Chapitre 11: Butin Sanglant [Réécriture]

-3 ans avant ADLP- (saison de cristal)

– Tout le monde sait ce qu'il a à faire ? s'enquit Tourma.

Il jeta un regard par-dessus son épaule afin de s'assurer lui-même de l'organisation de ses troupes. Sa fierté s'amplifia lorsqu'il découvrit la formation qui le suivait. Le Prisme comptait à présent plus d'une trentaine de membres-pierres, tous entraînés au combat et dévoués à la cause. Tous ces hommes et ces femmes affichaient des mines déterminées, vidés de toutes peurs et animés d'un nouvel objectif. Qu'ils soient mages ou guerriers, chacun avait trouvé sa place au sein du Prisme. La fierté de Tourma trouvait sa source dans ce simple fait. Il avait su devenir leur famille à tous, leur rempart, leur solution.

– Bien, personne ne bouge avant le signal. Joack, tu es prêt ?

Timidement, Joack hocha la tête.

– Bien alors c'est partit. Je ne veux aucune erreur. Ceci est la première et la plus importante mission ! Vous avez fait vœux de servir le Grand Mélak. L'heure est venue de lui prouver votre loyauté et votre vaillance. Ebe, peux-tu confirmer la présence de la bague?

Ebe sortit des rangs délicatement. Elle traversa la foule de son pas aérien et vint se placer calmement aux côtés du Grand Doyen.

– C'est ici Tourma. Toutes mes sources mènent à cette tribu. Ils ne savent pas ce qu'ils possèdent. Ils savent simplement qu'ils possèdent un objet de grande valeur.

– La parole est inutile. Je sens son pouvoir d'ici, confirma Obsi qui venait de se rapprocher discrètement. Plus vite nous agissons, plus vite elle sera à nous !

Charb murmura ses ordres à l'oreille de Joack qui, bien que blême, se dirigea docilement vers le campement creïs. Immédiatement, son approche fut signalée haut et fort. Les tentes s'ouvrirent les unes après les autres sur des têtes à l'expression étonnée et curieuse. Le peuple de cavaliers n'avait pas l'habitude d'être visité aussi loin des grands axes.

– Un marchand ! Il est seul ! entendirent crier les membres du Prisme.

Charb ne put refouler un sourire cruel qui déchira son visage bleuté. Ses yeux orange brillaient d'une noirceur enhardie par le temps.

– Ils ont mordu à l'hameçon, siffla-t-il à Tourma.

Tranquillement, le Grand Doyen prépara ses effectifs dans des gestes précis. En silence, chaque membre-pierre s'exécutait avec respect. Entre-temps, ce même hameçon avait atteint sa destination et endossait déjà son rôle avec brio. On pouvait déjà entendre Joack converser tranquillement avec la tribu, ameutant le plus de monde possible devant sa petite carriole.

– Tout à fait, ce sont de vraies peaux de mulmopis. Je les ai préparées hier. Avec tout cela vous aurez de quoi faire des gants et des tours de cous bien chauds pour la saison de cristal !

Tout en articulant son texte, Joack agitait nerveusement les fourrures colorées sous le nez de son auditoire. Quelques femmes creïs se rapprochèrent pour admirer la marchandise entre « Ah ! » et « Oh !» de satisfaction.

– Les femmes... tellement simples à les manipuler, murmura Tourma.

Son regard en coin ne manqua pas de remarquer la mimique agacée d'Ebe. Il avait fait mouche !

– Tu ne veux pas cesser tes enfantillages et te concentrer sur la mission ? le rabroua-t-elle.

Son ton sérieux et son air sévère ne firent qu'amuser plus encore le Grand Doyen. Ebe était si sûre d'elle et à la fois si vulnérable. Il ne pouvait s'empêcher de jouer avec son humeur volatile. Il lui renvoya une expression faussement outrée, ce qui provoqua un profond soupir chez la jeune femme.

– Désolé de vous interrompre les tourtereaux, mais ça va être le moment, grogna Charb.

