Maël crush.

Je fronce les sourcils quand je sens les rayons de soleil sur mon visage. Je grogne, tirant la couette sur ma tête. À l'aveuglette, je tends mon bras vers ma commode et chope mon iPhone à présent bien chargé. J'le passe en dessous de ma couverture et soupire quand j'vois l'heure. 10:38. Bordel... Hé. J'ai trop la flemme d'aller en cours. En plus je me sens pas du tout d'y aller, il reste qu'une heure de toute façon alors tant pis. Mon choix est vite fait.

Je me plains pour de la merde, en fin de compte.

Après quelques minutes à faire le flemmard dans mon lit, au chaud, tandis que dehors il vente comme pas possible, je décide de me lever et de descendre au rez-de-chaussée. Bien évidemment y'a personne et c'est cool. J'mange un truc vite fait tout en ouvrant le message que ma mère vient de m'envoyer.

de maman : J'ai prévenu le lycée que tu étais malade. Con affetto. (bisous)

J'adore ma mère. Je croque dans ma tartine grillée en tapotant un smiley pouce en l'air. Elle sait que c'est occasionnel, même si je déteste les cours j'vais quand même au lycée parce que j'ai pas envie que ces profs pourrissent au max mon dossier. Déjà qu'avec mes notes ça va pas, si j'me ramène pas et que je sèche c'est la merde. M'enfin. Romain m'a envoyé un message tout à l'heure alors j'lui réponds enfin.











Elle est vraiment chiante l'autre. De quoi elle se mêle encore. 

Bon, du coup si j'étais le seul à ne pas être venu, ça veut dire que Maël s'est quand même amené en cours. Lâcheur. Quand je suis parti de chez lui, il dormait encore à mon plus espoir. J'avais vraiment pas envie de m'expliquer avec lui sur hier soir, c'était genre hyper chelou ce moment à deux. Chelou mais bizarrement un peu agréable. Je me souviens encore de ce qu'on a parlé et je me demande si lui aussi.

Je dois avouer que j'espérais recevoir un message de sa part mais rien, seulement ma mère et Romain. Il est clair que j'vais pas risquer de faire le premier pas en le concernant. Si je le vois là tout de suite, j'saurai pas quoi dire. Blanc total. Joker, je deviens muet.

Midi passe lentement et j'traîne toute l'après-midi dans ma chambre. Sur Netflix. J'suis trop fidèle à ce truc, j'me suis maté une saison entière d'une série en mangeant des cacahuètes grillées.

Un mood.












J'arrive casquette capuche sur la tête ce jeudi matin. Je claque la portière de ma bagnole brusquement, faisant retourner des regards sur moi. Aujourd'hui j'suis pas de bonne humeur va savoir pourquoi. Je m'adosse au muret à notre place habituelle, clope au bec, tandis que je vois avancer les deux vers moi. Tchek de gang et Kévin s'empresse de nous raconter la nuit torride qu'il a passé avec une pote de sa cousine. Non mais lui... Il a déjà oublié sa p'tite blonde, Camille ? Il craint de fou mais j'vais rien dire.

Et en parlant de celle-ci, la voilà qui nous rejoint les bras croisés, ayant bien évidemment tout entendu car ce con ne peut pas baisser le volume. J'fais un signe de tête à mon pote pour qu'il se retourne et il devient gêné instantanément. Romain rigole comme un débile et j'peux pas m'empêcher de sourire, la fumée s'échappant de mes lèvres.

— Je... Ouais ok, te fâches pas ! Putain... Je dois faire quoi là... bafouille-t-il alors qu'il n'a strictement rien à dire.
— C'est bon... T'inquiète je m'en fiche, répond alors Camille en s'approchant de Romain pour lui faire la bise, un sourire aux lèvres.

Je suis en deuxième et finalement elle salue quand même Kévin qui, méga dégoûté de lui, s'est allumé une clope. Un petit blanc s'installe entre nous mais se brise suite à une question de la petite blonde.

— Vous commencez avec quoi les garçons ?
— Maths, je soupire. Et toi ?
— Oh mec faut que je t'envoie le DM d'ailleurs ! s'exclame Romain avant de laisser Camille parler.
— Anglais.

