Enfin le tournoi !
Son frère l'avait abandonnée. Du moins, c'est ce que pensais son esprit d'enfant de huit ans. Elle était seule. Seule au milieu de tout. Face à elle se dressait le dur mur de la souffrance, celui que seuls une minorité de la population connait. Les claquements du fouet retentissaient deux fois plus qu'avant, laissant d'autres traces indélébiles sur son corps, mais la petite tenait bon. Elle continuait de grandir dans ce monde cruel. Son coeur s'endurcissait. Son corps aussi. Tout lui paraissait sombre, sans aucune lumière, aucun espoir auquel se raccrocher désespérément. Il n'y avait que les ténèbres. Une lueur obscure éclairait sa vie.
* * *
Le lendemain, tôt, Imae se réveilla à cause des rayons du soleil matinaux qui lui caressaient le visage. Elle se redressa, et regarda vaguement autour d'elle. Elle fut surprise de constater qu'elle était assise dans l'herbe, et encore plus de sentir Satoru remuer à côté d'elle. Puis, elle se rappela la veille, et soupira. Elle devait le reconnaitre, parler lui avait fait du bien. Elle leva la tête, et regarda le ciel. Le soleil était encore bas, il devait être encore tôt, 7h30 tout au plus. Il lui sembla entendre un bruit derrière elle, et secoua la tête. Le bruit retentit de nouveau. On aurait dit un rire. Un ricanement, en fait. Elle se retourna, et vit Maki et Nobara qui les regardaient, elle et Satoru, en ricanant. Elle se demanda un instant pourquoi, et quand elle aperçut du coin de l'oeil Satoru se lever dans l'herbe, comprit et rougit brusquement.
- Ben alors ? gloussa Nobara, on vous dérange, peut-être ?
- N'allez rien vous imaginer ! lança Imae en essayant de cacher la couleur de ses joues. D'ailleurs, depuis quand rougissait-elle à cause de Satoru ? C'était n'importe quoi, cette situation, vraiment.
- Et d'ailleurs, qu'est ce que vous faites dehors aussi tôt, vous deux ? continua-t-elle en se levant.
- On vous retourne la question, Mme. Yuko ! dit Maki en retenant un ricanement.
- Ça ne vous regarde pas, siffla l'intéressée, et toi Satoru, tu pourrais dire quelque chose !
- Il est quelle heure ? marmonna-t-il.
- Tiens, ça vous arrive de dormir, M. Gojo ? demanda Maki, en admettant que vous ayez vraiment dormi, bien sûr...
- NON MAIS ! s'indigna Imae. Elle asséna un coup sur l'épaule de l'incarné, qui ne bougea pas d'un poil.
- Il ne s'est rien passé du tout ! Et d'abord, s'il s'était passé quelque chose entre nous, on ne serait pas descendus dans le jardin, bande d'abrutis finis !
- D'accord, d'accord...Mais avouez quand même qu'on a des raisons d'avoir des soupçons... dit Maki en levant les bras.
Imae ne répondit rien, et détourna le regard. Ce fut Satoru, qui, ressurgit des abysses de la pelouse, répliqua :
- Si vous dites un mot sur ce que vous avez vu, je vous jure que je vous en colle une, et une belle...
- Et même plusieurs, ajouta Imae sans regarder les autres.
- Ok, c'est compris, mais on tient un scoop là, Maki...
- Sûr.
- PUISQU'ON VOUS DIT QU'IL N'Y A RIEN ENTRE NOUS ! protesta Imae, enfin je crois, ajouta-t-elle pour elle-même, en faisant bien attention à ce qu'aucun des deux élèves ne l'entende.
- Bien sûr, bien sûr...
- Tiens, puisque vous êtes réveillés, allez donc nettoyer l'entrée pour accueillir ceux de Kyoto ! ordonna Satoru, et allez tirer les autres du lit. Et rappelez-vous, un seul mot et...
Il leva la main en guise de menace, et les deux filles se dirigèrent vers l'école en râlant ouvertement.
- Bon, moi faut que j'aille chercher Yuji, et préparer deux-trois trucs, lança Satoru en prenant lui aussi la direction du lycée.
- Merci de m'avoir écoutée, Satoru... Ça m'a soulagée, murmura Imae.
L'autre ne répondit rien, se contenta de la regarder longuement, puis sourit et rentra dans le bâtiment.
Imae soupira, puis, comme elle n'avait rien à faire, décida de faire un tour dans le parc de l'école. Elle fit trois pas, et se rappela qu'elle était encore en pyjama. Elle leva les yeux au ciel, entra elle aussi dans le lycée.
Arrivée dans sa chambre, elle eut envie de prendre un douche, et regarda l'heure ; 8h07. Elle avait trente minutes devant elle. Elle se déshabilla, et entra dans la cabine. Elle alluma l'eau chaude, et la laissa couler sur son corps endolori. Quelle idée, de dormir dans l'herbe... Elle se frotta les yeux, encore secs à cause de ses larmes, et repensa à Satoru. Elle ne voyait toujours pas d'où venait son étrange comportement, mais commençait à comprendre le sien. Est-ce qu'elle tombait amoureuse ? Peut-être bien. Dommage que ce soit tombé sur cet énergumène... pensa-t-elle en souriant légèrement. Ce n'était pas si désagréable, d'être amoureuse...
