Chapitre 14 - Adoubement et Destinée [Réécriture]

-6 ans avant ADLP- (saison de la vie)


Le lendemain, Moïe vint retrouver les deux héros dès le petit déjeuner. Il les trouva attablé en présence des parents de Malvina, riants aux éclats et échangeant sur leur vie respective. Ce spectacle lui fit chaud au cœur. Jamais ses protégés ne se plaignaient du manque de leurs parents mais il les connaissait depuis bien trop longtemps pour ne pas s'en apercevoir. Ainsi, il resta un moment à les observer, savourant ce moment de tendresse, n'osant interrompre leur bonheur.

- Moïe ! Vient donc nous rejoindre !

Athèlme lui faisait de grands signes de la main, lui indiquant une place libre auprès d'eux. D'abord hésitant, Moïe se laissa vite convaincre et vint s'attabler face aux parents de Malvina.

- Les enfants parlaient justement de vous, mage, souligna Karence dans un sourire.

- En mal, bien sûr, s'empressa de rajouter Athèlme en lançant un regard entendu à son professeur.

Moïe, désorienté par la plaisanterie, ne sut comment réagir de manière spontanée. Il décida donc de ne pas réagir du tout, le manque d'émotion restant son plus naturel trait de caractère. Trop habitué pour s'en soucier, Athèlme et Malvina ricanèrent en cœur et attendirent patiemment que Moïe décide d'engager la conversation.

- Apparemment, ils ont déjà tous deux appris à développer leur capacité magique, relança Edwinn après s'être raclé la gorge.

- Heu, oui tout à fait sire. Ils sont même surprenants. A vrai dire, je ne suis pas sûr de pouvoir les entraîner moi-même vu leur pouvoir, répondit Moïe en terminant par un rire forcé.

Oui, cela était une plaisanterie. Moïe avait tenté d'être « humain », mais vu le regard interloqué des parents, son sens de l'humour n'avait pas été très communicatif. Athèlme éclata à nouveau de rire, le cours de la conversation prenant une tendance qui le réjouissait au plus haut point.

- Lorsque notre professeur fait une blague, il faut rigoler, annonça-t-il comme s'il donnait un cours de langue.

Moïe lui lança un regard noir. Il s'apprêtait à se lever, déçu d'avoir été invité pour être moqué de tous.

- Moïe, depuis le temps, tu sais qu'il ne faut pas prêter attention à Athèlme et sa délicatesse légendaire, lui dit Malvina d'une voix douce.

Elle lui déposa dans son assiette une tartine à la confiture de plistine et remplit sa tasse d'un bon thé fumant. Pris au piège, Moïe resta en place, portant à son nez sa boisson.

- Vous enseignez également les leçons d'armes, mage ? demanda Edwinn, sincèrement intéressé.

- Pour le moment oui, mais bientôt ils apprendront par des professeurs bien plus qualifiés que moi.

Face au manque de réponse, Moïe se rendit compte qu'une certaine confusion planait.

- Et ce n'est pas une ... blague... cette fois, ajouta-t-il de son habituel ton monocorde.

Les parents se relâchèrent dans un soupir, déstabilisés par ce drôle de professeur.

- Non, ils apprendront auprès de l'armée elle-même, continua Moïe d'un air impérieux, avant de continuer dans une soudaine précipitation. Ho mais j'ai failli oublier ! Athèlme, si je venais te voir, c'était justement pour t'apprendre une grande nouvelle !

Le jeune homme releva la tête de son assiette, la bouche encore pleine de fruits secs.

- A l'occasion de ton anniversaire, le roi a organisé un duel. Tu seras l'acteur principal de ces combats Athèlme !

Voyant qu'il ne semblait pas comprendre où il voulait en venir, Moïe continua sans perdre de sa motivation.

- Athèlme, ce que je veux dire c'est que tu vas devoir combattre cinq adversaires. Tous seront des soldats de Sora. Mais le clou du spectacle, sera que tu te battras en dernier contre le chef des armées, Yal Rez'Tan !

Ne s'attendant absolument pas à cette chut, Athèlme avala de travers la noix qu'il venait de jeter dans sa bouche. S'étouffant, il toussa et cracha tant et plus avant de relever une tête rouge et gonflée, posant ses yeux larmoyants sur Moïe.

- Pardon ?

Voilà tout ce qu'il avait été capable de prononcer. Ne sachant pas du tout comment prendre cette nouvelle, il observait son professeur comme si des cornes lui avaient poussé.

