Chapitre 3
-A...A...Allô ? bégaya une voix chevrotante.
-Oui, allô ? répondit calmement Chasseur.
-Je... J'ai besoin d'aide... On a un bandit déchaîné à l'extérieur !
-On arrive tout de suite. Où êtes-vous ?
-Je... à l'usine Becoola...
-Je vois où elle est. D'accord.
-M... Merci infiniment.
-De rien.
Le jeune aigle raccrocha rapidement et héla ses compagnes.
-Un bandit, à l'usine Becoola.
-Un bandit ? s'enquit Marguerite.
-Oui, répondit-il. Et apparemment, il fait des dégâts. La police elle-même n'aurait pas réussi à le neutraliser.
-Et bien allons-y tout de suite ! clama Flamme.
Les trois amis se dirigèrent alors vers l'usine Becoola, pas très loin de leur lieu de résidence.
Arrivés sur place, ils purent constater que, comme l'avait décrit le patron, un bandit déchaîné était passé par là. Tout semblait sombre, les lampes étaient probablement cassées, et il commençait à faire nuit dehors. L'usine délabrée était mise sans dessus-dessous. Tout était renversé, le sol était jonché d'hommes inconscients. Certains étaient même morts, mais la plupart étaient blessés.
Un cri se fit entendre. Le cri déchirant d'un homme qui souffre.
Les trois amis se dirigèrent vers la provenance du cri. Un Animane masqué tenait dans sa main une épée, à côté de laquelle gisait un homme qui n'avait plus qu'un bras. Le bandit avait l'autre bras dans sa main, et le jeta vers les trois éléments. Flamme parut enrager à la vue de ce bras. Elle commença à crier et sortir un épée pour se battre contre le bandit.
Mais celui-ci, avec ses deux épées, répliqua et para tous ses coups. Il lui donna un coup à l'épaule, qui déstabilisa la renarde, mais celle-ci fit un salto arrière et se retrouva à nouveau sur ses pieds, quelques mètres plus loin.
À bout, Flamme se remit à hurler et concentra son énergie du Feu pour l'envoyer sur le bandit. Devant lui se dressait un mur de flammes. Il eut un mouvement de recul et sembla d'un coup plus effrayé. Il fit un mouvement du bras, et lança de l'eau sur le feu, ce qui le fit s'éteindre.
Flamme, toujours plus enragée, lança des boules de feu, que le bandit évita avec souplesse. Alors qu'il venait d'en éviter une, Flamme en lança une autre, qui allait l'atteindre au bras. Mais dès que le bandit la vit, un mur de glace se dressa devant et l'eau dégagée par la fonte de la glace au contact de la boule de feu qui avait déjà perdu de la vitesse et de la force finit de l'achever.
Le bandit sauta alors et plaça ses mains près de ses pieds sur le sol. Celui-ci se couvrit de glace qui fit chanceler Flamme, mais pas Chasseur et Marguerite qui gardèrent un certain équilibre. Il envoya ensuite des pics aiguisés de glace, que Flamme para en les faisant fondre, Chasseur en les déviant et Marguerite avec un mur végétal.
Le bandit fit alors un grand geste, un grand mouvement de ses bras de bas en haut, comme commandant à une puissance inconnue de s'élever. Un aigle géant en glace s'éleva sous ses ordres et s'attaqua à Chasseur et Marguerite. La végétane tenta de l'attacher avec des lianes, des ronces ou des sortes de grosses branches épaisses mais pas rigides. Mais l'aigle volait, et les plantes n'allaient pas assez vite pour l'enchaîner. L'aigle s'attaquait à Chasseur, qui lui envoyait de grosses bourrasques qui l'affectaient peu.
Flamme eut à peine le temps de se relever qu'une immense flaque d'eau se déversa sur elle. De la fumée se dégagea de son corps, comme si le bandit avait éteint un feu et non une femme. Privée de ses pouvoirs, car l'eau l'empêchait d'utiliser son feu comme bon lui semblait, Flamme restait impuissante à pleurer.
Marguerite eut alors une idée. Puisqu'elle ne pouvait atteindre l'oiseau de glace, qui n'était en fait que de la glace animée, elle atteindrait son créateur, c'est à dire le bandit. La végétane s'avança un peu vers le bandit, et dans un élan de concentration et un petit geste pour mieux diriger ses pensées, d'immenses lianes sortirent du sol et attachèrent le bandit, l'empêchant d'effectuer quelque geste. Mais sa pensée continuait de diriger l'aigle. Marguerite resserra donc son étreinte et l'aigle tomba au sol et se brisa en mille morceaux.
