubliés du R&B Américains alors qu'il s'affairait dans la cuisine, son tablier autour du cou et préparant le dîner. Lydia serait rentrée du travail et tous les enfants feraient des aller-retours dans la pièce, volant des morceaux de poivrons verts sur la planche à découper et poussant Harry à les taper avec bonhomie. Puis ils s'asseyaient tous pour dîner, Beth et Ben Omernik également. Louis regarderait Harry de l'autre côté de la table et il saurait avec certitude qu'il n'y avait rien que Harry aimait plus qu'avoir un foyer chaleureux et accueillant, toute sa famille réunie un samedi soir. Et Louis ressentirait exactement la même chose.
Harry se tenait près de l'évier en attendant que l'eau dans la bouilloire soit chaude et regardant, par la fenêtre de la cuisine, la nuée de petits-enfants jouant dans le jardin. Lui et Louis avait invité une partie d'entre eux à venir passer le weekend avec eux, ceux qui n'était pas assez âgés pour aller à l'université ou avoir un petit boulot, ceux qui pouvaient supporter d'être loin de leurs amis pendant plus de vingt-quatre heures. Alors, il y en avait de moins en moins ces temps-ci.
Actuellement, leurs petits-enfants présents étaient en train de détruire joyeusement la pile de feuilles mortes qu'ils avaient passé l'après-midi à ratisser. Harry était heureux de voir qu'ils avaient laissé Duncan jouer le rôle de Godzilla, même s'il était le plus jeune. C'était peut-être même à cause de ça.
Harry laissa échapper un petit rire, en pensant à ce qu'il s'était passé plus tôt, quand une dispute plutôt violente avait éclaté entre Duncan et Emily. Elle s'était exclamée en disant que c'était un « idiot et une machine à morve » qui devait rester à au moins deux mètres d'elle, et il avait répliqué en pleurant et en lui disant qu'elle était tellement autoritaire qu'il n'avait, de toute façon, pas envie de venir près d'elle. Puis, il y avait quelques petites bousculades et beaucoup de coups de pied dans le vide de la part de Duncan.
Louis avait employé sa technique disciplinaire la plus précieuse pour désamorcer la situation.
« Emily. Dunky. Je veux que vous vous mettiez tous les deux face à face, s'il vous plaît, » avait-il dit, posant une main, petite mais ferme, sur l'épaule de chaque enfant et les mit dans la position souhaitée. « Bien, d'accord. Et mettez vos bras autour de l'autre. Bien. Maintenant, regardez-vous droit dans les yeux. Pas de triche ! Ne détournez pas vos yeux... D'accord, et dites-vous que vous vous aimez... Dites-le. 'Je t'aime.' J'attends, » avait-il donné les instructions, alors que Harry les regardait depuis la terrasse. « Et vous devez réellement le penser... Droit dans les yeux. Vous ne pouvez pas me berner, je le saurai. »
Harry n'avait pas été capable de voir son visage, mais il savait que les yeux de Louis avait dû pétiller et qu'il avait probablement tenté, en vain, de réprimer un sourire.
Les enfants avaient résisté pendant aussi longtemps que possible, geignant « Papiii » et tortillant leurs petits corps pour l'éviter. Evidemment, dès qu'ils avaient abandonné et s'étaient regardé directement, ils avaient immédiatement éclaté de rire, unis dans leur malaise et, également, leur contrariété envers leur grand-père d'avoir demandé quelque chose d'aussi monumentalement difficile et scandaleux. Louis avait utilisé la même méthode avec leurs propres enfants, des années auparavant, et ils l'avaient tout autant détestée.
Harry rigola à nouveau, secouant sa tête alors qu'il se dirigeait vers la bouilloire sifflante. Il éteignit le feu et se mit à préparer une tasse à Louis, plongeant le sachet de thé plusieurs fois mais le laissant dedans comme Louis le préférait.
Louis était dans le salon à présent, blotti sous un plaid dans son fauteuil préféré près de la cheminée. Il n'avait pas tenu très longtemps à l'extérieur. Il y avait un froid humide dans l'air qui se glissait sous de multiples couches de vêtement et, ces derniers temps, Louis était devenu plus sensible à ce genre de chose. La vérité était qu'il avait un peu levé le pied depuis qu'il avait eu quatre-vingt-trois ans, le Noël dernier. Il se fatiguait un peu plus rapidement, il n'arrivait plus à se déplacer aussi facilement et il avait moins d'appétit.
