Chapitre 22

Ginny Weasley était depuis maintenant deux longues heures en compagnie d’un Serpentard au septième étage de leur école.

Même si les gens se mettaient un jour à les chercher, jamais ils ne pourraient prédire qu’ils étaient tous les deux enfermés de leur plein gré dans une salle secrète !

La rousse était arrivée, presque en courant, devant le mur de pierres jusqu’à lors immaculé, ayant trop besoin de rester seule.

Harry venait clairement de la prendre pour sa sœur, son réel frère était trop centré sur sa partie d’échecs et sa meilleure amie ne pouvait même pas la réconforter, bloquée à l’autre bout du monde avec son pire ennemi.

Alors elle était venue dans l’espoir de se réfugier dans une salle douillette, priant pour que le calme apaise ses sombres pensées.

Mais arrivée à son objectif, elle heurta quelqu’un et s’excusa aussitôt.

Lorsqu’elle identifia l’élément perturbateur, elle se redressa d’un coup, le toisa et asséna :

- Ah c’est toi.

- Bonjour à toi aussi Weaslette. Fit Blaise, un peu amusé par la situation.

Lui aussi était venu pour se détendre, il venait de recevoir une lettre de son père, le forçant à se rendre au manoir familial dès qu’il le pourrait pour poursuivre son « éducation ». Et il savait malheureusement ce que cela impliquait…

Il espérait que la tante de Drago n’avait pas fait de même, cela pourrait compliquer quelque peu la situation.

- Tu venais pour…

- Oui. Il n’y a que là que je peux profiter du silence. Le coupa sèchement la Gryffondor.

- On peut quand même y entrer tous les deux, tu sais.

Elle le fusilla du regard, considérant sa proposition inappropriée. Il crut alors bon d’ajouter :

- Je ne parlerai pas.

Alors la jeune fille haussa les épaules et entra sans plus de discours dans la Salle-sur-Demande dont la porte venait de se dessiner.

Jugeant que ce n’était pas un réel refus, Blaise la suivit à l’intérieur et s’assit près du feu, sur le canapé opposé à la rouge et or qui s’était allongée et avait fermé les yeux.

Ils passèrent une heure comme cela, même si le Serpentard avait voulu lancer la conversation à peu près 17 fois. Le peu de courage qui lui manquait arriva pour la 18e tentative.

Il souffla alors, rompant le silence apaisant de cet immense salon :

- Je ne voulais pas du tout dire ça la dernière fois.

La rousse rouvrit les yeux mais ne lui fit pas face et ne répondit pas non plus. Alors il poursuivit :

- Tu pensais que j’allais insulter ta pote…

- Elle a un nom.

- Que j’allais insulter Granger…

Il fit une pause pour voir si cela lui convenait, et après un haussement d’épaules nonchalant, il reprit :

- Mais j’allais simplement dire qu’un homme a forcément le dessus sur une femme dans une bataille sans magie ! Fit-il pour la faire réagir, un air amusé sur le visage.

Ayant bien intercepté le ton ironique de son interlocuteur, la lionne ne put tout de même laisser passer un tel affront et rétorqua :

- Parce que tu crois que c’est mieux Zabini ?!

- Ce n’est que la pure vérité !

Puis elle se mit sur le même canapé que ledit Zabini en riant et le maîtrisa en deux temps trois mouvements et bien sûr, sans magie.

Ils se regardèrent d’un air rieur, les poignets du métis toujours bloqués par les mains de son adversaire puis ils se rendirent compte de la position tendancieuse dans laquelle ils étaient et se redressèrent instantanément.

Gênée, la rouge et or se leva, toussa et stipula qu’elle allait rentrer dans sa salle commune mais une voix l’arrêta à mi-parcours.

- Reste. On s’amuse bien non ?

Amusé par cette remarque enfantine, Ginny voulut bien rester mais sur le canapé d’en face, tout de même.

Et c’est comme cela qu’ils passèrent une nouvelle heure dans la salle secrète, en se racontant des anecdotes de Gryffondor contre Serpentard.

En ressortant pour enfin aller manger, ils se firent un vague signe de la main en guise d’au revoir. Et la jeune fille ne put s’empêcher de penser :

Wouah, est-ce que j’ai un nouvel ami ?

