Message anonyme 55

Hey !Un petit message pour votre RantBook :) (Désolée, ça va être long).Déjà bonjour à tou.te.s (?) ! Très sincèrement, je ne sais pas comment commencer, continuer ou même finir donc on va faire ce qu'on peut.Officiellement, je suis une jeune fille de 19 ans cisgenre et hétérosexuelle qui a toujours été célibataire. Officieusement (en vrai, quoi), bah c'est pas la même chose. Ah si ! J'ai toujours 19 ans et j'ai toujours été en couple avec le célibat xD (vous pensez que c'est une nouvelle orientation sexuelle ?). Attention, j'ai dit que je n'ai jamais été en couple, pas que je n'ai jamais été amoureuse ou attirée par quelqu'un ;)Car oui, amoureuse, je l'ai été. Plusieurs fois même. De ce que je me souviens, je suis déjà tombée amoureuse d'une fille (hétéro et cisgenre), d'un garçon (ou deux) (hétéro et cisgenre) et d'un garçon trans (FtM). Hé ouais. Pas chiante la fille. Ajoutez à cela que je suis particulièrement attirée par les personnes à l'apparence androgyne (fille ou garçon).Mais bref. Là, je suis en train de prendre l'histoire dans le mauvais sens en partant de la fin, donc c'est pas génial et pis vous allez rien comprendre.Reprenons donc depuis le début.Je suis née en 99 (logique, vu mon âge) et j'ai vécu dans une famille monoparentale (avec môman), sans frangin ou frangine ni animaux de compagnie (je vous laisse imaginer mes longues journées d'ennuie). D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours préféré jouer avec ma très petite et très verte moto Yamaha, mes billes ou mes cartes pokémon plutôt qu'avec la tête à coiffer et la poupée qu'on m'a offertes quand j'étais petite. Bref. Le rose, c'est pas mon truc. Sinon le reste du temps je me battais avec mes cousins et leur lattais la g* (auto-censure avant emploie d'un langage vulgaire). En classe, je ne m'entendais pas très bien avec les autres (j'étais un peu précoce... pauvre de moi) et durant les récrés je m'amusais à me battre avec des garçons (on jouait aux dinosaures !!) ou à faire des combats de billes pendant que les autres petites filles jouaient au poney (vive Spirit), ce qui m'a valu pas mal de problèmes. Pareillement, à l'extérieur de l'école j'avais ma bande de potes avec qui on faisait pleins de bêtises (on était que 2 filles pour 4 mecs).Bref un gros paragraphe pour dire que dès le départ, on voit bien que je n'étais pas une petite fille qui rentrait parfaitement dans les codes du genre « féminin ». Eh bah vous savez quoi ? Ça a continué au collège.Ah, le collège. Le pire moment de ma vie jusqu'à maintenant.En primaire déjà, du fait de mon comportement différent des autres petites filles de mon âge, j'étais parfois mise à l'écart ou embêtée. Au collège, c'était pire. Je n'avais pas beaucoup d'amis. Sans oublier que les rares amis que j'avais dans ma classe étaient... particuliers xD. L'une d'entre eux était une fille fana du Japon, des mangas et des animés. Elle avait aussi la fâcheuse manie de sauter dans tous les sens et d'adorer nous tripoter. Ça a été mon premier contact avec une personne LGBT+ (elle était Bi).J'avais une autre amie (bon, y'avait pas qu'elle, mais c'est elle qui nous intéresse), on va l'appelle L. Elle était jolie, intelligente et avait tout ce que je voulais avoir : une sœur et un père. Alors, automatiquement, je suis devenue jalouse (oui je sais, c'est mal). J'ai été longue à m'en rendre compte. Cette fille était la fille que je voulais être. La fille que je ne serai jamais. Elle s'habillait bien, était gentille, avait des amis chouettes, se tenait et se déplaçait comme une fille. Je me demande toujours comment on peut être amies elle et moi, tellement on est différentes. Bref. C'est marrant, mais maintenant quand je pense à elle, je vois un parfait produit de la société hétérocentrée dans laquelle on vit. Je commence à m'emmêler dans ce que je voulais dire, mais c'est pas grave xDLes années du collège se sont succédées, des semaines et des mois de harcèlement plus ou moins violent en raison de mon amitié avec certaines personnes, de mon intelligence supérieure (je dis ça de cette façon pour me moquer d'eux : ils me harcelaient parce que j'avais des bonnes notes, youhou) et de mon incapacité à rentrer dans le moule. Car non, je ne m'habillais pas bien (car être confortable, c'est mieux !), je ne faisais pas d'effort pour être