Quelques minutes plus tard, elle sortit de la douche, s'habilla et récupéra ses nouveaux tsubas tout neufs. Puis, elle sortit et descendit dans la salle des professeurs, où elle retrouva Satoru, affalé sur un fauteuil, l'air de profondément s'ennuyer, et Kento, qui lisait un journal. Elle s'approcha de ce dernier, lu les gros titres par-dessus son épaule. Puis, n'y trouvant rien d'intéressant, elle s'assit à un bureau, et entreprit d'ôter ses vieux tsubas pour fixer les nouveaux.
- Alors, ils te plaisent ? dit une voix tout près de son oreille. Elle pouvait sentir le souffle de la personne dans son cou. Elle s'écarta brusquement, et reconnu Satoru. Elle lui mit une énorme claque retentissante, et Kento leva les yeux.
- Oulà, dit-il, qu'est ce qui se passe encore ?
- M'sieur Gojo ! cria soudainement une voix près de la porte. La tête de Yuji apparu dans l'ouverture, une expression d'extase sur le visage, et Imae ressentit pour lui une vague de reconnaissance ; il venait de la sauver d'une situation de malaise intense (d'une autre).
- On va retrouver les autres ? continua-t-il.
Satoru se redressa, s'éloigna d'Imae et lança :
- Oh non, on va leur faire un belle surprise... vient avec moi.
Il sortit de la salle, Yuji sur ses talons, des étoiles dans les yeux.
Quelques minutes plus tard, tout le monde, élèves et professeurs, se retrouva dehors, devant l'école, pour accueillir les élèves de Kyoto. Tout le monde, sauf Satoru et Yuji. Imae soupçonna une "merveilleuse" idée de Satoru, mais n'eut pas le temps d'y réfléchir d'avantage car un groupe d'élève de Kyoto fit son entrée dans le parc.
- Vous êtes venus nous accueillir ? C'est répugnant... dit Mai, la soeur de Maki.
- Taisez-vous, et amenez les spécialités de Kyoto ! J'espère que vous en avez apporté assez ! répliqua Nobara d'un ton autoritaire.
- Quoi, t'as déjà la dalle ? marmonna Aoi en la regardant de travers.
- Arrêtez de vous disputer ! lança une voix féminine à leur droite. Imae tourna la tête, et vit Utahime monter les escaliers, suivie par Imeo.
- Salut, Utahime, Imeo ! dit Imae en se dirigeant vers les nouveaux venus, ignorant Aoi qui la regardait avec l'air de penser : c'est qui celle-là encore ?
- Salut ! Finalement, tu as pu rentrer à temps à Tokyo ! répondit Imeo avec un grand sourire. Il serra sa soeur dans ses bras, et Utahime lança :
- Bon, où est l'autre imbécile ?
- Satoru ? Il est en retard, répondit Panda.
- La ponctualité, il connait pas, renchérit Maki.
- Personne n'a dit qu'elle parlait de M. Gojo... soupira Megumi.
- DÉSOLÉ POUR LE DELAI ! cria la voix de Satoru en fonçant vers eux, en poussant une énorme boite en métal.
Utahime grogna, et, l'ignorant, le nouveau venu reprit :
- Puisqu'on est tous là, je vous ai ramené des petits cadeaux de l'étranger !
Il distribua aux élèves de Kyoto les espèces de poupées roses qu'Imae avait aperçut dans son sac la veille, en précisant bien qu'il n'en avait pas pour Utahime, puis continua d'un ton théâtral :
- Et pour mes élèves de Tokyo, la surprise du chef !
Il ouvrit la boite avec de grands gestes exagérés, et Imae ricana.
- Voici le défunt Yuji Itadori, en chair et en os !
- SURPRIIIIIIIISE ! s'exclama Yuji en jaillissant de la boite, tel un génie qui sort de sa lampe.
La tronche qui tirèrent Nobara, Panda et Megumi ne devaient pas être celle qu'il attendait, car sa mine se décomposa et il resta figé dans sa boite. On aurait dit une statue de cupidon ratée. Imae croisa les bras, et s'approcha de lui alors que Satoru se dirigeait vers le proviseur de Kyoto avec un sourire insolent, et se penchait vers lui pour lui rétorquer quelque chose, mais Imae, occupée à examiné Yuji et à se retenir de le chatouiller, n'écouta pas jusqu'à ce que sont nom soit prononcé :
- Imae ? Imae Yuko ? Qui est-ce ?
Elle se redressa et se tourna vers l'origine de la voix, et c'était Aoi qui l'avait mentionnée. Elle marcha vers lui et s'arrêta devant, et dut lever la tête pour voir son visage, étant beaucoup plus petite que lui.
- C'est moi. Pourquoi ?
- C'est quoi, ton type de fille ? s'enquit Aoi en la regardant de travers.
- Personnellement, ce sera plutôt mon type de mec. Euuuh, je dirai plutôt grand... avec des cheveux et des yeux clairs.
Son coeur fit un bond. Elle venait de donner la description de Satoru, et effectivement, il l'entendit lui aussi, car il passa la tête par-dessus son épaule pour s'immiscer dans la conversation.
- Qu'entends-je ? Imae qui donne son type de mec ?
Il esquiva un coup de poing, et sans s'écarter pour autant, et Aoi regarda Imae d'un air inquisiteur. Puis, il demanda :
- Et tu es exorciste de quel classe ?
- Classe S... siffla Imae, sans lui prêter attention, trop occupée à essayer de baffer Satoru, en vain, car soit il esquivait, soit il parait les coups.
- Mais tu n'as pas fini de me passer un interrogatoire ? Le tournoi va bientôt commencer ! lui dit-elle en abandonnant Satoru. Puis, sans attendre la réponse d'Aoi, elle tourna les talons vers les professeurs pour engager la conversation avec son frère et Utahime.
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