- Athèlme c'est formidable ! l'encouragea Karence avec affection.

- Tu imagines mon garçon... un duel officiel contre le si réputé Yal ? rajouta Edwinn, impressionné.

Malvina lui sauta au cou, manquant l'étouffer à nouveau. Elle n'avait rien besoin de lui dire pour qu'il sache à quel point elle était fière de lui. Elle serait toujours fière de lui. Cette simple idée lui remonta d'ailleurs son estime et il accepta finalement l'information.

- Moïe, est-ce que cela veut dire que...

- Oui Athèlme, ça veut dire que tu pourrais être adoubé dès ce soir ! Et pas à n'importe quel grade. Tu serais nommé plus jeune capitaine de la garde de Sora de tous les temps !

Moïe, gagné par l'excitation, lui apprenait la nouvelle comme s'il était lui-même concerné. Après avoir adressé ses salutations très respectueuses aux parents de Malvina, il se retira de la table et disparut dans les couloirs.

A partir de ce moment, les conversations de tournèrent plus que sur l'approche du duel. Tout le monde termina son plat et les deux héros partirent dans la cours pour s'entraîner.

Moïe avait rejoint ses appartements, franchissant les marches de sa tour plus léger que jamais. Il devait se dépêcher de s'occuper de son petit mulmopi s'il voulait dispenser quelques derniers conseils à Athèlme. Son cœur bondissait de joie. De voir Athèlme et Malvina être réconciliés, de savoir que le roi Sar Ier accordait suffisamment sa confiance pour nommer Athèlme futur chef de la garde et de savoir Malvina heureuse et bien entourée l'emplissait d'un bonheur qu'il n'avait pas ressenti depuis longtemps.

Entendant son ami arriver, le mulmopi de Moïe poussa la porte du placard dans lequel il restait cloitré et se précipita à sa rencontre.

- Tikou ! s'exclama Moïe en le voyant arriver.

Il s'empressa de refermer la porte derrière lui et s'abaissa pour accueillir son petit compagnon coloré. Ravi, Tikou roula jusque dans sa main et s'y roula en boule, ne laissant dépasser que ses yeux qui fixaient Moïe avec adoration. Le portant à son cœur, le demi-elfe serra la petite peluche rouge contre lui et alla s'asseoir auprès de la fenêtre, respectant son habituel rituel de douces caresses. Il lui restait encore suffisamment de temps avant le début du tournoi pour ne pas avoir à se presser.

Moïe, une fois reposé et Tikou câliné, s'empressa de retrouver Athèlme et Malvina dans la cours. Ils l'attendaient déjà, impatient de recevoir de nouveaux entraînements. Tous trois ne cessèrent les activités qu'à l'arrivée de Sar Ier sur les lieux qui vint leur annoncer que les duels allaient commencer.

- Moïe, est-ce que le roi est au courant que notre anniversaire n'est que dans quelques jours ?

Athèlme se devait de poser la question, remarquant que rien n'avait été proposé à Malvina. Bien évidemment, elle ne lui avait fait aucune remarque à ce sujet, bien trop heureuse pour lui pour se soucier d'une quelconque injustice. Mais Athèlme ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable et gêné de bénéficier de ce genre d'avantages.

- Ne t'en fait pas pour ça Athèlme, concentre toi sur le moment et fait confiance au roi. D'autres surprises vous attendent...

Son ton volontairement mystérieux fit sourire Athèlme. Bien que seulement à moitié humain, Moïe essayait la plupart du temps de leur ressembler et de dégager les mêmes émotions, les mêmes gestuels... Malgré ses trois cents années d'expérience, le résultat n'était toujours pas convaincant. Il posa une main sur l'épaule d'Athèlme, son regard brillant d'une confiance absolu, puis s'empressa de quitter la piste pour prendre place aux côtés de son roi.

Un jeune soldat se présenta sur le terrain, plus âgé de quelques années. Il dépassait Athèlme d'une bonne tête mais cela ne l'empêchait apparemment pas de trembler de tout son être. Les deux hommes saluèrent Sar Ier avec respect et ce dernier en profita pour adresser un clin d'œil complice à son protégé.

Yal Rez'Tan ouvrit le duel. En quelques parades et attaques frontales, Athèlme désarma son adversaire dont le bras ne cessait de trembler. Le soldat salua Athèlme et quitta le terrain précipitamment. Si le sable avait été de la lave, il n'aurait pu paraître plus paniqué, songea Athèlme, hésitant entre la moquerie et la surprise. Cependant, il n'eut pas le temps de réfléchir plus longtemps à ses émotions. Un autre soldat s'approcha de lui. Assez menu, il s'approcha d'Athèlme et ôta son casque pour saluer le roi. Athèlme découvrit alors que le soldat en question était une femme. Les cheveux coupés courts, elle avait le regard sauvage et la bouche ourlée des tribus Creïs.