Rien que de penser au fait que je dois faire un devoir maison me donne envie de déprimer. On continue de discuter de tout et de n'importe quoi, Kévin légèrement à l'écart car mine de rien, je sais que Camille lui en veut un peu. Ils se connaissent que depuis deux jours à peine mais c'est le genre de nana à s'attacher hyper vite, faut qu'il fasse gaffe.

Le prof de maths est déjà dans la salle quand on arrive devant la porte. Ça m'fait chier. Quand il nous aperçoit, il nous fait un signe d'approcher pour qu'on s'installe. Super, on est les premiers quoi, tel des petits intellos. La sonnerie s'élève une deuxième fois et la classe se remplit peu à peu. J'ai déjà croisé mes bras pour venir coincer ma tête entre. J'ai pas envie de bosser, ce temps de merde ne m'encourage vraiment pas.

La porte se referme brusquement suite au dernier arrivant et je sens un courant d'air traverser le dessus de ma peau. Un sac qui se laisse tomber sur la table fait tanguer cette dernière, je tourne la tête vers le propriétaire et ce n'est personne d'autre que lui.

— Salut, me lance-t-il un peu froidement.
— Salut.

Simple, net et précis. J'crois qu'il n'a pas envie de discuter vu la tête qu'il tire, obligé il s'est embrouillé avec quelqu'un. Je pose pas plus de question même si j'en ai très envie, il me stresse à être comme ça. J'ai pas l'habitude avec cette attitude. Je lève légèrement ma tête et ouvre ma trousse d'un geste rapide, sortant un stylo puis commence à noter la correction des exercices pour aujourd'hui. J'essaye tant bien que mal d'écouter et de comprendre l'enseignant mais les soupirs incessants de Maël me font finalement, brusquement retourner le visage vers lui.

— Bon, t'as quoi à la fin ? je lance un peu agressivement.

Je chuchote assez fortement et je ne m'en rends compte qu'après que la table du devant se retourne sur moi, les sourcils froncés. Je leur fait signe de main pour qu'ils regardent devant et pose mon coude contre le bois, ma main tenant ma tête. Je le vois se redresser légèrement, tapant la mine de son crayon contre la table avec les yeux dans le vide.

— Je me suis un peu expliqué avec Matt et j'crois ça s'est pas terminé comme il aurait voulu, murmure-t-il, comme si ce n'était pas important.

Visiblement ce veau ne lâche pas l'affaire... Et c'est le cas de le dire, son piercing au nez lui correspond bien au moins. J'ai horreur de ça mais là n'est pas le sujet. Rien que de penser à lui me fait serrer les poings. Je scrute vite fait mon voisin de table qui s'est concentré à nouveau.

— Mais il s'est passé quoi ?

Il me répond après un silence.

— J'te dirai après...

Notre discussion se termine comme ça, sans rien de plus. Je soupire légèrement en me redressant sur ma chaise, m'affaissant ensuite contre cette dernière. Mais moi je sais déjà ce qu'il s'est passé, enfin, j'pense. J'ai le sourire rien qu'en m'imaginant Maël foutre un râteau à ce chieur de service. Je l'ai détesté au premier regard et je le détesterai encore. J'sais pas t'as des gens, tu pourras jamais les apprécier de toute ta vie et ça changera pas. Le cours se finit finalement et on déguerpit tous au prochain. Les salles de maths c'est l'enfer de toute façon.

Devant celle d'anglais, on croise la classe de Clarisse qui y sort. J'arrive par miracle à éviter son regard, j'ai pas vraiment envie qu'elle vienne me parler la folle. Elle a fait les boucles en plus, trop belle n'empêche. Mais je me ressaisis.

Camille me fait un petit signe de main discret en sortant et je lui réponds. Kévin râle derrière mon épaule.

— Putain... Pourquoi vous m'avez pas dit qu'elle était derrière moi les gars taleur ? Maintenant regardez comment elle m'en veut.
— Tu parlais fort, soupire Romain, tu t'entends pas parfois fréro.
— Mais ouais j'sais, mais ça m'fait bader là.