jolie, je ne me maquillais pas (on perd du temps et puis, à quoi ça sert de faire cache misère ? Si un jour je sors avec quelqu'un, autant que la personne voit tout de suite comment je suis sans fard ni poudre). J'ai eu le droit à des surnoms très sympa durant ces quelques années. A un appareil et des bagues aussi. Et a de l'acné (qui ne m'a toujours pas lâchée), brrrr.Juste un détail sur l'année de 5ème. Une nouvelle fille est arrivée dans le collège. Dans ma classe. Et elle est devenue amie avec L. Elle se l'est accaparée. Je vous laisse imaginer ma réaction. Elle m'a enlevé l'objet de mon admiration, alors forcément je l'ai détestée et elle me le rendait bien. Heureusement, l'année suivante elle est repartie et j'ai pu récupérer L, mais ce n'était plus pareil. Car oui, je m'étais rendue compte d'une chose : je ne considérais pas L comme une simple amie, elle était mon « ancre ». Autrement dit, la chose à laquelle je me rattachais, ce qui me permettais de ne pas perdre pied, de continuer à avancer même quand c'est devenu trop dur pour moi de me regarder dans un miroir, à aller en cours alors qu'on me faisait des croche-pieds dans le rang pour que je sois piétinée par les autres. Ça fait 8 ans qu'on se connait, L et moi maintenant. Et 6 qu'elle est l'une de mes « ancres ». Je lui dois tellement. Ah ! Avant que j'oublie, c'est elle la fille dont je suis finalement tombée amoureuse, mais ça je ne l'ai capté qu'au lycée.Ça a été dur le lycée. Pire encore que le collège d'une certaine façon. Au collège, j'avais mes amis. Au lycée, j'étais quasiment seule. Enfin, pas en seconde. J'ai fait des rencontres formidables cette année-là, et d'autres beaucoup moins, j'ai même eu un crush sur le « badboy » de la classe, mais une saloperie a tout fait pour nous mettre mal à l'aise, donc bref. La 1ère S a été un cauchemar. On était une classe de 18, le genre de chose qui n'arrive jamais. Et ça s'est très mal passé vu que j'étais seule au milieu de groupes déjà formés. Au lycée j'étais réputée pour être dure, avoir un mauvais caractère et être limite paranoïaque. Apparemment, le harcèlement, même « léger », laisse des traces. Des rumeurs, que je ne connais pas, couraient sur moi et ont pesé sur toute mon année de terminale, jusqu'à ce qu'un miracle se produise.Le prof de physique-chimie a fait un plan de classe et je me suis retrouvée à côté de C. Au début, on ne se parlait pas, mais ça n'a pas duré longtemps. Je ne sais plus comment exactement, mais on a commencé à papoter. Et un jour, comme ça, elle me sort qu'elle est lesbienne (et ancienne lesbophobe, ironie bonjour !). En plein milieu du cours, paf ! Bon, en même temps je m'en doutais largement. Sweet large à capuche ou non, pantalon de gars, chaussures de sécurité, bague au pouce (cliché, je sais), démarche pas très féminine. Ça a été mon 2ème contact important avec les LGBT+ (j'en avais déjà eu un autre avant en plus de mon amie du collège, mais c'était un co***** fini). On a parlé de tellement de choses. Et puis il y avait aussi lui. Pour moi c'était encore elle. Elle était classe. Et intelligente. En plus de ça, elle avait des t-shirts trop cools. On s'était vaguement parlé l'année précédente, mais en raison des rumeurs, elle ne s'était jamais vraiment trop approchée, même si j'avais fait plusieurs tentatives (toutes plus ratées les unes que les autres) pour « attirer son attention ».C et E sont amis depuis longtemps, je ne sais pas trop depuis quand. Ce qui fait que C a tâté le terrain en cours de PC en faisant des sortes de rapport à E à mon sujet. Quand tous les deux se sont rendu compte que j'étais pas comme les rumeurs le disaient, on a commencé à passer du temps ensemble, à papoter de tout et de rien. Du Coming Out de C a ses parents aussi. Elle voulait le faire, mais ne savais pas trop quand ou comment. Et un jour à table, C a dit qu'elle le ferait bientôt si E faisait aussi le sien. Au début, j'ai pas compris. Normal, j'étais pas au courant et j'avais dormi que 2h la nuit d'avant. Alors elles, enfin, ils m'ont tout dit. Que E était trans FtM (pas dit comme ça, évidemment), il m'a aussi révélé son vrai prénom. Après le repas, j'ai enchaîné les bourdes avec du mégenrage à tout va. Je suis nulle, je sais (tuez-moi !).Le lendemain, j'ai douté de la journée de la veille. Le jour d'après aussi. Pendant une semaine, j'ai