- Commencez ! gronda la voix de Yal.

Encore perdue dans son observation et son désarroi de combattre une femme, Athèlme faillit se laisser désarmer dès le premier jeu de jambes de son adversaire. Elle se mouvait avec une telle vivacité qu'il était difficile de la suivre. Mais une fois que l'étonnement fit place à la détermination, Athèlme ne se laissa plus surprendre. Bien qu'ayant de l'énergie à revendre, la jeune cavalier creïs fut finalement poussée à bout de force.

Transpirant et essoufflé, Athèlme essaya de camouflé du mieux possible l'état de fatigue dans lequel elle l'avait mis. Il garda le dos bien droit, la tête haute et serra la main du soldat sans trembler... ou du moins le moins possible. Du respect venait de naître pour cette femme qu'il n'avait encore jamais eu l'occasion de rencontrer. Sa tresse de cheveux noirs soulignait des traits fins mais volontaire et ses yeux aussi sombres que la nuit traduisait un courage et une détermination peu commune. Elle lui sourit, adoucissant ainsi tout son être et rejoignit ses camarades.

Athèlme enchaîna ainsi encore deux adversaires qui le mirent bien moins en difficulté que le petit bout de femme. Hors d'haleine et le bras douloureux, Athèlme frémit en se rappelant soudainement qui allait se présenter à lui.

- Yal Rez'Tan, veuillez rejoindre Athèlme sur le terrain, appela finalement Sar Ier.

Le chef des armées, un homme plutôt trapu, s'avança. Contrairement aux autres soldats, il ne brillait aucune lueur de respect ou d'admiration dans ses prunelles grises. Au contraire, il paraissait extrêmement sûr de lui et sondait son adversaire sans ciller. Le doute menaçait de s'emparer d'Athèlme. Il sentit son bras faiblir et ses jambes trembler. Secouant la tête comme si cela allait changer quoi que ce soit, il chassa tous ses doutes de son esprit. S'il le battait, il serait considéré comme le meilleur et le plus jeune combattant de Brazla. Il serait certainement bientôt promu chef d'armée à son tour. Mais le voulait-il vraiment ? Ne doutait-il pas quelques heures auparavant de son désir de combattre ?

- Commencez ! cria la femme creïs.

Yal Rez'Tan leva son bouclier devant lui, observant une position absolument parfaite. A chaque tentative d'offensive d'Athèlme, il paraît habilement le coup et ripostait avec vivacité, le forçant à reculer.

- Il le pousse à se fatiguer, murmura Moïe à son roi, ne parvenant pas à cacher la pointe d'inquiétude dans sa voix.

- Je le vois bien Moïe, merci...

Sar Ier était en avant sur son siège, les mains croisées sous son menton. Son front était barré d'une ride de contrariété et ses lèvres remuaient dans des conseils inaudibles. Il avait toujours apprécié Yal. Il avait servi son armée avec courage et loyauté. Mais le temps était venu de céder la place et personne, aux yeux du roi, n'était mieux placé que son prodige.

La foule de soldat remuait, s'extasiait, commentait et poussait des « ho ! » à chaque action. Malvina avait déposé son arc un peu plus loin afin de se rapprocher et de fendre la marée d'homme et de femme qui se pressait autour des adversaires. Elle découvrit finalement Athèlme, le front en nage, le regard fatigué et les jambes affaiblies. Rassemblant toute son énergie, elle se concentra du mieux qu'elle le pouvait à travers la cacophonie ambiante et envoya une vague d'énergie à son frère d'arme, espérant que cela lui suffira pour finir le combat. Sa magie allait frapper quand, une fois encore, elle sentit le poids d'un regard sur elle. Décidée à ne pas laisser filer le voyeur une fois encore, elle attendit le bon moment avant de se retourner d'un geste vif, persuadée de tomber nez-à-nez avec cette petite fouine de Joack.