Harry commençait également à le ressentir récemment. Il y avait une fatigue profonde dans ses os qui ne le quittait jamais complètement. L'autre jour, il avait momentanément été distrait par un coup d'œil jeté dans un miroir – il n'avait pas reconnu l'affaissement de plus en plus prononcé de ses épaules dans son propre reflet.
Il semblait toujours y avoir un nouveau signe que le soleil commençait réellement à se coucher. Un nouveau signe qu'ils étaient réellement vieux. Ils avaient tous les deux fini par l'accepter.
Louis était tombé sur ce dont il faisait référence comme étant une « devise pour les octogénaires, » la défendant joyeusement face à Harry, et n'importe qui l'écoutant, dès qu'il pouvait : Ne jamais faire confiance à un pet. Ne jamais refuser un verre. Ne jamais ignorer une érection.
Le scintillement malicieux dans les yeux de Louis à chaque fois qu'il la disait dansa dans l'esprit de Harry alors qu'il réchauffait ses mains avec la tasse, passant la porte menant au salon. Il sourit en voyant Louis, paraissant tout petit dans le fauteuil surdimensionné, ses pieds surélevés par un pouf. Même après toutes ces années, Harry aimait toujours regarder son mari, surtout quand il n'était pas conscient qu'il était observé.
Louis regardait la partition sur ses genoux à travers ses lunettes à double foyer, avec cette façon vaguement aristocratique qu'il avait toujours eu. De temps en temps, il tournait la page avec un mouvement rapidement du poignet puis il repoussait de façon absente les cheveux blancs retombant sur son front, ajustant ses lunettes sur son nez et murmurant pour lui-même en tapant son crayon contre ses lèvres. Louis n'avait plus l'endurance (ni les articulations) pour de longues sessions de répétition avec son violon, mais il composait toujours, son esprit toujours aussi vif.
Harry se racla la gorge. « Livraison, chéri, » dit-il, sa voix légèrement taquine.
La tête de Louis se releva brusquement pour le regarder, un doux sourire étirant ses lèvres. Il roula des yeux et grogna de façon affectueuse, descendant ses jambes du repose-pieds et se redressant dans le fauteuil. « Il t'en a fallu du temps. »
Harry rigola et s'asseyant en face de lui sur le pouf, tendant le thé.
« Merci, mon amour, » chuchota Louis, ajustant les papiers sur ses genoux et lui prenant la tasse. Il but une gorgée avec hésitation, testant la chaleur et le goût. « Les enfants sont toujours dehors ? »
Harry hocha de la tête. La manche du pullover de Louis s'était légèrement relevée lorsqu'il avait attrapé le thé, exposant son tatouage estompé de la clef de fa. Harry sourit pour lui-même, posant sa main sur sa propre clef de sol dans un geste qui était devenu une habitude inconsciente.
« Encore environ une demi-heure ? » demanda Louis, submergeant le sachet de thé à plusieurs reprises alors qu'il parlait.
Harry hocha à nouveau de la tête, ses sourcils froncés avec une légère inquiétude. « Tu veux faire une sieste ? »
Louis plissa son visage, roulant encore des yeux et secouant sa tête. Il prit une autre gorgée de thé puis posa la soucoupe et la tasse sur la petite table à côté de lui.
« Nan, ça va. Tu vas venir t'asseoir avec moi ? » demanda-t-il, souriant à Harry, la peau aux coins de ses yeux se froissant pour former de profondes rides. Il se décala sur un côté, rassemblant ses papiers alors qu'il créait un espace à côté de lui dans le fauteuil, qui était beaucoup trop petit pour que Harry puisse réellement s'asseoir dedans. Il fit un geste vers la bûche enflammée dans la cheminée. « J'ai réussi à l'allumer tout seul, tu vois ? C'est très cozy par ici... »
Harry rigola de façon affectueuse, secouant sa tête. « Je veux commencer le dîner avant qu'ils ne rentrent. »
« Ah, d'accord, » dit Louis à contrecœur. Il tira sur le bras de Harry pour qu'il se penche en avant pour pouvoir déposer un baiser sur sa joue. « Eh bien, encore merci pour le thé, mon beautiful, beautiful boy. »
« De rien, » dit doucement Harry, son amour pour Louis lui réchauffant le cœur. Parfois, ça le prenait au dépourvu à quel point cette simple phrase arrivait toujours à le remplir de plaisir, arrivait toujours à envoyer un frisson de satisfaction le long de sa colonne vertébrale.