À la pause midi, on s'retrouve comme par hasard avec la troupe de Maël. On y retrouve Cassandre la gothique et Bastien le geek, Camille est venue après nous. Le froid est toujours palpable entre Kévin et la blonde mais j'crois que ça va un peu mieux. Je l'ai remarqué quand il faisait que de la regarder, essayant de capter son attention, ses doigts cherchant parfois ceux de Camille sur la table. Maël, lui, tire toujours la tronche et je lui envoie un coup dans le tibia pour qu'il se réveille. Il sursaute légèrement et Cassandre soupire, aussi saoulée que moi par rapport à son comportement.

— Tu m'soules à faire la gueule mec, lance cette dernière, une cuillère de yaourt dans la bouche.
— C'est pas d'ma faute alors fait pas chier...

Je lève les yeux au ciel. C'est le seul qui ne voyait pas que ce Matt ne voulait que son cul à la fin ? Il s'est laissé faire et a joué avec lui en lui faisant croire des trucs, en l'embrassant par exemple, c'est qu'à lui même qu'il peut s'en vouloir. On teste pas les gens comme ça, j'aurai été le veau, j'l'aurai tarté et je dis la vérité.

Cette journée me saoule, tout le monde est énervé et tendu. Je soupire et quitte la table, jetant tous les restes de dessert dans mon assiette. Les gens de la table ont levés le regard sur moi, surpris.

— Tu vas où ? On n'a pas fini mec.
— C'est bon Kév', j'vous attends dehors.

Et c'est comme ça que je jette mon plateau aux cantiniers qui m'engueulent parce que j'ai pas correctement posé les couvercles et, me casse. Je rabats ma capuche quand je sens le vent siffler dans mes oreilles et sort mes Airpods. J'me dépêche de passer la cours et me pose devant le lycée, comme d'hab. Je sors une clope et l'allume rapidement, grelottant suite au froid de l'automne. Fait chier.

Ma cigarette bloquée entre mes lèvres gercées, je prends le temps de regarder autour de moi. Deux pions discutent entre eux, — ce sont toujours les mêmes — quelques mecs sont posés contre un muret à écouter du rap, des meufs rigolent de je ne sais quoi sur leur téléphone. Koba dans les oreilles, j'pense plus à rien, le regard dans le flou. J'ai vraiment besoin de vacances et d'aller en soirée, moi. J'vais en proposer une en boîte ce week-end avec les gars. J'ai besoin de me changer les idées.

Des doigts sur mon épaule me font légèrement sursauter et je me retourne vers la personne à mes côtés. Je coupe le son quand j'vois que c'est Maël. Je renifle brusquement, sentant le rhume arriver, et j'lui tends mon paquet de clope. Il me remercie presque silencieusement et se laisse tomber contre le mur en brique. Presque avec élégance, il en sort une et la glisse entre ses lèvres. Je cligne plusieurs fois des yeux, j'bug complètement quand il me tend la main pour un briquet.

— Les autres sont encore là-bas ? je lance, me laissant tomber finalement à côté de lui.

Sans faire exprès, je lui frôle son bras mais j'me dégage pas pour autant. Ce dernier bouge contre le mien, se pliant une fois qu'il amène le bâton nocif à ses lèvres.

— Ouais... J'crois ils veulent pas se les geler dehors.

Maël rigole légèrement suite à sa phrase et ça me fait sourire un peu, au moins il n'a pas perdu son rire. Je le préfère comme ça, son sourire collé à ses lèvres, à tout heure et à tout moment. Il finit par tourner son visage vers moi, ses joues sont rougies par le froid mais surtout à cause du temps venteux. Il est plus pâle que moi, c'est normal.

— Du coup... je commence, avec l'autre là...? Enfin, s'tu veux en parler, hein.

Il garde son visage tourné vers moi avant de soupirer, laissant sa tête se balancer sur le côté.

— J'ai refusé de sortir avec Matt.

J'en étais sûr de toute façon que c'était ça. C'était obligé. Je le regarde quelque secondes, la fumée s'échappant lentement de mes poumons.