Mais elle ne vit rien. Personne ne l'espionnait, tous les regards étaient braqués sur les deux combattants, se fichant comme d'une guigne de sa présence. Alors qu'elle allait se reconcentrer sur Athèlme et l'enchantement qu'elle voulait lui lancer, une silhouette drapée dans une cape noir s'évaporait dans la foule. Tiraillée entre son envie de coincer son harceleur et celle de venir en aide à Athèlme, elle resta immobile suffisamment longtemps pour que l'étranger soit irrattrapable. Frustrée, elle se retourna vers Athèlme et lui communiqua toute la force qu'elle possédait. La vague d'énergie l'atteint juste à temps, invisible à l'œil nue mais le regain de vitalité qui s'afficha sur Athèlme ne trompait pas. Pratiquement au sol et bientôt incapable de tenir son épée, la seconde suivante il fut debout, droit et plus motivé que jamais, laissant courir une onde d'exclamation dans la foule qui admirait cette prestation de force !

Moïe qui observait toujours le duel, mais sans le voir réellement, était plongé dans ses pensées. Il était si fier d'Athèlme. Mais il ne pouvait contenir un certains chagrin... L'enfance des deux héros leur avait été volée, et il en était en partie responsable. Un bruit de foule vint finalement le sortir de ses pensées.

Athèlme, qui un instant auparavant semblait à deux doigts de tomber, fut frapper par une nouvelle vigueur. Se redressant de toute sa hauteur, il reprit part au duel, sans plus se laisser maîtriser. Assénant coup sur coup à son adversaire, ne lui laissant plus d'espace pour la riposte, il le fit finalement reculer. Athèlme se remémora rapidement ses leçons, ses derniers combats, sa réputation d'homme invincible... Son épée traçait des gestes précis et circulaire dans l'air, touchant à chaque fois le bouclier de l'homme qui lui faisait face. Surprit par ce retournement de situation et par la force imprévue de son adversaire, Yal se protégea de son bouclier encore et encore, cherchant la meilleure esquive possible. Il attaqua finalement en coup bas, lançant sa lame entre les défenses d'Athèlme. Parant le coup qui menaçait son genou, Athèlme plaça un coup de coude violent dans l'estomac de Yal. Toujours soutenu par Malvina qui ne cessait de lui transmettre son optimisme et son énergie, il effectua un demi-tour sur lui-même pour relever son arme et l'abattre sur la jugulaire du capitaine. La lame s'arrêta net, juste avant d'entrer en contact avec la fine peau du cou de sa cible. Le capitaine, vaincu, resta recourbé, tentant encore de reprendre son souffle après le dernier coup reçu dans le ventre.

- Nous déclarons Athèlme Dan'Tan vainqueur ! s'exclama Sar Ier qui avait bondit de sa chaise tel un enfant.

La foule explosa en applaudissement, sifflement, hurlement et autre acclamations. Droit et fier, Athèlme semblait ne pas encore comprendre qu'il avait gagné. Il était le meilleur guerrier de Brazla, debout immobile sur la piste, la main tremblante.

Malvina cria pour laisser sortir sa joie et sa fierté et les soldats se rassemblèrent autour de lui, admiratifs. Athèlme, essoufflé, sembla finalement se réveiller. Il tendit une main pour aider son aîné à se relever, après quoi il leva un poing vainqueur au-dessus de sa tête. Toute la foule l'acclamait tandis que Moïe s'approcha pour l'applaudir et le félicité. Emplie de bonheur, Malvina sauta au coup du vainqueur pour le serrer si fort qu'il en eu le souffle coupé.

- Athèlme, tu as été parfait ! Nous sommes si fiers de toi ! s'exclama Moïe.

Athèlme allait le remercier mais il fut interrompu par l'annonce de Sar Ier.

- Ainsi, Athèlme, vient de remporter le tournoi organisé en l'honneur de son quatorzième anniversaire ! annonça fièrement le roi en insistant sur l'âge de son champion. Après avoir remporté quatre duels avant d'affronter notre plus grand guerrier, Yal Rez'Tan, il est parvenu à le mettre à terre. Cela fait donc de toi, Athèlme, le plus grand et le plus jeune guerrier de Sora !

Les soldats acclamèrent une nouvelle fois la vedette. Même Yal, malgré une certaine rancœur, observait à présent Athèlme avec plus de respect.

- Athèlme, à compter de ce jour, et je ne doute pas que notre actuel capitaine de la garde sera de mon avis, tu pourras quand tu te sentiras prêt, prétendre à son remplacement.

Cette fois, Athèlme n'en cru pas ses oreilles. Il resta droit et stoïc, se laissant bousculer de toute part par ses camarades, fixant stupidement le roi la bouche ouverte.