Mais cette réflexion fut trop étrange pour elle, alors elle rectifia :

Non, une connaissance. Voilà. Une nouvelle et sympathique connaissance. Ce qui reste étrange pour un Serpentard…

Puis elle repartit vers la salle commune, n’ayant ni envie de manger avec Harry son… Amour pas vraiment secret qui la prenait pour sa petite sœur de manière très voyante sans la ménager, ni avec son frère qui ne lui venait pas du tout en aide !

 
A quatorze mille kilomètres de Poudlard, le soleil se levait doucement. Les rayons dorés venaient caresser les joues de nos deux élèves qui enfouirent instantanément leur tête sous les draps. Ils se maudirent en même temps de ne pas avoir fermé les rideaux la veille.

Même si la soirée avait été quelque peu… Mouvementée !

A ce souvenir plus que dérangeant, l’une se recroquevilla un peu plus sur elle-même et l’autre se redressa lentement pour déglutir douloureusement.

Hermione se posait tellement de questions qu’aucune n’arrivait à réellement prendre forme dans son esprit. Elle se leva et marcha jusqu’à son psyché. Observer son reflet lui permettait de mettre des mots sur ses idées.

- Arriverai-je à sortir de cette chambre sans mourir de honte ?

Est-ce que je fais encore honneur à ma maison ?

Est-ce que je referai confiance à des inconnus ?

Suis-je sale ?

Elle avait déjà lu dans plusieurs bons ouvrages que le temps était son allié. Mais pour le moment, le temps qui passait l’angoissait, car il la rapprochait de l’heure fatidique où il lui faudrait sortir affronter le groupe.

Une excursion était prévue l’après-midi même, mais aurait-elle le courage de surpasser le regard et la présence de son bourreau ? Et puis surtout, en sortant de cette chambre, elle devrait confronter Drago.
Drago…

S’il n’avait pas été là…

Il s’était conduit si héroïquement que ça ne lui ressemblait presque pas ! Et puis il l’avait portée, attendue, réconfortée…

Ce Drago est presque… Non, c’est idiot. Pensa la jeune fille, dont les folles pensées résultaient très certainement de l’évènement traumatique.
 

De son côté, le blond était encore assis sur son lit et fixait désespérément le mur d’en face sans cligner des yeux. Il essayait péniblement de savoir ce qui lui avait pris la veille.

- Je devais être sous l’emprise d’un Imperium !

Fut la seule explication rationnelle qu’il trouva en repensant aux événements dans le bar et dans le jardin des Wilson.

- Mon père aurait été si fier de moi si je l’avais laissé salir cette Sang-de…

Il fronça les sourcils.

- Pourquoi ce mot me semble répugnant ?

Après une pause, il posa la question qui le tourmentait le plus, en s’attendant peut-être à une réponse divine :

- Qui suis-je ?

Mais seul un silence pesant suivit sa question.

En effet, le Serpentard était perdu. Il ne savait même plus s’il faisait partie de la bonne maison. L’avait-il déshonorée hier soir ?

Qui était aux commandes de son cerveau dans ce bar ?

L’hypothèse de l’Imperium lui semblait la plus probable parmi toutes les autres.

Bien plus que celle d’avoir fait preuve de courage, d’inquiétude pour quelqu’un d’autre que lui, de protection, de compassion et de réconfort.

Puis soudain, une autre pensée terrifiante s’imposa à son esprit :

Elle va se moquer de moi, le répéter à tout Poudlard, je perdrai ma réputation, mon père me reniera quand il sortira de prison et je me ferai punir par Bellatrix ou même par le Maître.

Chacun perdu dans ses pensées, aucun d’eux ne voulait sortir de la chambre pour affronter l’autre.

L’une se sentait sale et honteuse d’avoir été si vulnérable et l’autre avait perdu son identité et pensait qu’on allait se moquer et le punir.

C’est comme cela qu’ils se retrouvèrent tous deux au pied de leur porte respective, une main hésitante sur la poignée, sans oser ouvrir paralysé par la peur et la honte.

La seule question qu’ils avaient en commun, c’était :

Qui est Drago Malfoy ? Le petit con de Poudlard ou le jeune homme d’hier soir…

Ce fut Hermione qui trouva le courage d’ouvrir la porte de sa chambre en première. Soulagée de voir celle de son homologue fermée, elle se dirigea à pas de Sombral dans la cuisine pour prendre son petit-déjeuner.

Mais arrivée devant la nourriture, elle eût comme des nausées. Comme si, dès que la lionne allait essayer de manger quoi que ce soit, elle devrait le recracher immédiatement tant l’odeur et la vue de ces nombreux mets la dégoûtaient.