— Il était grave vénère, continue-t-il, j'suis un connard qui a joué avec son cœur à ce qu'il paraît, mais j'lui avait bien dit au début qu'il fallait pas qu'il l'prenne au sérieux.
— Il est tombé amoureux de toi ou quoi ?
— J'crois bien, mec. C'est chaud. J'ai rien fait.

Bah, un peu. Tu l'as un peu charmé toi et tes airs de mec cool. C'est clair que si un gay voit Maël, il va le mater de la tête au pied et fallait s'y attendre. C'est le genre de type que les gens kiffe. Mec ou meuf, d'ailleurs. Je mords l'intérieur de ma joue, regardant maintenant devant moi. Le vent ne s'est toujours pas calmé mais juré je reste ici jusqu'à ce que je finisse ma clope.

— Mais t'sais quoi, j'm'en fou. C'est pas lui qui m'intéresse pour le moment.

Je fronce les sourcils puis cogne son épaule avec la mienne, toute mon attention rivée sur lui.

— Attends, sérieux ? C'est qui, elle est dans la classe ? je souris, curieux.

Maël laisse passer un rire, creusant ses joues en tirant sur sa clope. Il laisse tomber sa tête en arrière contre le mur derrière lui, dévoilant ainsi à l'air libre son cou. Il a bien l'air pensif. J'espère qu'il m'dira pas que c'est Cassandre, elle est trop spéciale, je m'y ferai trop pas. Je vois pas avec qui il pourrait être, en vérité.

— Non... J'te dirai pas, mec...
— Pourquoi, y'a quoi ? C'est une moche, c'est ça...

Il secoue négativement sa tête, jetant le reste de sa clope par terre, sa botte style militaire l'écrasant bien fort au goudron. Il m'fait chier à pas me dire. Je fais de même en laissant passer la dernière fumée entre mes lèvres. Maël se frotte les mains brusquement, prit soudainement d'un frisson.

— On devrait rentrer.
— Tu changes de sujet là, je souris en le poussant sur le côté pour qu'il avance.

Il passe ses mains dans les poches de sa veste en cuir et on traverse le portail encore grand ouvert. Je viens de remarquer que quasi personne n'est dehors, les couloirs doivent être bondés, putain.

— C'est pas intéressant de toute façon, reprend-il, poussant les portes en vitre.
— Moi j'trouve que si. J'aurai p't'être pu t'arranger un coup, tu sais que je sais parler aux nanas.

Je l'entends faire une remarque moqueuse sur ma réplique mais j'fais genre j'm'en fiche. Putain... Je préfère tellement ce Maël là. Il est plus drôle comme ça qu'en faisant la gueule.

— Mais t'as raison, remarque, t'as réussi à charmer Clarisse la bombasse.

Je hausse les épaules, jetant un regard aux gens que je croise soit posés par terre soit debout se tenant contre les murs et casiers. Maël fait des signes de main à ceux qu'il connait.

— Bah t'sais, j'aurai aimé ne pas réussir. Elle me cherche encore alors qu'elle a un nouveau con à ses côtés, je soupire en fin de phrase, collant finalement mon épaule à un coin de mur.

Le châtain se pose en face de moi, les bras maintenant croisés. Je le fixe toujours tandis qu'il regarde un groupe de personnes passant en rigolant près de nous, reprenant par la suite :

— Mais moi j'ai capté son truc. Elle s'est mise avec ce demeuré juste pour te rendre jaloux. C'est obligé.

Je reste un instant silencieux, reniflant bruyamment ma morve. Bah elle fait faux pas, j'en ai tellement rien à foutre d'elle maintenant ! Je le répète je ne sais combien de fois, j'sais pas j'dois faire quoi pour qu'elle me lâche un peu.

— Le truc c'que tu vois, j'suis pas du tout jaloux.
— Même pas un peu ? il hausse un sourcil, scrutant de près ma réaction.
— J'le jure sur tous les dieux. J'm'en fou d'elle...