En effet, toute la tribu se trouvait à présent autour de Joack. Les Cavaliers Creïs, hommes et femmes de grandes tailles et particulièrement massifs, étaient ameutés autour du faux marchand, faisant disparaître sa frêle silhouette derrière leurs larges épaules.

– Je donnerais tout ce que j'ai pour voir la tête de ce vermisseau en ce moment, ricana Tourma.

A nouveau, il s'attira un regard noir d'Ebe. Il se demanda alors comment cela était possible, avec des yeux aussi clairs et un visage aussi pur. Il dut interrompre ses pensées afin d'annoncer le début de l'opération. Il leva un bras au-dessus de sa tête et indiqua aux membres du Prisme d'avancer.

Tant que Joack conservait l'attention de tout le monde, ils pourront évoluer dans le campement sans se faire repérer. Il leur fallait cette bague à tout prix ! Tente après tente, les voleurs fouillèrent le village dans un silence de mort. Seul la voix de Joack qui baragouinait tant et plus se faisait entendre de l'autre côté du campement.

– Bien sûr que c'est de la qualité. Tenez, touchez celle-ci pour voir. Voyez comme elle est douce ? Ces mulmopis avaient déjà fait leur duvet. Vous ne trouverez pas mieux ailleurs, je vous l'assure ! marchandait Joack.

– C'est qu'il se débrouille pas si mal le petit, chuchota Obsi à Ebe.

Au bout de quelques instants, tous les membres du prisme se retrouvèrent au centre du campement, les mains toujours vides. Il ne restait plus qu'une seule habitation. La tente centrale semblait un peu plus grande que les autres et deux piquets de bois ornés de fer à cheval encadraient l'entrée.

– C'est forcément ici, s'encouragea Tourma.

– J'y vais, l'informa Charb.

Il n'avait pas terminé sa phrase que déjà, il disparaissait entre les pans de cuir. Le Prisme au complet semblait retenir son souffle, l'oreille aux aguets.

– Vous avez fait votre choix ? C'est parfait ! Mais est-ce que vous avez bien observé le reste de mon stock ?

– Tout est vu. Je vais vous chercher ce qu'il vous faut, répondit une voix grave à Joack.

Tourma observait la scène tandis que le Cavalier Creïs menaçait de se retourner. Le temps resta suspendu un instant, les membre-pierre ne respirèrent plus et Obsi bandait déjà son arc.

– Ho, non, non, attendez mon brave ! Si vous prenez cette peau, alors choisissez-en une autre. Je vous l'offre ! Allez, n'hésitez pas.

L'acheteur interrompit son demi-tour et refit face au marchand. Tout le Prisme expira comme un seul homme en relâchant les épaules.

– C'est pas passé loin, murmura Tourma à l'oreille d'Ebe.

– En effet, je dois dire...

– Qu'est-ce que vous faites là ? Qui êtes-vous ? rugit une voix.

Le cri venait de l'intérieur de la tente. Tous les regards se posèrent sur l'entrée de l'habitation. Puis sur la tribu.

– On est démasqué ! Chacun à son poste, aux armes ! ordonna Tourma.

En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, chaque membre se positionna, armé d'arcs, de dagues et de lances. Obsi commençait à canaliser l'énergie en lui, suivit des autres magiciens qui l'accompagnaient. Tourma n'était toujours pas ressortit de la tente. Seul un bruit de chair découpée avait suivi le premier hurlement, suivit d'un bruit sourd.

Aussitôt, la tribu se détourna de Joack et fonça sur l'envahisseur. Un Cavalier Creïs était déjà très impressionnant. Mais une horde en colère, cela n'avait que peu d'équivalent. Tel des sangliers sauvages, ils chargèrent l'ennemi dans des hurlements de rage, brandissant leur machette au-dessus de leur tête.

L'affrontement commença. Les premiers sons de fer croisé retentirent et le sol, lentement, se couvrit de sang. Des cris d'agonies retentissaient çà et là, tandis que les mères présentes emmenaient en précipitation leurs enfants en lieux sûrs. Pour les Cavalières qui n'avaient pas encore enfanté, elles se joignirent au combat avec la même violence que leurs hommes. Elles tranchèrent la chair avec plus de rage encore.

