LORE-Youna
Une brise à la fois légère et chaude vient me caresser la joue, afin de voir et de comprendre pourquoi le vent est parvenu jusqu'à moi j'ouvre mes yeux d'un bleu cristallin sur ma fenêtre. Je me vois obligée de les refermer rapidement et de m'efforcer de les rouvrir à cause de la lumière du jour, j'ai également quelques mèches de mes cheveux bruns dans la bouche que je retire de la main.
-Youna ! Dépêche-toi de te lever, tu as cours aujourd'hui ! m'appelle ma mère au rez-de-chaussée.
Comprenant que j'étais en retard, je me lève en quatrième vitesse et me précipite dans la salle de bain pour prendre une douche expresse et me changer pour l'école. Je me dépêche de prendre mon petit-déjeuner, prend mon sac sur mon épaule, mets mes chaussures dans le hall, salut la photo de ma grand-mère sur le meuble puis me précipite dans la rue.
Ma mère et moi vivons seules dans une maison en banlieue de la ville de Dokkanze, cette ville même qui s'était retrouvée être détruite par une attaque terroriste cinquante ans auparavant. Mon père a quitté maman lorsqu'il a appris qu'elle était enceinte de moi et qu'elle risquait de vivre un accouchement difficile, ne supportant pas le risque de la perdre, qu'il lui avait dit. On vivait exactement dans la même maison que celle où ma mère a échappé à l'explosion lorsqu'elle avait le même âge que moi, soit quinze ans. Sa mère à elle n'y avait pas survécu et elle s'est retrouvée avec un jeune homme qui s'était retrouvé lui aussi sur le champ de ruines, elle est tombée amoureuse de lui et c'est ainsi que ma mère est née une vingtaine d'années après la catastrophe. La seule photo qu'on a d'elle est une photo de son adolescence, une photo d'elle, de sa meilleure amie et de mon grand-père. Elle, aux cheveux longs ondulés et blonds et les mêmes yeux que moi, son amie Léa, rousse aux cheveux en une tresse remontée sur son épaule et aux yeux marrons, puis Yuko mon grand-père, brun en bataille avec des yeux noirs et fins. Ils semblaient heureux tous les trois mais ma mère m'a affirmé qu'ils avaient vécu des aventures périlleuses à cette époque. Par ailleurs, ma grand-mère, Nora, portait des marques étranges sur les joues, des marques mauves sous la forme de deux tracés épais sur chacune de ses joues. Moi aussi, contrairement à ma mère, j'en possédais mas elles étaient rouges et n'étaient qu'un seul trait et beaucoup plus fin.
Je viens d'arriver au lycée, légèrement en retard puisque la sonnerie vient de se faire entendre. Mon amie m'attends, assise sur sa table, voisine à la mienne, tous les autres de notre classe traînent dans la salle ou dans le couloir près de la porte, attendant l'arrivée du prof.
-'lut Youna. Ça va ?
-B'jour... Toujours fatiguée, j'ai encore failli louper l'heure sur mon réveil.
-Hé ! Quat'zyeux !
Un garçon de notre classe s'approche de nous, m'interpellant toujours avec ce même mot qu'il considère comme une insulte à mon égard. Il pensait m'appeler l'indienne en début d'année mais il a très vite abandonné en voyant que mes marques ne me complexaient pas. Quat'zyeux ne me fait rien non plus mais il a pris l'habitude d'appeler ainsi toutes les personnes portant des lunettes, j'avais fait exprès de prendre une monture fine en métal pour ne pas trop caché mon visage, m'empêchant ainsi de me sentir complexée par leur port.
-Qu'est-ce qu'il y a ?
-Tu pourras nous rejoindre au gymnase ce soir ? Il nous manque quelqu'un pour être un nombre suffisant et on m'a dit que tu étais agile.
-T'es pas gonflé ! Tu n'arrêtes pas de lui donner des surnoms débiles et tu veux qu'elle t'aide pour quelque chose qui ne regarde que vous ?!
-Laisse, Serena. Tu t'es encore mis à dos des élèves de l'autre lycée ? Je veux bien venir mais je serais essentiellement spectatrice et je ne ferais qu'esquiver si on m'attaque.
-C'est juste ce qu'il faut. Merci.
-Tu es sûre de toi ? J'ai l'impression que tu es de plus en plus fatiguée alors que tu ne veilles même pas tard.
-C'est bon Serena. Si je n'ai qu'à esquiver, mon corps saura être au taquet.
Lorsque le soir vint, je me rendis au gymnase du lycée encore ouvert juste après avoir mangé. Lui et ses amis étaient déjà là avec également un groupe d'une dizaine de garçons de l'autre lycée de la ville.
-C'est une blague ! Ton dernier équipier est une fille ! Tu me déçois Kota. se moqua le leader de l'autre groupe. Les gars, vous retenez pas juste parque c'est une fille, si ses lunettes se brisent elle sera également la seule fautive. On commence quand tu veux !
Kota s'avança vers moi et me précisa qu'il s'agissait d'un match de balle au prisonnier, type match à mort, sans limite de temps car un professeur devait nous surveiller le temps de notre présence. Les deux leaders levèrent la main et l'arbitre, également élève, siffla et lança la balle aussi haut qu'il le pu.
-Visez la gamine en priorité !
Cet ordre retentit dans le gymnase du côté adverse, je trouvais ça aberrant de me choisir en cible alors que je n'étais pas un danger pour eux. J'eus à peine le temps de voir l'un des adversaires attraper le ballon dans les airs, me regarder, puis le noir. Des voix sourdes, des courants d'airs multiples autour de moi, une douleur à la fois dans le dos et dans le milieu du ventre. Malgré les voix qui n'étaient que brouillon et échos, certains mots passaient quand même.
-... malade... elle... bait...
-Arrêtez... vous bat... ...pompiers... chemin...
-Youna !...
-Recule... Elle... fiévreuse... et... pouls... élevé...
Ils devaient se battre verbalement entre Kota, ses amis et les autres lycéens pendant que le professeur devait s'occuper de moi le temps que les pompiers arrivent. C'est ce que j'en comprenais tout du moins, c'est étrange, ça ne m'était jamais arrivé, mon corps ne m'avait plus répondu lorsque le sifflet a retenti. Lorsque j'ai rouvert mes yeux, on m'avait adossé sur les genoux d'une personne pendant qu'un autre avait une lampe dirigée sur mon œil, j'ai bousculé du bras le pompier qui m'aveuglait pour qu'il comprenne. Tous les autres garçons étaient autour de moi, la personne sur qui je reposais n'était même pas un pompier ou une personne médicale, mais une fille de mon âge, mêmes yeux que moi, cheveux longs et blonds, des marques mauves en deux tracés sur les joues. Elle se pencha à mon oreille et me chuchota :
-Tu ne m'as pas vu... Yuko risquerait d'encore me faire une crise si il l'apprenait... Youna.
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