Chapitre 29
Un jour, perdu au milieu d'une semaine, d'un mois où tu n'es pas
Si loin de toi
Ma chérie,
Je suis désolée. Désolée de ne pas avoir pu te sauver, désolée de ne pas avoir été la mère que tu méritais. Désolée d'avoir été trop faible, d'avoir cédé au chantage de Philippe. Cet homme a été ma bouée mais aussi mon boulet.
J'aurais eu tellement de choses à te dire, à t'expliquer. Les remords et les regrets me cisaillent depuis longtemps et tu méritais de connaître la vérité.
Alors je te la délivre aujourd'hui, par écrit, à défaut de pouvoir te le dire en face.
Philippe n'est pas ton père biologique et je ne pense pas qu'il mérite le titre de père. Un père est présent pour ses enfants, il souffle sur leurs bobos, fait des bisous esquimaux, assiste aux spectacles de fin d'année, aux compétitions. Un papa est un être merveilleux qui sifflote, même si ce n'est pas toujours juste, qui monte les meubles à l'envers parce qu'il a besoin de maman pour y voir clair et le monter à l'endroit.
Je sais que je n'ai pas rempli mon rôle, que tu croyais que je ne t'aimais pas. La vérité, c'est que je t'aimais trop. Dès l'instant où j'ai posé les yeux sur toi, j'ai... j'ai su que c'était toi, le soleil de mon existence. Bien sûr j'adore ton frère, il est la lune de ma vie si l'on peut dire ça comme cela. Vous êtes les astres qui ont illuminé mon chemin parfois cahoteux.
Mais quand je te regarde, je le vois. Je vois cette personne dont je suis tombée éperdument amoureuse, qui m'a appris le sens du mot "aimer".
Tu étais et demeures le fruit d'un amour de jeunesse, tant dévastateur que salvateur, qui a certes mal fini mais qui a donné naissance à une merveille. Ma merveille. Ma Maëlle.
Philippe n'a jamais supporté l'idée que j'ai pu lui en préférer un autre. On peut l'accabler de tous les maux, il m'a tendu la main quand j'en avais besoin. C'est lui qui, alors que j'étais au plus bas, m'a permis de me relever sans trop d'égratignures. Nous avons construit notre vie ensemble et il a été ma béquille. Sans lui, je boitais. Il a toujours aimé et voulu être irremplaçable. Nécessaire. Alors, quand j'ai repris des forces et que j'ai pu marcher sans lui, il est devenu jaloux, méfiant et sournois. Ce que j'appelais « amour » s'est étiolé quand j'ai revu ton père (ton père biologique, si tu préfères). Je me suis laissée emporter. Emporter par les vagues de sa tendresse, par le courant de ce que nous étions. Cependant, nous ne pouvions rester ensemble. J'avais Liam, Philippe, ma maison et surtout... je ne ressentais pas à son égard, des sentiments assez forts, assez purs,pour tout oublier. Pour tout lui pardonner.
Je te passe les disputes, les nuits passées sur le canapé mais sache que, durant ces huit mois et demi, te savoir à mes côtés m'a portée. M'a donné la force qu'il me manquait pour continuer de me battre. C'est après que cela s'est gâté.
A partir de tes cinq ans, tu as commencé à ressembler de plus en plus à Célian. Pourtant, tu avais mon caractère. De voir chaque matin l'image de ma trahison, la preuve que je l'avais trompé a brisé Philippe, ou tout du moins détruit ce qui restait de cet homme.
Si je t'ai paru froide, méchante, irascible ou que sais-je encore, c'est uniquement parce que j'essayais de te protéger. Plutôt qu'il ne se fâche contre toi, qu'il ne lève la main sur toi lors de ses excès de fureur, j'ai choisi d'endosser ce rôle que tu connais si bien; celui d'Ambre, la mère au cœur de pierre, faite de roche et de granit. Une femme et une mère dénuée d'amour, voilà ce que je suis devenue.
Attention, je ne joue pas la martyre. J'avais mes raisons, j'ai rectifié mes torts même si parfois, je l'ai fait de la mauvaise manière.