– Ebe, va voir si tu trouves la bague ! hurla Tourma pour couvrir le bruit de la bataille.

– Non ! On ira voir une fois qu'on les aura éliminés !

– Ebe, ne conteste pas ! Tourma para une attaque, transperça son adversaire et reprit où il en était. Je ne sais pas ce que fait Charb, va voir, maintenant !

Tourma n'avait pas fini sa phrase qu'une lance menaça de scier son crâne en deux. Ebe, plus vive que l'éclair, décocha sa flèche qui vint se loger dans le bras qui tenait l'arme. La violence de l'impact fit basculer l'assaillant qui hurlait face à son membre transpercé.

Après un rapide échange muet avec Tourma, elle se précipita dans la tente centrale afin de voir ce qu'il en était. Charb était là, fouillant fiévreusement chaque pot et chaque coffre de l'endroit. Agenouillé dans une mare de sang, les mains recouvertes de boues et les habits écarlates, il avait l'air d'un fou.

– Charb, va aider Tourma ! Je me charge de chercher la relique !

– Non ! vociféra-t-il. Je la trouverais. Je vais la trouver !

Il redoubla d'énergie, farfouillant entre les débris de pots cassés, s'écorchant les mains plus encore. Sa peau bleue disparaissait complètement sous le voile que formait son sang qui ruisselait. A ses côtés, la tête d'un vieux Cavalier Creïs reposait, éloignée de son corps qui se trouvait quelques mètres plus loin. Ebe n'eut pas le temps d'observer la scène que déjà, Charb éjectait la tête un peu plus loin afin de continuer ses recherches.

– Charb, tu vas sortir et tout de suite ! Je ne le répéterais pas.

Ebe se redressa, saisit les mains de Charb qui essaya de la repousser, mais elle tint bon. Finalement, le Chef Instructeur renonça et obéit au Premier Messager.

Enfin débarrassée de lui, Ebe tenta d'ignorer les cris et les plaintes qui retentissaient à l'extérieur et observa le carnage ambiant. Dans son hystérie soudaine, Charb avait totalement vandalisé les lieux et plus rien ne semblait encore tenir debout. Elle repoussa avec un air de dégoût la carcasse du Cavalier étendue au sol et entreprit à son tour des recherches. La bague devait forcément se trouver par ici... à moins que...

Ebe jeta un dernier regard autour d'elle afin de s'assurer que l'objet ne pouvait absolument pas se trouver ici. Elle sortit alors prestement de la tente, et accouru vers Tourma une fois qu'elle l'eut repéré.

– La bague ne peut pas se trouver dans cette tente. Charb a déjà tout retourné plus d'une fois.

– Tu es en train de me dire que ce massacre n'aura servi à rien ? tempêta le Grand Doyen au milieu de la tempête de lames qui faisait rage autour de lui. Nous sommes en train de perdre des Pierres Ebe !

Ebe se baissa rapidement dans un réflexe surhumain, esquivant de peu le tranchant d'une hache. Elle se redressa ensuite, comme s'il ne c'était agi que d'une vulgaire branche et poignarda son adversaire d'un mouvement arrière du poignet. La femme percutée tomba, agonisant tandis qu'elle étouffait dans son propre sang.

– Non Tourma ! Réfléchit ! Où se trouvent les bagues en général ?

Tourma observa la femme qui lui faisait face avec agacement. L'heure n'était vraiment pas aux devinettes, et celle-ci sembla deviner rapidement sa colère, car elle s'empressa de continuer.

– Autour d'un doigt ! Un des membres de la tribu doit la porter en ce moment même !

Joack observait le carnage. Jamais il n'avait fixé la mort en face. Sauf peut-être quelques insectes malchanceux sur lesquels il avait livré quelques expériences étant petit. Le village nomade, qui un instant plus tôt respirait la tranquillité et la quiétude, était à présent réduit à un tas de boue et de plasma encore chaud. Les corps étaient éparpillés sur une distance qui lui semblait interminable tandis que la neige avait commencé à fondre sous les flots d'humeurs fumantes.