- Elme ! Tu vas être capitaine ! hurla Malvina. C'est ton rêve depuis toujours ! Tu imagines... c'est tellement... je suis si heureuse pour toi !

Lorsqu'il eut repris ses esprits, Athèlme adressa un vague sourire à son roi et suivit Malvina qui le traînait en direction du château d'un pas bondissant. Des mains venaient le saluer de toute part sur son trajet.

- Bienvenue Athèlme !

- Quel combat !

- Epoustouflant !

- Vous voudrez bien m'entraîner ?

- Allez-vous accepter le poste ?

Athèlme se contentait de sourire à tout le monde d'un air stupide et absent, suivant mollement le mouvement.

Malvina le traina jusqu'à la bibliothèque, leur lieu de rassemblement préféré. Elle brûlait de lui parler de l'étrange silhouette qu'elle avait aperçue et qui justifiait toutes ses impressions d'être suivie... mais les yeux brillants de fierté et l'expression sereine d'Athèlme la fit se raviser une fois encore. Pour rien au monde elle n'aurait souhaité priver son ami de ce moment de bonheur.

-Tu vas prendre le poste de chef des armées? l'interrogea Malvina, une fois au calme.

- Non, cela m'étonnerait... pas encore du moins...

- Pourquoi ça? Malvina vint planter son regard noisette pétillant dans le sien, se penchant au-dessus de la table.

- A ton avis ? lui lança-t-il comme si cela ressortait de l'évidence. J'ai une petite sœur à surveiller moi!

Il lui lança un regard taquin empli d'un amour véritable et fraternel.

- Mais c'est que messire à de grande responsabilité à ce que je vois... Messire accepterait-il de me raccompagner sur mon lieu d'entraînement, afin que je lui rappelle que nous avons exactement le même âge? Malvina appuya chacun de ses "messires" d'une révérence moqueuse et maladroite.

- Mais oui mademoiselle, tout de suite. A condition que vous me promettiez d'utiliser votre magie pour la contrôler définitivement, rétorqua Athèlme, adoptant la même gestuelle railleuse.

Malvina se crispa à l'idée de devoir utiliser sa magie contre Athèlme mais accepta le défi. La simple idée d'exposer son ami à sa magie suffisait à lui hérisser le poil.

Elle commençait déjà à se concentrer quand la porte de la bibliothèque s'ouvrit lentement. Une petite tête entourée d'une longue chevelure brune se glissa derrière le battant.

- On m'a dit que je vous trouverais ici, dit-elle d'une voix douce et légère.

- Maman ! s'exclama Athèlme, des larmes de joies naissant aux coins de ses yeux. Mais que fais-tu là ?

- Oh... je passais par là et je me suis dit que...

Athèlme l'observait étrangement, se demandant si vraiment elle avait oublié son anniversaire.

- Je plaisante mon garçon ! Le roi m'a fait prévenir de ses projets. Je n'allais quand même pas rater ça !

- Tu as participé au duel ? s'enquit Athèlme surexcité.

- Bien sûr, voyons ! Si tu savais comme je suis fier... comme ton père aurait été fier.

Elle enlaça son fils tendrement et longuement. Malvina la salua rapidement et s'éclipsa afin de leur laisser de l'espace, après avoir annoncé qu'il la trouverait sur le terrain d'entraînement.

Il lui fallait s'entraîner rapidement avec ses pouvoirs si elle ne voulait pas risquer de blesser Athèlme. Sur le chemin, elle pensa à son ami, à l'importance qu'il avait pris dans sa vie. Elle voyait ses yeux d'émeraude, emplit de douceur, flotter dans son esprit et songea que l'heureuse élue qui conquerrait le jeune cœur de cet homme une fois adulte, n'imaginera jamais la chance qu'elle aura.

Malvina, une fois sur le terrain, commença ses exercices et chargea ses mains d'énergie, envoyant sans relâche des projectiles percuter les cibles. Elle n'en rata pas une seule pour son plus grand bonheur. Finalement Athèlme et sa mère arrivèrent. Miranda observa Malvina avec admiration en assistant pour la première fois à une démonstration de magie. A peine étaient-ils arrivés à ses côtés que le roi fit son apparition à son tour. Ses yeux de braise pétillaient de joie et de projets.

- Athèlme ! s'exclama-t-il en lui passant un bras sur les épaules. C'était un duel absolument merveilleux que tu nous as offert ! Moïe a vraiment fait des merveilles avec vous.

- Je vous remercie Mon Seigneur, répondit poliment Athèlme, les joues rougissantes.