Le châtain hoche la tête, ne me demandant rien de plus. Un léger silence se place entre nous mais ce n'est pas un silence gênant. Je laisse tomber mon crâne contre le mur, mon regard fixant Maël dans tous les angles. J'crois que je comprendrai jamais ce mec. Comment il n'a jamais pu sortir avec quelqu'un, genre ? J'ai trop dû mal à y croire. J'ai envie de savoir qui est la personne qui l'intéresse, juste pour voir à quoi elle peut ressembler. Je pense pas qu'elle soit dans notre classe, les filles sont beaucoup trop spéciales pour lui dans ce bahut. J'le vois avec une nana avec le même caractère que lui, genre drôle et j'm'en fou de tout, rien ne peut m'atteindre voyez-vous. Faut que je fasse mon enquête, y'a trop d'intrigue qui plane.

Des pas se font entendre derrière moi et je me retourne lentement, tombant face à face au groupe de la cantine. Romain me lance un haussement de sourcil et Kévin sourit à Maël. Cassandre se cale entre moi et le châtain, nous séparant brusquement. Sucette au bec, elle nous jette un regard à chacun d'entre nous. J'la fixe du coin de l'œil, elle est bizarre celle-là.

— Vous avez fait quoi vous deux ? lance-t-elle après un moment, légèrement suspicieuse.
— Bah, fumer. Pourquoi ? je réponds légèrement agacé par le ton qu'elle vient de prendre.
— Mhhh... Comme ça. Au moins le fait d'avoir fumer semble avoir calmé Maël, hein.

Elle lui fout une tape sur l'épaule et suite à ce geste, le châtain lève les yeux au ciel et soupire. Une clope ça peut tout calmer, ouais. Je regarde Romain qui s'approche de moi, me montrant une blague de merde sur son téléphone. Je rigole en passant mon poing devant ma bouche, c'est ridicule des fois c'qu'ils inventent les gens.

— Lis ça, c'est n'importe quoi.

À son tour, Kévin rigole mais bien plus fort que moi avant de prendre le téléphone des mains de Rom pour montrer au mieux à Camille qui sourit seulement, bougeant négativement la tête.

— Vous les mecs... Vous êtes vraiment des pervers, siffle-t-elle silencieusement et ça intéresse de suite Cassandre qui veut voir.

Sur toute cette agitation qui se fait autour du téléphone de Romain pour cette foutue blague, je tente de lancer un regard à Maël qui le capte. Je lui souris et il me sourit doucement, la gêne que j'éprouvais hier soir s'est évaporée. Heureusement nous n'avons pas parlé de ses doigts sur ma joue, faut dire que ça ne doit pas être si important pour lui. Je me surprends de repenser à ce geste presque tendre, un peu bizarre certes, mais tendre. C'était un geste venu comme ça, les gestes qu'on ne contrôle pas. Comme quand c'est moi qui lui a rendu la pareille, ma main sur son bras tandis qu'il dormait. Je ne sais s'il l'a senti et je pense que non, après tout il dormait vraiment.

— Léo ? Tu l'as lu ?
— Hein, quoi ? je lance après avoir relevé brusquement la tête.
— Mec, t'es à l'ouest. J'te parle du DM que je t'ai envoyé tout à l'heure, poursuit Romain en jetant un coup d'œil à son tel pour vérifier qu'il l'a bien transmit.

J'ai même pas pensé à sortir mon tel du coup, j'étais occupé de parler avec Maël. Et oui, je vois une notification de Romain et je m'empresse d'ouvrir l'image. Je pleure déjà intérieurement en voyant toutes les questions qui s'affichent.

— C'est une horreur, gros. T'as commencé toi ?
— Non, j'm'y mets ce soir, continue le garçon aux cheveux miels, rangeant son iPhone dans sa poche.
— Vous parlez d'quoi ?
— Du devoir maison de l'autre prof de maths. T'as capté un truc aux questions, Maël ?

Le grand hausse les épaules, se redressant du mur auquel il était adossé.

— J'l'ai même pas lu, pour dire la vérité.
— Il est long, ça casse les couilles... se plaint mon pote à mes côtés, les sourcils froncés tristement.

L'après-midi passe d'une lenteur incroyable, j'ai dormi en français bien évidemment. La prof n'a même pas essayé de me réveiller alors j'en ai profité pleinement. À la fin des cours, on se dit tous au revoir rapidement et comme d'hab, je me dirige vers le parking. Et maintenant, je sens que Maël va marcher avec moi jusqu'à là-bas tous les soirs. C'est pas pour me déplaire, j'dois avouer qu'il est de bonne compagnie au final et que j'me suis fait des mauvaises idées sur lui.