Ce fut juste après ça, lorsqu'il retournait dans la cuisine, qu'il entendit la voix d'Oscar résonnait dans le salon.
« Beautiful boy ? » demanda-t-il et Harry s'arrêta net, prenant le temps d'écouter. Il avait complètement oublié qu'Oscar avait refusé de sortir dehors parce qu'il voulait jouer avec ses blocs à l'intérieur. Il s'était probablement réfugié dans un petit coin derrière le canapé pendant des heures, se divertissant. « Pourquoi t'appelles Papi beautiful boy ? Ce n'est plus un garçon ! Il est trop vieux ! »
Harry dut se couvrir la bouche pour empêcher un rire de sortir. Oscar avait neuf ans et était pointilleux sur tous les sujets. Rien que ce matin, il avait fait lister à Harry tous ses petits-enfants aussi vite que possible, du plus âgé au plus jeune, disant que c'était un « test de mémoire pour grand-père ». Il l'avait fini par le reprendre en lui disant qu'il essayait de gagner du temps, quand Harry n'arriva pas à se souvenir lequel des jumeaux étaient le plus vieux, David ou Daniel.
Louis ne se retint absolument pas de rire ; il gloussait et dans l'esprit de Harry, sa tête était rejetée en arrière, ses yeux complètement plissés d'amusement.
« Oh, viens là Oskie et je vais te raconter une histoire, » dit-il, après avoir finalement cessé de rigoler. « Attends. Attends. Attrape cet album photo sur le chemin – nope. Oui, celui-ci. »
Harry écouta avec un petit sourire, ses doigts toujours sur ses lèvres alors qu'il entendait Oscar grimpait sur le fauteuil avec Louis, ce dernier grognant doucement lorsqu'il s'installa à côté de lui.
« Beautiful boy est un terme d'affection, » expliqua Louis. « Est-ce que tu sais ce que ça veut dire ? »
Oscar fit un son évasif et Louis gloussa à nouveau.
« C'est juste une façon spéciale de faire référence aux personnes que tu aimes, pour leur faire savoir qu'ils comptent pour toi. Comme lorsque j'appelle toi ou ta sœur 'mon amour' ou 'chéri'... Ce genre de chose, » dit Louis en riant. « Ou ta maman, elle appelle ton papa 'bébé' parfois, n'est-ce pas ? »
Harry supposa que Oscar hocha de la tête.
« Mais ce n'est pas un bébé, hein ? » demanda Louis.
« Non... » dit Oscar. « C'est un adulte. » Il sembla gêné de devoir discuter de quelque chose en rapport avec le fait que ses parents étaient amoureux mais son scepticisme sembla, également, se dissiper.
« Exactement, » continua Louis. « Maintenant, ton grand-père n'est plus un garçon depuis longtemps, mais je l'appelle quand même comme ça de temps en temps. C'est un surnom affectueux que j'utilise exclusivement pour lui... parce que je l'aime beaucoup, plus que n'importe qui d'autre, et je veux qu'il le sache. Tu comprends ? »
Oscar fit un petit soupir pour montrer sa compréhension et Harry sourit, son cœur se gonflant dans sa poitrine.
« Ça a une signification spéciale pour moi, » murmura Louis.
Pour nous, pensa Harry, secouant sa tête pour lui-même alors qu'il essuyait une larme sous son œil. Il entendit Louis caresser la couverture en cuir de l'album photo qu'il avait demandé à Oscar de lui apporter. Harry savait lequel ça devait être. Leurs enfants l'avait spécialement fait pour le vingt-cinquième anniversaire de Harry et Louis, des années et des années auparavant. Il était plein de magnifiques photos de leur mariage et des premières années qui avaient suivi.
« Alors, tu veux regarder quelques photos de nous quand on était plus jeune ? » demanda Louis. « Papi n'est pas non plus un garçon sur ces photos, mais il était très beau... »
Ce fut silencieux pendant un moment.