évité de l'appeler par son nom ou d'utiliser des mots qui se mettent au féminin ou au masculin. J'avais trop peur de faire une bourde. Et puis un jour, timidement, je l'ai fait. Je l'ai genré au masculin et je l'ai appelé par son prénom, le vrai Il a souri. J'ai appris plus tard que, tout du long du moment où je me suis assise à côté de C jusqu'au jour où il m'a fait son CO, j'étais en test pour savoir si oui ou non il pouvait me le dire sans crainte. Après la « découverte », je me suis fait la réflexion que, comme C, c'était évident. Evident, mais bien caché sous les yeux de tout le monde. Grâce à leur amitié, ma vie scolaire s'est beaucoup améliorée, les autres se sont mis à me parler. J'étais moins stressée, plus détendue. Un autre de mes amis a aussi fait son CO l'an dernier, gay, cette fois. Avec étonnement, je me suis rendue compte qu'au final, c'était avec les gens LGBT+ que j'étais la plus à l'aise. Peut-être une histoire d'ouverture d'esprit ou de maturité (pour ceux que je côtoie, hein, tous ne le sont pas autant). Je me suis mise à faire des recherches. Les orientations sexuelles, les identités de genre, tout y est passé durant des nuits et des nuits. Et puis je me suis mise à me poser des questions, à faire des liens, lancer des hypothèses.J'ai repensé à certains de mes sentiments. Mon amitié pour L qui s'est transformée en attirance puis en quelque chose de plus fort (la jalousie face à l'autre en 5ème et son copain, en terminale), les filles que j'évite de fixer à la plage (alors que c'est pas l'envie qui manque !), ce garçon qui me faisait craquer ou encore E. Mais également mon inconfort en ce qui concerne tous ces trucs de « fille » qu'on attend de moi : être jolie ; bien habillée ; maquillée et marcher avec élégance ; m'asseoir droit et surtout pas les jambes écartées, tout le contraire de ce que je suis réellement. J'ai repensé aussi à ma déception (certains jours carrément du dégoût) quand je me vois dans le miroir : cette personne, ce n'est pas moi, voilà ce que je me dis souvent. Pourtant aujourd'hui, même si je commence à mettre des mots, transformer mes étiquettes et savoir ce que je veux faire, je continue à me mentir et à ne pas parvenir à agir.J'aimerais pouvoir passer une journée en étant juste moi. Mais quel moi ? Le moi qui se sent fille et qui a envie de faire des efforts pour rentrer dans le moule de la féminité ? Ou le moi qui n'a qu'une envie, c'est de s'acheter un pantalon de treillis, de se faire une coupe courte (qui ne lui irait pas du tout étant donné la forme de son visage) et qu'on le prenne pour ce que biologiquement, il n'est pas. Ou encore ce moi qui ne se sent ni fille, ni garçon, ni tout simplement capable de ressentir à nouveau un sentiment amoureux envers quelqu'un parce qu'il est comme cassé à l'intérieur ?Officiellement, je suis une hétérosexuelle cisgenre de 19 ans qui n'a jamais été en couple. En réalité, je n'arrive pas à me définir, même si les étiquettes qui me conviendraient le plus à ce jour seraient genderfluid pansexuel.le de 19 ans.Mon identité de genre n'est pas encore clairement définie et ne le sera peut-être jamais. Pour moi, pas question de CO, même si ma mère commence à se poser des questions. D'ailleurs, je crois qu'elle flippe carrément. Ça doit faire un an et demi – deux ans qu'elle me parle d'un potentiel petit copain et quand j'ai soutenu un peu vigoureusement les LGBT+ ou que j'ai acheté 3 sweets à capuche à la fois, elle m'a regardé d'un air suspicieux en faisant des réflexions douteuses. La fois ou E et moi sommes allés au cinéma avant de chercher un cadeau pour une amie de E, elle a appelé ça une « sortie en amoureuses ». Malaise.Cette année, j'entame mes études supérieures avec un bac S en poche (je me demande à quel point cela aurait été différent si j'avais fait L comme je le voulais vraiment). Nouveau lycée, nouvelles amies (il n'y a pas de garçons), nouveaux défis. J'ai de la chance, je suis tombée sur des personnes bien et deux de mes amies se déclarent bi. Evidemment, j'ai aussi eu le droit à la question. Alors j'ai dit bi. C'est un mensonge, mais c'est toujours plus simple que de devoir tout expliquer.Désolée d'avoir été aussi longue et aussi fouillis, j'ai pas l'habitude de parler de tout ça alors c'est pas facile.

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