— Tu rentres directement, là ? me questionne-t-il, son casque de moto coincé contre son bras.
— Euh bah ouais, j'ai prévu de rien faire ce soir.
— Tu veux faire un tour en ville ?

Un tour en ville ? J'suis surpris de sa demande assez soudaine.

— Quoi ? Maintenant ? je sors mon iPhone pour mater l'heure vite fait.

Maël hausse les épaules, souriant légèrement. C'est moi ou j'ai l'impression qu'il me propose encore à s'voir ? Bon après tout... J'ai quoi à y perdre ? J'ai rien à faire chez moi. En plus faut que je m'arrête de me mentir, je l'apprécie un peu plus ce con.

— Alors ? Ça t'dit ? On prend ta voiture, par contre...

Les clés autour de mon doigt, je fronce les lèvres et fait semblant de réfléchir à sa proposition. Après tout, le choix est déjà fait dans ma tête mais j'ai pas envie de faire le mec qui accepte trop vite...

— J'ai pas d'casque pour toi, là de suite. C'est pour ça que-
— C'est bon, mec. On prend ma voiture.

Maël sourit alors et j'ouvre le bolide. On y jette nos sacs sur les places arrières et on s'assoit rapidement sur celles avant.

— Putain, allumes vite le chauffage...
— Ouais, ouais...

Je mets vite le contact et allume l'Audi, mes doigts venant maintenant régler les boutons pour la chaleur. Je la mets presque à fond pour qu'elle démarre plus rapidement et commence à faire ma marche arrière. Le regard rivé sur les rétros et une main sur le volant, je me concentre sur ma manœuvre. Ensuite, je jette un coup d'œil vers le châtain qui semble écrire quelque chose sur son téléphone.

— Et pour ta bécane...? Ça craint pas de la laisser ici ?
— Non t'inquiète mon frère s'en charge, me répond-il tout simplement, verrouillant par la suite son portable.

Une fois sur la route principale menant au centre ville, je lui jette - encore - un coup d'œil. Maël ne dit rien, se contentant de fixer le paysage à la fenêtre, sa tête collé contre le haut du siège. Un léger fond de radio se fait entendre mais je ne mets pas plus fort, ce presque silence me fait du bien et je m'attends à ce qu'il me dise quelque chose.

— Du coup, on va où ? je lance après quelques instants, me déportant sur la file de droite.
— Tu veux aller où ?
— ... Mais attends, c'est toi qui m'a proposé d'aller en ville alors j'sais pas du tout.

Son rire fait écho dans la voiture et je tourne enfin mon visage vers lui à un feux stop. Il regarde droit devant, scrutant les personnes de tout âge qui marchent devant nous.

— Personnellement, je crève la dalle.
— T'attends pas à c'que je te conduise dans un truc de luxe, alors.

Maël pose son coude contre le rebord de la porte, sa main se perdant dans les mèches de ses cheveux.

— Un Mcdo ferait très bien l'affaire... J'ai pas un estomac très sophistiqué.

Je démarre un peu rapidement au vert, souriant à sa remarque. C'est parfait alors car moi non plus. Sans rien de dire de plus, je me dirige tout droit en direction du fast-food connu et, une fois arrivé, je me gare au parking réservé à la clientèle.

C'est seulement lorsqu'après avoir passé nos commandes et attendu qu'on nous serve que j'me rends compte que j'n'ai jamais mangé en tête-à-tête comme ça avec un pote, et ça m'fait bizarre. Des couples sont autours de nous, mais surtout des parents avec leur enfants. Maël sourit après avoir prit une bouchée de son burger, levant les yeux au ciel juste après. Je me contente de boire mon coca, fixant la façon dont il mange. Il m'fait rire.

— Tu n'manges pas ? me demande-t-il au final la bouche pleine de frites.
— Si. J'vais manger.

Au final , je l'apprécie vraiment j'crois bien, ce con.

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