« La bonne réponse est oui, petit monstre, » dit Louis avec une grosse voix et Harry entendit Oscar se mettre à glousser à force d'être chatouillé.
« D'accord, d'accord, » céda Oscar, haletant joyeusement. « Je veux voir. Je veux voir. »
« Bien, » dit Louis, et Harry entendit les anneaux de l'album craquer quand Louis l'ouvrit.
« C'est quand vous vous êtes mariés ? » demanda Oscar.
« Mhmm, » souffla Louis, heureux.
Harry pouvait clairement voir chaque photo dans sa tête alors que Louis tournait doucement les pages, chuchotant des commentaires pour Oscar en même temps. Une photo en noir et blanc de Louis glissant une bague au doigt de Harry, ses cils projetant des ombres sur pommettes alors que son regard était baissé vers leurs mains entrelacées. Eux deux s'embrassant à la fin de la cérémonie, la main de Harry sur la hanche de Louis, ce dernier tenant en coupe son visage. Harry souriant à l'appareil photo, ses yeux si brillants, du gâteau écrasé autour de sa bouche, Louis rigolant en arrière-plan. Leur première danse, Louis dans les bras de Harry, lui souriant, tous les deux si heureux. Et puis.
« Qui est-ce, Papi ? » demanda Oscar et le souffle de Harry se coupa avant de laisser échapper un petit rire. Il sut tout de suite de quelle photo il était question, se souvenant laquelle était la prochaine. C'était une photo d'un fameux moment lors de leur mariage, un souvenir auquel ils avaient ri pendant des années. Après que le groupe jouant en live eut terminé et alors que la fête battait son plein, Niall et Gladys avait dansé ensemble sur « Shout » de The Isley Brothers, offrant un véritable spectacle. Juste au moment le plus puissant de la chanson, au milieu d'un saut (une façon de se pavaner) ridicule et totalement dévoué sur la piste de danse, Niall avait glissé à cause des semelles de ses chaussures et était tombé à plat sur son dos. Gladys avait continué de danser autour de lui, ses bras levés au-dessus de sa tête, ressemblant à une sorte d'oiseau aquatique glamour avec une cravate noire et rigolant comme une folle. Niall s'était recroquevillé en une boule de joie hystérique impuissante sur le sol.
« C'est ton grand-oncle Niall... » expliqua Louis, sa voix un peu serrée, « et Gladys Howard, une des femmes les plus extraordinaires que j'ai connu... »
Harry soupira, tremblant, s'appuyant contre la porte. Gladys était décédée depuis presque trois décennies, paisiblement dans son sommeil, mais il lui semblait parfois que sa danse avec Niall, lors de leur mariage, remontait à la vieille, si vivante qu'il avait l'impression qu'elle serait éternelle. Harry laissa échapper un rire et quelques larmes coulèrent en même temps sur ses joues. Il pouvait presque sentir le parfum Shalimar.
Il essuya les larmes avec le dos de sa main, pensant à quelque chose que Niall avait récemment dit en buvant une bière, à propos du fait que la fréquence des enterrements devenait un peu comme celle des mariages lorsqu'ils avaient une trentaine d'année – un presque chaque semaine.
C'était vrai, évidemment. Plus lui et Louis vivaient, plus ils auraient de personnes à ajouter à la liste de ceux qu'ils venaient de perdre. Harry se surprenait parfois à penser qu'il devrait, peut-être, s'y être légèrement habitué à présent, que la sagesse et l'expérience allant avec son grand âge devraient lui permettre d'être moins vulnérable à la tristesse ressentie par ce genre de chose. En réalité, pour lui, c'était exactement le contraire. Ce n'était pas seulement les coups durs qui le frappaient avec plus de force au fur et à mesure que la vie avançait, c'était également les bons moments. Chaque premier récital de danse, chaque remise de diplôme, chaque petit-enfant avec un béguin pas réciproque. Chaque nouveau bébé. Chaque mauvais pronostic. Les moments de joie et les moments de tristesse, petits ou grands ; Harry les ressentait tous si puissamment. Tout. Comme si en vieillissant, la vie semblait faire de son cœur une source d'émotion de plus en plus inépuisable et, par conséquent, il pleurait de plus en plus souvent.