Aussi elle se força à prendre un verre de jus d’orange et une pomme, puis retourna en vitesse dans sa chambre en espérant que le blond dormait toujours à poings fermés.

Malheureusement, ils se retrouvèrent nez-à-nez dans le couloir, et se pétrifièrent instantanément à la vue de l’autre. Ils étaient si proches que leur respiration pouvaient presque s’entremêler.

- Hum… Salut Granger… Fit le jeune homme, on ne peut plus mal à l’aise.

Il attendait la sentence des blagues qu’elle allait lui asséner sur son stupide et écœurant héroïsme de la veille, qui ne vint jamais car elle répondit simplement, tout aussi embarrassée que lui :

- Bon… Bonjour Malfoy…

Elle baissa le regard sur ses pieds nus et sur son pyjama en redoutant les ricanements et les méchancetés que son ennemi allait bien pouvoir lui lancer, mais ceux-ci non plus n’arrivèrent jamais.

Le Serpentard se contenta de la contourner maladroitement pour aller, à son tour, prendre un petit-déjeuner bien mérité.

          Ce n’est que trois heures plus tard, un peu avant l’horaire fixé par les Emerald Snakes pour faire un petit match amical avant de se diriger vers une activité surprise, que Drago rassembla le peu de courage qu’il possédait pour aller toquer à la porte de la chambre d’en face.

Celle-ci ne s’entrouvrit pas, mais il put entendre un faible :

- Oui.. ?

Hermione, recroquevillée sur son lit, les joues rougies, les cheveux en bataille et les yeux encore embués de larmes alors qu’elle en avait déjà beaucoup déversées, savait très bien pourquoi son homologue était à sa porte.

C’était l’heure d’y aller.

Le blondinet de l’autre côté, ne sachant trop comment aborder le sujet, tenta une blague pour désamorcer :

- Si tu veux garder ta réputation de meilleure élève jamais en retard, il est temps d’y aller !

Le ton dénué de méchanceté surprit la Gryffondor, mais ne la persuada pas pour autant à sortir de la pièce.

D’une voix cassée et mal assurée, elle souffla :

- Je ne vais pas venir, Malfoy…

En effet, elle y avait réfléchi toute la matinée en essayant de se convaincre elle-même d’aller à cette foutue sortie, au moins pour faire honneur à sa maison qu’elle ne faisait que décevoir depuis quelques temps ! Mais elle ne put s’y résoudre…

Faire face à toute l’équipe, rester avec Drago alors que c’était devenu gênant entre eux et puis surtout… Revoir son agresseur.

Si tôt après les évènements ? Non, elle n’en était pas capable.

D’autant plus que la brune n’était pas totalement persuadée qu’elle n’y était pour rien dans ce drame, ni totalement convaincue qu’elle ne l’avait pas provoqué…

Drago fut à la fois soulagé et à la fois inquiet de cette réponse.

Soulagé car c’était bizarre entre eux depuis la veille, donc il n’aurait pas à faire comme si de rien n’était devant elle, mais inquiet de cette voix enrouée, inquiet qu’elle reste enfermée toute la journée, inquiet de sa santé mentale.

Et c’est là, que le dilemme qu’il repoussait au fin fond de son cerveau depuis la veille s’imposa à nouveau à son esprit.

Qui suis-je ? Un petit con, fier, sarcastique, beau, méprisant les sang-de… Hum hum, et faisant la fierté de son père ? Ou quelqu’un qui se souci aussi des autres et même de sa pire ennemie, peu importe son sang, car au fond il lui importe peu…

En partant sans elle, il choisissait la première solution mais en insistant pour l’aider, la faire sortir et la réconforter… Il deviendrait ce qu’il avait toujours détesté ou ce qu’il a toujours voulu être en secret ?

Il prit alors la décision d’une troisième porte de sortie cachée en lui demandant :

- Mais Colin et Emily nous ont demandé de rester toujours ensemble…

Après un long silence, il colla son oreille contre la porte en bois et pu distinguer :

- Je sais… Mais je ne peux pas…

Et en même temps, qui pourrait lui reprocher de ne pas vouloir se confronter à son bourreau ?

Alors Drago prépara ses affaires en vitesse, regarda une dernière fois la porte blanche désespérément close puis sortit de la maison des Wilson pour rejoindre le terrain de Quidditch.

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