Alors aujourd'hui, je t'écris ces mots que j'aurais dû te dire plus souvent. Je t'aime ma fille. Je t'aime de tout mon cœur de maman. Mes excuses et mes remords ne changeront rien certes cependant les énoncer me retire d'un poids infini. Je me sens plus légère, plus proche de toi aussi.
A la vérité, je ne sais pas si je t'écris ou si je m'écris. Tu pardonneras mon égoïsme déplacé mais ma main est comme mue d'une volonté propre, dessinant sur le papier le paysage de ma désolation, de ma peine.
Tu es partie il y a à peine quelques jours et mon monde se retrouve bouleversé. Je ne t'entends plus chantonner sous la douche, je ne te vois plus remettre derrière ton oreille cette mèche de cheveux qui te tombait toujours devant les yeux.
Les souvenirs de toi se conjuguent au passé désormais. Et rien ne pourrait être plus douloureux. Une partie de mon âme t'a suivie dans ce périple inconnu qu'est la mort. J'espère qu'elle te portera chance et que tu comprends maintenant à quel point je t'aime.
Pour toujours ta,
Maman
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Bonjour,
Il me semble bizarre d'écrire à un mort. Pourtant je le fais, respectant la demande d'Ambre et de ce monsieur Berckley. Un chic type celui-là. Quoique un peu loufoque.
Tu excuseras ma maladresse, je ne suis jamais parvenu à m'exprimer correctement et je ne crois pas que j'y parviendrai un jour. Je me sens ridicule, un stylo à la main, les mots qui bafouillent et la tristesse qui me ronge. Je ne suis pas comme Ambre, pas un poisson dans l'eau avec une feuille et un Bic. Moi, je chante. Mais c'est un peu compliqué ici. Si je le pouvais je te chanterai mon désespoir la peine et les remords. La souffrance d'un père qui n'a pu assister au premier pas, au premier mot, au dernier souffle de sa fille. Car oui Maëlle, je suis ton père. Père biologique, si cela te convient mieux.
Tu ne m'as jamais connu, tu ne sais rien de moi. Et je ne sais rien de toi. Si ce n'est peut-être ce que nous avons partagé lorsque je suis venu jouer de la guitare pour toi, il y a quelques semaines. Hé oui, le musicien talentueux, c'était moi.
Grâce à Ambre, j'ai appris ta maladie, ton combat, mais aussi ton existence. J'ai appris que j'avais une fille de 17 ans. Tu es née à mes yeux en ce jour fatidique. Et tu es partie aussitôt. J'ai été ton père pendant quelques mois. je t'ai envoyé des fleurs à l'hôpital... une boîte de chocolat aussi. J'ai pensé que tu devais avoir les mêmes goûts que ta mère mais sans doute me suis-je trompé. Elle avait quand même des goûts particuliers. C'est dur de se dire que je ne connaîtrai jamais ta couleur préférée, le film qui t'a le plus marquée. Tout cela m'est inaccessible;tel un trésor dont j'aurais perdu la clé. Ce trésor, c'est toi Maëlle.
Bon, on ne va pas continuer plus longtemps à faire pleurer dans les chaumières. Je n'aime pas être triste c'est trop fatiguant. Je pense que tu serais d'accord avec moi là-dessus.
Tu sais, j'ai croisé Philippe il y a peu de temps il a très mal vieilli ses cheveux sont dans un sale état et je ne serai pas surpris qu'il les perde bientôt, lui qui leur vouait un tel culte quand il était plus jeune. Quel revirement de situation ! Moi je dis:karma. J'ai l'air d'un vrai gamin pas vrai? Hé c'est ma nature, je dois bien te l'avouer puisque tu es ma fille et que tu possèdes sans doute ce même caractère espiègle et taquin que moi.
Je t'avoue que je suis jaloux. Philippe a passé 17 ans de sa vie avec toi incapable de t'aimer, de te protéger (enfin ta mère a beau dire le contraire je vois ; non plutôt je ressens virgule la rancœur qu'il a pu ressentir à ton égard). Je ne veux pas être médisant mais... je ne vais pas te cacher qu'entre lui et moi ce n'est pas l'amour fou.