Malgré la gêne qu'il ressentait face à ce spectacle d'horreur, composé de membres mutilés, d'enfants décapités et de boyaux étalés, il ne pouvait s'empêcher d'être fier. Grâce à lui, les pertes alliées étaient très faibles. Le prisme avait attaqué par surprise et les Cavaliers Creïs, bien que puissants et valeureux, n'avaient pas eu le temps de se préparer efficacement pour contrer l'attaque. Ils avaient pu, sans contrainte, arracher leur butin de la main encore tiède d'une ancienne. La Bague de Rémission était à eux, et leurs plans se déroulaient déjà comme prévu!

***

Les deux parents, inquiets quant à la sécurité de leur progéniture, passaient leurs journées à se rassurer l'un l'autre. Edwinn divertissait Miranda avec son humour décalé et elle le remerciait en lui donnant le meilleur de sa compagnie. Elle essayait tant bien que mal de lui apporter le plus de soutien possible, l'aidant à traverser le deuil de sa femme. Ensemble, ils bravaient les épreuves que le destin leur infligeait, dans la joie et la convivialité.

Le temps passait, les journées s'écoulaient et en peu de temps, ils eurent l'impression de s'être toujours connus. Miranda observait donc Edwinn seconder les cuisines avec passion.

– Formez-le bien mesdames, vous en ferez un homme à marier, charia-t-elle tandis qu'il disparaissait petit à petit sous la farine.

Edwinn, qui n'aurait jamais manqué un seul des airs narquois de son amie, lui souffla la fécule au visage. Bien qu'ayant réagi avec vivacité, Miranda ne put échapper au projectile blanc qui lui arriva en plein dans les cheveux. Elle rit aux éclats en découvrant les nouvelles mèches qui parcouraient à présent sa chevelure auburn. Edwinn s'était entre temps réfugié derrière un gros chaudron, provoquant l'hilarité des domestiques. Kilna, qui comme à son habitude était aux fourneaux, lâcha ses spatules de bois et se joignit à la bataille. En quelques secondes, le terrain avait été dévasté par la farine et autres projectiles de même acabit. L'assemblée au complet se tenait les cotes, douloureuses.

– Mais qu'est-ce qui se passe ici ?

La foule se figea face au nouveau venu. Moïe avait apparemment quitté les appartements du roi pour se ravitailler.

– Il n'a pas l'air content du tout, chuchota Miranda à Edwinn.

– Vous avez un sens de l'observation très développé à ce que je vois Ma Dame, ironisa-t-il dans un petit battement de coude.

Les yeux fatigués, soulignés de cernes violets, le mage décida de ne pas s'emporter. Après tout, garder le château morne et triste n'allait pas ramener la santé de son roi. Il se contenta alors d'errer dans la cuisine, récupéra une pitance de fortune et s'en alla sans un mot. Bien qu'il ne se soit pas emporté, son humeur sépulcrale avait toutefois attristé la pièce et chacun se remit à son poste.

Edwinn et Miranda quittèrent les lieux à leur tour, ne pouvant toujours pas s'empêcher de pouffer au souvenir de la bataille qu'il venait de provoquer.

Chaque soir, se dire au revoir pour la nuit devenait de plus en plus difficile pour ses deux adultes, qui se comportaient comme de jeunes tourtereaux frivoles. Ensemble ils pouvaient revivre leurs plus belles années de jeunesse sans honte, ni crainte d'être jugés.

– Je dois me rendre auprès de la déesse, informa Edwinn.

– Je t'accompagne, nous devons tous deux attirer les grâces des dieux sur nos enfants et notre roi.