Mais aussitôt que Marguerite ait relâché un peu son étreinte, le bandit envoya des stalactites pointus sur les trois amis. Chasseur fit alors un petit mouvement de bas en haut suivi du poing qui se ferme, et le bandit retint son souffle. Non, le bandit ne retint pas son souffle mais Chasseur retint le souffle du bandit. Il ne pouvait plus respirer, il était privé d'air.
Mais Chasseur ne tint sa pose que quelques secondes, pour ne pas le tuer, et quand il rouvrit son poing, le bandit aspira à grandes bouffées l'air ambiant.
Chasseur et Flamme s'approchèrent plus près. La renarde était plus qu'en colère.
-Pourquoi tu nous a attaqués ?! cria-t-elle.
Le bandit ne répondit pas, et Chasseur reprit :
-On voudrait d'abord voir ton visage.
Il approcha sa main et tira sur le masque noir. Le visage qu'il découvrit en dessous n'était autre que celui d'une jeune fille.
Elle avait des cheveux noirs courts en bataille, des yeux vairons, le droite vert émeraude et le gauche bleu glacé. Elle avait des poils blancs, ainsi que deux oreilles de chat blanches.
Flamme ne manqua pas d'exprimer sa surprise.
-Tu fais moins la maline, Mademoiselle ! singea-t-elle.
-Je t'ai mise ko je te signale.
-Mais maintenant, c'est toi qui est enchaînée !
-Si tu avais été seule, j'aurais gagné sans problème. Parce que je suis seule et que vous êtes trois. Si la végétane n'avait pas été là, vous deux vous seriez morts.
Les trois amis se regardèrent, puis Flamme reprit de plus belle :
-Assez parlé, fillette. Maintenant tu vas nous dire ce que tu faisais dans cette usine, et pourquoi tu as ces pouvoirs.
-Très bien, vieille bique.
-Quoi ?
-Bah pourquoi tu m'appelles « fillette » ? J'ai l'ai plus jeune que toi, alors si je suis une fillette, tu es une vieille bique.
-Wow ! J'ai pas dit que tu étais une gamine insupportable pourrie gâtée, j'ai juste dit que tu étais une fillette. Alors s'il-te-plaît. Et j'ai que vingt ans, je suis pas une vieille, j'en ai pas cinquante !
-J'ai déjà vingt ans, j'en ai pas six. Je suis pas une gamine.
-Eh bien on s'en fiche ! Tu vas répondre à la question, oui ?!
-Oui.
-Quoi ?!
-Je réponds à la question que tu viens de poser. Tu viens de me demander si je répondrai à la question, et je viens de le faire en répondant à cette question.
-Grrrr... ARRÊTE DE JOUER AVEC LES MOTS !!!!
Flamme était devenue rouge de colère tandis que l'inconnue restait calme et arborait même un petit sourire joueur.
-Flamme, laisse-moi faire, lui dit Chasseur. Ne sois pas insolente, on ne va pas forcément te faire de mal. Que faisais-tu dans cette usine ?
La jeune femme sembla réfléchir un instant à sa réponse, puis annonça calmement :
-Je venais chercher des papiers, vérifier des informations pour attester de ce que j'avais déjà trouvé, puis mettre la pression sur l'entreprise.
-En tuant des gens ?
-Du calme. Je n'ai tué personne.
-Et eux ?! Tous ces gens étendus au sol ?! s'époumona Flamme.
-J'ai tranché des bras, des jambes, j'ai donné des coups, mais j'ai pas tranché de tête, j'ai pas traversé d'abdomen. J'ai blessé mais pas tué. Je ne suis pas un assassin.
-Mais tu crois que ces gens ne vont pas mourir de leurs blessures ?
-Peut-être. Mais je ne les ai pas tués. Juste blessés. Je ne suis pas venue ici dans l'intention de tuer. Et de toute façon, ce que j'ai découvert fera couler cette usine. À la base, j'étais venue en amie. Mais on m'a arrêtée pour pas que je ne trouve mes preuves et que je divulgue ce que j'ai découvert.
-Et qu'as-tu découvert, demanda Chasseur.
-L'usine utilise des produits très mauvais pour l'environnement. Interdits en France depuis bien des années. Je suis même sûre qu'ils sont interdits aux états-unis. Il y en a plusieurs. Et ensuite, elle relâche tous ses déchets dans la rivière qui passe en son flanc !
-Donc c'est pour ta p'tite rivière que t'as fait tout ça ? demanda sarcastiquement Flamme.