L'amour. Cette chose magique et unique qui emplit continuellement notre âme et notre cœur. Je m'étais cru incapable d'aimer à nouveau, j'étais persuadé que mon cœur était fait de pierre avant que ta mère ne m'envoie ce message : « Tu es père. Tu as une fille et elle s'appelle Maëlle. »
Tout de suite, la surprise passée, j'ai senti une vague de tendresse enfler et déferler à travers tout mon être. La digue qui m'enserrait a été brisée net grâce à un mot. Un prénom. Maëlle. Il te va si bien ce prénom.J'ai vu certaines de tes photos, Ambre a bien voulu m'en montrer. Tu as mes fossettes. Tu as la forme de ma bouche, la couleur de mes cheveux et de ceux d'Ambre réunis.
Aucun doute là-dessus, nous sommes bien de la même famille. Mais je te laisse le loisir de choisir si tu me veux véritablement pour père.
Car, vois-tu, je suis étrange, un peu guitariste fou sur les bords et un homme assez impulsif et paranoïaque. Sans doute pas la meilleure figure paternelle qu'il soit. Mais, pour redresser ce tableau désastreux, je peux aussi te chanter des berceuses, te raconter des histoires. Je peux t'aimer de tout mon cœur, ça c'est une certitude.
Merci Maëlle. Je suis heureux de t'avoir connue même si le temps passé avec toi a un goût de trop peu.
Je t'aime,
Ton papa ?
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Maëlle,
Tu ne me connais pas. Pourtant moi oui. Je m'appelle Oihan. Je suis postier; c'est moi qui ai délivré tes lettres à Harold, moi qui suis allé les chercher, qu'il pleuve ou qu'il vente. Et j'en suis assez fier.
J'ai rencontré Eliott, je pense qu'il a dû te raconter cet épisode. Mais tu ne connais pas la suite.
Grâce à ta lettre et donc à celle d'Eliott, j'ai rencontré une personne formidable. Une personne à qui j'aurai déplu dès le premier instant, une personne que je n'aurais pas supportée plus de quelques heures. Mais grâce à vous, cette personne est devenue une amie très chère. Une amie dont le sourire et l'humour parfois douteux a réchauffé ma vie. Merci pour ça. Merci de m'avoir donné l'occasion de rencontrer Johanna.
Merci aussi de m'avoir réconcilié avec les mots. J'ai longtemps souffert de dysorthographie et de dyslexie. Maintenant, je n'ai plus mal, je ne souffre plus. Oui, je suis dysorthographique. Oui, je suis dyslexique. Mais je suis aussi postier, heureux, curieux, parfois un peu distant, avouons-le. Ce que certains peuvent considérer comme un handicap ne me définit pas. Je ne me limite pas qu' à cela. Et c'est grâce à toi que je l'ai compris. J'ai mis du temps, c'est vrai. Mais à force de patience, d'obstination, en écrivant sur mon ordinateur ce que je ressentais par rapport à mon « handicap » je me suis ôté un poids des épaules. Je me suis senti plus léger. Comme si mon sac à dos, lourd et empli de caillasses, s'allégeait. Je me suis senti plus libre que jamais. Une fois que j'ai récupéré la lettre d'Eliott, j'en ai rédigé une. J'ai galéré au début. J'ai cru que j'allais mourir devant l'ampleur de la tâche.
Quelques jours plus tard, j'ai eu envie d'en écrire d'autres. Envie d'ouvrir mon ordinateur et d'écrire. Quoi ? Je n'en avais aucune idée mais j'ai tapé. J'ai tapé ma peur, ma colère, j'ai tapé mon calvaire et je me suis senti infiniment mieux.
J'ai découvert qu'on pouvait écrire pour le plaisir, écrire pour soi, à soi. Et c'est génial !
Merci à toi, inconnue qui m'a offert la vie. Qui m'a offert ce dont j'avais besoin pour prendre mon élan et m'élancer. Je t'en serai à jamais reconnaissant.
C'est Johanna qui m'a appris la nouvelle. Tu sais, elle est en cours avec Madeline, la mère d'Eliott. Le monde est petit n'est-ce pas ? Bref, avec Mad, elle a eu l'idée d'utiliser une partie de leur projet pour te rendre hommage et j'avoue que ce n'était pas con du tout (oups, pardon pour le gros mot !). Elles en ont parlé à Ambre qui a adoré l'idée et a demandé l'aide d'Harold.. Ils nous ont ensuite (à moi et à d'autres) demandé de t'écrire une lettre. Ce sera la première et sans doute la dernière que je t'adresserais. Alors je t'écris. Je t'écris pour te dire merci, pour te souhaiter bonne chance pour la suite de tes aventures. S'il y a un univers après la mort, je te souhaite de rencontrer de nouvelles personnes, de les rendre aussi heureuses que tu m'as rendu heureux, alors même que tu ne me connaissais pas.