Et Louis était toujours là, gloussant doucement et affectueusement à chaque fois que ça arrivait. Il tendait un mouchoir en papier à Harry avec des yeux chaleureux et compréhensif et lui suggérait de penser à se procurer un mouchoir de poche un de ces jours, sa petite main ferme dans la nuque de Harry.
C'était en grande partie à cause de ça, Harry le savait. Avoir Louis à ses côtés pendant toutes ces années, le soutenant et l'aimant inconditionnellement, lui avait offert le luxe de garder son cœur grand ouvert sur le monde. Il était bigrement chanceux, tellement riche de confiance et d'amour que son empathie n'avait fait que grandir au fur et à mesure qu'il prenait de l'âge. La vie n'avait pas toujours été facile mais, dans ces moments-là, quand Harry avait la possibilité de se poser pour penser, il était stupéfait de constater à quel point c'était et ça avait été incroyable, de traverser tout ceci ensemble.
Il essaya de se ressaisir un peu pour pouvoir finalement commencer à préparer le dîner quand il entendit Louis dire, « Oskie ! C'est Tata Lydia, le jour où on l'a ramené à la maison en sortant de l'hôpital ! Regarde comme elle est petite... » puis Harry sut que c'était une cause perdue.
Il se retourna et ouvrit la porte, entrant doucement dans la pièce et souriant à Louis et Oscar avec les larmes aux yeux. Louis releva sa tête en entendant la porte se fermer derrière lui.
« Oh, mon cœur, » dit-il en riant, ses propres yeux légèrement humides derrière ses lunettes. « Viens là. »
Harry les rejoint. Il se mit derrière le fauteuil avec une main sur l'épaule de Louis, regardant l'album photo avec eux. Il donna ses propres détails sur les photos alors que Louis continuait à tourner les pages. Le goût du gâteau lors du premier anniversaire de Lydia, leur corgi Alfred et sa peur des orages, la maison sur Vernon Avenue avec la tuyauterie qui faisait du bruit.
Les autres enfants rentrèrent à l'intérieur dans la demi-heure qui suivit, marchant d'un pas lourd dans le salon avec l'air froid et l'odeur des feuilles mortes sur leurs vêtements. Ils réclamèrent presque immédiatement leur propre album photo. Ils finirent par s'étaler dans toute la pièce, calés dans le canapé ou couchés sur le ventre par terre, avec tous les albums photos que Harry avait insisté pour constituer au cours des cinquante dernières années. Les enfants se les passèrent entre eux et posèrent des tas de questions alors que Harry parcourait la pièce pour leur répondre. Le dîner était complètement oubli pour le moment.
« Tu vois, Oscar ? » dit doucement Louis, environ une heure et trois albums photo plus tard. Ils étaient toujours assis l'un à côté de l'autre sur le fauteuil et il ébouriffa les cheveux bruns du garçon, relevant sa tête pour croiser les yeux de Harry de l'autre côté de la pièce tout en parlant. « On a vécu une merveilleuse vie ensemble, ton grand-père et moi... Il sera toujours mon beautiful boy. »
Fin.
Notes:
Le tatouage de Louis : la clef de fa, elle est affectée aux instruments graves dont le violoncelles
Le tatouage de Harry : la clef de sol, elle est affectée aux sons et instruments aigus dont le violon
La devise pour les octogénaires de Louis, ainsi que l'inspiration de la dernière scène, vient d'un article que Roger Angell a écrit pour le New Yorker sur la vieillesse. Angell attribue la devise à Walter Cronkite. Il y a également une phrase similaire utilisée dans le film Sans Plus Attendre, mais les autrices préfèrent la version se trouvant dans la fiction.
Le concept de l'Installation Romantique, c'est quelque chose que les autrices adorent à cause de la grosse obsession qu'elles ont pour le couple Christian/Olli dans le soap opera allemand Verbotene Liebe. Les personnages de la série expriment toujours leur amour pour quelqu'un en décorant une pièce avec des trucs romantiques partout et, ensuite, il invite la personne faisant l'objet de leur affection à l'intérieur. (et petite anecdote, une des autrices de la fiction a demandé en mariage son mari avec une de ces installations)
Voilà, voilà. Merci à tou-te-s d'avoir lu cette traduction. Love Is A Rebellious Bird est l'une de mes fictions préférées et j'espère lui avoir fait honneur avec ma traduction.
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