-Vous savez comme moi que les quatre éléments, bien qu'assez abstraits, sont les quatre choses qui sont indispensables à la vie. L'eau, la terre pour faire pousser les plantes, et sans qui rien ne pourrait se développer, l'air pour respirer, et la chaleur du Soleil et de la Terre. L'eau en fait partie. Les plantes et les animaux en seraient infectés. Et d'ailleurs, les Humanoïdes aussi.
-Je vois, fit Marguerite.
-Vous pouvez me relâcher du coup ?
-Non, lâcha Chasseur.
-Euh... Pourquoi ? Vous avez envie que la police m'arrête ?
-Non. Tu vas venir avec nous. On dira à la police qu'on te prend.
-Et pourquoi ? Je ne pourrais pas être libre ?
-Parce que tu es le quatrième élément. Nous te recherchons depuis toujours et tu dois nous suivre et nous aider.
-Non ! hurla Flamme. Pas elle ! Pas elle ! C'est un bandit ! On ne peut pas l'accueillir parmi nous !
-Tu sais ce qu'il en est, Flamme, lui répondit Chasseur. Nous recherchons le quatrième élément depuis toujours, et elle fait partie de notre équipe.
-Et si je refuse ? demanda la jeune femme.
-Tu n'as pas le droit de refuser. Tu es le quatrième élément et c'est tout. On ne va pas t'enfermer, de toute, manière. Nous sommes une équipe, et des amis. Marguerite et Flamme sont totalement libres de leurs mouvements ! Moi aussi, d'ailleurs. Et tu le seras. Seulement, comprends bien l'enjeu de notre coalition. Nous veillons sur le monde. Nous aidons ceux qui ont besoin d'aide. Ceux qui nous le demande, ou ceux que l'on estime avoir besoin d'aide. Tu aurais pu faire couler cette usine, même dans notre équipe. Pas de cette manière, mais l'état t'aurait écoutée, du coup. Tu vois ?
-Ouais... Bah si je comprends bien je peux pas refuser ?
-Non.
-Très bien. Je vous suis alors.
Les tiges se desserrèrent et la jeune femme fut libre. Elle ne bougea pas d'un poil. Chasseur tendit la main et affirma :
-Moi c'est Chasseur, élément de l'Air.
La jeune femme lui serra la main.
-Moi c'est Féline, élément de l'Eau. Chasseur ? Drôle de nom pour un antrophane !
-Je ne suis pas un antrophane, je suis un aigle.
-Ah, autant pour moi.
-Moi c'est Marguerite, annonça la végétane en tendant à son tour sa main – que Féline s'empressa de serrer. Élément de la Terre.
-Enchantée. J'ai toujours rêvé de rencontrer une végétane... Vous m'intriguez... C'est vrai que vous ne mangez rien ?
-Oui. Nous buvons de l'eau, riche en minéraux, et notre peau recycle l'énergie du Soleil selon la photosynthèse, grâce aux chloroplastes qui donnent sa couleur verte à notre peau. Tu n'as jamais vu de végétanes ?
-Non, je crois que là où je vis la plupart du temps, il n'y a pas assez de Soleil. D'ailleurs il n'y a aucunes plantes. Mais n'ayez crainte, je voyage souvent, et même si c'est là-bas que je suis établie, je viens souvent par ici ou... un peu partout. Sauf là où il fait trop chaud, près de la zone équatoriale, tout ça. Mais les végétanes sont rares, je n'en ai jamais rencontré, encore.
-Et bien heureuse de... te rendre si heureuse.
Féline se tourna vers Flamme – encore trempée et furieuse – et demanda :
-Et elle, c'est qui ?
-C'est Flamme, répondit Chasseur, élément du Feu. Elle est énervée, elle a horreur de l'eau.
-Élément de l'Eau, commença celle-ci, je te hais. Je te jure que tu ne seras pas la bienvenue dans mon équipe.
Elle tourna les talons et se dirigea lentement vers la grande demeure de l'équipe.
-On aurait pu prévoir, commença Chasseur, que l'élément de l'Eau et l'élément du Feu se détesteraient...
-Bah elle s'est littéralement jetée sur moi pour m'attaquer, se défendit la chatte.
-Oh, ne te défends pas. On essayera de faire en sorte que tout se passe bien. Allez, Rentrons et passons notre rapport à la police. Hmm... Marguerite, appelle une ambulance.
-Il en faudra plus qu'une...
La végétane sortit son téléphone et exécuta les ordres de l'aigle.
Après un rapide appel, tous rentrèrent à la maison, en vue de faire le rapport à la police.
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