Tu sais, avant que Johanna ne me dise ce qui t'étais arrivé, je me doutais que quelque chose était arrivé. Harold ne recevait plus autant de lettres, ne paraissait plus aussi joyeux. Je me suis inquiété, je me suis questionné. Mais je n'ai pas creusé. J'aurais dû. Par pudeur, on n'ose pas toujours poser les questions qui fâchent. On préfère la facilité et j'y ai cédé. Harold a été là pour moi, même quand j'ignorais avoir besoin d'aide, d'un support ou juste d'un geste amical. Et je n'ai pas pu lui rendre la pareille.
Je m'en excuse et j'espère que tu te m'en veux pas,
A bientôt de l'autre côté,
Oihan
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Hey, petite Maëlle,
Ça fait longtemps et je suis éperdument désolé de ne pas avoir été présent. Tu sais, ces derniers temps depuis les auditions, ma vie a été complètement chamboulée. J'enchaîne voyages, apprentissage de textes et c'est tout simplement incroyable. Je n'aimerais être nulle part ailleurs et c'est à toi que je le dois. Tu m'as aidé. Et résultat, je n'ai même pas pu te rendre la pareille. Je suis au Portugal en ce moment, je t'écris entre deux correspondances.
Je sais combien tu rêvais de voyager et sache que je pense à toi. Tu es mon étoile. Tu sais, celle qui nous montre le chemin et nous éclaire quand on ne sait plus quel chemin suivre ? Tu as redressé mes pas, tu m'as montré la voie. Et je t'en serais à jamais infiniment reconnaissant.
Si jamais je dois écrire mon autobiographie, tu seras la première citée dans les remerciements, ma promesse tient toujours.
C'est fou. Fou de se dire que sans cette lettre qui a véritablement volé vers moi, je n'aurais pas compris à quel point tu es merveilleuse. J'aurais continué à te voir comme la fille bien cruche de mon patron que je ne pouvais pas supporter (désolé à vous monsieur si vous lisez ça). Comme quoi, les préjugés et les idées préconçues ça nous connaît. Grâce à toi, je ne ferai plus cette erreur.
Tu m'as dit que le but de tes lettres étaient, au final, d'avoir un impact. Que tu ne t'autorisais pas à penser que cela pourrait changer la vie de quelqu'un mais que c'était ce qui était escompté. C'était ton rêve à toi. Et bien sache que tu as eu un impact retentissant sur ma vie. Tu as tout chamboulé pour y mettre ce dont j'avais besoin : de l'espoir et de la joie.
Merci. Merci pour tout.
Ton ami,
Jacob.
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Maëlle,
Je suis Madeline, la maman d'Eliott. Je ne t'écrirai pas des paragraphes entiers, seulement quelques lignes. J'espère que ce projet te plaira, qu'il te fera prendre conscience de l'affection que ton entourage te portait et te porte toujours.
Je sais que mon Eliott t'adorait. Tu étais la seule qui le faisait rire de cette manière là, la seule qui le comprenait aussi bien, qui le rendait plus joyeux et plus courageux.
Tu es une jeune fille très gentille et brillante. Une personne en or qui a su aider mon perdu de fils. Bon, parfois je t'en ai un peu voulu de le rendre malheureux mais je reconnais qu'il est parfois difficile à gérer et souvent susceptible.
Il t'aimait beaucoup. Vraiment beaucoup. Et je crois que toi aussi, n'est-ce pas ?
Bon voyage,
Madeline
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Maëlle,
Ton prénom je l'ai maudit. Je l'ai haï, je l'ai aimé. Il m'en a fait voir de toutes les couleurs. Il m'a fait rire, pleurer. Il m'a fait peur, terriblement peur. Il m'a fait tout cela parce que c'était toi qui le portait.