Aujourd'hui était un jour sombre. La pluie ruisselait le long des vitraux de la chapelle, changeant le doux et blanc tapis poudreux en une bouillasse maussade et grise. Chaque jour, ils s'y rendaient ensemble pour prier les divinités de veiller sur leurs deux héros. Mais ce couple de parents n'osaient admettre d'autres vœux, plus intimes, que leur esprit gardait secrets. Ils savaient que la vie pouvait être capricieuse, cachotière et capable de compliquer l'existence par de nombreuses manières. Et ils savaient aussi que l'amour était l'outil le plus mystérieux qu'utilisait la vie pour tourmenter l'être humain, ou toute autre espèce capable d'aimer d'un amour véritable. L'amour... ce sentiment si complexe et difficile à révéler mais dont le principe traverse les époques. Il était ce qui ne changerait jamais en ce monde.

En l'occurrence, comme de jeunes gens inexpérimentés, les deux rescapés du pillage sanglant n'avaient même pas conscience des sentiments qui naissaient dans l'ombre de leur propre cœur. Un amour alimenté, chaque jour, par des retrouvailles plus intenses, par des confessions plus intimes et des ballades plus chaleureuses que la veille.

Au pied de l'hôtel de pierre qui trônait au centre du lieu de culte, Edwinn tourna un regard timide vers sa belle compagne. Ses boucles brunes camouflaient la moitié de son visage, ne laissant dépasser qu'un petit bout de nez retroussé. L'observant, l'homme ne sut décrypter les émotions qui naissaient face à ce spectacle. Son estomac se serra presque douloureusement. Une légère chaleur l'envahissait, et malgré une culpabilité infondée à la pensée de sa femme, il se sentait honteusement bien. Perdu dans cette introspection, il ne remarqua pas les deux splendides billes d'azur qui le fixaient avec curiosité. Croisant le regard de Miranda, il abaissa le sien vivement.

Quelles sombres pensées pouvaient bien envahir l'esprit de cet homme au grand cœur. La mère d'Athèlme observait son camarade avec tendresse, ne ressentant d'autres désirs que celui d'effacer cette lueur triste et morne qu'elle décelait sur ses traits. Jamais cette tristesse ne s'en allait... même dans ses éclats de rire, le sourire d'Edwinn n'atteignait jamais ses yeux, comme s'il se retenait d'être heureux. Miranda, voyant son ami s'en aller, adressa un dernier vœu à la déesse Saruïa avant de le suivre.

- Je vais aller me reposer un moment, s'excusa Edwinn auprès de son amie.

Celle-ci lui sourit en retour et lui laissa le champ libre tandis qu'elle s'en allait à la bibliothèque.

Le père de Malvina remonta dans ses appartements, la démarche lourde. Edwinn se torturait l'esprit. Il ne pouvait comprendre ce que Miranda lui inspirait. Cette femme chaleureuse et pétillante était à la fois un baume sur son cœur meurtri et un sinistre rappel de ce qu'il avait perdu... Il ne pouvait que revoir sa douce épouse, quand elle s'esclaffait à gorge déployée de ses blagues de mauvais goût. Quand il fixait ses yeux pétillants... Cela le blessait chaque fois et chacun de ses rires étaient comme un pieu de plus dans ses tripes. Mais il ne pouvait nier la tournure que prenaient ses pensées quand il la voyait. Il ne pouvait nier l'empressement qu'il avait de se réveiller chaque matin sachant qu'il la retrouverait. Et il ne pouvait nier la joie qu'il avait de vivre chaque jour, sachant que c'était un jour de plus à ses côtés.

Edwinn s'affala dans son lit, vidé de toute énergie. Sa culpabilité le rongeait de l'intérieur. Il aurait tant aimé que sa femme soit là, qu'elle le guide. Une part de lui souhaitait se dévoiler à Miranda, mais l'autre part, plus grande, plus sombre, plus triste, n'osait même pas y penser. Miranda était un ange envoyé par les dieux pour lui porter secours. Il ne pouvait prendre le risque de faire fuir ce dernier rempart de bonheur. Edwinn voulait se perdre encore dans ses pensées amères mais un mauvais pressentiment le saisi aux tripes. D'un bond, il se redressa sur sa couche. Un tel signal ne pouvait qu'être porteur de mauvaises nouvelles... et il ne pouvait rien faire. Se jetant au pied de son lit, le père abattu pria la déesse Saruïa de protéger son enfant, toute la nuit durant. 

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