- As-tu déjà réfléchis à ma proposition ?

- Mon Seigneur, sachez que je suis sincèrement flatté de la confiance que vous m'accordez. Mais je crains de ne pas avoir la maturité nécessaire pour assurer la défense de Sora. Le capitaine Yal aura encore bien des choses à m'apprendre.

Sar Ier l'observa d'une drôle de manière, sans rien dire. Athèlme finit par croire qu'il l'avait déçu et baissa la tête, navré que sa décision ne soit pas comprise par son monarque.

- Pourquoi baisses-tu le regard Athèlme ? lui demanda-t-il comme si c'était la plus étrange chose qu'il ait pu faire.

- Je... je crains de vous avoir déçu Mon Seigneur.

Partant dans un éclat de rire qui surprit tout le monde sur le terrain, le roi posa finalement une main sur l'épaule d'Athèlme, l'observant comme un père l'aurait fait.

- Athèlme, tu ne m'as jamais déçu. Au contraire, tu ne cesses de me surprendre. A vrai dire, je n'arrive pas à te faire prendre de mauvaises décisions.

- Vous voulez dire que... c'était un test, murmura Athèlme, un peu perdu.

- On peut dire ça comme ça, répliqua Sar Ier, les yeux toujours pétillants de joies. Tu es évidemment bien trop jeune pour devenir chef des armées. Mais ta décision est une raison de plus pour que tes futurs subordonnés te respectent. Ils sauront ce que tu as fait. A partir d'aujourd'hui, tu seconderas le capitaine des gardes un jour sur deux et tu prendras part aux décisions militaires qui seront prise, c'est entendu ?

Athèlme n'en croyait pas ses oreilles. Il jeta un regard en coin à Malvina et sa mère qui l'observaient de loin. Toutes deux lui firent de grands signes d'encouragement, la bouche ouverte en un sourire si grand qu'il partageait leur visage en deux.

Honoré, Athèlme remercia d'un mouvement de tête son souverain, trop ému pour sortir ne serait-ce qu'un mot. Amusé, le roi s'en alla, non sans une dernière précision :

- Dès que tu t'en sentiras capable, je compte sur toi pour venir me dire que tu reprends le poste de Yal Rez'Tan, Athèlme. Tu as toute ma confiance. 

*****************************

Encapuchonnée, une silhouette obscure avait participé aux dernières prouesses d'Athèlme. En retrait, l'individu resté dans l'ombre avait même frémis face à cette démonstration de puissance. Cela n'était pas la première fois que le garçon l'impressionnait. Déjà il avait assisté de loin à ses entraînements, ainsi qu'à ceux de sa camarade, cette petite peste. La curiosité de la jeune guerrière avait déjà failli le faire débusquer plus d'une fois. Ne pouvait-elle pas estimer qu'un bruit étrange, n'était autre qu'un bruit étrange. Qui donc venait s'inquiéter du moindre son inattendu ou du moindre nouveau venu dans une région... personne! S'en était fallu de peu qu'il se retrouve face-à-face avec elle. Mais il était fait pour ce qu'il faisait. Programmé par son maître pour l'espionnage, aucun secret de cet art périlleux ne lui était inconnu.

Dans les ruelles du château, l'ombre continua de se glisser furtivement jusqu'à la grande porte nord. Il avait tous les renseignements qu'il lui manquait. Qu'est-ce que les humains pouvaient être bavards. Il ne comprenait pas pourquoi Malvina n'avait jamais fait usage de son pouvoir lors des nombreux entraînements auxquels il avait assisté. Les domestiques, sans le savoir, lui avaient fourni l'information qui lui manquait. Cette petite empotée n'était pas capable de contrôler sa magie. Son maître avait raison, les mortels ne méritaient décidément pas de détenir tant de puissance. Elle ne devrait être réservée qu'aux dieux eux-mêmes, à quoi pensait Pashad? De toute évidence, son âge déjà trop avancé le privait de lucidité.

Un simple souffle d'air accompagna la frêle silhouette qui s'élança hors du château. Une fois à l'abri de l'obscurité des bois, l'homme trop élancé pour paraître normal rejoignit au pas de course son repère. Il ne lui restait plus qu'à contacter son maître afin de lui faire part de ses récentes découvertes. Et cette fois, il ne se découragerait pas à demander un prix en échange de son aide. Cela ne faisait que trop longtemps qu'il se traînait dans la boue, prisonnier de ce corps trop fragile... Mélak remarquerait son utilité et le récompenserait en conséquence!

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