Ton absence m'a pesé. J'ai cru devenir fou sans toi. Quand tu t'es éloignée, quand on s'est fâchés, j'ai eu l'impression de tout perdre. Vraiment. Comme si l'on m'arrachait un membre essentiel à ma vie. Tu comprends ?
Ça peut paraître fou, totalement délirant. C'est vrai quoi. On était simplement amis. Pas vrai ?
J'ai parfois, même souvent, eu l'impression que ça ne s'arrêtait pas là. Qu'on était plus que ça. Pas des amis, pas des petits-amis non plus. Mais quelque chose entre les deux. Parce que je t'aime Maëlle. Ce verbe là, je le conjugue au présent parce que je ne veux pas qu'il s'arrête. Je ne veux, je ne peux arrêter de t'aimer.
C'est con pas vrai ? Je me sens stupide.
J'aurais dû insister, ce jour-là dans la cuisine. Je te tenais enfin.Mais je n'ai pas osé. Avec tes avis sur tout, tes commentaires sur l'amour si gnagnan et cucul j'ai préféré éviter. Je pense que tu me comprends. J'ai voulu éviter de me ridiculiser davantage, ton silence était déjà si douloureux.
Ça a été un choc, d'apprendre tout ce que tu m'avais caché, de savoir que tu ne reviendrais plus. Que tu ne m'enverrai plus de messages le soir, quand tu aurais besoin de compagnie. Que tu ne me saoulerais plus avec tes délires bizarres et tes musiques des années 80 que tu passais en boucle. Je ne pourrai plus t'embêter avec ma méditation à deux balles et mes histoires à rallonge. Tout ce qui était me manque déjà, comme ce qui aurait pu être.
C'est dur de t'exprimer ce que je ressens. En faisant ça, j'ai l'impression cruelle que tu es partie pour de bon. Que tu es morte pour de vrai. Et c'est tout simplement horrible. Comment as-tu pu oser me faire ça à moi ? Comment ? C'est injuste.
J'aurais voulu être avec toi jusqu'au bout. T'aider même quand tu n'en avais pas envie. Je t'aurais supporté et tu le savais. Alors pourquoi as-tu encore voulu protéger tout le monde et tu la vérité ? Pourquoi, nom d'un calamar !
J'ai pris mes distances parce que je pensais agir pour le mieux. Je pensais que tu n'avais pas besoin de moi et que je me débrouillerais mieux sans toi. Je me suis trompé. Genre carrément.
Sans toi, la vie sans comme de l'eau pétillante sans bulles. Ce n'est juste pas une eau pétillante. (Ok, je veux bien avouer que celle la elle est éclatée mais au moins, je m'essaie à la poésie).
Tu sais ton pull préféré ? Il était chez moi. Il y est resté depuis qu'on s'est disputés et je me suis refusé à te le rendre. Tant qu'il était là, je me disais que tu allais revenir, au moins pour venir le chercher. Mais tu ne l'as pas fait. Et à ma grande honte, je me suis endormi, le visage enfoui dedans. Eliott le sentimental. C'est moi. Je plaide coupable.
Je l'ai rendu à ta maman. Je me voyais mal le garder et lui ôter ce souvenir de toi. De toute façon, les plus belles réminiscences sont ces instants que l'on a partagé, ceux qui se trouvent là, dans ma mémoire.
Je te dis au revoir, je vais encore me remettre à pleurer. Qui aurait cru qu'on avait un tel stock de larmes, nous pauvres humains ? Pas moi, c'est sûr.
Je t'embrasse et t'écris ces mots, que j'aurais dû te dire plus tôt : Je t'aime Maëlle.
Ton ami pleureur pro,
Eliott
Il s'est endormi, des gouttes salées perlant encore dans le coin de ses yeux. Elle souffle alors sur ses larmes pour les chasser et lui murmure à l'oreille « Moi aussi je t'aime, gros nigaud ». Elle lui dépose un baiser sur la joue, de ses lèvres sans consistance. Il frissonne. Elle contemple une dernière fois sa chambre, celle où ils passaient parfois des après-midi à lire, jouer ou tout simplement à parler de tout et de rien. Elle quitte cela, leurs souvenirs heureux. Elle est triste mais c'est sans regrets qu'elle disparaît.
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